Zacharie et Elisabeth
(Ier siècle)
Zacharie et son épouse Élisabeth, parents de Jean le Baptiste, sont des personnages bibliques de transition : ils appartiennent à la fois à l'Ancien et au Nouveau Testament. C'est par l'évangéliste Luc que nous les connaissons. Luc nous a rapporté la vision que le prêtre Zacharie eut dans la partie intérieure du temple appelée « le saint », où il offrait l'encens. Élisabeth était stérile, et un envoyé de Dieu, l'ange Gabriel, apparaît dans ce lieu au prêtre qui officiait, et il lui annonce la naissance d'un fils. Ce sera le futur Précurseur de Jésus-Christ. J'ai été envoyé pour te faire connaître cette bonne nouvelle, dit l’Ange (Lc 1:19).
A la suite de cette vision, Zacharie était devenu muet, et sourd, semble-t-il. Il le restera jusqu'au moment où l'on circoncira l'enfant. Punition pour n'avoir pas eu assez foi en la parole de l'ange, comme celui-ci le laisse entendre. Mais n'y a-t-il pas aussi, comme il en sera plus tard pour Paul qui devint aveugle sur le chemin de Damas, une sorte de retrait des sens s'effaçant pour que Zacharie puisse plus facilement intérioriser le message reçu d'en Haut ? Lorsqu'il retrouvera l'usage de la parole, ce qui jaillira de son cœur plein, sera le cantique appelé Benedictus, car il bénit Dieu pour son intervention dans la vie de son peuple, où commence à se réaliser le plan du salut pour tous les hommes.
Quant à Élisabeth, son chant d'action de grâce et sa joie, elle les avait exprimés lorsqu'elle était encore enceinte, lors de la visite de Marie, sa cousine. En attendant son enfant, comme la Vierge Marie, comme Zacharie, elle avait médité dans son cœur les merveilles accomplies par le Très-Haut. On nous dit, en effet, qu'elle était restée cachée durant cinq mois (Lc 1:24). N'est-ce pas ainsi que l'on peut interpréter ce retrait?
Que sont devenus ensuite Zacharie et Élisabeth ? Ils disparaissent totalement des textes sacrés. La légende a pris le relais, mais au-delà de ce qu'elle peut nous raconter, c'est encore le récit évangélique qui nous parle le mieux d'eux ; Luc nous dit qu'ils étaient justes devant Dieu, et qu'ils suivaient irréprochablement tous les commandements du Seigneur (Lc 1:6).
Lors de l'Annonciation, Marie avait appris qu’Elisabeth était enceinte. Voici, lui avait dit l'envoyé de Dieu, que ta parente Élisabeth vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle que l'on appelait la stérile (Lc 1:36). Aussitôt Marie se rend en hâte dans la ville où se trouvait la maison de Zacharie et de sa femme, parents du futur Jean-Baptiste.
L’annonciation à Marie est fêtée, comme on sait, le 25 mars, suivie de l’épisode de la visitation de Marie à Elisabeth (31 mai), de la naissance de Jean-Baptiste (24 juin), enfin de la naissance de Jésus à Noël.
C’est lors de la visitation de Marie, qu’Elisabeth prononce ces mots prophétiques que nous répétons dans notre prière : Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de ton sein, est béni (Lc 1:42). Le texte sqcré dit en grec et en latin, simplement : ton ventre. Le mot est peut-être un peu rude à nos oreilles, mais beaucoup moins que les "entrailles" que nous répétons pourtant à l'envi sans y prêter attention...
Par l’évangéliste Matthieu, on connaît l’épisode du massacre des petits enfants de moins de deux ans (Mt 2:16), Hérode cherchant par là à faire périr ce nouveau Roi qui vient le concurrencer. Normalement, Jean-Baptiste aurait dû périr dans ce massacre, mais nous lisons aussi qu’il demeura dans les solitudes jusqu’au jour où il se manifesta devant Israël (Lc 1:80). Ces quelques mots peuvent laisser supposer que les parents eurent le temps de mettre leur enfant en sécurité juste avant le passage des soldats.
Si l’Evangile ne nous apprend rien de plus sur Zacharie et Elisabeth, une tradition veut que Zacharie ait été abattu par ces soldats, parce qu’il ne voulait pas révéler où il avait caché son fils.
On n’a pas souvent donné le nom de Zacharie à des enfants, mais celui d’Elisabeth a été fréquemment repris, et transformé de mille façons : Elisa, Elise, Lisa, Lison, Isabel (en espagnol) et Isabelle, Isabeau, Isabey, Isabet, enfin Babet (ou Babette).
Les saints Zacharie et Elisabeth, autrefois mentionnés le 5 novembre, le sont actuellement au 23 septembre dans le Martyrologe, neuf mois avant la fête de la naissance de Jean-Baptiste.