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6e dimanche per annum - A

 

Ecoutons fidèlement l’enseignement de Jésus, comme si c’était la première fois, comme si nous le rencontrions en Palestine après son Baptême, après qu’il ait appelé les premiers apôtres et opéré ses premiers miracles. En un mot : écoutons notre Maître avec des oreilles nouvelles, avec un cœur nouveau, sans laisser notre esprit à l’illusion du “déjà entendu”.

 

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Avant de parler de ce Discours sur la Montagne, nous entendons en ce jour un petit extrait très important du Siracide (la Vulgate l’appelle Ecclésiastique), un livre qui ne fait pas partie du canon juif, mais qui fut connu et cité par les rabbins.

Le verset qui précède immédiatement l’extrait d’aujourd’hui est une référence fondamentale pour la doctrine de la liberté : C’est (le Seigneur) qui au commencement a fait l’homme et l’a laissé à son conseil.  

En créant l’homme à son image, Dieu l’a rendu participant de la Liberté divine, de cet état ontologique d’adhérence au Bien. Dieu ne peut faire le mal, parce qu’Il est fondamentalement libre. Dans son état initial, créé à l’image et la ressemblance de Dieu, l’homme était naturellement libre et porté vers le Bien. Dieu n’a commandé à personne d’être impie, il n’a permis à personne de pécher. Quand l’homme fut tenté et hésita entre obéir ou désobéir, il perdit sa liberté ; abusant de sa liberté, il la perdit et sombra dans le péché. C’est depuis lors qu’il est sans cesse dépendant de son libre arbitre, du choix qu’il doit faire entre telle ou telle action.

Un enseignant de théologie, et non des moindres, disait à ses élèves que, si Adam a péché, la responsabilité première en revenait à Dieu, qui l’avait laissé libre… Etrange doctrine. L’Ecriture nous dit bien aujourd’hui : Il dépend de ton choix de rester fidèle.

 

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L’extrait du psaume 118 mérite son petit commentaire aujourd’hui. Le psaume 118 est le psaume le plus long des cent cinquante psaumes de l’Ecriture. Ce psaume est dit “alphabétique”, car les huit vers de chaque strophe commencent par l’une des vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. Les cent soixante-seize versets de ce monument à la fois mystique, poétique et littéraire constituent ainsi vingt-deux strophes réparties sur chaque jour de la prière hebdomadaire de la Liturgie des Heures. Les versets que nous relisons aujourd’hui à la Messe sont pris aux strophes 1, 3 et 5.

Chacun de ces versets contient tour à tour l’un de ces mots fondamentaux qui désignent la Loi : témoignage, précepte, volonté, commandement, promesse, parole, jugement, voie. Le mot loi et tous ces synonymes sont à prendre ici dans le sens le plus large d’enseignement révélé, tel que l’ont transmis les prophètes.

Plus particulièrement, quand David demande au Seigneur : Sois bon pour ton serviteur, et je vivrai, il entend par cette vie la plénitude de l’épanouissement dans la joie divine, un émerveillement mystique devant l’immensité divine, quelque chose qui doit ressembler à l’extase, mais que seuls de grands Saints ont pu connaître.

Sans arriver jusqu’à ce degré d’union intime avec Dieu, nous sommes sans cesse appelés à en recevoir la Sagesse, une grâce divine qu’on énumère dans les Dons du Saint-Esprit. 

 

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Pour recevoir cette grâce, il faut réellement se démarquer de la (fausse) sagesse de ceux qui dominent le monde et qui déjà se détruisent, nous dit l’Apôtre Paul ; qui ajoute plus loin qu’Aucun de ceux qui dominent ce monde n’a connu (la sagesse de Dieu).

La citation que fait Paul de l’Ecriture (Ce que personne n’avait vu de ses yeux…) est une combinaison très réussie de deux extraits des prophètes Isaïe et Jérémie (Is 64:3 ; Jr 3:16). On prétend parfois que la pensée de Paul est incompréhensible ; en réalité elle est difficile, certes, surtout si l’on est encore trop tributaire de la “sagesse du monde”. Ce qu’on a dit précédemment n’a rien de très difficile à comprendre : ce qui est difficile est plutôt de faire passer dans notre quotidien cette Sagesse divine qui nous manque si souvent. La Sagesse de Dieu est une grâce qu’il faut demander avec persévérance, à l’image du jeune Salomon (cf. Sg 9).

 

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Ecoutons maintenant la Sagesse incarnée, Jésus, donner son premier enseignement à ses disciples sur la Montagne (une des collines proches de Capharnaüm). Il faut essayer de se mettre parmi eux et imaginer ce que pourrait être leur état d’esprit, dans ces premiers pas qu’ils font avec le Sauveur. Ils ont d’abord suivi Jean-Baptiste, puis trouvé cet Homme qui les a fascinés par son Verbe, par son attitude, sa bonté inaltérable, ses premiers miracles aussi : pour eux cet Homme est une sorte de leader, quelqu’un qu’on écoute volontiers parce qu’il leur parle d’une façon nouvelle, et dont ils attendent évidemment qu’il apporte un réel changement à leurs conditions de vie, sociale et politique. 

Alors Jésus les met immédiatement au diapason : il ne va rien changer à la Loi et aux Prophètes ! rien abolir ! Il va accomplir ! Stupeur, étonnement des auditeurs : ils sont habitués à entendre chaque Sabbat les versets, les préceptes de la Loi qu’on leur lit et qu’on leur rabâche inlassablement ; ils pensent désormais les connaître par-cœur et voilà que Jésus prétend les porter à leur accomplissement… Avec quelle curiosité vont-ils maintenant écouter ce qui va suivre, en retenant leur souffle.

C’est là que commencent les Béatitudes que nous avons lues il y a quinze jours, puis l’appel, dimanche dernier, à être le Sel et la Lumière du monde. Aujourd’hui donc, Jésus nous donne un ample enseignement sur ce que doit être notre vie intérieure, en évitant de nous contenter de pratiques extérieures et de rites habituels. Il est sans doute inutile de redire ce que Jésus dit si clairement. Mais ne passons pas trop vite sur certains versets, que nous croyons avoir déjà entendus cent fois et que nous survolons trop rapidement, pour les mettre vraiment en pratique dans notre vie.

Nous voyons que Jésus assimile la colère à un meurtre. Les gens se mettent très souvent en colère : les protestations et les rébellions de tout genre portent la marque de la colère et nous y sommes presque habitués., au point que nous avons oublié que la colère est un des péchés les plus graves et qu’on appelle un vice. On se reportera utilement à ce sujet aux articles 1866 et 1867 du Catéchisme de l’Eglise Catholique. 

C’est que la colère est un très grave manquement à la charité ; Dieu est Charité, dit saint Jean (1Jn 7:8). Pécher contre la Charité, c’est donc pécher directement contre Dieu, auteur de la Vie ; c’est un acte de mort. 

Des dix Commandements de Dieu, les trois premiers concernent directement le culte envers Dieu, et le quatrième le respect envers les parents, notre première autorité dans la vie. Le cinquième Commandement concerne justement la vie : Tu ne tueras pas. Maudire et calomnier, sont des attitudes meurtrières, parce que contraires à l’Amour : Un coup de langue est parfois plus mauvais qu’un coup de lance, avons-nous appris dans nos vieilles leçons de morale.

Jésus parle ensuite de l’adultère, se référant ici au sixième Commandement de Dieu : Tu ne commettras pas l’adultère. La banalité qu’est devenue l’adultère à toutes les époques et plus encore aujourd’hui, pourrait nous faire oublier l’extrême gravité de ce péché, un péché si grave aux yeux de Dieu, qu’Il n’a pas de comparaison plus forte pour exprimer par la bouche du prophète Osée le péché dans lequel est tombé tout le peuple d’Israël. Osons le dire fortement : l’adultère est une infidélité, la rupture d’un serment solennel, une trahison.

Enfin, le Divin Maître parle des serments et de la sincérité, se référant au huitième Commandement. Quand Il condamne les serments, il n’interdit pas les promesses solennelles, mais Il nous avertit que notre parole ne doit dire que des choses justes et vraies. Plus tard, Jésus sera encore plus incisif en nous disant : De toute parole sans fondement (verbum otiosum) que les hommes auront proférée, ils rendront compte au jour du jugement (Mt 12:36). Ce n’est pas par hasard que le Fils de Dieu a été appelé le Verbe, étant l’expression-même de la Vérité (cf. Jn 1). A notre tour, notre verbe doit refléter toujours cette Vérité.

Puisqu’on a rapproché les Commandements de Dieu de l’enseignement du Christ sur la Montagne, on pourra demander maintenant pourquoi il a “sauté” une référence au septième Commandement, concernant le vol. Peut-être parce que le vol, plus que tout autre péché, est très fortement ressenti dans notre conscience, suffisamment pour qu’il ne soit pas utile de le commenter. Mais aussi, plus simplement, parce que notre Sauveur n’a pas explicitement choisi de commenter les dix Commandements de Dieu, lesquels d’ailleurs ne se trouvent pas tels quels dans l’Ecriture, mais en sont un condensé pratique à l’usage des fidèles (voir là-dessus l’Abrégé du même Catéchisme, pp. 172-175).

 

*       *       *

 

Jésus donc, dans le Discours sur la Montagne, expose à ses disciples comment accomplir vraiment la Loi, en la vivant profondément dans notre cœur, dans un amour toujours plus grand de Dieu et du prochain. C’est une grâce à demander à Dieu, non pas parce qu’Il ne nous l’accordera que si nous la Lui demandons, mais parce qu’en la demandant, nous Lui ouvrons déjà notre cœur pour la recevoir mieux.

Relisons bien la Prière du jour : Dieu, qui veux habiter les cœurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce…  

Amen.                                                                                                                                                                                                    

 

 

 

 

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Published by samuelephrem - dans Homélies - année A

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