Dié de Nevers
† 679
Dié (Deodatus, ou Déodat, ou Didier) est traditionnellement présenté comme un évêque de Nevers, plus tard retiré dans les Vosges, fondateur d’un petit sanctuaire ou monastère, appelé Jointures, la future ville de Saint-Dié.
Les historiens modernes ont retrouvé d’autres éléments, fait d’autres rapprochements, élaboré de nouvelles hypothèses, qui ne s’accordent pas bien.
Il a pu naître au 7e siècle, dans une famille noble.
Il devint apparemment le douzième évêque de Nevers ; c’est du moins ce qui ressort de la liste des évêques de ce diocèse. En tant que tel, il aurait pris part au concile de Sens en 657.
Il semble bien qu’il y ait eu un évêque nommé Dié à Nevers, mais vers 665, donc plus tard que le concile de Sens en question. On a aussi expliqué qu’en fait l’évêque de Nevers (niverniensis) était un évêque hiberniensis, donc originaire d’Hibernia, l’Irlande. Donc Dié, qui n’était peut-être pas même évêque, aurait été un de ces très nombreux moines irlandais venus sur le continent.
L’évêque devenu ermite, surpris par l’hiver, aurait reçu de la générosité d’un seigneur local, la visite d’un âne chargé de victuailles, venu de lui-même lui apporter son chargement. Un jour qu’un loup avait dévoré la pauvre bête de somme, ce loup, divinement inspiré, repenti, se chargea lui-même de la corvée. Ceci rappelle un épisode similaire concernant un moine du désert d’Egypte qui ordonna à un lion de remplacer son âne qu’il venait de dévorer (et le lion obéit, bien sûr).
Un autre épisode important pourrait se situer ici : mal accepté par le voisinage, Dié se serait dirigé vers Strasbourg, sur une petite île où demeuraient déjà quelques ermites, qui le prirent comme supérieur. Ce serait l’origine d’une abbaye dédiée aux Apôtres saints Pierre et Paul, dont une filiale fut Ebersheim.
Avide de solitude, Dié reprit son bâton et alla le planter près de Bâle, puis repartit pour les Vosges, s’arrêtant dans une vallée paisible qui porte aujourd’hui son nom, et où serait née la fondation de Jointures (au confluent du Robache, ou de la Fave, et de la Meurthe) ; mais il se pourrait que cette fondation fût seulement une invention tardive des ambitieux chanoines de la collégiale Saint-Dié.
On attribua aussi à Dié la naissance de diverses sources, qu’il faisait surgir en frappant la terre de son bâton, comme Moïse frappa le rocher dans le désert (Ex 17:1-7). C’est en souvenir du passage du saint homme (ou bon-homme) et en reconnaissance pour lui qu’un col s’appellerait Col du Bonhomme.
Ensuite, Dié aurait accompli une foule de miracles en faveur des habitants : il rendait justice aux plus faibles, redressait les poutres mal équarries, construisait des murs à distance… Mais aussi forçait à la repentance : à un vigneron qui lui avait promis sa vigne, mais gardait pour lui le vin, il lui lança des guêpes qui l’assaillaient chaque fois qu’il tentait de tirer du vin.
Dié aurait été lié à la fondation d’une quinzaine de communautés et autant d’églises.
Un autre ancien évêque, Hidulphe (v. 11 juillet), devenu lui aussi ermite à Moyenmoutier après avoir gouverné l’église de Trèves (?), rencontra Dié. Avant de mourir, Dié lui confia son monastère, qui prit alors le nom de Saint-Dié.
Finalement, Dié serait mort en 669, ou 679, s’il est vrai qu’il vécut dix années en ermite, une vie érémitique bien mouvementée et bien remplie.
Très célèbre, saint Dié aurait ainsi été canonisé en 1049.
Une châsse d’argent contenant ses ossements fut détruite en 1636.
Le Martyrologe le commémore sobrement au 19 juin : Déodat, évêque de Nevers, qu’on dit avoir fondé un monastère à l’endroit qui ensuite prit son nom.