Léon-Ignace Mangin
1857-1900
Léon-Ignace naquit le 30 juillet 1857 à Verny (Moselle), onzième et dernier enfant de François-Xavier et de Adelaïde Braun. Le père est juge de paix (on remarquera que lui aussi porte le nom d’un célèbre Saint jésuite).
C’est parce que Léon était né le 30 juillet, veille de la fête de saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus (Jésuites), que ses pieux parents lui ajoutèrent le nom d’Ignace. Au baptême, la marraine de Léon demandait secrètement à Dieu que son filleul devînt prêtre. Petit, Léon signait régulièrement Léon-Ignace.
Il étudia chez les Frères de Beauregard, puis chez les Jésuites à Metz, où il reçut la Première communion en 1869 : à partir de cette date, il exprime son désir d’être Jésuite à son tour.
Les Jésuites ayant été expulsés de Lorraine par les Allemands, Léon-Ignace retrouve les Jésuites à Amiens, avant d’entrer chez les Jésuites à Saint-Acheul en 1875. Il a dix-huit ans.
C’est dans ces années-là que, apprenant le martyre des missionnaires en Chine, Léon-Ignace avait fait cette boutade que, si l’on avait besoin de lui, on pouvait faire appel à lui.
Les lois laïques, françaises cette fois-ci, obligèrent les Jésuites à émigrer à Louvain (Belgique) ; Léon y acheva ses études de philosophie (1880) et fut professeur de sixième à Saint-Servais de Liège.
Et voilà que, en 1882, son Provincial lui propose à brûle-pourpoint, de partir en Chine. D’abord stupéfait, Léon-Ignace répondit : Me voilà exaucé, il ne me reste plus qu’à obtenir la grâce du martyre.
L‘annonce aux parents fut douloureuse, ou plutôt pleine d’émotion, que la foi chrétienne sut dépasser avec force.
Parti dès septembre 1882 de Marseille, Léon-Ignace aborda six semaines après à Tien Tsin. Il avait alors vingt-cinq ans.
Il dut d’abord achever sur place ses études de théologie, en même temps qu’il apprenait les usages chinois. C’est là-bas qu’il fut ordonné diacre en 1885, et prêtre en 1886, le 31 juilllet, fête de saint Ignace.
Monsieur Mangin mourut peu après cette immense joie.
Clairvoyant, d’une gaieté communicative, Léon-Ignace ne s’embarrassait pas des conventions de la diplomatie. C’était un organisateur, et fut un excellent intermédiaire entre les autorités chinoises et l’Eglise.
Jusqu’en 1890, il exerça son apostolat dans le district de Kou Tcheng.
Dès 1890, il est doyen à Ho Kien Fou : il organise la pastorale avec neuf curés, tous jésuites, pour vingt-mille chrétiens. Il organisa le baptême des petits enfants en danger de mort, avec des associations de femmes «baptiseuses» : il y eut jusqu’à douze mille baptêmes par an.
En 1897, il est doyen de Kin-Tcheou.
C’est là que le surprend en 1900 la Révolte des Boxers, qu’il avait pressentie dès 1898.
Il résidait à Tchou Kia Ho, où il apprit le martyre des pères Andlauer et Isoré, le 20 juin. Il n’avait plus de doute sur son sort…
Les Boxers firent une première attaque le 15 juillet, revinrent le 17, puis le 18, cette fois-ci avec des canons Krupp ; les pères eurent le temps de célébrer la Messe une dernière fois. Jusqu’au 20 juillet, une pluie de projectiles tomba sur la résidence des pères, réfugiés avec d’autres fidèles dans l’église.
C’est le 20 juillet au matin qu’eut lieu l’attaque proprement dite. Les orphelines et leurs maîtresses s’étaient déjà mises sur ce qui restait des «remparts», pour mourir avant d’être vendues aux païens.
Les assaillants finirent par pénétrer dans l’église. Le père Mangin fut frappé d’une première balle qui le fit tomber de son fauteuil ; il demanda qu’on l’aidât à s’agenouiller sur la marche de l’autel : là il reçut le coup fatal qui le tua.
L’église fut alors la proie des flammes. Les chrétiens qui n’étaient pas asphyxiés étaient massacrés dès qu’ils sortaient de l’église.
C’était donc le 20 juillet 1900.
Léon-Ignace Mangin sera béatifié en 1955, et canonisé en 2000.
La mémoire liturgique des Martyrs chinois est fixée au 9 juillet.