Marije Tuçi
1928-1950
Marije Tuçi naquit le 12 mars (ou avril) 1928 à Ndërfushaz (Rrëshen, Mirditë, Albanie), de Nikoll Mark Tuçi et de Dila Fusha.
Elle étudia chez les Sœurs «Stigmatines» (Pauvres Filles des Saints Stigmates de Saint François). Ces Religieuses enseignantes lui montrèrent comment mener sa vie chrétienne au milieu de la société. Peu à peu, Marije se sentit elle aussi appelée à cette vie apostolique et demanda son admission dans la communauté.
Après la période de postulat, alors que la persécution communiste sévissait déjà lourdement, elle fut déjà affectée en 1946 comme enseignante avec une autre Compagne (Davida Markagioni), dans la contrée de Gozan et Sang. Cette nomination intervenait à la demande de l’évêque, Mgr Frano Gjini (v. 11 mars), car les Religieuses avaient été contraintes de se disperser et même de quitter le pays.
Marija, courageuse, témoignait de Dieu, enseignait le catéchisme en cachette, prenait sur ses maigres deniers pour payer aux enfants leurs fournitures scolaires. Elle crut bon aussi de distribuer des tracts condamnant les simulacres d’élections. Pour participer à l’Eucharistie, elle faisait régulièrement six à sept kilomètres à pied.
Le 7 août 1949, fut assassiné le secrétaire du Parti communiste de Mirditë ; dès le 11 août une imposante vague de représailles conduisait à l’arrestation de trois-cents personnes, parmi lesquelles une seule femme : Marije.
Marije fut condamnée à trois années de détention conditionnelle ; elle fut enfermée avec trois autres prisonniers dans une pièce froide, sans lumière, sans air, inondée par l’eau de pluie qui montait jusqu’aux matelas.
On tortura la jeune femme ; elle fut humiliée et agressée sexuellement ; ayant refusé toute relation sexuelle avec son bourreau, elle fut encore plus torturée : on lui «annonça» que même ses proches ne la reconnaîtraient plus. En effet, on l’enferma dans un sac avec un chat que l’on battait : la bête griffait et mordait la pauvre victime ; ses blessures, non soignées, auraient pu être mortelles.
Elle fut hospitalisée ; le 22 août, certaines religieuses purent lui rendre visite : elles avaient du mal à la reconnaître. Loin de condamner son bourreau, Marije remerciait Dieu d’être libre.
Marije mourut finalement le 24 octobre 1950 à l’hôpital civil de Shkodrë : elle avait vingt-deux ans.
Marije Tuçi fut reconnue martyre et béatifiée en 2016, et inscrite au Martyrologe le 24 octobre.