Patrocle, ermite
500-576
Patrocle naquit vers 500 (ou un peu avant) dans le Berry, fils d’Ætherius et frère d’Antonius.
Tandis que Patrocle devait garder les brebis, Antonius allait à l’école ; un jour, ce dernier fit valoir à son frère de s’éloigner, n’étant qu’un paysan bon à garder les brebis. Patrocle ne s’en offensa pas, mais il reçut la remarque comme une invitation de Dieu à apprendre lui aussi à lire et à écrire. Bientôt, il dépassa son frère, qui désormais disparaît de notre histoire.
Il y avait alors dans l’entourage du roi Childebert un certain Nunnion, qui lui recommanda Patrocle. On ne sait comment ils se connurent, mais Patrocle vécut quelque temps à la cour.
Quand il eut quarante ans environ, son père mourut et il revint au pays berrichon. La brave veuve espérait que son fils allait se marier et l’assister dans ses vieux jours, mais Patrocle ressentait en son cœur un autre appel. Il alla auprès de l’évêque de Bourges, Arcadius, qui le tonsura, l’admit dans le clergé et bientôt l’ordonna diacre. Que fit donc la maman, l’histoire ne nous le dit pas : la Vita se concentre sur les faits et mérites de notre Héros, sans s’étendre sur les décors de l’histoire.
Patrocle eut à partager la vie des autres clercs. Mais son esprit était «ailleurs» : il oubliait l’heure du repas, et puis il ne buvait pas de vin ni de bière, ne se servait pas de ragoût et préférait le pain trempé dans l’eau ; et puis il ne dormait pas, ou très peu, pour veiller et prier ; et puis il portait un cilice sous sa tunique ! L’archidiacre réprimanda Patrocle : ou tu fais comme tout le monde, ou tu t’en vas.
Sans s’émouvoir, Patrocle comprit qu’il devait aller ailleurs. L’évêque cependant l’ordonna prêtre. Patrocle alla se fixer à Néris (Allier), où il se construisit un oratoire, avec des reliques de s.Martin (v. 11 novembre) et ouvrit une école. Mais il se mit à faire des miracles, à guérir des infirmes, ce qu’il n’avait pas prévu et qui dérangeait passablement son humilité ; où aller ?
Patrocle recourut à un saint stratagème : il écrivit sur autant de petits billets toutes les solutions qu’il pouvait envisager pour sa vie, les déposa sur l’autel et se mit en prière, pendant trois jours et trois nuits ; le billet qu’il «choisit» alors était celui de l’ «ermite».
Il remit sa maison à quelques religieuses et se mit en route ; il ne prenait avec lui qu’une bêche et une hache à deux tranchants : ce qu’il lui faudrait pour se construire une cabane dans la forêt et entretenir un jardinet. L’endroit où il s’arrêta s’appelait Mediocantus (auj. La Celle).
Allait-il connaître le silence de la solitude ? Les foules ne tardèrent pas à le retrouver, à lui amener des malades, des possédés, que Patrocle guérissait ; il pria ainsi trois jours et trois nuits avant de délivrer un possédé.
Le Diable intervint aussi. Il insinua dans le cœur de Patrocle l’idée de retrouver le monde. Patrocle pria ; un ange le fit monter sur une haute colonne, d’où il apercevait tous les vices des hommes, et Patrocle comprit que le Diable cherchait seulement à lui faire quitter sa sainte solitude.
Puis Patrocle construisit un monastère à Colombier, établissant là une communauté avec son abbé, dans l’espérance de pouvoir désormais vivre en solitaire dans la prière. Il passa dix-huit ans dans la solitude, annonça aux moines sa prochaine mort et s’éteignit saintement le 18 novembre, vers 576.
Le prêtre de Néris, qui l’avait bien connu, voulut enlever le corps de vive force et s’en vint avec quelques clercs ; mais en arrivant, il vit le linceul resplendir d’une blancheur si éclatante que, terrifié, il changea d’idée et aida plutôt les moines à transporter le corps de Patrocle à Colombier, où les miracles reprirent : deux femmes aveugles recouvrirent la vue.
L’ermite saint Patrocle est commémoré le 18 novembre dans le Martyrologe Romain.