Lanfranco de Canterbury
1005-1089
Lanfranco vit le jour vers 1005 (c’est-à-dire entre 1000 et 1010) dans l’italienne Pavie (Italie N), où son père Ambaldo était magistrat ; sa mère s’appelait Rosa.
Pour succéder à son père, mort prématurément, Lanfranco étudia le droit. Déjà vers 1032, il enseigne.
Vers 1035, il vint en France et enseigna les matières fondamentales du trivium à Avranches, mais sans grand succès. Pourquoi Avranches ? Parce qu’il se trouvait ainsi protégé par l’abbaye du Mont-Saint-Michel, alors gouvernée par un autre italien piémontais, Suppone.
Tentant alors de se rendre à Rouen, il fut assailli un soir par des brigands qui le dépouillèrent de tout ce qu’il avait et le laissèrent attaché dans un fourré. Il pria alors et promit à Dieu, s’il s’en sortait, de corriger sa vie pour ne servir que Lui. Au petit matin, des voyageurs le délivrèrent et lui indiquèrent un petit monastère proche. On ne sait pas quel était ce monastère.
Vers 1042, Lanfranco se retira à l’abbaye bénédictine du Bec, qu’il faillit quitter pour chercher un monastère plus rigoureux. Mais l’abbé, craignant de le perdre, le nomma prieur. Il y eut un «incident diplomatique» : le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant avait été excommunié à cause de son mariage avec une cousine ; Lanfranco ne pouvait qu’approuver cette mesure, et le duc voulut l’exiler ; Lanfranco se présenta lui-même à Guillaume, lui parla doucement et réussit à se faire accepter comme négociateur de l’affaire entre le duc et le pape.
En 1049, il participa au concile de Reims, qui examina cette question, ainsi que la doctrine de Béranger de Tours sur l’Eucharistie. Concernant ce dernier, Lanfranco présenta son traité sur l’Eucharistie, dans lequel il démontrait la distance entre sa position et celle de Béranger. Concernant Guillaume, dont le concile confirmait la condamnation, Lanfranco obtint du pape une dispense de parenté, à condition que Guillaume fondât deux abbayes : ainsi naquirent à Caen l’abbaye aux Hommes et l’abbaye aux Dames.
Lanfranco participa ensuite aux conciles de Verceil (1050), Tours (1055) et Rome (1059).
Lanfranco devenait alors très illustre. Les vocations affluèrent au Bec et son enseignement allait lui attirer d’illustres élèves parmi lesquels Yves de Chartres (v. 23 décembre), Anselmo d’Aoste (plus tard archevêque de Canterbury, v. 21 avril) et un autre Anselmo, futur pape Alexandre II. Il en vint de toute l’Europe. Au Bec, Anselmo d’Aoste sera son successeur comme professeur.
En 1066, Lanfranco fut nommé abbé de Saint-Etienne de Caen, l’abbaye aux Hommes.
En 1070, Guillaume, devenu roi d’Angleterre après la bataille de Hastings, obtint du pape la nomination de Lanfranco à la tête du diocèse de Canterbury.
Désormais, Lanfranco travailla à faire valoir l’autorité du siège de Canterbury sur tous les autres (en particulier celui d’York), ce que reconnut le concile de Winchester (1072).
Lanfranco voulut aussi imposer les usages et les décisions romaines, mais avec une certaine prudence : il ne voulait pas déposer purement et simplement les prêtres mariés, se contentant d’exiger des nouveaux candidats au diaconat le vœu de chasteté. Le pape Grégoire VII trouvait cette «clémence» excessive, mais les résultats purent donner raison à Lanfranco.
Dans le même ordre d’idées, Lanfranco remplaça partout où il le put le clergé anglais par des moines de Normandie, fidèles à Rome. Ce ne fut pas toujours sans heurts, et Lanfranco dut y mettre beaucoup de tact.
Il fit aussi agrandir la cathédrale de Canterbury.
Quant à Guillaume, il laissait à Lanfranco le gouvernement du pays durant ses absences. Lanfranco déjoua en 1075 une conspiration ourdie par des comtes contre Guillaume. Ce dernier mourut en 1087. Lanfranco en couronna le deuxième fils, Guillaume le Roux, qui fut loin d’égaler son père.
Désormais âgé et malade de dysenterie, Lanfranco s’éteignit le 28 mai 1089.
Il ne fut béatifié qu’en Angleterre. Officiellement, aucune proclamation ne se fit à Rome, mais on lui reconnaît le titre de Bienheureux dans le Martyrologe.
Bienheureux Lanfranco de Pavie, ou du Bec, ou de Canterbury - comme on a préféré l’appeler pour le distinguer d’un autre Lanfranco de Pavie, v. 23 juin) - est commémoré le 28 mai dans le Martyrologe Romain.