Pere Rofes Llauradó
1909-1936
Pere (Pierre) naquit le 31 mai 1909 à Tarragona (Catalogne, Espagne), de Pere et Antònia, qui le firent baptiser le 6 juin suivant. C’est en 1914 qu’il fut ensuite confirmé.
Il fut ordonné prêtre en 1932.
Il fut vicaire à Mont-roig (Baix Camp). Son activité préférée était d’être avec les humbles et les pauvres. Il s’occupa avec enthousiasme de la catéchèse des enfants et du patronage paroissial avec les jeunes.
Lors de la révolution de 1936, une de ses préoccupations fut de mettre en sécurité les archives paroissiales (les registres de baptême, de mariage et de funérailles).
Il intensifia beaucoup sa vie intérieure, dans la prière et la méditation.
Il fut convoqué à Reus pour être enregistré, avec son curé. Pendant qu’on interrogeait le curé, il manifesta son intérêt pour la machine à écrire de l’employé et lui dit : Comme ce serait bien si j’avais une machine comme celle-ci ! Et l’employé de lui répondre : Si tu en veux une, il faut être des nôtres. - Ça, jamais, répondit le jeune prêtre, certain que de toutes façons on allait le tuer.
La famille qui l’hébergeait chercha à obtenir un non-lieu pour l’abbé Pere, mais la réponse fut plutôt décourageante : Les choses se présentent très mal ; ce serait différent si au moins il épousait une nonne ou Marie Untel. Telle était la détermination des miliciens, de faire abandonner aux prêtres leur célibat ou de les tuer ; de toutes façons, de les supprimer.
Quand le prêtre fut informé de la réponse, il rétorqua : Vous voyez, ils ont déjà tout arrangé, eux !
Le 13 août au soir, on vint le chercher. Il répondit simplement : Eh bien, me voilà ! Il prit un petit moment, pour consommer les Saintes Hosties qu’il conservait puis, tout content et tranquille, rejoignit les miliciens. On lui lia les mains, on le fouilla. On lui trouva son chapelet, qu’on lui rendit.
Pendant qu’ils allaient chercher quelque autre victime, le prêtre prit congé de la famille et leur dit : Si vous ne me revoyez pas, adieu au Ciel !
En chemin, don Pere saluait gentiment les paroissiens qu’il voyait, et redonnait du courage à ses compagnons de sacrifice.
On arrêta un certain Joachim González, bon chrétien et père de famille, qui les salua en disant : Mes chères filles, nous ne nous verrons plus ! Et Pere, lui tapant sur l’épaule, lui dit : N’ayez pas peur, González, je suis là moi aussi ! Puis, avec un signe de tête bien compréhensible, il leur fit comprendre à tous qu’il les entraînait derrière lui pour aller tous se retrouver au Ciel.
Au Comité, on retrouva un autre laïc, Josep Pomés, pour lequel don Pere obtint la liberté. On lia les mains de don Pere avec celles de don Ramon Artiga Aragonès, et on les emmena, avec d’autres victimes. Don Pere leur donnait courage : Courage, nous allons vers la Lumière Eternelle, et eux, ils restent dans les ténèbres.
Près de Borges del Camp, ils abattirent les victimes par balles, sur la voie de chemin de fer. On les retrouva au cimetière de Reus : don Pere avait la tête complètement détruite.
C’était le 13 août 1936.
Don Pere fut béatifié en 2013.