Phêrô Nguyễn Văn Tự
1796-1838
Né vers 1796 à Ninh Cường (Nam Ɖịnh, Vietnam), Phêrô (Pierre) entra dans l’Ordre dominicain et fut ordonné prêtre en 1826.
C’est grâce à un catéchiste témoin oculaire, qu’on connaît les actes de ce Martyr.
Le 29 juin 1838, jour de la fête de saint Pierre, un mandarin militaire, à la tête d’une troupe, cerna le village où le Dominicain était caché ; averti à temps, il eut le temps de s’enfuir avec son catéchiste, Ɖaminh Bùi Văn Úy, dans un village voisin ; mais il fut dénoncé et arrêté.
A peu près à la même époque furent pris cinq chrétiens : un catéchiste très dévoué au père Tự, Phanxicô Xaviê Hà Trọng Mậu, qui avait la garde d’un presbytère proche de Ɖuc Trai ; un vieillard de soixante-dix ans, Giuse Hoàng Lưong Cảnh, tertiaire dominicain ; deux journaliers, Augustinô Mới et Stêphanô Nguyễn Văn Vinh ; et un jeune père de famille de vingt-sept ans, Tôma Nguyễn Văn Ɖệ.
Tous comparurent ensemble et on les pressa de fouler aux pieds le crucifix, conformément aux instructions royales ; le refus fut énergique et accompagné d’un enseignement sur la signification de la Croix et sur la doctrine chrétienne. La sentence qui fut prononcée contre les sept compagnons était ainsi rédigée :
Bien que le christianisme ait été plusieurs fois proscrit, les docteurs européens continuent à rester dans ce royaume et à l’infester de leurs erreurs. Le peuple, dans son ignorance, se laisse prendre à leurs artifices, adopte tous leurs mensonges comme des vérités, et s’y attache si fortement que c’est merveille lorsqu’on voit un chrétien abandonner sa religion. Les missionnaires sont l’objet d’un grand dévouement de la part de ceux qu’ils ont trompés ; on les cache au mépris de la loi qui les condamne ; il n’est pas de peine qu’on ne se donne pour mettre leurs vies à l’abri des dangers. Nous pensons que des châtiments sévères pourront seuls apporter un remède à ce désordre et faire rentrer les chrétiens dans le devoir.
C’est pourquoi nous condamnons Văn Tự et Hoàng Cảnh à être étranglés ; Úy et Mới, serviteurs de Văn Tự, à recevoir cent coups, après quoi ils seront exilés à mille lieues de leur pays dans la province de Binh-Ɖinh pour y être occupés aux travaux forcés. La même peine est prononcée contre Ɖệ, Vinh et Mới, pour les punir de leur incorrigible attachement à la loi chrétienne.
La formulation de la sentence est révélatrice, et même a posteriori un éloge des Chrétiens vietnamiens. Certes, il y eut des défaillances, mais aussi des Martyrs héroïques, jusqu’au bout.
La sentence devait être approuvée par le roi, qui désirait surtout des apostasies, plutôt que de faire des martyrs. Il y eut donc un second procès, plus long, à partir du 9 août. En-dehors des séances, les prisonniers furent durement maltraités dans leur prison.
Le 27, une nouvelle sentence fut prononcée, assez semblable à la première, mais que le roi cassa, ordonnant la décapitation immédiate du prêtre et du vieux catéchiste, et la mort sur le gibet des autres prisonniers après une détention dont la durée n’était pas spécifiée (elle devait durer jusqu’en décembre de l’année suivante).
Le jour de son exécution, le père Phêrô revêtit l’habit de son Ordre ; au mandarin qui lui en demandait la signification, il répondit : Ce vêtement blanc est l’habit de notre Ordre ; sa blancheur est le symbole de la pureté qu’un chrétien préfère à tous les trésors ; ceci est la croix que je vénère ; puisque je donne ma vie pour n’avoir pas voulu la profaner, je demande à la tenir dans mes bras jusqu’à mon dernier soupir.
Le père Phêrô Nguyễn Văn Tự reçut la couronne du martyre le 5 septembre 1838 à Bắc Ninh Tai (Vietnam), ainsi que le catéchiste Giuse ; tous les autres, le 19 décembre 1839.
Ils ont été béatifiés en 1900 et canonisés en 1988.
Une fête liturgique célèbre l’ensemble des Martyrs vietnamiens, le 24 novembre.