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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 00:00

 

Sixième dimanche de Carême (Rameaux) - année C

 

La première lecture de ce jour, tirée d’Isaïe, est le troisième des quatre Chants que les exégètes appellent Chants du Serviteur de Yahwé.

Nous y entendons le Christ victime, «sans se dérober», qui est flagellé, giflé.

Le psaume 21 qui suit évoque aussi la passion. Il y a ce même verset que les Pharisiens rediront en face de la Croix : Il comptait sur le Seigneur, qu’il le délivre ! Le psalmiste évoque les clous, dans les mains et dans les pieds, le partage des vêtements.

Il est probablement inutile de commenter ces textes sacrés. 

 

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Chaque année en ce jour des Rameaux, nous entendons la lecture d'un des récits de la Passion, et celui de cette année est de saint Luc. Ce dernier n'était pas un des douze Apôtres, mais il a pu être des soixante-douze disciples choisis par Jésus, en tout cas il fut le fidèle compagnon des voyages de Paul et donc aura pu entendre dire beaucoup de choses de témoins sûrs. 

Luc a été très sensible à la sollicitude de Jésus pour les petits, à sa miséricorde pour les pécheurs. S'il note cette vaine discussion des apôtres entre eux, juste au moment de la Dernière Cène, pour savoir qui d'entre eux était le plus grand, ce n'est pas pour stigmatiser les apôtres, mais pour exposer la parole de Jésus : Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert (Lc 22:26).

Quel enseignement nous donne Jésus à la veille de sa mort ! Lui, le Maître divin, se fait le Serviteur ! 

Saint Paul rappelle aux Philippiens l’humilité parfaite de Jésus, qui, quoique de condition divine, s’est fait obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.

 

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Dans ce récit de la Passion, nous noterons plusieurs passages racontés particulièrement par Luc, où il relève la miséricorde de Jésus. 

Quand Pierre frappe le serviteur du Grand Prêtre et lui tranche l'oreille (cf. aussi Jn 18-10), Jésus intervient doucement et guérit ce serviteur. 

Le lendemain, Jésus est en croix et prie en des termes que Luc seul rapporte : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font.  Ainsi commente ce passage Aelred de Rievaux (1)  :

"En entendant cette admirable parole, pleine de douceur, d'amour et d'imperturbable sérénité : Père, pardonne-leur, que pourrait-on ajouter à la douceur et à la charité de cette prière ? Et pourtant le Seigneur ajouta quelque chose. Il ne se contenta pas de prier, il voulut aussi excuser : Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. Ils sont sans doute de grands pécheurs, mais ils en ont à peine conscience ; c'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils crucifient, mais ils ne savent pas qui ils crucifient, car s'ils l'avaient su, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. c'est pourquoi, Père, pardonne-leur."


Oh, qu'il est fréquent d'entendre cette parole dure : Je pardonne, oui, mais je n'oublie pas. Cette réflexion n'est pas chrétienne, elle n'est pas de Jésus. Jésus pardonne et excuse ; ensuite, il n'a pas de rancœur. 

L'épisode du Bon Larron, particulier aussi chez Luc, nous montre encore cette charité immense de Jésus : les autres évangélistes disent que les deux larrons insultaient Jésus (Mt 27:44 ; Mc 15:32). Luc rapporte que l'un deux - sans doute en se reprenant de ses railleries - implora de Jésus son pardon et que Jésus lui fit cette célèbre promesse : Aujourd'hui, tu seras avec moi en Paradis. Ce voleur de grands chemins est depuis lors saint Dismas, le premier qui entra avec Jésus dans la gloire du Paradis

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Avant ces épisodes, nous avons entendu le triple reniement de Pierre. Luc dit que Jésus fixa son regard sur Pierre, un regard sans rancœur, mais combien douloureux : Jésus a entendu Pierre le renier, à deux pas de lui, comme il le lui avait prédit quelques heures avant (22:34). Ce regard a suffi pour provoquer les larmes de Pierre, ce pêcheur simple, spontané, fougueux, gaffeur, mais aussi très sensible et humblement repentant. 

A Gethsémani, Jésus a aussi regardé en face Judas, en lui disant C'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme !, mais Judas n'a pas été touché par ce regard divin ; il ne s'est pas repenti, il n'a pas pleuré. Ajoutant le désespoir à son péché, il s'est suicidé. 

Il ne faut jamais désespérer du pardon de Dieu, qui l'accorde à tous ceux qui le Lui demandent sincèrement.

 

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On notera maintenant un autre passage propre à saint Luc, là où Jésus dit à Pierre : J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras revenu, affermis tes frères (22:32). C'est là que Pierre, enflammé, promet fidélité totale à Jésus, qui lui annonce en revanche son triple reniement. 

Pierre en effet, aura cette faiblesse, non pas vraiment par peur, mais par calcul, pour pouvoir rester le plus près possible de Jésus et voir ce qui se passait ; il feint de ne pas connaître Jésus, mais sa foi demeure ; son attitude est double, mais il en a honte et pleure aussitôt après. 

Ensuite, "revenu" de sa trahison, il sera là pour assembler, pour convaincre, pour témoigner, il sera la pierre d'angle de l'Eglise naissante, la référence de la chrétienté, l'autorité humaine qui s'exercera au nom de l'autorité divine du Christ. Cette petite phrase de Jésus a une grande importance, car juste avant de mourir, il montre encore une fois à Pierre sa mission : affermir ses frères, ainsi que nous l'ont rappelé tant de fois nos papes, évoquant leur rôle à la tête de l'Eglise.

C'est saint Luc qui nous rapporte ce détail. Il l'a reçu de saint Paul, qu'il a accompagné longtemps. Et Paul aura toujours enseigné que l'autorité de l'Eglise est assumée par Pierre, choisi par Jésus. On présente parfois Paul comme concurrent de l'autorité de Pierre. Or, si Paul a pris la parole contre Pierre un jour, c'est justement pour que Pierre corrige son jugement et l'impose à l'Eglise (voir Ga 2:11-14), car c'est à Pierre que tous se référaient. Sinon, Paul se serait simplement détaché de l'Eglise et aurait poursuivi son chemin propre. Pierre et Paul ont agi de concert, ont tous deux enseigné la même foi, et ont subi le martyre tous deux à Rome.

 

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Il est aussi dans ce récit de la Passion un passage un peu obscur, où Jésus recommande aux apôtres d'avoir bourse et besace, et de se procurer un glaive. Précédemment (10:4), Jésus leur avait précisément recommandé de ne prendre ni bourse, ni besace, ni chaussures, et voilà qu'il semble leur dire exactement le contraire, et même d'acheter une épée ! On imagine leur état d'esprit assez confus, surtout après que Jésus leur a dit que le traître mange avec eux en ce moment, et à Pierre qu'il allait le renier par trois fois cette nuit-même. Il se trouve qu'ils ont justement là, non pas un, mais deux glaives. On pourrait se demander à quoi ils pouvaient servir : les apôtres prévoyaient-ils quelque bagarre ? Ont-ils servi pour préparer l'Agneau Pascal ? Pierre s'en est sans doute servi pour trancher l'oreille de Malchus. 

Mais quand Jésus conseille aux apôtres de se procurer un glaive, il doit certainement parler d'un glaive qui n'est pas en métal, qui n'est pas matériel, de ce glaive dont parle saint Paul aux Hébreux : Vivante est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, car elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des mœlles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur (He 4:12). 

Si Jésus demande à Pierre de rengainer son glaive, s'il répond brièvement C'est assez aux apôtres qui lui présentent les deux glaives, c'est qu'il a sûrement en tête autre chose, qu'ils ne comprennent pas encore. Ils ne se souviennent pas non plus que Jésus leur a dit précédemment qu'il était venu apporter non pas la paix, mais le glaive (Mt 10:33), ce même glaive de la Vérité, où se reconnaîtront les fidèles du Christ de ceux qui n'auront pas voulu le recevoir (Jn 1:11).

Dans leur première mission, les apôtres n'ont manqué de rien, confiants en la parole de Jésus. Maintenant, au moment de la Passion, ils doivent eux aussi se préparer à la souffrance, à la privation, aux épreuves de toutes sortes, par lesquelles ils devront passer pour annoncer la Parole de Dieu. Ils auront l'assistance de l'Esprit Saint, certes, mais ils devront aussi avoir la vertu de Prudence, sans laquelle aucune vertu ne peut rester équilibrée. On n'imagine pas un missionnaire partir au fond de la jungle sans une petite besace, sans une paire de bottes ! 

Et Jésus confirme : Si on l'a mis au rang des scélérats, à plus forte raison eux aussi doivent se préparer à traverser beaucoup de difficultés, à recevoir beaucoup d'injustices, en se défendant avec le glaive de la Parole de Dieu, bien conscients que "l'Esprit du Père parlera en (eux)" (Mt 10:20).

 

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Que de pensées nous suggère le cher évangéliste Luc aujourd'hui ! On pourrait s'étendre davantage encore ; par exemple pour noter que, grâce à Jésus, Hérode et Pilate devinrent amis, d'ennemis farouches qu'ils étaient. Celui qui a toujours dit Paix à vous, N'ayez pas peur, se fait aussi le médiateur des deux ennemis qui l'ont tour à tour insulté et condamné.

La méditation de la Passion de notre Seigneur procurera toujours beaucoup de bons fruits en nous et nous aidera sur notre chemin quotidien. Notre conversion plus profonde apportera au moins à Jésus, si seul à Gethsémani, la consolation que ses sueurs de sang n'ont pas été vaines pour nous. Ce détail aussi nous a été transmis par l'évangéliste Luc, médecin de son métier, dont l'œil expérimenté sait remarquer ces "détails" biologiques. 

 

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Qu'au moins la Passion de Jésus nous aide à supporter la vie difficile de notre époque, ainsi aussi que le conseille Paul aux Hébreux : Songez à celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle contradiction, afin de ne pas défaillir par lassitude de vos âmes. Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans la lutte contre le péché (He 12:3-4).

 

O Crux, ave, spes unica !

Hoc passionis tempore, piis adauge gratiam, reisque dele crimina.

 

O Croix, salut, notre unique espérance !

En cette heure de la passion, augmente la grâce dans le cœur des justes, efface leurs crimes aux pécheurs.

 

 

 

 

1 Saint Aelred de Rievaux, abbé cistercien anglais, 12e siècle, fêté le 12 janvier.

 

 

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 16:03

 

Cinquième dimanche de Carême - année C

 

Au peuple d'Israël exilé à Babylone, qui gémit de son exil alors que sans cesse on lui rappelle que Dieu avait délivré leurs ancêtres de l'Egypte, le prophète Isaïe rappelle que, pour eux aussi Dieu transformera le désert en pays fécond, que la sécheresse laissera la place à des fleuves, que les pistes sableuses se transformeront en vrais sentiers. 

Que doivent faire les Israélites ? Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau.

Dieu intervient sur la route de chacun de nous, à tous moments. C'est nous qui sommes trop souvent aveugles, ou sourds, ou indifférents à la grâce divine.

Le psaume 125 rappelle en effet la joie du peuple, au retour de l'exil à Babylone. Après les larmes, arrive la consolation ; après la semence dans la peine, on récolte dans la joie.

Saint Paul, qui se souvient toujours d'avoir persécuté l'Eglise naissante, d'avoir livré des Chrétiens à la torture, d'avoir approuvé la lapidation d'Etienne, ne désespère pourtant pas de la grâce de Dieu : tout ce qui est passé n'est rien, si j'ai la joie de la Résurrection dans le cœur.

Humblement, Paul se reprend et complète sa pensée : il n'est pas parfait, il n'en a pas fini de lutter ! Mais, sans regarder en arrière inutilement, il court vers le But, vers la Conversion, vers la Résurrection. Avec Paul, ne nous arrêtons jamais sur la tristesse de nos péchés, regardons en avant, vers la conversion.

Paul a la joie d'être Autre !

Quelle délicatesse, maintenant, dans l'attitude de Jésus en face de cette malheureuse femme adultère ! Voici un cas magnifique où le Maître nous enseigne ce que signifie pardonner, sans écraser le pécheur sous le poids du péché, et tout en restant dans la Vérité.

Il est vrai que cette femme était dans un grave péché ; oui, rappelons-le : l'adultère, c'est-à-dire une liaison qui se fait malgré un premier lien de mariage d'au moins un des deux partenaires, est un péché grave devant Dieu. C'est une trahison, c'est un mensonge, devant Dieu, devant les hommes, devant le ou la partenaire, devant soi-même. Le sixième commandement de Dieu le condamne explicitement : Tu ne commettras pas d'adultère.

Il est vrai aussi que, dans l'ancienne Loi, Dieu voulait que ce peuple d'Israël fût "parfait", qu'il fût aux yeux de tous les peuples, "exemplaire", qu'on reconnût vraiment en lui le peuple choisi. Il fallait faire disparaître le mal du milieu de (lui) (Dt 19:19). C'est pourquoi le péché de l'adultère - et quelques autres aussi d'ailleurs, devaient être punis par une sanction radicale : la lapidation.

Mais cette Loi préparait à la Loi plus parfaite encore de Jésus-Christ : punir le mal, oui, mais selon la Justice. A ceux qui sont là pour accuser et punir, Jésus rappelle qu'ils sont eux-aussi des hommes, et qu'ils doivent d'abord s'accuser eux-mêmes avant d'accuser dédaigneusement les autres.

Que celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ! 

Il y a eu des interrogations et des explications diverses au sujet de l'attitude de Jésus qui se baisse pour écrire dans le sable. Une tradition constante et ancienne explique que, quand Il se baisse la première fois, les Pharisiens croient qu'il s'amuse comme les petits enfants, et fait semblant de ne pas les entendre ; puis, après l'invitation de Jésus à jeter la première pierre, ils se mettent à regarder plus précisément ce qui est écrit par terre, et ils lisent alors tous les péchés dont ils étaient eux-mêmes coupables. Et ce sont les plus âgés qui se retirent sur la pointe des pieds, tout gênés et honteux, et n'osant plus accuser cette femme.

Enlève d'abord la poutre qui est dans ton œil, dit Jésus, et après tu verras clair pour enlever la paille de l'œil de ton frère (Mt 7:5).

On imagine ce qui peut alors se passer dans le cœur de la pauvre femme adultère : si ses accusateurs sont tous partis, elle échappera à leur lapidation, mais Lui, Jésus, que va-t-Il lui faire ? La voilà toute timide, toute seule, toute tremblante devant l'Innocence. Mais non, Jésus ne la condamne pas ! 

Ce n’est pas la première fois qu’on lit l’indulgence de Dieu envers le pécheur. Dans la propre lignée des ancêtres de Jésus, le grand roi Salomon est un fils adultérin de David. Jésus lui-même, qui a accepté d'avoir dans sa lignée des "accidents", ne condamne pas non plus cette femme qui est devant lui. 

Mais Jésus ne lui pardonne pas purement et simplement son péché, comme si rien ne s'était passé. Il lui dit aussi : Ne pèche plus ! Jésus ne se contente pas de renvoyer tranquillement chez elle cette pécheresse ; il l'invite à la conversion : Ne pèche plus ! Encore une fois : ne regarde pas en arrière ; tourne-toi vers Dieu ; change ta vie ; et sois en paix.

Il est parfois difficile de retrouver la paix après être tombé. Le remords nous tenaille. Il y a parfois là une autre tentation qui cherche à nous faire désespérer du pardon et à nous barrer la route vers la paix. Or c’est Jésus qui est là pour donner la paix. Si je n'ai pas la paix, c'est que je n'ai pas encore vraiment ouvert mon cœur à Jésus.

Tel est l'appel de Jésus pour son Royaume : la conversion du cœur. Nous devons toujours nous projeter en avant vers le mieux, vers le plus parfait, sans regarder en arrière.

L'Eglise nous invite tous à nous approcher du Sacrement de la Réconciliation, au moins chaque année à Pâques - et bien sûr aussi du Sacrement de l'Eucharistie. Dans la Réconciliation, il ne s'agit pas de nous humilier devant tel ou tel prêtre, il s'agit d'abord de retrouver la Joie d'être avec Christ ressuscité. Le prêtre qui est là ne vous "entend" pas : il vous comprend ; quand vous aurez fini de lui parler, il ne saura pas ce que vous lui avez dit, mais il vous parlera au nom de Christ, qui lui suggèrera de vous dire quelque chose pour votre bien. 

Le prêtre vous invitera, probablement, à prier l'Acte de Contrition. Beaucoup ne le savent pas, ou plus. Il comporte justement tout ce que nous avons entendu aujourd'hui : le regret, le repentir, le ferme désir de ne plus pécher, et aussi bien sûr d'en éviter les occasions. Il en existe d'ailleurs plusieurs formules ; on en trouvera une ci-dessous, traduite du Rituel officiel de la Réconciliation.

Amis ! Frères ! Préparez bien cette rencontre de Réconciliation ! Soyez heureux de vous y rendre : c'est votre Joie en Christ ressuscité.

 

 

 

Acte de Contrition.

 

Mon Dieu, je me repens de tout mon cœur et avec profonde douleur du mal que j'ai fait et du bien que j'ai omis de faire, parce qu'en péchant je t'ai offensé, toi, le Bien suprême et digne d'être aimé par-dessus tout.

Je fais un ferme propos, moyennant ta sainte grâce, de faire pénitence, de ne plus t'offenser et d'en éviter les occasions.

O mon Dieu, par les mérites de la passion de notre Sauveur Jésus Christ, fais-moi miséricorde ! Amen.


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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 00:00

 

4e dimanche de Carême - année C

 

Un des traits les plus émouvants de l'attitude du Père, dans cette parabole du Fils prodigue, est qu'il l'attend de loin, comme s'il s'attendait à le voir revenir d'un moment à l'autre. 

Mais alors, pourrait-on dire, pourquoi n'est-il pas allé le chercher plus tôt pour l'inviter à revenir à la maison, au lieu de l'attendre simplement ? C'est que la grâce agit ainsi : elle est là comme une invitation constante de la part de Dieu, mais laisse l'homme libre de répondre.

Quand enfin le pécheur veut vraiment prendre le chemin de la conversion, reconnaître son erreur et en demander pardon, alors le Père s'empresse d'aller au-devant de lui, le prend dans ses bras, ne lui laisse pas même le temps d'achever sa phrase, et l'embrasse paternellement, tout ému, tout heureux.

Dans les deux paraboles précédant celle-ci, Jésus affirme qu'il y a plus de joie au Paradis pour un pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion (Lc 15:7 et 10).

C'est ce que n'a pas compris le frère de notre fils prodigue : qui peut oser dire qu'il n'a pas péché, qu'il n'a pas besoin de se convertir ? Tous les Saints, sur terre, ont avoué leur faiblesse, ont reconnu le chemin encore long qu'ils devaient parcourir pour accéder à la Sainteté. Aucun n'a osé dire : J'y suis arrivé. Au contraire dans notre parabole, l’aîné se croit juste, meilleur que son frère, comme le Pharisien de l'autre parabole, qui se félicite de n'être pas comme le reste des hommes (Lc 17:11).

Nous devons être très attentifs dans nos jugements, car spontanément nous avons tous tendance à être sévères pour les autres et très indulgents pour nous-mêmes ; pointer du doigt un défaut chez notre prochain, est chose très facile ; on apprécie beaucoup moins quand un autre doigt pointe notre propre défaut. 

Or, suivre Jésus consiste justement à s'accuser soi-même et à pardonner aux autres. Durant la période du Carême, nous sommes invités à méditer sur le Chemin de la Croix : imiter notre Maître, ce n'est pas se priver de chocolat ou de confiture (en tout cas, pas seulement), c'est surtout porter la croix sur nos propres épaules, faire notre propre examen de conscience, nous accuser nous-mêmes, et savoir excuser les fautes du prochain. Sur la croix, exténué, exsangue, Jésus pardonnait encore aux bourreaux, et même les excusait : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font (Lc 23:34).

Même si en tout temps nous pouvons avoir l'occasion de nous convertir, ce temps de "réconciliation" dont parle saint Paul aux Corinthiens, est propice à chacun de nous pour s'examiner plus en profondeur : il s'agit vraiment de se réconcilier avec Dieu, de se mesurer avec Sa Sainteté, avec la Perfection. 

Bien sûr, il y a un abîme entre la Perfection divine et notre petite misère, mais Dieu ne regarde pas à cette différence ; Dieu attend de nous un petit effort ; à chaque moment, nous pouvons faire mieux. 

Souvent aussi, Dieu nous cache certains défauts que nous avons, pour que nous n’ayons pas à nous décourager. Tous les confesseurs nous donnent le conseil de combattre un défaut à la fois, parce qu’on ne peut tous les combattre simultanément ; mais le combat intérieur qu’on fait sur un front, nous aide ensuite à affronter le combat sur un autre front.

Quand nous nous rendons compte d’un défaut, loin de nous en affliger, nous devons réaliser que, pour voir ce défaut, c’est que nous sommes dans la Lumière de Dieu. Au contraire, remercions Dieu pour cette découverte !

Le psaume a été choisi pour nous encourager à regarder vers Dieu : Qui regarde vers lui resplendira. Comme les Apôtres au moment de la Transfiguration, la Lumière de Dieu nous illumine et nous aide à entrer plus intimement dans la sainteté. 

Dans ce mouvement de conversion, tout le sens de notre vie change. Dans le désert, les Israélites mangeaient une nourriture céleste, la manne ; une fois dans la Terre Promise, ils mangent une nourriture nouvelle, fruit de cette nouvelle terre ; plus tard, après la mort et la résurrection du Christ, nous mangerons la Nourriture eucharistique.

Saint Paul supplie littéralement les chrétiens de Corinthe (et nous en même temps) : Au nom du Christ, convertissez-vous ! Changez votre cœur ! 

Le Christ a trop souffert, pour que nous laissions passer cette grâce de la conversion.

Pâques est déjà proche. «Passons» du vieil homme à l’homme nouveau. La Prière du jour l’exprime aussi : …pour que le peuple chrétien se hâte avec amour au-devant des fêtes pascales.

Autrefois, la couleur liturgique de ce quatrième dimanche de Carême n'était pas le violet, mais le rose, pour exprimer cette joie de la victoire prochaine, et encourager les fidèles à aller "jusqu'au bout", avec Jésus. C'est pourquoi aussi le chant d'entrée est ce fameux "Laetare", dont la mélodie grégorienne est parmi les plus belles : Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l'aimez ; réjouissez-vous avec allégresse, vous qui étiez dans la tristesse, pour que vous vous releviez, et que vous soyez remplis des fruits de votre consolation. (1)

A cela nous reconnaîtrons notre vraie conversion : nous ressentirons en nous une grande joie profonde et durable. 

 

 

1 C’est une traduction littérale.


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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 00:00

 

Troisième dimanche de Carême - année C

 

Oculi mei semper ad Dominum, chante l'antienne de l'entrée : ce verset du psaume 24 - ainsi que la mélodie grégorienne correspondante - évoque le regard confiant du croyant vers Dieu, dont il attend tout le soutien. Mes yeux sont sans cesse tournés vers le Seigneur, car c'est Lui qui sortira mon pied du piège. Regarde-moi, et prends pitié de moi, car je suis tout seul et sans ressource.

Ces mots semblent s'appliquer au Seigneur, abandonné de tous au moment de la Passion. Mais aujourd'hui, les yeux dont il s'agit sont ceux de Moïse, qui contemple cet étrange buisson en flammes, sans se consumer, image d'une Présence constante. Moïse se trouve en présence de Dieu, de cette Flamme d'Amour qui se manifestera plus tard encore dans la colonne de Feu pour guider le peuple d'Israël à travers le désert, et sur ce même Mont Horeb (le Sinaï) quand Dieu lui remettra les Tables de la Loi. 

Comment ne pas voir ici aussi l'explication de la Lampe allumée de tous nos sanctuaires chrétiens, indiquant la Présence Réelle Eucharistique du Corps du Christ.

On imagine l'étonnement de Moïse à cette vue. Mais voilà qui va encore plus l'étonner, en s'entendant appeler, et donner une mission vraiment inouïe : libérer le peuple d'Israël ! Lui, le suspect qui s'est enfui de la cour d'Egypte après avoir assassiné un Egyptien qui maltraitait un Israélite : lui un pauvre berger inconnu de tous ; lui, un vieillard de quatre-vingts ans...

Quand Dieu choisit, Il ne se trompe pas. La vocation est une simple manifestation de Dieu, que l'homme peut ou non accepter. Si Moïse accepte sa vocation, c'est parce qu'il est convaincu de la présence de Dieu ; d'abord Dieu se révèle comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob, et donc cette manifestation se situe dans la continuité de l'histoire du Peuple de Dieu, dont Moïse va être un maillon important. Ensuite, Dieu révèle son Nom : Je suis celui qui suis, comme on a coutume de traduire cette expression hébraïque intraduisible.

Yahwé. Ce nom sacré a suscité, malheureusement, des polémiques. Affirmons avec force et conviction que cette prononciation a été celle-là-même que la plus ancienne tradition judéo-chrétienne nous a léguée depuis des siècles et des siècles. Une récente tendance a prétendu interpréter et prononcer différemment ce saint Nom, montrant ainsi une évidente absence d'instruction sommaire de la langue hébraïque. On ne saura que trop inviter les adeptes de cette tendance à s'initier sincèrement à l'hébreux, comme aussi au grec et au latin, pour comprendre dans quelle erreur les a poussés leur fondateur il y a deux siècles environ. Unissant ainsi à leur zèle et à leur conviction tout-à-fait exemplaires une science éprouvée, ils trouveront alors pour eux-mêmes une grande lumière.

Ayant donc reçu la mission de libérer son peuple, Moïse devra le faire passer de l'esclavage à la liberté en traversant la Mer Rouge, du désert à la Terre Promise en traversant le Jourdain. Il devient ainsi un précurseur de Jésus-Christ notre Sauveur. Quand Jésus aura accompli totalement sa Mission rédemptrice, Il nous fera passer avec lui de la mort à la Vie par les eaux du Baptême, dans lesquelles nous seront comme ensevelis momentanément. 

Précisons ici que, initialement les Chrétiens étaient baptisés par triple immersion totale, symbolisant ainsi les trois jours où Jésus demeura au tombeau. D'évidentes raisons pratiques ont conduit l'Eglise à simplifier ce rite, qui toutefois se pratique dans l'Eglise orthodoxe et parfois aussi dans l'Occident. 

On sait que durant la traversée du désert, le peuple israélite reçut la Manne céleste et les Cailles pour se nourrir, l'Eau miraculeuse du Rocher pour se désaltérer ; cela aussi annonçait l'Eucharistie que Jésus nous laisserait. Mais Dieu ne fait pas que d'accorder des signes et des bienfaits, Il attend de nous une réponse, une adhésion de Foi, une conversion réelle. Or, dit saint Paul aux Corinthiens, beaucoup parmi les Israélites, ont murmuré, et se sont trouvés indignes de la Terre Promise.

Ont-ils été "punis" par Dieu ? Ne pouvaient-ils pas être pardonnés, comme tant d'autres pécheurs, comme David, comme Jonas, comme Job ? 

Dieu est toujours riche en miséricorde - le psaume le rappelle, comme aussi saint Paul ainsi que l'encyclique de Benoît XVI Dives in Misericordia - , mais le cœur de l'homme est hélas souvent endurci et ne reçoit pas cette miséricorde. Dans le désert, beaucoup eurent le cœur endurci, se fermèrent à la miséricorde divine, et se maintinrent dans cette attitude de "murmure". 

Oh, le murmure, ce péché sournois qui critique l'autorité, qui critique même ceux qui nous aiment en famille, en communauté ! Comme le diable est puissant à allumer en nos cœurs ce détestable esprit de critique qui détruit parfois même les amitiés les plus fortes ! Le disciple du Christ, comme Lui, ne murmure pas ; il accepte l'épreuve comme venant de Dieu, et s'unit à la souffrance du Christ.

Le murmure est une attitude orgueilleuse de rébellion, incompatible avec l'amour de Dieu pour nous. Ceux qui moururent dans le désert avaient le cœur endurci, et Jésus invite ses auditeurs à ne pas leur ressembler. En même temps, Il nous explique que tout accident, technique ou naturel, n'est pas en soi une punition : ces Galiléens - et avec eux  toutes les victimes de catastrophes - n'ont pas été "punis" au sens d'une sentence judiciaire incontournable et méritée. Peut-être que parmi eux s'en trouvaient-ils au cœur endurci, mais il y en a certainement beaucoup d'autres aussi dans le reste du monde. …Et puis, nous sommes tous "condamnés à mort", et seul Dieu connaît l'heure de notre mort.

Dieu est patient avec chacun de nous. Il attend que nous produisions du fruit., comme le maître dont l’ouvrier veut soigner le figuier infructueux. Même si ce fruit tarde, Il attend et patiente ; nous ne savons pas combien de temps durera cette "patience" divine, mais n'en abusons pas, parce que Dieu, le Maître de la vie et de la mort, peut nous appeler plus tôt que nous ne le croyons : moins notre cœur sera endurci, moins nous aurons murmuré et critiqué, moins nous serons surpris à l’heure suprême, et plus nous produirons de bons fruits que le Maître cueillera avec satisfaction à l'heure voulue.

Si notre conscience nous reproche ces "murmures", si nous avons des difficultés à les éviter, recourons aux pratiques évoquées par la Prière du jour : la prière, le jeûne, l’aumône. Ces saintes pratiques, dont il ne faut pas non plus abuser, sont très salutaires pour le progrès intérieur. Le Carême est là pour nous le rappeler et nous y aider. Que Dieu accepte ainsi nos petits efforts, et nous aide à nous purifier, dans la joie de connaître bientôt la Libération pascale.


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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 00:00

 

2e dimanche de Carême - année C

 

Des trois textes sacrés proposés à notre méditation aujourd’hui, celui de la Transfiguration est peut-être le plus connu, tandis que celui de la Genèse où Abraham s’entretient avec Dieu Lui-même, est assez mystérieux.

L’évangile de la Transfiguration doit être mis dans le contexte de l’Evangile de Luc : Jésus vient d’annoncer aux Apôtres sa prochaine Passion, et leur a rappelé la nécessité de prendre sa croix chaque jour (Lc 9,23), leur annonçant aussi leur récompense finale pour leur fidélité (ibid., 24) ; et d’ajouter aussi (ibid., 27) que certains d’entre eux ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu.

Cette attitude de Jésus veut rassurer les Apôtres, car ils pouvaient être effarouchés par l’annonce de cette “Passion”. La souffrance n’est jamais une grande joie, et le Christ tient à anticiper la participation de ses Apôtres à Sa gloire, pour les aider à accepter les souffrances qui la précéderont. Trois d’entre eux vont ainsi avoir le privilège de voir quelque chose du Royaume de Dieu.

Huit jours après, donc, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, ceux-là mêmes qui seront avec lui au Jardin des Oliviers. Les Douze ne sont pas tous là : le moment est très solennel, très intense, et Jésus choisit ceux d’entre eux qui pourront au mieux saisir l’importance de l’événement.

On s’étonnera que ces trois Apôtres, au Thabor comme à Gethsémani, soient accablés de sommeil, alors que leur mission sera de témoigner plus tard de cette extraordinaire Transfiguration, comme de l’Agonie de Jésus. Notons bien qu’ils se sont réveillés, et qu’ils n’ont pas raconté (comme les soldats qui gardaient le tombeau du Christ) que ces événements eurent lieu pendant qu’ils dormaient (Mt 28,13). Pierre l’attestera dans son épître (2P 1,16).

Les Apôtres voient et entendent donc Moïse et Elie, ceux qui, par excellence, ont transmis et confirmé la Loi de Dieu au peuple d’Israël. Ils sont là, avec Jésus, pour attester que toute la Loi et les Prophètes trouvent leur accomplissement en ce Jésus qui est là ; et Dieu fait entendre Sa Voix : Ecoutez-le, comme pour dire : ce Jésus de Nazareth, c’est bien Celui que vous ont annoncé Moïse et les Prophètes ; Lui qui vous a parlé pendant trois années, il va bientôt mourir à Jérusalem, puis ressusciter - c’est bien Lui que vous devez suivre, imiter, prêcher.

On imagine la stupéfaction des Apôtres. Pierre, avec sa spontanéité coutumière, propose qu’on fasse trois tentes pour abriter Jésus, Moïse et Elie ; il ne pensait pas à ce que sont nos tentes de camping modernes, mais à une sorte d’abri solennel, où ces trois Personnages auraient été à l’honneur, comme on le fait avec des niches pour mettre en valeur des statues, et comme nous le faisons avec le Tabernacle pour l’Eucharistie. D’ailleurs il parle de tentes pour Jésus, Moïse et Elie, par pour lui et les deux autres apôtres.

Mais comment faire ces tentes, cher Pierre, sur cette haute montagne, en pleine nuit ? En effet, il ne savait pas ce qu’il disait, simplement il goûtait la douceur de cette sainte présence, il était ravi en extase en entendant parler Moïse et Elie avec Jésus. Qu’aurions-nous trouvé à dire, nous autres, en pareille circonstance ?

 

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A la suite des Apôtres, Paul rappelle aux Philippiens que c’est bien ce Jésus crucifié et glorifié qu’il faut suivre, Lui qui introduira notre corps de misère dans sa propre gloire céleste. Car notre espérance doit être le Christ et son Royaume céleste : indirectement, nous retrouvons ici l’une des trois tentations du Christ au désert, où le Démon présentait à Jésus tous les royaumes de la terre, et Jésus lui répondait : Tu adoreras Dieu seul (Lc 4,8). Bientôt, Il répondra encore à Pilate : Mon Royaume n’est pas de ce monde (Jn 18,36).

A notre époque, on voit se multiplier les activités de “body-building” et de “fitness”, les opérations plastiques, sans parler des tatouages et des piercings les plus variés, où tant de gens vont modeler leur corps dans l’espérance de trouver l’apparence “parfaite”. Fausse espérance ! Tant d’efforts, tant d’argent, tant de temps pour ce corps de misère, dont il ne restera rien dans peu de temps, alors que la vraie Espérance nous conduit à l’autre Monde, dans la Gloire de Dieu.

Saint Paul dit aussi que, pour certains, leur Dieu, c’est leur ventre. On pourrait interpréter l’expression de plusieurs façons : l’Apôtre peut nous faire penser à la gourmandise, ou aux innombrables “lois” juives sur l’alimentation, dont se glorifiaient les Pharisiens ; peut-être fait-il aussi allusion à la gloire que les Juifs ont mise dans le rite de la circoncision, tombé en désuétude depuis le saint rite du Baptême chrétien. Paul rappelle que notre gloire n’est pas dans ces pratiques de la terre, mais dans la Croix et la Résurrection du Christ.

 

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Il nous reste à comprendre ces mystérieux rites auxquels se livre Abraham - qui s’appelle encore Abram - après avoir parlé avec Dieu. Ils ont leur signification : les contractants passaient entre les victimes et en appelaient sur eux le sort en cas de transgression des engagements ; ici, Dieu seul passe dans cette flamme de feu, car c’est Lui qui s’engage dans la Promesse faite à Abram. 

Le feu ! c’est aussi le feu que contemplera Moïse dans le Buisson ardent, le feu qui guidera Israël dans la colonne de feu au désert, le feu qui “fumera” sur le Sinaï, le feu enfin qui apparaîtra en langues au jour de la Pentecôte. 

A la fidélité d’Abram, Dieu promet une longue descendance, un saint héritage, toute la procession des Croyants, toute l’Eglise future.

 

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Dans notre vie, il est très souvent difficile de rester en contact avec cette Espérance ; notre attention est sans cesse ramenée vers la terre. C’est pourquoi, pour écouter le Fils bien-aimé, notre prière est de demander aujourd’hui à Dieu de purifier notre regard, pour nous réjouir de contempler (Sa) gloire.

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 00:00

 

Premier dimanche de Carême - année C

 

Nous sommes entrés dans la période du Carême qui nous prépare à la grande fête de Pâques.

Tous ne savent pas que le mot Carême vient du latin Quadragesimus, au féminin Quadragesima (Quarantième), parce que le premier jour de cette période est le quarantième jour avant Pâques. Le Carême symbolise les quarante années pendant lesquelles le peuple d’Israël traversa le désert avant de pénétrer dans la Terre Promise, et aussi les quarante jours de jeûne que vécut Notre-Seigneur au début de sa vie publique, et dont il sera question dans l’évangile.

Des quarante-deux jours que comprennent les six semaines du Carême, les six dimanches doivent rester «festifs», car le Jour du Seigneur ne doit pas être un jour de tristesse ou de pénitence. Les trente-six jours restants ont donc été complété par quatre jours, ce qui fait que le Carême commence dès le mercredi précédent, le Mercredi des Cendres.

Le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint sont des jours de jeûne et abstinence, c’est-à-dire qu’on n’y fait qu’un repas et qu’on s’abstient de viande, du moins pour les personnes en âge de le faire sans inconvénient pour leur santé (pratiquement de dix-huit à soixante-cinq ans, exception faite pour les malades). Les autres vendredis de Carême sont aussi des jours d’abstinence. 

On va revenir plus loin sur ces «pénitences». Lisons d’abord les lectures de ce jour.

 

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Dans le livre du Deutéronome, Moïse prescrit aux Hébreux un rite par lequel il faudra offrir à Dieu une partie de la récolte.

Ce rite constitue une action de grâce pour ce que Dieu a donné. A l’occasion de la récolte, chaque individu du peuple hébreu doit se souvenir de ce que Dieu a fait en faveur de son peuple.

La formule est solennelle, c’est une véritable profession de foi envers le Dieu créateur, le Dieu sauveur, le Dieu protecteur. Cette profession se lit lors de la célébration du repas pascal chez les Juifs. Il est même prescrit de la réciter en hébreu. Philon d’Alexandrie (1) ajoute que, si l’offrant ne connaît pas le texte par cœur, il devra écouter le prêtre réciter ce magnifique et admirable cantique.

Le même Philon explique que ces prélèvements offerts ne font que rendre à Dieu ce qui est faveur de sa part. Ils enseignent à ne pas garder pour soi tous les gains, à pratiquer la vertu d’humanité, à s’exercer à la maîtrise de soi. Ils sont nécessaires pour que les prêtres reçoivent des ressources en échange des services qu’ils assurent. 

Par ce rite, Moïse invitait les Juifs à ne jamais oublier la bonté de Dieu, mais aussi à savoir retrancher quelque chose de leurs biens, à ne pas tout garder pour soi.

Or, c’est justement là une des dimensions spirituelles du Carême : s’ouvrir aux autres, à notre prochain, savoir donner à qui est dans le besoin. 

 

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Si le Juif devait rendre grâce à Dieu pour avoir fait sortir Israël de l’esclavage de l’Egypte, à son tour le Chrétien doit rendre grâce à Dieu d’avoir ressuscité Jésus de la mort. Car la résurrection du Christ, c’est la victoire de la Vie sur la Mort, de la Lumière sur les Ténèbres, du Bien sur le Mal. Toute l’histoire du Salut, inaugurée dans l’Ancien Testament, se réalise pleinement dans la Résurrection du Christ. Et dans la Résurrection, ce n’est pas seulement le Christ qui est Vainqueur, mais toute l’humanité qu’Il a assumée par son Incarnation : le corps humain qu’Il a pris de nous, c’est notre corps qui, par Lui, est mort, puis est ressuscité. La victoire du Christ, c’est en même temps notre victoire. 

Voilà ce que nous sommes appelés à croire, quand nous disons «Jésus est Seigneur». 

 

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Le psaume 90 sur lequel nous avons à méditer fait allusion à cette confiance totale du croyant en Dieu sauveur. La Louange des Heures fait prier les prêtres et les diacres chaque dimanche soir avec ce psaume.

On y notera l’allusion claire à l’Ange gardien que Dieu dépêche auprès de chacun de nous. 

Des Anges, l’actuel Catéchisme de l’Eglise Catholique nous rappelle qu’ils sont des créatures purement spirituelles, incorporelles, invisibles et immortelles ; ce sont des êtres personnels, doués d’intelligence et de volonté. Contemplant sans cesse Dieu face à face, ils le glorifient ; ils le servent et sont ses messagers pour l’accomplissement de la mission de salut de tous les hommes. (Abrégé du Catéchisme, n.60).

Saint Basile le Grand écrit que chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie.

C’est de ce psaume qu’est tiré le verset auquel fait allusion le Diable, quand il vient tenter le Christ au désert. 

 

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Pourquoi donc le Christ a-t-il besoin de «faire pénitence», de jeûner ? N’est-il pas Dieu, n’est-il pas parfait ? 

Ce n’est pas en tant que Dieu, que le Christ jeûne, ni même en tant qu’Homme parfait, mais en tant qu’il a pris de nous cette nature humaine faible, mortelle, pour la porter à la perfection de la Résurrection. Cette nature humaine, il va nous enseigner à la dominer, à la perfectionner.

Pendant les quarante jours que Jésus passe au désert, il doit aussi faire face à trois «tentations», pour nous enseigner comment lutter contre les tentations du Démon, ainsi que nous l’explique la Préface de ce 1er dimanche de Carême : 

Lorsqu’il déjouait les pièges du Tentateur, il nous apprenait à résister au péché, pour célébrer d’un cœur pur le mystère pascal, et parvenir enfin à la Pâque éternelle. (2)

Il est à remarquer que les traducteurs ont préféré rendre le latin antiqui serpentis par Tentateur, pour ne pas heurter les oreilles et les cœurs trop sensibles à l’antique serpent, tel qu’il se montra à Adam et Eve (Gn 3:1-15).

Dans la première tentation, le Christ nous montre comment avoir l’esprit détaché des nourritures et de toutes les choses terrestres ; comment, par exemple, nous contenter de ce que nous avons, ne pas nous plaindre, ne pas jalouser ceux qui ont ou qui font davantage, etc.

Dans la deuxième tentation, le Christ nous rappelle que toute la richesse et la puissance du monde ne sont rien, devant notre Créateur, l’Unique que nous devons adorer. Ici, nous rejoignons la prière et l’action de grâce du Deutéronome de tout-à-l’heure : tout appartient à Dieu, tout nous vient de Dieu.

Dans la troisième tentation enfin, nous apprenons de Jésus comment il faut résister à la fausse gloire, à la vanité humaine. Certes, Jésus pouvait se jeter sans danger au bas de la montagne, comme le lui dit le Démon citant le psaume de tout-à-l’heure, mais il n’en avait aucun motif ; si Jésus devait faire des miracles, c’était pour prouver sa Divinité aux hommes, tandis qu’ici au désert, c’était absolument vain. 

On a parfois ajouté que ces trois victoires de Jésus sur le Tentateur, représentaient la consécration religieuse par les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance, par lesquels on s’engage à renoncer aux jouissances terrestres et on s’engage dans la voie de l’humilité.

Quelques observations complèteront cette petite méditation.

En premier lieu, l’évangéliste dit que Jésus ne mangea rien durant ces jours-là. Que Jésus n’ait absolument rien mangé de substantiel, aucun plat cuisiné, est possible, puisque l’évangéliste le dit, mais il est plus que probable que Jésus ait bu de l’eau, sans quoi il n’aurait pas pu rester en vie dans le désert. Peut-être aussi que, comme Jean-Baptiste, il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage (Mt 3:4), qui ne représentent pas une nourriture extrêmement abondante et riche, mais au moins pouvaient tromper la faim sans le tenter de gourmandise…

Mais pourquoi donc faut-il particulièrement «jeûner», se priver ? Nous avons la réponse dans le chant d’une Préface de Carême, la quatrième de celles proposées dans le Missel, particulièrement réservée au Mercredi des Cendres : 

Tu veux, par notre jeûne et nos privations, réprimer nos penchants mauvais, élever nos esprits, nous donner la force et enfin la récompense. (3)

On remarquera d’abord que le mot latin vitia est traduit par penchants mauvais, ce qui peut être un peu faible. Le Catéchisme, déjà cité, définit les vices des habitudes perverses, et nomme : orgueil, avarice, envie, colère, luxure, gourmandise, paresse. (n.398)

Rappelons encore une fois que Jésus n’a pas à réprimer de vices dans sa nature parfaite ; mais il nous montre comment combattre les nôtres.

Nous avons tous en nous les racines des vices ; tour à tour, ceux-ci se manifestent d’une façon plus ou moins évidente ou violente, selon que ce monde nous domine plus ou moins et nous fait oublier notre vocation à la Vie éternelle.

Jésus nous montre que, de temps en temps, le jeûne, accompagné d’une prière plus intense, peut efficacement nous aider à méditer, à réfléchir, à nous amender.

Il a même précisé que telle espèce de démons ne peut être évacuée que par la prière et par le jeûne (Mt 17:21) (4).

 

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Comment vivrons-nous donc notre Carême ? 

Une fois passée la journée du Mercredi des Cendres, rappelons-nous, le vendredi, de ne pas manger de viande, en souvenir de la mort de Jésus, Agneau innocent, pour racheter tous nos péchés.

Les autres jours, sachons avec prudence retrancher quelque chose de nos habitudes, sans préjudice à notre santé : si nous pouvons nous abstenir de confiture, c’est bien ; mais ne serait-ce pas mieux encore de nous abstenir… de la télévision, de diminuer notre tabac ? Si nous désirons faire une aumône, cela aussi est bon ; mais peut-être que nous ferons encore mieux de chercher à nous réconcilier avec un parent, avec un collègue… 

Il y a mille autres choses que nous pouvons chercher à corriger, en signe de conversion intérieure, comme par exemple ranger notre intérieur, rendre de petits services aux parents ou à des personnes seules, visiter des malades ou des vieillards… S’efforcer de sourire même quand on subit quelque contrariété… Eviter de se plaindre !

Quarante jours, ce n’est pas long. Quelques petits efforts généreusement offerts nous procureront une grande paix intérieure, et nous amèneront à célébrer réellement la Résurrection : 

Si nous mourons avec Lui, avec Lui nous vivrons. (2Tm : 2-11).

1 Le philosophe juif Philon d’Alexandrie vivait au 1er siècle de notre ère ; il a largement commenté les Ecritures ; ici, on se réfère à son commentaire sur la législation de Moïse (De specialibus legibus).

2 Texte latin : Omnes evértens antíqui serpéntis insídias, ferméntum malítiæ nos dócuit superáre, ut, paschále mystérium dignis méntibus celebrántes, ad pascha demum perpétuum transeámus.

3 Texte latin : Corporáli ieiúnio vítia cómprimis, mentem élevas, virtútem largíris et prǽmia.

4 Curieusement, ce verset est parfois omis, même dans la version officielle actuelle de la Vulgate.

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 00:00

5e dimanche ordinaire - C

 

Les textes d’aujourd’hui nous parlent de l’appel de Dieu et de la vocation apostolique. Dimanche dernier, Jésus a inauguré sa prédication à Nazareth et, après quelques guérisons déjà, appelle maintenant ses premiers disciples, qui seront les Apôtres.

On connaît un peu Simon-Pierre : un homme spontané, vif, sincère. Aujourd’hui, on le voit épuisé, après une nuit de vain labeur, qui s’entend dire par Jésus… de repartir pêcher. N’importe lequel d’entre nous aurait sans doute réagi négativement : Ah non, toute la nuit pour rien ! je vais me reposer ! Pierre est tout autre : plein de respect et de foi, sur ta parole, dit-il, il reprend ses filets, ses rames, et repart. 

Pierre a eu foi en la parole, en la Parole de Dieu, et en reçoit la récompense immédiate. Mais Jésus ne s’arrête pas à ces poissons matériels : Pierre pêchera des âmes, convertira des masses ; dès le jour de la Pentecôte, trois mille hommes se feront baptiser (Ac 2:41)…

L’obéissance de Pierre se double d’un saint exemple de profond respect devant la Divinité ; il se sait pécheur, il se sent indigne de la faveur qu’il vient de recevoir ; Éloigne-toi de moi , dit-il, comme plus tard le Centurion : Je ne suis pas digne de te recevoir (Lc 7:6). C’est la même démarche que nous sommes invités à faire au début de chaque cérémonie eucharistique, durant l’acte pénitentiel : demander pardon doit être le premier acte de notre prière à Dieu.

Jacques et Jean aussi sont saisis de cette sainte crainte, mais c’est à Pierre, parce qu’il devra être le chef de l’Eglise naissante, que Jésus promet de pêcher des hommes, parce que c’est dans l’Unité de Pierre que se retrouve tout le collège apostolique et toute l’Eglise catholique.

Pierre, Jacques et Jean n’ont plus d’hésitation : ils laissent tout et suivent Jésus. Ils ont entendu l’appel de Dieu dans leur cœur, ils y répondent généreusement. Ils auront encore des tentations (Lc 9:46 ; 22:24 ; Mt 20:21 ; Mc 10:37), des faiblesses (Lc 22:45 ; Mt 26:56 ; Lc 22:57-60), mais leur combat les conduira à la gloire du martyre et à la récompense céleste.

L’attitude de Pierre n’est pas sans rappeler celle du prophète Isaïe. Ce dernier aussi est saisi d’une sainte crainte après avoir vu la gloire de Dieu, puis, quand Dieu l’a rassuré et “purifié”, il s’offre spontanément pour aller parler au nom de Dieu. 

Ce passage de l’Ecriture est à l’origine du plus ancien chant liturgique que nous répétons chaque fois à la messe : Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu de l’univers (1).

Aux Corinthiens, Paul montre à son tour les mêmes sentiments d’indignité devant la sublimité de l’appel de Dieu. Il se sait pécheur, car il a d’abord persécuté l’Eglise ; mais Dieu lui a pardonné, il est apôtre par la grâce de Dieu. On sait que l’apostolat de Paul a couvert tout le nord du bassin méditerranéen, de la Palestine à l’Espagne, mais Paul ne s’enorgueillit pas pour cela : c’est la grâce de Dieu avec moi et son premier souci est de rappeler les Corinthiens à l’unité de la foi autour de Pierre. 

Historiquement, Jésus ressuscité apparut d’abord à Marie-Magdeleine, mais Paul insiste à dire que Jésus est apparu à Pierre avant les autres Apôtres. Bien qu’on ait parfois opposé Paul à Pierre, on voit bien que Paul n’a aucune objection envers le primat que Pierre a reçu du Christ.

La prière d’Isaïe, de Pierre, de Paul, se retrouve dans le beau psaume 137, un des derniers de David. Il y exprime la louange en présence des anges qui chantent - on l’a vu plus haut - Saint, Saint, Saint ; il y invoque l’humble supplication exaucée : le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force ; il fait allusion aux rois mages venus adorer Jésus dans la crèche et à tous les rois chrétiens : Tous les rois de la terre te rendent grâce ; enfin il confie à Dieu la victoire de l’apostolat : Ta droite me rend vainqueur ; n’arrête pas l’œuvre de tes mains

Notre liturgie a parfois un peu de mal à bien mettre en évidence le chant méditatif du psaume ; peut-être qu’une lecture calme, discrète, par un lecteur bien préparé, pourrait nous aider à nous en imprégner mieux. Pensons que Jésus lui-même a chanté ce psaume, a fait sienne cette prière de David. 

Enfin on n’oubliera pas cette parole si consolante de Jésus à Pierre, et qu’il répétera tant et tant de fois dans l’Evangile : Sois sans crainte. La présence de Jésus est toujours pacifiante : toute angoisse est d’abord une absence de Jésus. Avant la communion, toujours, le Prêtre nous dit, comme Jésus : La Paix soit avec vous. L’évêque, successeur des Apôtres, salue toujours ainsi les fidèles en début de célébration.

En toute circonstance, devant toute difficulté, recourons à cette prière confiante à l’Auteur de la paix, dont la grâce est notre unique espoir (Prière du jour).

 

1 En réalité : “Dieu des armées”, vrai sens de Sabaot, car les anges sont “l’armée” de Dieu.

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 00:00

4e dimanche ordinaire - C

 

 

Nous lisons aujourd’hui quelle fut la réaction des auditeurs de Jésus à la synagogue de Nazareth, après la lecture et le commentaire qu’Il en fit, dans le récit de dimanche dernier. Comme partout, il y a les admirateurs, ceux qui refusent l’annonce et les sceptiques : ceux qui sont “pour”, ceux qui sont “contre”, et les neutres, qui ne se prononcent pas.

 

Ceux qui accueillent favorablement la parole de Jésus, seront ses disciples, les futurs apôtres, les membres de l’Eglise naissante. 

Ceux qui ne l’accueillent pas, sont ceux qui persécutent et persécuteront Jésus : ceux qui déjà aujourd’hui l’expulsent de la synagogue et veulent le faire périr, ceux qui le mettront en croix, ceux qui mettront à mort les chrétiens, depuis le premier siècle jusqu’à nos jours. Encore récemment des chrétiens ont été égorgés dans leur église…

Ceux qui sont indifférents ne se prononcent pas sur l’enseignement de Jésus, mais discutent éperdument sur Lui : d’où vient-il ? comment a-t-il appris ce qu’il sait ? pourtant, on le connaît bien, il est d’ici… Papotages de bar ou de salon, paroles inutiles

. Sans s’attarder avec ceux-là, Jésus leur fait seulement remarquer qu’aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays.

 

 

L’évangéliste dit d’abord que Tous lui rendaient témoignage, tandis qu’après tous devinrent furieux. Dans trois ans, après avoir acclamé Hosanna, la foule vociférera En croix… Dans le désert les mêmes Israélites qui chantèrent leur reconnaissance à Dieu pour avoir été libérés de l’Egypte, façonneront un veau d’or.

L’histoire de l’homme est remplie de ces revirements. Ne condamnons pas ces trahisons, ayons l’humilité de reconnaître les nôtres, chaque fois que nous préférons nos caprices à la grâce de Dieu, chaque fois où nous mettons carrément Dieu à la porte ; il y a des jours où vraiment nous ne sommes pas accueillants pour Jésus, des jours où, comme à Bethléem, il n’y a pas de place à l’hôtellerie de notre cœur (Lc 2:7). Qui n’a jamais connu cette faiblesse ?

Dieu connaît notre âme. Infiniment patient et miséricordieux, Il attend notre conversion et sait nous «tendre la perche» : à tous les pécheurs, Dieu envoie Jérémie pour les ramener dans la Vérité. 

Il ne s’agit pas ici de “jérémiade”, mais de la parole divine que nous transmet le prophète. Dieu inspire à Jérémie ces paroles pour faire face à tout le pays et le rassure : Ne tremble pas !

 

La mission de Jérémie, sept siècles avant Jésus-Christ, préfigure l’œuvre de Jésus, et on croirait entendre Jésus prier son Père dans le psaume 70 : Mon appui dès ma jeunesse… tu m’as choisi dès le sein de ma mère… mon secours et ma force… Ma bouche annonce tout le jour tes actes de justice et de salut… J’ai proclamé tes merveilles. Le Christ a chanté et médité ces psaumes, qu’il savait par-cœur.

 

La mission du Christ sera de parler, exhorter, corriger, sans trembler, invitant sans cesse à la conversion. On entendra le Christ pleurer devant la dureté de cœur de ses contemporains : Jérusalem, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants… et vous n’avez pas voulu (Lc 13:34). 

 

Il ne faut pas oublier que cet appel constant de Jésus pour notre conversion, est un appel d’amour. Jésus n’est pas là pour agiter devant nous un doigt menaçant, comme le ferait un instituteur trop sévère. L’appel de Jésus est une supplique…

 

La lecture aux Corinthiens n’est pas ici en relation directe avec l’évangile ou le psaume, puisqu’elle se répartit chaque année sur tous les dimanches de cette période-ci. Mais la Charité dont parle l’apôtre Paul est précisément cet Amour avec lequel Jésus s’est adressé à ses contemporains et à nous tous.

 

Charité et amour, c’est l’exemple que nous a donné Jésus, se montrant envers tous les hommes doux et humble de cœur (Mt 11:29), parfois sévère comme aujourd’hui à la synagogue de Nazareth, pour réveiller ses compatriotes, mais toujours avec l’amour et le respect des autres.

 

On n’est pas dans la Vérité quand on manque de Charité. Faire un reproche avec dureté n’aide pas le prochain ; les Saints ont conquis les cœurs par leur douceur en face de leurs adversaires. La pure critique - la médisance en quelque sorte, n’apporte que la division et n’engendre que la haine.

 

Vérité et Charité ne font qu’un. On ne peut aimer hors de la vérité, on ne peut être dans la vérité et ne pas aimer. On l’a vu à la naissance de Jésus : les prêtres connaissaient fort bien la Vérité des prophéties, ils savaient pertinemment que le Messie devait naître à Bethléem, mais n’ont pas accepté de se convertir intérieurement : il leur manquait l’Amour. 

 

Cette dureté de cœur peut aller très loin dans l’obstination, jusqu’au “péché contre l’Esprit” dont Jésus dit ouvertement qu’ il ne sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir (Mt 12:32). En ce qui concerne les Juifs, cette dureté les conduira à condamner Jésus, malgré tous ses miracles et sa bonté.

 

Quand nous entendons le Prêtre prier aujourd’hui, unissons-nous bien à sa prière : il s’agit d’avoir pour tout homme une vraie charité, comme Jésus.

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 15:40

3e dimanche ordinaire - C

On a dit que l’année C était celle où l’on proclamait l’évangile de saint Luc. C’est aujourd’hui que commence précisément la lecture de ce troisième évangile, où Luc se présente à ses auditeurs, tenant à leur dire que ce qu’il écrit est dûment vérifié. Théophile est peut-être un ami de Luc, mais ce nom peut très bien suggérer tout “ami de Dieu” (qui aime Dieu, ou qui est aimé de Dieu), comme plus tard s.François de Sales adressera à “Philothée” son Introduction à la Vie Dévote.

Saint Luc a cherché des informations de première main, sans doute auprès de la Mère de Jésus elle-même, dont il a entendu certains détails de la naissance du Christ et dont il rapporte le Magnificat ; peintre, Luc aurait été le premier à écrire les traits de Marie en des icônes célèbres ; médecin, il sait remarquer certains détails concernant les maladies, les traits physiques ; enfin, cet évangéliste aura été extrêmement sensible à la miséricorde du Christ et au pardon des pécheurs : on aura maintes occasions de le constater au cours de la lecture de son évangile.

A Noël nous avons lu le récit de la naissance du Christ dans la crèche, de l’adoration des bergers, de la présentation de Jésus au temple. Aujourd’hui Luc nous présente le début de l’enseignement du Christ, en reprenant un passage d’Isaïe que Jésus lui-même lit à la synagogue. On verra dimanche prochain comment ce message sera reçu de façons diverses…

La première lecture nous montre comment le personnage de Néhémie, cinq siècles avant le Christ, fut chargé de proclamer la vérité au peuple juif : c’est le moment du retour de l’exil, les Juifs peuvent revenir à Jérusalem, où il faut relever les ruines, restaurer le culte, proclamer la Loi de Moïse, qui était tombée dans l’oubli. Le scribe Esdras lit le texte, le traduit, et les lévites l’expliquent : il faut remarquer que le peuple avait totalement oublié cette Loi, que la “nouvelle génération” n’en comprenait pas même la langue, encore moins le sens spirituel ! Imaginons de jeunes chrétiens aujourd’hui, qui demanderaient naïvement ce qu’est cette petite chose ronde et blanche que le prêtre donne aux fidèles à la Messe…

Néhémie et Esdras incitent donc le peuple à se convertir et à se réjouir, car ce jour est consacré à Dieu. La joie de l’annonce de la Vérité, la lumineuse conversion de chacun : ce sont là les éléments de l’annonce du Royaume, que Jésus commence aujourd’hui dans l’évangile de Luc. 

Rappelons ici que cette joyeuse annonce et l’appel à la conversion constitue justement le troisième Mystère Lumineux de notre Rosaire (cf. Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ, 21).

Comme ceux qui écoutaient Néhémie, nous pourrions nous aussi nous sentir pécheurs et pleurer nos fautes, mais soyons heureux, comme le dit toujours Néhémie, de nous convertir et de retrouver la Vérité.

Jésus lit : L’Esprit du Seigneur est sur moi. Il rappelle qu’Il a reçu l’onction de l’Esprit pour sa mission, l’Esprit qui s’est manifesté lors de son baptême au Jourdain, l’Esprit qui anime l’Eglise, qui souffle la Vérité aux oreilles des enfants de Dieu. Ce même Esprit qui fait l’unité de tous les membres si différents entre eux. 

L’apôtre Paul se fait l’écho de cette unité dans sa très fameuse parabole des membres du corps, qu’il écrit à l’adresse des Corinthiens. 

Ces Corinthiens étaient travaillés par différentes factions, selon un processus très fréquent dans les communautés, où à un moment donné l’orgueil, l’ambition ou la jalousie, font que certaines “têtes” se font plus arrogantes, donnant lieu à des divisions malsaines. Au contraire, pour suivre Jésus, il faut se faire le serviteur de tous.

Dans toute la société, il y a une très grande variété de “charismes”, et la règle d’or du comportement est surtout de ne pas se comparer aux autres : tous ensemble doivent chercher à imiter Jésus, chacun dans l’état où il se trouve. Le cordonnier ne peut être conducteur d’autobus, et le médecin n’est pas un balayeur de rue, mais chacun d’eux doit chercher la perfection dans son travail, au service des autres, dans l’honnêteté et la charité.

C’est ainsi que tous ensemble, comme dans un immense orchestre, chacun tient sa partie et que le résultat est d’autant meilleur que l’harmonie est plus parfaite. 

C’est ainsi qu’au nom de Jésus-Christ notre mission est de porter des fruits en abondance (prière). Lisons les vies des Saints, admirons la multiplicité de leurs œuvres, les uns s’occupant des orphelins, les autres des pestiférés ou des lépreux, d’autres des prisonniers, d’autres encore des malades, fondant des instituts variés pour aider les enfants, les jeunes, les ouvriers, à grandir dans l’amour de Dieu. 

Après la messe d’aujourd’hui, il faudrait que chacun se demande sincèrement : que puis-je faire pour Dieu ? La réponse sera certainement multiple, mais exigera toujours un mouvement initial de conversion profonde. On ne peut pas servir Dieu si on n’est pas en harmonie avec Dieu.

 

 

 

 

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 00:00

 

 

2e dimanche ordinaire - C


Voici que réapparaît la couleur verte de l’ornement du Prêtre à la messe. Le temps de Noël au sens strict est passé, et quelques dimanches nous séparent du début du Carême. 

Avant de commencer la lecture de l’évangile de Luc, l’Eglise nous propose aujourd’hui l’épisode des Noces de Cana que, curieusement, l’évangéliste Jean est le seul à rapporter. En effet, on pourrait s’attendre à ce que Luc aussi en parle, lui qui a connu de si près la Mère de Jésus. Luc aura peut-être pressenti que Jean serait beaucoup plus à même de raconter cet épisode, puisqu’il s’y trouvait personnellement, de même aussi que c’est Jean qui sera au pied de la Croix et entendra les dernières paroles du Christ à sa Mère (Jn 19:25-27).

Voici donc Marie et Jésus, avec ses disciples, invités à une noce, à Cana. Rien de plus vivant que cette participation aux événements familiaux d’un petit village, où tout le monde se connaît, où les cousinages sont très fréquents. On a dit parfois que le fiancé pouvait être Nathanaël lui-même, dont il est question au chapitre précédent du même évangile de Jean, mais le contexte ne le prouve pas explicitement.

Ce qui est plus certain, c’est que seuls Jésus et Marie sont invités, pas Joseph : sans doute était-il déjà mort à ce moment-là, sa “mission” sur terre étant désormais achevée. Heureux ce père qui eut près de lui un Tel fils et une Telle épouse pour l’assister aux derniers instants. C’est à juste titre qu’il est invoqué comme patron de la bonne mort.

Donc Marie est là, et observe que le vin manque. Erreur du maître de maison ? Imprévoyance ? Consommation excessive des invités ? Ou bien peut-être entente préalable voulue par Jésus, avec le maître, pour avoir l’occasion d’annoncer le Vin Nouveau ?… 

Cette question suggère par elle-même la réponse à la difficulté habituelle qu’on a à expliquer la fameuse question de Jésus à sa Mère, littéralement : “Qu’y a-t-il entre toi et moi ?”. 

On peut supposer que depuis longtemps - Jésus a désormais trente ans - le Fils de Dieu avait au moins fait allusion, dans ses conversations avec Marie, au sacerdoce, au Sacrifice eucharistique, et Marie s’attendait à voir un jour ou l’autre l’institution de ces deux Sacrements essentiels de la nouvelle Alliance : Sacerdoce et Eucharistie. C’est pourquoi, quand elle dit “ils n’ont plus de vin”, cette phrase doit certainement être entendue comme : “Ce Vin nouveau dont tu m’as parlé tant de fois, le donnerais-tu maintenant ?” ; et Jésus, loin de “remettre en place” sa sainte Mère, lui répond solennellement : “Puisque l’heure en est fixée par mon Père, ce n’est ni toi ni moi qui pouvons l’anticiper”. 

Donc, sur l’intercession de Marie, Jésus va opérer son premier miracle, oui ; Il va changer l’eau en vin, il va montrer que l’ancienne Alliance n'a plus de goût et doit faire place à la nouvelle ; son ministère public commence officiellement ; mais le Grand sacrement, l’Eucharistie, viendra seulement à la fin de ce ministère, comme couronnement sublime de cette divine mission. Tout cela s’est dit et compris en quelques secondes, entre une Mère et un Fils si profondément unis pour l’œuvre divine.

Il y a plus. Au moment où la nouvelle Eve, Marie, Mère des vivants, intercède comme médiatrice auprès de Jésus, celui-ci l’interpelle du nom de “Femme” qui, loin d’être une dénomination dédaigneuse, est ici une expression suprême de la noble mission de Marie dans l’économie du salut : comme la première femme a péché et entraîné tous les hommes dans l’ombre de la mort, ainsi la nouvelle Eve, la Femme pure, la Mère du Sauveur, allait maintenant être la Mère de tous les hommes sauvés, reconduits à la Lumière de la Vie par le Sacrifice de Jésus-Christ. Cette “Femme” se trouvera effectivement aux pieds du Crucifié, qui lui redira juste avant d’expirer : “Femme, voici ton fils”, comme on l’a dit plus haut (Jn 19:25-27). Marie en a bien conscience qui, loin de s’attrister de la réponse de Jésus, s’empresse immédiatement de conseiller aux serviteurs : Tout ce qu’il vous dira, faites-le.

Cette union dans l’œuvre salvifique entre Jésus et Marie est véritablement le signe d’une union féconde mystique, d’un véritable mariage mystique. Présents à un mariage humain, Jésus et Marie se montrent ici encore plus unis dans de chastes noces mystiques, dont les fruits seront l’Eglise universelle. 

Voilà pourquoi nous lisons l’extrait du prophète Isaïe où il est question de l’épouse “préférée” en qui le Seigneur met “sa préférence”. L’époux, c’est le Christ ; l’épouse, c’est Marie, c’est aussi l’Eglise, et c’est toute âme qui reçoit le Christ totalement et intimement.

Voyez comment déjà la bonté exorbitante de Jésus se manifeste : six jarres de bon vin, lorsque désormais la fête touche à sa fin. Six cents litres environ d’un nectar précieux ! Des Pères de l’Eglise ont commenté que les six urnes font une allusion évidente à l’Eucharistie, d’où la grâce et la bénédiction découlent sur les six autres sacrements.

Autre élément de rapprochement avec l'Eucharistie : l'évangéliste note que l'eau des jarres était destinée aux ablutions. Mais Jésus, par son Sang, apportera la vraie purification de tous nos péchés. Vraiment, tout, dans ce premier miracle de Jésus, annonce le divin Sacrement de l'Eucharistie, et si l'apôtre Jean ne relate pas l'institution même de ce Sacrement, il en raconte tous les signes avant-coureurs : l'eau changée en vin à Cana et le discours du Pain de Vie plus loin au chapitre 6.

Aujourd'hui, l'épouse parfaite de Jésus est l'Eglise. Comme Marie, l’Eglise implore : “Tes enfants n’ont plus de vin” et ensuite l’Eglise dit aux prêtres : “Observez tous ses ordres et commandements. Tout ce qu'Il vous dira, faites-le."

A ces réflexions sur les Noces de Cana pourra ici s’ajouter une observation sur un rite assez peu remarqué de la Messe, quand le prêtre verse une goutte d’eau dans le vin du calice, en disant Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. L’eau de l’humanité se noie dans la divinité du vin pour former l’Homme nouveau, l’Homme racheté dans le vie divine du Sauveur, mort et ressuscité.

L’épisode des Noces de Cana forme, avec l’Epiphanie et le Baptême de Jésus, une trilogie de la manifestation (en grec epiphania) de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Les Grecs l’appellent d’ailleurs Theophania, manifestation de Dieu.

Il n’a pas été encore question ici de l’extrait d’aujourd’hui de la lettre aux Corinthiens. Le texte de Paul est clair, mais semble ne pas avoir de lien direct avec les Noces de Cana. Il sera pourtant opportun de penser que, dans tout mariage, il faut qu’il y ait une unité spirituelle pour souder deux caractères forcément très différents. C’est ce que recommande saint Paul aux Corinthiens, en la première épître qu’il leur écrit peu après avoir commencé de les instruire, et pour les exhorter à l’union fraternelle. De même que Jésus opérait des signes, des miracles, et que Marie s’unissait intimement à cette divine mission par sa présence maternelle d’intercession (Marie, Médiatrice de toute grâce, l’appelle-t-on), de même que les Apôtres devront fidèlement répéter l’enseignement de Jésus, de même à notre tour, à notre époque, dans notre société, chacun à sa place doit rester uni à l’unique enseignement divin de Jésus-Christ fait homme, dans l’unité parfaite de l’Esprit Saint qui distribue les dons de Dieu à chacun selon sa mesure et son état.

Tout ce qu’il vous dira, faites-le. 

Mais surtout, nous remarquerons que nous lisons cet extrait au moment de la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens (du 18 au 25 janvier). Un appel à l’unité entre tous, au respect de chacun, à la complémentarité entre les différents charismes présents dans nos communautés.

La prière finale de la messe nous fait demander à Dieu d’être unis dans (son) amour, après avoir été nourris d’un même pain.

Dans la Prière du jour, nous demandons à Dieu la paix. L’unité et la paix s’appellent l’une l’autre. La paix, la vraie, ne vient que du Christ, et nous le répétons à chaque messe : 

…Regarde la foi de ton Eglise… donne-lui toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite.

 

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