Kazimierz Grelewski
1907-1942
Kazimierz était le fils de Michał Grelewski et d’Eufrozyny Jarzinów et naquit à Dwikozy le 20 janvier 1907. Les parents étaient très chrétiens et actifs dans la paroisse. Le papa était meunier.
Le garçon reçut au baptême les noms de Kazimierz Blażej (Casimir Blaise), fit sa première communion en 1915 et reçut la Confirmation dans sa paroisse.
Il eut (au moins) un frère aîné (Stefan, qui mourra martyr lui aussi à Dachau) et une sœur (Jadwiga).
Après ses études au collège, il entra à l’école secondaire de Sandomierz en 1917 où il reçut le diplôme de fin d’études en 1923. Il se présenta alors au séminaire de Sandomierz.
Il fut tonsuré en 1925, ordonné sous-diacre et diacre en 1929, enfin prêtre le 4 août 1929 à seulement vingt-deux ans.
Au séminaire, on remarqua que Kazimierz était très serviable, modeste en même temps, passionné de littérature artistique et théologique.
Après son ordination, il fut nommé préfet de l’Ecole Kochanowski à Radom. Puis il fit par deux fois la demande d’aller fréquenter l’université catholique de Lublin. On ne put lui accorder cette faveur, par manque de prêtres, et il continua à enseigner dans l’école. En 1931 il prit part à une formation spécialisée de catéchèse à Sandomierz et co-organisa une exposition de l’artisanat à Radom. Il enseigna également à l’Ecole d’agriculture de Wachnie (banlieue de Radom).
Ayant lu Thérèse de l’Enfant-Jésus (qui avait été canonisée en 1925, voir au 1er octobre), conquis par le «petite voie» de cette Sainte, il s’en fit un ardent propagateur et dirigea dans cet esprit tout un groupe de jeunes filles à Radom.
En 1937 il devint curé et prépara avec grande ferveur le Congrès Eucharistique international qui devait se tenir en 1939 à Budapest : là il rencontra le légat du pape, un certain Eugenio Pacelli, qui allait devenir le pape Pie XII. A Sandomierz il dirigea un groupe féminin dans l’esprit de la Croisade Eucharistique.
Au moment du déclenchement de la guerre, il resta courageusement à Radom et se retrouva un des rares prêtres sur place. Le 1er septembre 1939 il devint recteur de l’église Notre-Dame, l’actuelle cathédrale.
Comme recteur, il demanda aux gens de chanter à la fin de chaque messe, un hymne à la Vierge Marie, qui ressemblait beaucoup à l’hymne national Dieu garde la Pologne, que les Nazis avaient interdit.
Pendant la guerre, le père Kazimierz multiplia les activités clandestines et charitables : il continua un enseignement dans les écoles primaires, là où c’était encore possible, il ouvrit un orphelinat pour les enfants victimes de la guerre ; il y fit venir les enfants d’une paroisse voisine, où les forces de la Wehrmacht et la police, par représailles, avaient exécuté près de trois cents personnes.
Quand d’autres personnes des villages voisins furent mis en prison à Radom, il intervint en leur faveur auprès du personnel de la prison, qu’il connaissait bien. En raison de toute cette activité caritative, les habitants de Radom appelèrent le père Kazimierz l’apôtre des pauvres.
Le 4 avril 1940 eut lieu dans le bois de Firlej l’exécution de cent quarante-cinq paysans arrêtés dans le village de Gałki, accusés d’avoir favorisé les résistants du groupe Hubala. Il y avait aussi dans le groupe quelques femmes et des adolescents, qui chantaient leur confiance en Dieu. On les mit au bord d’une grande fosse commune, on y jeta une grenade et on les recouvrit aussitôt de terre alors qu’ils étaient encore en vie. Là encore, le père Kazimierz prit en charge les familles des victimes.
Dans la nuit du 24 janvier 1941 (quatre jours après son anniversaire) le père Kazimierz a été arrêté par un commando de la police secrète d’Etat, dans la maison paroissiale, au 6 rue Rwańskiej à Radom. Sa demeure fut entièrement saccagée et tout fut emporté, signe que la personne arrêtée était déjà condamnée à mort. Dans le même temps, on arrêta son frère Stefan (Etienne) et un autre prêtre qui passait par là, Józef Sznuro.
Il n’y avait pas qu’eux : la Gestapo arrêta aussi des médecins, des avocats, des ingénieurs, des professeurs, qu’ils emmenèrent tous dans des camions des soi-disant «Transports de Radom» vers le camp provisoire de Skarżysku-Kamiennej. Quand il quitta le camp, ses sous-vêtements tachés de sang furent renvoyés à sa famille. Fin février, on l’envoya au camp d’Auschwitz (où il porta le numéro 10443), et de là à Dachau, le 4 mai suivant, sous le numéro 25280.
D’Auschwitz, il envoya une petite carte à sa mère, datée du 16 mars 1941, écrite en allemand :
Ma très chère Maman, moi et mon frère, nous allons bien… Mon frère envoie sa lettre à Monsieur Lorek de Sandomir. Je te salue et dépose un baiser sur tes mains. Kazimir. (Ce Monsieur Lorek était l’évêque).
Le moral du père Kazimierz restait solide. Il eut la douleur de voir mourir son frère Stefan et écrivit encore à sa mère : Mon cher Stefan est mort dans mes bras (c’était le 9 mai 1941, Stefan avait quarante-trois ans).
Kazimierz était un confesseur recherché des prisonniers, et même des autres prêtres. Ils chantaient tous les matins l’office de la Sainte Vierge.
Un jour qu’un gardien le repéra, il le frappa et le renversa à terre. Kasimierz se releva et fit un signe de croix dans sa direction, en lui disant : Que Dieu te pardonne ! Le gardien alors se jeta sur lui et le frappa en criant : Et moi je vais t’envoyer directement à ton Dieu. Kasimierz se releva encore.
En décembre 1941, la sœur de Kazimierz, Jadwiga (Hedwige) demanda aux autorités du camp l’autorisation de faire passer à son frère des sous-vêtements chauds ; on lui répondit cinq jours plus tard, par la poste, que les prisonniers qui sont ici sont suffisamment fournis en vêtements chauds.
L’évêque Franciszek Jop, citant un témoin oculaire, affirma que Kazimierz fut pendu, ainsi que les deux autres prêtres Michałowicz et Pawłowski : le responsable des douches se trouvait en face de la cuisine, et put observer la scène.
Le cuisinier du camp - qui fut confirmé par un autre détenu - affirma que juste avant la pendaison, Kazimierz cria très fort : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu.
Cette exécution eut lieu le 9 janvier 1942 (huit mois jour pour jour après la mort du frère aîné, Stefan). Onze jours après, Kazimierz allait avoir trente-cinq ans. Pendant deux ans, sa pauvre mère fit des démarches pour retrouver son cher benjamin : elle n’arrivait pas à croire que Kazimierz n’était plus en vie.
Ce qui a été marquant dans l’activité sacerdotale de Kazimierz a été son zèle. Il n’était pas attaché aux choses matérielles. Il mettait toute sa confiance dans la Divine Providence et répétait sans cesse : Tout est dans les mains de Dieu.
Son travail dans la Croisade Eucharistique, dans l’Action catholique et dans la Congrégation mariale était inspiré par l’amour du Christ et de l’Eglise. Il répétait souvent : Cœur sacré de Jésus, que ton règne vienne. Avec une ferveur particulière il préparait les jeunes à la célébration du Christ Roi, une fête récemment instituée (1925).
Toujours souriant, il était plein de respect pour chacun. Tous ont appris de lui comment se sanctifier et comment prier. Il pu toucher le cœur de beaucoup d’enfants, dans cette ville toute gagnée au socialisme.
Chaque samedi après-midi il était au confessionnal et écoutait pendant des heures les enfants et leurs parents ; il avait une attention toute particulière pour les enfants.
Il ne recherchait pas pour autant la popularité. Il aimait ses confrères, les prêtres et recherchait volontiers leur concours pour enseigner la religion. Pendant plusieurs années il recouvra la fonction d’aumônier dans un foyer de personnes âgées. L’évêque suffragant de Sandomirz écrivit de lui : Au travail, il était très calme, ne se mettait jamais en avant. Préfet parfait, il aimait les jeunes et chercha toute sa vie à inculquer aux jeunes l’amour du Christ et à les conduire le plus près possible du Christ. Il sut organiser parfaitement la Croisade eucharistique et la Congrégation mariale.
Kazimierz sut véritablement marcher sur les traces du Christ et y a entraîné les enfants et les jeunes. Son dévouement et toute sa vie ont profondément marqué les gens d’autres religions.
Un ancien élève attesta : Dans la classe il y avait une jeune fille juive qui restait volontiers dans la salle pour écouter les leçons du p. Kazimierz ; elle a apprécié l’homélie qu’il fit à une messe où elle put aussi assister. Nous étions témoins le dimanche de sa foi vivante et de sa profonde piété. Il avait une dévotion particulière à Notre-Dame de Błotnickie, patronne de Radom.
Le père Kazimierz Grelewski fut un des cent-huit Martyrs polonais du régime nazi, béatifiés en 1999.
Le Martyrologe le commémore le 9 janvier en même temps que le père Józef Pawłowski.