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18 septembre 2021 6 18 /09 /septembre /2021 23:00

26e dimanche per annum - B

 

L’illustre exégète que fut Origène (3e siècle) dit des choses fort intéressantes à propos des soixante-dix anciens choisis dans le désert.

Contre ceux qui prétendaient que Dieu avait retiré à Moïse quelque chose de son esprit prophétique pour le donner aux anciens, Origène dit que Moïse et l’Esprit qui est en lui sont comme une lampe très brillante, à laquelle Dieu en a allumé soixante-dix autres ; l’éclat de la première lumière s’est étendu à elles, sans que la source ait été appauvrie par cette communication. Il en est ainsi du soleil qui ne perd pas son éclat en illuminant la terre.

Dans son Homélie sur les Nombres, le même Origène écrit que, dans l’Ecriture, l’Esprit de Dieu ne repose pas sur n’importe quel homme, mais seulement sur les saints ; il n’habite pas chez les pécheurs, car l’Esprit Saint ne peut cohabiter avec l’Esprit de mal. Pour lui, donc, quand l’Ecriture affirme que cela ne dura pas, c’est pour souligner combien ces anciens étaient emplis des vertus de pureté, de sincérité et d’intelligence spirituelle, tandis que la grande majorité du peuple avait péché, osant se plaindre de cette si précieuse Manne céleste qu’ils récoltaient chaque matin.

Mais Origène n’explique pas vraiment pourquoi ces anciens ne prophétisèrent qu’un instant. Un autre exégète, Théodoret (5e siècle) , propose cette explication : s’ils prophétisèrent aussitôt, c’est seulement pour montrer au peuple qu’ils jouissaient du don de Dieu ; s’ils ne prophétisèrent plus, c’est que Dieu les désigna non en vue de la prophétie, mais en vue de l’économie, à ce moment-là précisément, pour annoncer le miracle des cailles qui allait se produire.

En effet, l’épisode d’aujourd’hui se situe juste après l’annonce que Dieu fait à Moïse qu’il va envoyer au peuple d’Israël de la viande à manger, et juste avant l’arrivée providentielle des cailles.

L’Ecriture ne dit pas pourquoi Eldad et Medad restèrent dans le camp.  Elle ne dit pas non plus qu’ils firent mal ou qu’ils firent bien. Le fait est qu’ils avaient été parmi les soixante-dix anciens choisis et donc qu’ils reçurent aussi l’Esprit. Selon un ancien rabbin, ils restèrent dans le camp par modestie et furent récompensés en recevant l’Esprit directement de Dieu, et non de Moïse comme les autres.

La réaction de Josué, ne doit pas se comprendre comme une marque de jalousie, malgré la réponse de Moïse, mais seulement d’une disposition à accomplir la volonté de Dieu. Moïse non plus ne regrette pas le choix d’Eldad et de Medad : bien au contraire, il souhaite que tout le peuple puisse prophétiser ainsi, par sa sainteté.

 

*       *       *

Le psaume 18 exalte la volonté et le choix de Dieu. De Lui vient le Soleil de Justice, le Christ, et c’est pouquoi ce psaume est chanté à Noël.

Ici, nous en méditons les versets 6, 8, 10, 12,14. Le serviteur fidèle a besoin d’être entièrement lavé de l’orgueil qui nous guette chaque jour, et de rester pur comme un petit enfant, sans ambition.

 

*       *       *

La lettre de l’apôtre Jacques est d’une clarté, mais surtout d’une sévérité totale envers les riches. Non pas les riches qui ont plus que les pauvres, car cela est l’héritage de la nature et des dons divers que chacun reçoit, mais des riches qui accumulent les richesses pour le plaisir d’en jouir ; qui sont injustes envers les domestiques.

A-t-on jamais vu rouiller de l’or ou de l’argent ? Eh bien, si cet or ou cet argent sont injustement accumulés, ils “rouilleront”, dit Jacques, ils ne serviront à rien. 

Salaires non payés… bombance… et les justes condamnés et tués… On pourrait dire que le vingt-et-unième siècle n’est pas différent du premier siècle, mais on dira surtout que la promesse de Dieu vaut autant pour nous aujourd’hui que pour les hommes de l’époque de saint Jacques.

 

*       *       *

 

L’extrait de l’évangile d’aujourd’hui fait immédiatement suite à celui de dimanche dernier et il faut bien le remarquer : Jésus y introduisait un petit enfant au milieu des Douze Apôtres. Le plus grand, c’est celui qui est un petit enfant. Ce chapitre 9 de Marc parle beaucoup des enfants.

Jésus y guérit un enfant possédé ; puis rappelle aux Apôtres la vraie grandeur de l’enfant, et condamne vigoureusement celui qui “scandaliserait un de ces petits”. 

Nous allons voir que le texte d’aujourd’hui concerne aussi la sainte enfance qui plaît à Dieu.

Personne ne peut faire un miracle en mon nom et aussitôt après parler contre moi, dit Jésus : c’est qu’en effet l’enfant ne connaît pas cette duplicité de pensée et de langage.

Vient ensuite le fameux passage où Jésus semble nous demander l’impossible : Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la -  si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le - si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le.

Au lieu d’écarter cet enseignement parce qu’il nous semble trop mystérieux, cherchons à l’approfondir. N’oublions jamais que toute écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner (2Tim 3:16).

La main de l’homme symbolise toute son activité ; le pied de l’homme symbolise les lieux qu’il fréquente ; l’œil de l’homme symbolise tout ce qu’il voit, bien sûr. Il est clair pour chacun que dans notre activité, dans nos fréquentations, dans nos regards, tout n’est pas bon et innocent comme l’est le regard ou la volonté d’un enfant innocent. Bien sûr, nous avons mille justifications, mais intérieurement nous sentons bien que nous ne sommes plus des “petits enfants”.

Qui de nous n’a jamais entendu un enfant repousser avec force une vilaine image ou un vilain camarade en disant “C’est pas bien, ça !” ?

Comment alors se couper une main, un pied, ou s’arracher un œil ?

Ceux qui veulent suivre Jésus intégralement, doivent faire un choix radical, et renoncer franchement à telle mauvaise habitude, à tel mauvais penchant, à telle mauvaise idée, à telle mauvaise convoitise… Renoncer à certaines activités non conformes à l’évangile, c’est en effet accepter de “couper sa main” ; renoncer à certaines fréquentations, certains lieux, c’est vraiment “couper son pied” ; savoir surveiller son regard et renoncer à certaines convoitises, c’est “arracher son œil”.

Ces “amputations” sont parfois difficiles, oui. Elles coûtent même terriblement parfois. 

Si nous remettons à plus tard cette amputation spirituelle, Dieu ne nous rejettera pas pour autant, et restera patient jusqu’à notre conversion plus profonde ; mais nous connaîtrons une joie bien plus grande en acceptant de nous priver radicalement de certains plaisirs pour rester de vrais enfants de Dieu.

 

*       *       *

La prière du jour fait allusion à cette patience inlassable de Dieu. Avec sa grâce, efforçons-nous de nous hâter vers les biens que Dieu promet, les biens authentiques, qui ne rouillent jamais. 

Disons de tout notre cœur cette Prière du jour.

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