Remigi Tamarit Pinyol
1911-1936
Né le 13 février 1911 à Solerás (Lleida) et baptisé le 16 suivant, Remigi était un des huit garçons de Pío et María, qui tenaient une boutique. On connaît les prénoms de quatre de ces garçons, qui furent Clarétains : Alfredo, Pío, Remigi et Arturo.
Remigi commença le postulat à Barbastro en 1922, et acheva les Humanités à Cervera. Le noviciat se fit à Vic, avec la profession en 1936. Il était nerveux, parfois emporté et têtu, tous petits défauts qu’il apprit à dominer.
Il étudia la philosophie à Solsona, la théologie à Cervera. Entre 1931 et 1936, il reçut les Ordres mineurs.
Le 21 juillet 1936, il fallut abandonner la maison. Remigi, avec son compagnon d’études Genaro, se réfugièrent chez sa tante, qui tenait un atelier de couture avec ses filles à Cervera. Elle les reçut avec empressement et leur donna de beaux vêtements propres, puis les installa commodément.
Genaro dut voir un médecin, la vie à la campagne lui manquait. Dix jours plus tard, on apprit que les Rouges venaient contrôler les maisons. Le frère de Genaro, Josep, vint le chercher, accompagné d’un ami surnommé Alma Gitana.
La «fuite» commença le 25 août à minuit. Elle fut mouvementée, difficile. Les voyageurs auraient presque réussi à s’échapper s’ils n’avaient commis quelque imprudence en parlant trop. Les miliciens finirent par les arrêter dans la matinée du 27. Il en venait de tous les pays voisins, ils étaient plus de vingt !
On les conduisit au Comité de Borjas, puis au cimetière de La Floresta, et après une discussion, ils annoncèrent aux deux Religieux : Selon la loi, nous devons vous fusiller, à quoi Remigi et Genaro répondirent : C’est bien ce que nous pensions.
Les miliciens discutaient à qui devait fusiller les deux Religieux ; les uns n’osaient pas, les autres refusaient, finalement on désigna les miliciens de La Floresta. La gérante du bar où ils discutaient intervint aussi : Il faut accomplir la loi, il ne faut pas être lâche ! On se rendit au cimetière, où les deux Religieux purent encore prier un peu, écrire à leurs parents ; ils demandèrent aussi de pouvoir passer une dernière fois dans leur pays, pour saluer leurs amis et parents, mais on ne le leur accorda pas.
Il y eut encore un incident : ils avaient soif. On leur apporta quantité de bouteilles de limonade et de liqueurs du bar, qu’ils ne voulaient pas toucher ; ils demandaient seulement de l’eau. C’est le chef des miliciens qui eut un malaise, et les Religieux lui firent boire de la limonade.
A ce moment-là, ils tendirent la main aux miliciens, en signe de pardon fraternel. Ils dirent l’Acte de contrition, se mirent à genoux, demandant à recevoir les balles dans la poitrine, mais les miliciens préférèrent leur tirer dans le dos, car ils tremblaient beaucoup et hésitaient à tirer. D’ailleurs, les balles se succédèrent très irrégulièrement. On entendit les victimes crier trois fois : Vive le Christ roi ! Ceux de la milice crièrent : Vive la révolution sociale ! Les deux Religieux ne moururent pas sur le coup ; le «chef» vint leur donner le coup de grâce en tirant plusieurs balles dans l’œil droit.
Martyrisé avec Genaro Pinyol Ricard le 27 août 1936 et béatifié en 2017, Remigi Tamarit Pinyol sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 27 août.