Antoni Enric Canut Isús
1874-1936
Né le 17 février 1874 à Llessui (Lérida, Espagne), il entra à seize ans au séminaire d’Urgel, où on put admirer sa parfaite soumission au règlement, son application à l’étude de latin.
Il entra au noviciat et fit la profession religieuse chez les Pères Salésiens de Sarriá (Barcelone) en 1894, fit les études et sa préparation pédagogique à Séville et Santander, puis Barcelone (Rocafort et Sarriá) et fut ordonné prêtre en 1901.
Préfet pendant trois ans à Béjar, confesseur à Cadix pendant quatre ans, il s’occupa ensuite de l’externat de Séville pendant quatre autres années, où il fonda le premier Cercle Dominique Savio pour les plus jeunes.
Après une année à Carmona, il sera confesseur pendant quatorze ans à Cadix (1913-1927) et à Ronda.
Au physique, le père Enric (Enrique) avait une démarche malaisée, et une vue assez faible, mais jouissait d’une lumière et d’une force intérieures qui firent l’admiration du peuple de Ronda.
Comme professeur, il enseigna l’arithmétique et la géométrie, où ses élèves faisaient de rapides progrès.
Un peu sec et réservé, il était d’une politesse exemplaire, très propre même avec des habits recousus. Autant il exigeait de ses élèves, autant son confessionnal était assiégé, tant par les Salésiens eux-mêmes que par les jeunes élèves.
A partir du 18 juillet 1936, les communistes mirent à sac et incendièrent les maisons religieuses. Les miliciens entrèrent dans le collège et prétendaient exiger de don Enrique qu’il leur montrât les soi-disant «passages souterrains», qui n’existaient pas. Le supérieur essaya de le débarrasser des intrus, lui conseillant de s’éloigner du collège, mais Enrique insista pour rester avec ceux de la communauté.
Le 24 juillet, les miliciens vinrent réunir tous les pères dans la salle du parloir, où ils se confessèrent tous au père Enrique. Le soir, on les obligea à sortir, avec quelques habits avec eux. Les religieux prirent congé les uns des autres, se disant au-revoir au ciel.
Enrique, avec le supérieur, se réfugièrent chez un grand ami, le prêtre José Furest (qui d’ailleurs sera à son tour martyrisé pour avoir été un ami des curés).
Le soir, les deux prêtres salésiens furent arrêtés, conduits jusqu’au Jardin de Gómez et là, après leur avoir lié les mains avec du fil de fer, deux miliciens les escortèrent l’un après l’autre et les assassinèrent au lieu-dit Corral de los Potros, pour le seul délit d’être des prêtres.
On ne peut imaginer quelles souffrances subit le père Enrique, qui était quasi aveugle et âgé de soixante-deux ans.
Il reçut ainsi la palme du martyre à Ronda (Málaga), le 24 juillet 1936.
Les cadavres des prêtres restèrent là pendant presque une journée, hués et insultés par les badauds. Finalement, on les porta au cimetière dans la fosse commune.
Don Enrique fut béatifié en 2007.