Miguel Facerías Garcés
1861-1937
Né le 22 février 1861 à Perarrúa (Huesca), Miguel était le fils d’un tailleur, prénommé aussi Miguel, et de María, d’humbles chrétiens qui firent baptiser leur enfant huit jours après la naissance.
A son tour, Miguel apprit et exerça le métier de tailleur.
En 1881, il entra dans la congrégation des Clarétains comme frère convers. La maladie l’obligea à revenir dans sa famille le temps de soigner de pénibles vomissements de sang : il versait déjà son sang… Rétabli, il reprit le noviciat et fit la profession en 1883.
On peut dire qu’il continua à exercer son métier de tailleur, mais pour la gloire de Dieu : toutes les tuniques que devaient porter les Religieux, les réparations qu’il fallait y porter aussi, passaient par ses mains. Le Frère était tout attentif à rendre service.
Il fut dans la communauté d’Alagón, puis en celle de Cervera (1889). C’est alors qu’il publia un opuscule sur l’art du tailleur, assez bien accueilli et qui fut réédité tant à Cervera qu’à Barcelone en 1910.
En 1904, il dut aller à Olesa de Montserrat, où il fut soigné à nouveau pendant deux années.
En 1906, on put l’envoyer à Vich, où il demeura jusqu’à la mort, toujours occupé à couper et à coudre des vêtements.
En juillet 1936, son «métier» fut interrompu car il fut contraint d’abandonner le collège et de se réfugier chez un ami de l’endroit. Désormais, il allait occuper son temps dans la prière, l’abandon à Dieu et la préparation à l’ultime rencontre.
Avec un autre Confrère, malade comme lui, ils se présentèrent au Comité pour demander l’autorisation d’être hébergés dans un autre établissement, un ancien couvent de Religieuses devenu hospice municipal pour les vieillards.
Au Comité, on leur demanda qui ils étaient. Il répondit qu’ils étaient Frères du Cœur de Marie (les Clarétains en effet se disent Fils du Cœur Immaculé de Marie). On leur répondit : Vous méritez de recevoir quatre balles. Oh, répondit le Frère Miguel, comme nous sommes des petits vieux, deux suffiront.
Le 13 août, ils obtinrent l’autorisation. Mais Miguel ne craignait pas de sortir pour aller voir les Confrères là où ils s’étaient réfugiés. On lui fit remarquer qu’il s’exposait beaucoup. Il répondait : Je m’en fiche, s’ils me tuent.
Le 17 décembre, l’hospice fut supprimé. Miguel, son Confrère et deux autres encore, trouvèrent refuge dans une ferme voisine à Santa Cecilia de Voltregá ; là encore, Miguel rendit ses services de tailleur, enseignant aussi le catéchisme aux enfants de la famille.
On dénonça les Frères au maire du pays. Ce dernier affirmait qu’il devait nettoyer le pays de la cochonnerie cléricale. Le 22 février 1937, donc, jour du soixante-seizième anniversaire du Frère Miguel, se présentèrent à quinze heures quatre miliciens, le maire, le président du Comité et deux autres. Miguel priait dans le bois voisin ; il s’apprêtait à rentrer, quand on lui fit des gestes de rester dehors et de se cacher, mais il ne comprenait pas et s’avançait tranquillement.
Les hommes lui dirent qu’ils l’arrêtaient. Sa réponse fut : Si c’est la volonté du Seigneur, je suis préparé pour le martyre.
Qui êtes-vous ?
Le tailleur des Missionnaires.
Vous connaissez quelqu’un à Vich ?
Oui, le Maire.
Suivez-nous !
Vous me permettez de me changer ? (et à la maîtresse de maison) Le plus certain, c’est qu’ils vont me tuer. Tenez, prenez ces chapelets, ils vont les profaner…
Comme tout le monde pleurait, le maire s’échauffa : Les larmes ne me touchent pas, même ma femme n’y arrive pas !
Et la maîtresse de maison : Si vous voulez le tuer parce qu’il a dit la messe, sachez qu’il ne l’a jamais célébrée !
Au Comité, on se moqua du Frère. Même le chauffeur s’en prit au président : Espèce de sale bête, où veux-tu en finir avec ce petit vieux ? Tu n’as pas honte de zigouiller un vieillard pareil ? Et l’autre : C’est un frère ou un chanoine. C’est notre devoir d’en finir avec cette race.
Puis ils partirent à Vich. D’après certains témoins, c’est au matin du 23 février qu’on emmena le frère Miguel au lieu-dit Pont del Llop, où ils le fusillèrent. Malgré ce détail, on a retenu le 22 février comme le jour «officiel» de sa mort.
Frère Miguel fut béatifié en 2017.
Le nom du bienheureux Miguel Facerías Garcés sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 22 février.