Thora Gambacorta
1362-1419
Thora (Théodora) était née en 1362, à une époque où son père, Pietro, était exilé de Pise, dans le cadre de ces luttes incessantes qui ensanglantèrent les villes d’Italie. Elle avait trois frères.
Elle vécut à Venise, puis revint à Pise en 1369, quand son père fut remis en possession de ses biens.
Pietro promit alors sa fille à un riche seigneur local, Simone de Massa, alors que Thora s’était déjà consacrée à Jésus-Christ. Mais elle accepta avec soumission cette destinée, et le mariage fut célébré quand elle eut douze ans.
Ce que ne savait pas le brave Simone, c’est que la petite Thora, depuis l’enfance, répétait sans cesse au Seigneur : Tu le sais, Seigneur, que je ne veux pas d’autre Epoux que toi. Et encore dans le temps qui suivit son mariage, elle retirait devant le Crucifix son anneau d’épouse, pour Lui répéter la même prière. Sa pensée était toute dans la passion du Seigneur, et quand elle le pouvait, elle réunissait des filles de son âge pour en parler, pour les exhorter à la vertu.
Elle-même portait, sous ses habits somptueux, un rude cilice. Sa charité se porta auprès des pauvres et des malades, et s’associa à de pieuses femmes qui pratiquaient ainsi la charité, et qui avaient reçu chez elles une pauvre femme toute défigurée par un cancer affreux. Thora voulut aussi la servir et la soigner.
Or voici que son époux mourut, victime de quelque épidémie. Thora était veuve, à quinze ans ! Son père chercha à nouveau à la marier, mais Thora, cette fois-ci, prit des mesures énergiques : elle se coupa les cheveux, distribua aux pauvres ses tenues somptueuses et s’entendit avec les Clarisses : elle quitta la maison paternelle et alla revêtir l’habit franciscain, prenant alors le nom de Chiara (Claire).
Les frères de Claire en informèrent leur père qui, furieux, les envoya chercher de force sa fille. Les Religieuses, épouvantées, la laissèrent partir et Claire fut enfermée, avec son habit, dans un réduit du château paternel, sans lit, et la porte fut clouée.
En réalité, Claire se trouvait «cloîtrée» et pratiquait souvent le jeûne, car on oubliait de lui porter à manger.
Lors d’une absence de son père, sa mère consentit à la laisser aller se confesser et communier chez les Dominicains. Dieu alors lui révéla qu’elle serait dominicaine, et non franciscaine. De fait, un saint évêque espagnol, de passage en 1378 chez les Gambacorta, convainquit le père que sa fille avait une réelle vocation ; enfin Chiara rejoignit les Dominicaines, et même son père s’engagea à faire construire un autre couvent, où Chiara aurait fait appliquer la règle dominicaine authentique. Le couvent fut prêt en 1382.
Chiara y fut sous-prieure, puis prieure ; elle mit à profit les dons pécuniers qu’elle reçut, pour soulager la misère des pauvres et pour construire un orphelinat.
Malheureusement, les événements ne tournèrent pas en faveur du pauvre père Gambacorta ; des querelles reprirent ; le père de Chiara perdit la vie, ainsi que son fils Lorenzo ; deux autres fils disparurent. Celui qui avait trahi Pietro Gambacorta, mourut à son tour ; Chiara pardonna et en fit appeler l’épouse et les sœurs pour les secourir.
Chiara fut aussi en relations épistolaires avec des personnes revenues à Dieu, les exhortant à la vraie conversion intérieure, au détachement des biens du monde.
En 1419, comme elle l’avait annoncé, Chiara vit sereinement approcher l’heure de la rencontre finale avec son Epoux céleste. Ses douleurs s’intensifièrent durant le carême et elle expira doucement, le lundi de Pâques, 17 avril 1419.
Treize ans plus tard, on ouvrit son cercueil, dont il sortit un parfum très suave. Les ossements furent lavés, et une Religieuse atteinte de la lèpre, but de cette eau, qui la guérit instantanément.
Chiara est communément considérée comme Bienheureuse, bien qu’aucune reconnaissance n’ait eu lieu.