Pawel Januszewski
1907-1945
Pawel (Paul) Januszewski naquit le 11 juin 1907 à Krajenki en Pologne, de Marian et Marianna.
Il fut éduqué au collège de Greblin puis à Suchar, puis au lycée Michalitow à Pawlikowicach, enfin à Cracovie.
Dans une lettre qu'il écrit en 1927, il exprime son irrésistible désir qu'il a depuis l'enfance de devenir prêtre, et sa détermination à se consacrer pour ne vivre que pour Dieu.
Il entre chez les Carmes à Lwow, et prendra le nom d'Hilary (Hilaire) lorsqu'il fera sa profession en 1928. Il étudie la philosophie à Cracovie, puis au collège international Saint-Albert à Rome. Il est ordonné prêtre le 15 juillet 1934.
Un confrère, qui serait plus tard prieur général de l'Ordre, affirme que Pawel Hilary avait une personnalité tranquille, silencieuse et même solitaire, absorbé dans la méditation. Il était fidèle aux pratiques quotidiennes de piété.
Quand il soutient sa thèse de doctorat, il est compté parmi les meilleurs élèves de l'unversité. De retour en Pologne, il est responsable des séminaristes et professeur de théologie dogmatique et d'histoire de l'Eglise. Puis en 1939 il est nommé prieur de sa communauté à Cracovie, deux mois après l'occupation de son pays par les Allemands (à l'Ouest) et les Soviétiques (à l'Est).
Hilary était pour lui-même très exigeant et très strict, et en même temps d'une extrême patience envers ses disciples. A Cracovie, on le connaissait comme un homme indomptable et d'une constante tranquillité d'esprit. Il était particulièrement attentif aux nécessiteux, aux malades. Voici encore quelques souvenirs écrits par quelqu'un qui l'a bien connu :
C'était un prêtre plein de bonté qui n'a jamais refusé d'aller prêter ses services dans un orphelinat. Nous étions toujours heureux d'assister à sa messe. Quand il confessait, il y avait une foule d'orphelins qui attendaient leur tour. Je le vois encore quand il vint à Zwierzyniec pour passer des heures avec les plus nécessiteux. Pendant l'occupation, un groupe de déportés arriva de Poznan : il voulut les accueillir en disant «Ne fermez pas la porte à la souffrance humaine». C'est ainsi qu'il leur fournit un abri, un lieu de culte, un soutien matériel mais surtout un profond réconfort moral et spirituel.
Le 18 septembre 1940 quatre frères du couvent furent déportés par les Allemands (les frères Urbanski, Majcher, Wszelaki, Nowakowski) parce qu'ils avaient prêché en polonais dont l'usage public était interdit. La Gestapo revint le 4 décembre pour en arrêter d'autres. Cette fois-ci il prit la place d'un frère âgé et malade, objectant qu'il en était le père et le responsable. Ainsi commença son calvaire qui allait durer plus de quatre ans. Emprisonné à la prison de Montelupich à Cracovie, il fut déporté à Sachsenhausen, puis en avril 1941 à Dachau, où il portait le numéro 27648.
Il encourageait ses compagnons par la prière, les entourant de gentillesse et de dévouement. Il les soutenait dans l'espérance d'un avenir meilleur. Il conservait envers et contre tout le ferme espoir de retourner dans son couvent de Cracovie. Il rencontra ainsi beaucoup d'autres religieux carmes, y compris étrangers, entre autre Titus Brandsma, hollandais (v. 26 juillet).
Le 16 juillet 1942 les prêtres carmes et les autres religieux enfermés dans la même baraque purent célébrer dans cet atroce environnement la fête de Notre Dame du Mont Carmel avant la journée de travail. Pendant l'hiver 1945 la vie au camp devint encore plus insupportable; l'encadrement nazi commençait à montrer des signes de panique alors que la guerre semblait perdue pour eux. Les kapos (prisonniers qui surveillaient les autres déportés) multipliaient les sévices pendant que la région subissait les bombardements alliés.
Dans le baraquement 25 des Russes, le typhus vint à se propager et Hilary demanda à y être admis avec d'autres prêtres pour assister les malades. Il mourait chaque jour environ quarante à soixante-dix détenus, parmi lesquels se trouvait Vincentius Frelichowski (v. 23 février). L'apostolat du père Hilary allait durer 21 jours...
Lui et ses collègues prêtres savaient bien d'une part que la libération était proche, mais plus encore ils étaient soucieux d'apporter leur soutien sacerdotal auprès des mourants, malgré le très fort risque de contagion. Ils savaient que les autorités sanitaires s'interdisaient tout rapport avec les malades pour éviter cette contagion mortelle, mais Hilary préféra se donner librement pour ses frères. Lorsque la maladie le gagna, il resta plusieurs jours dans un état comateux avec une fièvre de 40° et s'éteignit le 25 mars 1945, fête de l'Annonciation.
Un mois plus tard les Américains libéraient le camp, le 29 avril.
Le corps du père Hilary fut brûlé dans un four crématoire.
Le Père Urbanski, qui survécut, rendit témoignage du sacrifice de son prieur. De nombreux Carmes polonais moururent aussi dans les camps de concentration dont les Pères Kozan, Buszta, Makowski, etc...
Comme un autre Maximilian Kolbe, le père Hilary alla jusqu'au bout dans le don total de sa personne pour ceux qu'il aime (Jn 15:13).
Il fut du nombre des Bienheureux proclamés par Jean-Paul II le 13 juin 1999 à Varsovie, parmi lesquels trois évêques, cinquante-deux prêtres, vingt-six religieux, trois séminaristes, huit religieuses et neuf laïcs.
Inscrit dans le Martyrologe au 25 mars, il est fêté localement avec les autres martyrs du Nazisme le 12 juin.