Frédéric Jansoone
1838-1916
Né le 9 novembre 1838 à Ghyvelde (Nord), Frédéric était d’une famille nombreuse très chrétienne. Ses parents s’appelaient Pierre et Marie-Isabelle.
Orphelin de père à dix ans, il commença de fréquenter le collège d’Hazebrouck en 1852. On signale qu’au même moment, son frère aîné, Pierre, commence les années de philosophie au Grand séminaire de Cambrai.
En 1856, il dut interrompre ses études, pour être commis-voyageur dans le textile à Estaires et aider un peu sa mère. Il resta cependant affilié au Tiers-Ordre franciscain.
Sa mère étant décédée en 1861, Frédéric décida courageusement de reprendre ses études, à vingt-trois ans.
En 1864, il entra au noviciat des Franciscains Observants à Amiens et fut ordonné prêtre, à Bourges, en 1870.
Il fut d’abord aumônier militaire durant la guerre franco-prussienne, puis sous-maître des novices à Branday ; l’année suivante, avec deux Confrères, il fonda à Bordeaux une maison dont il fut nommé supérieur, tout en dirigeant le Tiers-Ordre et la Revue franciscaine, ainsi que la bibliothèque de Paris.
La culture du père Frédéric était immense : histoire et géographie, astronomie et archéologie, botanique et peinture…
Il demanda à aller œuvrer au Pays de Jésus, en Terre Sainte. Il y fut nommé Vicaire Custodial (1878). C’est durant les dix années suivantes qu’il réorganisa la vie religieuse chrétienne sur les Lieux Saints, en particulier en reprenant la dévotion du Chemin de Croix dans Jérusalem, interdit depuis 1621.
Il lui fallait des subsides. En 1881-1882, sur l’invitation du curé de Cap-Rouge (Québec), il fit un séjour au Canada, mais préféra se transporter à Trois-Rivières, où il put collaborer efficacement avec le recteur de la basilique Notre-Dame du Cap, et organiser avec ce dernier le Commissariat de Terre Sainte, une association franciscaine visant à encadrer la vie catholique à Jérusalem.
Le père Frédéric fut extrêmement actif pour faire renaître la vie spirituelle, s’appuyant sur la vitalité des confréries et insistant sur la nécessité de la conversion intérieure. Ses prédications, ses articles, ses livres, dans un style simple et abordable, donnèrent une impulsion énorme au renouveau catholique du 19e siècle.
On a conservé de lui de nombreuses prédications, deux livres (Vie de Notre-Seigneur et Vie de Saint-François).
En 1888, le père Frédéric vint s’installer définitivement au Québec, dans cette paroisse de Notre-Dame du Cap, où il œuvra jusqu’à l’arrivée, sur sa demande, des Oblats de Marie Immaculée (1902). Le recteur et curé écrivit de lui ce témoignage : On se le dispute littéralement. Les malades le cherchent et le suivent partout. C’est un homme de Dieu… Si vous voyez ses supérieurs, vous pouvez les assurer qu’il vit comme un saint. On l’appelle le Bon père Frédéric.
C’est cette même année que, en compagnie du recteur de Notre-Dame du Cap et d’un autre laïc, le Bon père Frédéric fut témoin d’une manifestation particulière dans ce sanctuaire. On venait d’inaugurer la nouvelle chapelle de Notre-Dame du Rosaire. Tandis qu’ils priaient, d’après les propres termes du père Frédéric, la statue de la Vierge, qui a les yeux entièrement baissés, avait les yeux grandement ouverts ; le regard de la Vierge était fixe ; elle regardait devant elle, droit à sa hauteur. L’illusion était difficile : son visage se trouvait en pleine lumière par suite du soleil qui luisait à travers une fenêtre et éclairait parfaitement tout le sanctuaire. Ses yeux étaient noirs, bien formés et en pleine harmonie avec l’ensemble du visage. Le regard de la Vierge était celui d’une personne vivante ; il avait une expression de sévérité, mêlée de tristesse. Ce prodige à duré approximativement de cinq à dix minutes. Cependant, on ne sait pas si alors la Vierge a laissé un message, ou si quelque événement arriva pour expliquer cette soudaine manifestation.
C’est là que le père Frédéric vécut les dernières années de sa vie. Dirigeant efficacement les pèlerinages à Notre-Dame du Cap, il put en même temps continuer à soutenir l’œuvre de Terre Sainte grâce aux importantes aumônes des pèlerins canadiens.
La simplicité et la douceur du père Frédéric en firent vraiment un nouveau François d’Assise. Un cancer à l’estomac se déclara ; il mourut le 4 août 1916.
Frédéric Jansoone fut béatifié en 1988, un siècle après le prodige des yeux.