Juana María Condesa Lluch
1862-1916
Juana naquit le 30 mars 1862 à Valencia (Espagne), dans une famille chrétienne et bourgeoise. Ses parents étaient Luis et Juana. Elle avait une sœur, Trinidad.
Elle reçut le baptême dès le 31 mars, dans cette église de Saint-Etienne où furent baptisés saint Vicente Ferrer et saint Luis Bertrán (v. 5 avril et 9 octobre). Selon la coutume de l’époque, elle reçut la Confirmation en 1864, et la Première communion en 1872.
Monsieur Condesa, qui était un médecin profondément chrétien, contracta le choléra en 1865 et en mourut. La maman confia ses deux filles à une préceptrice.
Juana n’avait pas un caractère facile ; elle était rebelle, têtue et espiègle. Mais elle avait un grand cœur, très sensible.
Contrairement aux idées rationalistes à la mode, elle reçut une solide formation chrétienne. Elle grandit dans la piété, nourrissant sa vie intérieure par la dévotion à l’Eucharistie, à l’Immaculée Conception, à saint Joseph et à sainte Thérèse d’Avila. Le dogme de l’Immaculée Conception fut proclamé en 1854, et saint Joseph venait d’être proclamé Patron céleste de l’Eglise (1870).
C’est dans cette ambiance que grandit sa sensibilité envers les gens nécessiteux. Elle mûrit dans la joie, l’humilité, la constance, la maîtrise de soi, la paix, la bonté, le travail, l’entraide.
En 1875, elle se fit Esclave de Marie, selon la formule de saint Louis-Marie Grignion de Montfort (v. 28 avril), et entra dans l’archiconfrérie des Filles de Marie et celle de Sainte Thérèse, dont elle devint la secrétaire. A l’exemple de ses parents, elle fut aussi tertiaire du Carmel. Elle fit dans son cœur le vœu de virginité.
Quand elle eut dix-huit ans, elle comprit qu’elle devait se mettre au service de la femme ouvrière, travailler pour alléger les difficiles conditions de travail de ces jeunes femmes, qui affluaient dans les villes en quête de travail.
En 1884, à vingt-deux ans, elle proposa à l’archevêque de Valencia un projet de Congrégation religieuse, que celui-ci n’accepta pas tout de suite, vu le jeune âge de Juana. Celle-ci voyait clair : il fallait aider les jeunes ouvrières, les recevoir dans une maison où elles recevraient un enseignement, une formation humaine, et les aider à ne plus être simplement considérées comme des instruments de travail. Finalement elle obtint la permission de l’archevêque qui lui dit : Grande est ta foi et ta constance. Va, ouvre un havre pour ces ouvrières pour lesquelles tu as tant de sollicitude et tant d’amour dans ton cœur.
Quelques mois après s’ouvrait cette maison, avec une école pour les filles des ouvrières. Convaincue de sa vocation, Juana désirait faire de cette première expérience le début d’une véritable Congrégation. Ce fut un long chemin de croix, mais elle persévéra.
Au bout de huit ans de patience, en 1892, elle obtint l’approbation diocésaine de l’Institut, qui commençait à s’étendre dans d’autres zones et prit le nom de Congrégation des Servantes de Marie Immaculée, Protectrice des Ouvrières.
En 1895, Juana fit la première profession religieuse et, en 1911, la profession perpétuelle.
Entre ces deux dates, s’ouvrirent des maisons pour la formation des ouvrières à Manises (1897) et à Ayora (1906), un noviciat à Burjasot (1900).
En 1912 s’ouvrit une école pour enfants et ouvrières à Almansa.
Considérant que Marie, en acceptant totalement la volonté de Dieu, s’était faite son Esclave, elle se proclama elle-même esclave de l’Esclave du Seigneur, dans un esprit de totale obéissance à l’Eglise.
Juana parvint à cacher beaucoup de ses souffrances, dues à une maladie qui la rongeait. Elle s’éteignit à ce monde le 16 janvier 1916, à seulement cinquante-quatre ans.
L’Institut obtiendra plus tard l’approbation pontificale (1937), et définitive (1947).
Suite à un miracle reconnu en 2002, elle a été béatifiée en 2003.