Emili Bover Albareda
1868-1936
Né le 31 août 1868 à Castelltersol (Barcelone), baptisé le 3 septembre suivant, et confirmé l’année suivante, Emili avait pour père Lorenzo, un ouvrier, et Teresa.
En 1885, à seize ans, il commença des études de latin à Artés, un collège qui dépendait du séminaire diocésain. En 1888, il entra au postulat des pères Clarétains de Cervera, fit la profession et le noviciat, la philosophie et la théologie d’abord à Cervera, puis à Santo Domingo de la Calzada (1894). L’étude ne lui était pas facile, au point qu’il faillit passer à l’état de frère convers. Il parlait avec humour de sa situation en affirmant avoir été admis comme Vierge et Martyr, vierge par sa consécration, martyr pour son travail laborieux.
Il reçut les Ordres mineurs en 1895, les Ordres majeurs en 1897-1898. Il était prêtre à trente ans.
Partout où le père fut présent, il montra ses capacités d’électricien, mais aussi sa bonne humeur et la façon ironique avec laquelle il parlait de lui-même. Quand il montait en chaire, il lui arrivait de dire : Regardez-moi, regardez comme je suis laid.
Prêtre, il fut envoyé à Sabadell, La Selva del Campo, Vic ; puis Santiago du Chili en 1904 : un voyage long et difficile, qui passait par l’Argentine et traversait la Cordillère des Andes.
En 1906, il revint en Espagne, pour arranger la nouvelle maison d’Aranda de Duero. En 1908, ce fut Cartagena comme prédicateur et catéchiste ; en 1914, Solsona, où il refit toute l’installation électrique ; en 1916, on le nomma bibliothécaire (!). Il contribua notablement à la fondation d’un collège et suscita beaucoup de vocations.
En 1922, il fut prédicateur et bibliothécaire à San Feliu de Guixols, d’où il envoya plus de soixante de ses élèves aux postulats de Vic et de Cervera. En 1925, il fut envoyé à la nouvelle maison de Gerona, où il suscita plus de trente vocations et où son travail fit de la bibliothèque une des meilleures de la province.
En 1929, il fut envoyé à Lleida, puis Cervera. Là encore son activité fut centrée sur les bibliothèques ; lui qui avait eu tant de mal à étudier, était devenu un passionné des livres et affirmait que c’était son occupation préférée.
Le 21 juillet 1936, il fallut évacuer la maison de Cervera. Le Comité révolutionnaire avait interdit à quiconque d’accueillir le curé, puis l’ensemble des Religieux, et avait établi des contrôles.
Au début, le Père put encore célébrer la Messe dans une église ; le 23 juillet, il fut accueilli chez le pharmacien, qui tenait cachées des hosties consacrées, sauvées de la profanation de quelque église locale. Le Père allait souvent prier silencieusement à l’endroit de cette cachette, et pratiquait le Chemin de Croix. Ceux qui le voulaient, se confessaient.
Le 19 août, à onze heures du soir, des hommes armés vinrent arrêter le pharmacien ; le 20, des miliciens vinrent faire un contrôle minutieux de la maison ; le Père s’était déguisé en infirmier, mais on lui trouva une photographie et on le reconnut. On l’emmena : il eut juste le temps de remercier pour l’accueil qu’il avait reçu et dit à la famille : On se reverra au Ciel. Une demi-heure plus tard, un milicien revint pour s’emparer de la montre du prêtre et de son argent.
Le père Bover fut emmené au Comité, puis au cimetière de Cervera. Là, le Père pardonna à ses assassins et demanda à baiser leurs mains, ces mains criminelles qui allaient l’envoyer au Ciel. Il pria encore un Je crois en Dieu, cria Vive le Christ Roi ! et tomba sous les balles.
Martyrisé le 20 août 1936, béatifié en 2017, Emili Bover Albareda sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 20 août.