Manuel Borrás Ferré
1880-1936
Il naquit le 9 septembre 1880 à La Canonja (Tarragona, Espagne) et fut baptisé trois jours après. Son père était pharmacien.
Il fréquenta le séminaire de Tarragona et reçut le sacerdoce en 1903.
A peine ordonné prêtre, il fut nommé notaire à la Curie épiscopale et membre du Tribunal métropolite. On le fit aussi chanoine de la cathédrale.
En 1910, il fut confesseur au séminaire et, en 1914, secrétaire privé puis vicaire général de l’évêque de Solsona.
En 1934, il fut nommé évêque auxiliaire de Tarragona.
A Tarragona, il développa surtout l’Adoration nocturne, la solennité de la Fête-Dieu, et porta toute son attention à la liturgie de la cathédrale. Il développa l’Action Catholique.
Il semble qu’on n’ait jamais rien eu à lui reprocher depuis l’enfance. Il célébrait la Sainte Messe avec une piété rare. Prudent, avisé, bon administrateur, courageux dans l’épreuve.
Lors de la révolution de 1936, il s’offrit spontanément pour protéger le cardinal-évêque de Tarragona. Quand on leur proposa des vêtements civils, il répondit : S’ils veulent nous tuer, qu’ils sachent qu’ils tuent Monsieur le Cardinal et son Evêque auxiliaire.
Le 21 juillet, on leur dit de quitter les lieux pour aller en un lieu de leur choix. Le Cardinal pensa au monastère de Poblet. Ils y furent confinés.
Le 23 juillet, une voiture de Barcelone s’arrêta et ses occupants appelèrent le Cardinal, qui partit avec eux, accompagné de son secrétaire particulier. Mgr Borrás voulut l’accompagner, mais le Cardinal lui dit de regagner Poblet et de faire ce qu’il pouvait pour les fidèles du diocèse.
Le gouvernement de Barcelone fut prévenu et dépêcha un député pour aller reprendre le Cardinal et l’évêque. Les deux voitures se croisèrent près de Montblanc : apparemment, la démarche du député fut sans résultat.
Mgr Borrás fut alors la proie des miliciens. On prétendit le «mettre en sûreté», dans une cachette plus sûre, mais le «protecteur» de l’évêque avertit le Comité d’Espluga, qui dépêcha une voiture dans les minutes suivantes. On le conduisit à la prison de Montblanc, avec l’interdiction de communiquer avec le Cardinal.
Dans cette prison, on prépara au matin du 24 une cellule pour le Cardinal et son secrétaire, et une autre le soir pour Mgr Borrás. Le 25, on fit sortir le Cardinal, qui demanda à partir avec l’évêque. On le lui refusa ; il partit pour Barcelone et, de là, gagna l’Italie.
Mgr Borrás passa les jours suivants dans la prière, avec les autres prêtres arrêtés comme lui ; ils priaient le bréviaire, le chapelet. L’évêque les encourageait. Il pardonnait à leurs bourreaux et répétait : Les pauvres, ils ne savent pas ce qu’ils font. Que Dieu soit béni ! Nous allons gagner le ciel !
L’après-midi du 12 août, il fut dans la cour de la prison avec les autres prêtres. Il les bénit et leur dit : Adieu ! Au ciel !
Il sortit de la prison calmement, en souriant. On le fit monter dans une camionnette et on le mit sur un sac de paille. On lui avait dit qu’on le conduisait au tribunal de Tarragona, mais on partit en direction de Valls, et l’on s’arrêta quelques kilomètres plus loin, avant le Coll de Lilla. Là, on le fit descendre, on lui fit faire quelques pas et on l’abattit, tandis que l’évêque bénissait ses bourreaux.
Ces derniers arrosèrent le corps du prélat avec de l’essence et y mirent le feu. Des habitants de Montblanc virent encore le cadavre brûler un peu plus tard. Depuis on n’a pas pu retrouver les restes de Mgr Borrás.
Il mourut en martyr le 12 août 1936, et fut béatifié en 2013.