Antoine ermite
250-356
Il ne faut surtout pas confondre le saint ermite Antoine avec saint Antoine de Padoue, qui vécut dix siècles plus tard (v. 13 juin). Il est vrai qu’ils sont tous deux très célèbres.
Notre Antoine naquit à Koma (Egypte), de parents aisés et catholiques, qui se chargèrent de l’instruire à la maison.
Antoine avait environ vingt ans lorsque moururent ses saints parents, qui lui laissaient un grand héritage, une cinquantaine d’hectares de terres - et une petite sœur à éduquer.
Ayant entendu à l’église l’avertissement du Seigneur : Si tu veux être parfait, vends ce que tu as… (Mt 19:21), et ensuite aussi : Ne vous mettez pas en peine du lendemain (Mt 6:34), il accomplit à la lettre ces conseils, vendit tout ce qu’il possédait, confia sa jeune sœur à de pieuses personnes, et se retira au désert.
Il priait, travaillait à confectionner des paniers d’osier qu’il vendait pour sa subsistance, donnant le surplus aux pauvres, et se nourrissait de l’Ecriture. Sa piété le fit surnommer Déicole, «qui honore Dieu».
Sa solitude et sa prière lui attirèrent des attaques véhémentes des démons ; ses miracles lui attirèrent en revanche des disciples, des admirateurs, des foules de malades qui demandaient son intervention. Il chercha à échapper à ces sollicitations. Ni les démons, ni les disciples ne l’oublièrent.
Il poussa sa retraite un peu plus loin pour s’isoler davantage ; un ami lui apportait un peu de nourriture. Antoine avait trente-cinq ans, quand il gagna carrément le désert, à l’est du Nil, s’entourant d’une clôture que personne ne devait franchir. C’est alors qu’à cause des très nombreux disciples qui voulaient suivre ses conseils, il fit construire deux monastères, à Pispir et près d’Arsinoé. C’est là que vécut le célèbre saint Hilarion (voir au 21 octobre).
C’est ainsi qu’Antoine devint le patriarche des cénobites. Il n’écrivit pas de règle proprement dite, mais on a recueilli ses enseignements. Par exemple :
S’il te vient quelque apparition, demande à celui qui se présente qui il est et d’où il vient ; si cette vision est du ciel, ton cœur sera tout de suite rempli de consolation et de joie ; si, au contraire, elle est l’œuvre de Satan, tes questions suffiront à mettre en fuite ton dangereux ennemi.
L’illustre évêque Athanase d’Alexandrie vint souvent rendre visite à ces monastères. Une grande amitié lia Athanase et Antoine. Ce dernier intervint plusieurs fois auprès de l’empereur pour mettre fin à l’exil d’Athanase, lequel, à son tour, écrivit la vie d’Antoine.
Lors de la persécution en 311, Antoine se déplaça personnellement en Alexandrie pour soutenir le courage des Chrétiens.
Puis il remonta vers le mont Colzim, proche du Nil du côté de la Mer Rouge (ce mont s’appelle depuis le Mont Saint-Antoine). Les moines de Pispir réussirent à le dénicher et lui firent porter de la nourriture, ce qui se réduisait d’ailleurs à peu de choses… Et Antoine cultiva un petit arpent pour se suffire à lui-même.
Antoine quitta une seule fois cette lointaine solitude pour rendre une visite à Pispir, ainsi qu’à sa sœur, qui était devenue supérieure d’une communauté religieuse. Il fut très ému de constater la fidélité de tous.
Son ultime conseil fut : Vivez comme si vous deviez mourir le jour même !
Parvenu à ses derniers moments, il fit remettre à Anastase le manteau qu’il lui avait donné ainsi qu’une de ses deux peaux de brebis ; il remit l’autre à l’évêque Sérapion et ne conserva que sa tunique de poil.
Antoine mourut le 17 janvier 356, âgé de cent-cinq ans, dont quatre-vingt-cinq passés dans la plus rigoureuse austérité. Conformément à son désir, sa tombe demeura inconnue. Toutefois, une révélation la fit retrouver deux siècles plus tard et des reliques parvinrent à Alexandrie, puis à Constantinople, puis en Gaule.
La première extension du culte envers saint Antoine fut la guérison par son intercession, du feu sacré ou feu de Saint-Antoine, et successivement de toutes sortes de maladies de la peau, d’où sa protection invoquée par une confrérie hospitalière, les Antonins. Par la suite, on l’invoqua pour tous ceux qui travaillaient le cuir, de là aussi pour les cochons qu’élevaient les Antonins et qui portaient une petite clochette (à moins que ce soit le souvenir de l’animal infernal sur lequel Antoine remporta la victoire). Ainsi s’est développée la dévotion à saint Antoine pour tous les animaux et contre toutes les maladies animales. On prit Antoine comme patron des fabriquants de paniers, car il en fabriquait ; comme patron des fossoyeurs, car il ensevelit pieusement un autre ermite notoire, Paul (encore que, pour la vérité historique, ce furent deux gentils lions qui creusèrent la tombe).
Voici deux épisodes où Antoine dut repousser visiblement les attaques des démons, qui se présentaient à lui sous forme des bêtes les plus hideuses :
Si vous aviez quelque pouvoir, un seul d’entre vous suffirait pour m’abattre ; mais comme le Seigneur vous a enlevé votre force, vous essayez de m’épouvanter par votre nombre. Si vous ne pouvez rien, il est inutile de mener si grand bruit. A quoi bon vous tourmenter en pure perte ? Le signe de la croix et la foi en Notre-Seigneur sont des remparts inexpugnables.
Si Dieu vous a donné pouvoir sur moi, me voici, dévorez-moi ; mais si vous êtes ici par l’ordre du démon, retirez-vous au plus vite, car je suis un serviteur de Jésus-Christ.
Saint Antoine ermite est commémoré et fêté le 17 janvier.