Gérard de Toul
935-994
Ce Gérard naquit à Cologne en 935 du temps de l’empereur Othon ; il avait un frère, Azelinus, qui fut comte de Toul.
Les parents très chrétiens, Ingramme et Emma, confièrent son éducation à des clercs qui vivaient en commun près de l’église, et l’enfant fut assez tôt orphelin de ces bons parents.
La maman avait été frappée par la foudre et l’enfant, dans sa candeur, crut que c’était là la punition de ses fautes à lui ; il s’imposa une pénitence rigoureuse. Mais aussi, il choisit de vivre dans la chasteté constante.
Il fut nommé cellérier, on l’ordonna prêtre (malgré la crainte qu’exprimait son humilité), et fut finalement désigné pour occuper le siège épiscopal de Toul après la mort de Gauzelin ; c’est l’archevêque Bruno de Cologne qui le sacra, en 963.
Trente-troisième évêque de Toul, Gérard fut le pasteur de tout son peuple, au sens propre du mot, le guidant, l’exhortant, écartant les brebis galeuses.
Gérard travailla intensément pour préserver les droits de l’Eglise contre la puissance séculière ; il protégea activement les monastères (Saint-Evre, Saint-Mansuy, Bouxières, Saint-Gengoult) et développa le culte envers les Saints, avec la vénération des saintes reliques. Il encouragea vivement l’école de chant grégorien de l’abbaye de Gorze. Il fit construire et célébra la dédicace de la cathédrale de Toul en 981.Dieu le favorisa du don des miracles et de prophétie.
Une nuit que le sacristain avait laissé brûler un cierge devant les reliques de saint Mansuet, l’évêque eut connaissance, par révélation, de l’incendie qui menaçait l’édifice et envoya aussitôt un de ses clercs pour arrêter le désastre.
Lors d’un déplacement sur la Moselle, le clerc qui l’accompagnait laissa tomber dans l’eau le reliquaire de la Sainte Croix qu’il portait ; au retour, Gérard plongea la main dans l’eau et récupéra son précieux trésor.
Lors d’une épidémie de peste, qui ne cessait de s’étendre malgré les prières, Gérard redoubla ses pénitences, exhorta le peuple à une conversion sincère, et le mal cessa tout d’un coup.
Gérard avait une louable habitude : après la prière du soir, il donnait l’absolution à tous ceux qu’il avait excommuniés. Or, un jour que deux puissants seigneurs avaient juré de l’assassiner en représailles pour l’excommunication qu’ils s’étaient attirée, ils le suivirent et menacèrent de l’exécuter s’il ne suspendait pas sa sentence ; Gérard y consentit, à deux conditions : ils feraient une sincère pénitence et répareraient les dommages causés à l’Eglise. L’un d’eux promit, mais ne tint pas sa promesse, et fut bientôt excommunié par tous les évêques de France.
On mettait en doute la sainteté de son prédécesseur, Gauzelin. Gérard obtint de Dieu la révélation que Gauzelin avait au Paradis la même gloire qu’Apollinaire de Ravenne (v. 23 juillet).
Il fut averti de sa prochaine mort, et l’annonça à l’entourage. Après le chant des Matines, il se rendit à l’autel de saint Blaise pour y prier, comme d’habitude, et perçut alors une violente douleur à la tête, comme s’il avait reçu un coup de lance ; on le porta sur son lit, où il expira peu après, le 23 avril 994.
Saint Gérard sera par la suite appelé le très saint Gérard, homme rempli de la grâce de Dieu, lumière de la patrie. La ville de Gerardmer, ou plutôt le lac qui s’y trouve, devrait son nom vraisemblablement au saint évêque.
Gérard de Toul a été canonisé en 1051 par le pape Léon IX à peine élu et en voyage apostolique à Toul.