Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 00:00

 

3e dimanche de Carême - B

 

Le bref évangile de saint Marc est complété, en cette année B, par des extraits de l’évangile de saint Jean. Mais il se peut que certaines communautés choisissent d’utiliser les lectures de l’année A, auxquelles on pourra se reporter.

*       *       *

Qui n’a jamais entendu parler des Dix Commandements ? Il faut tout de suite préciser que le texte biblique ne se présente pas de la façon qu’on a adoptée pour reproduire le Décalogue dans nos catéchismes.

Le texte de l’Exode que nous lisons aujourd’hui en est une première version ; il en existe une autre, postérieure, dans le livre du Deutéronome (Dt 5:6-22) ; l’Eglise a pendant longtemps repris la division proposée  par saint Augustin en dix commandements, trois concernant l’amour de Dieu, sept concernant l’amour du prochain.

L’actuel Catéchisme (Abrégé, n. 436) parle du Décalogue comme d’un résumé de la Loi mosaïque, d’une formule catéchétique que nous ferons bien de réapprendre dans nos familles.

1. Quand Dieu interdit de faire une quelconque image de lui, c’est pour qu’Israël se démarque nettement des pratiques idolâtriques des autres peuples, où l’on se prosterne devant des idoles, des totems, des objets inanimés dont on espère protection et bienveillance. 

Certaines tendances ont interprété cela comme une interdiction totale de toute représentation artistique. Il y eut la tristement célèbre période de l’iconoclasme, qui engendra une véritable persécution pendant deux siècles, et qui fit beaucoup de martyrs.

L’enseignement de l’Eglise est clair : il n’est pas question d’adorer ce morceau de bois ou cette peinture, comme font les idolâtres en se prosternant devant un totem «sacré» ; de la même façon qu’on respecte la photographie d’une personne chère, cette photographie n’est pas «la» personne en question.

Tout ce que l’homme a essayé, bien ou mal (souvent très mal !) de représenter par la peinture ou la sculpture, n’est qu’une image pour orienter notre esprit. 

Aujourd’hui il semble qu’on ait beaucoup plus confiance dans les horoscopes, les superstitions de corbeaux ou de chiffre 13, le loto, que dans les images pieuses.

2. Quand Dieu interdit d’invoquer le nom du Seigneur pour le mal, il nous est rappelé de veiller à notre langage de chaque instant. Dans une célèbre apparition (La Salette, 1846 ; l’apparition est reconnue par l’Eglise), Marie évoque avec grande tristesse ceux qui mettent le nom de (son) Fils chaque fois qu’ils se fâchent

A notre époque, on pourrait croire que ce sont plutôt les mots grossiers qui prévalent ; mais comme il est vilain d’entendre un blasphème ! A l’un de nos rois français qui répétait trop souvent un vilain Jarnidieu («je renie Dieu»), son aumônier, l’abbé Cotton, lui proposa de dire plutôt Jarnicotton, fantaisie qui plut beaucoup au roi.

3. Le “jour sacré” du sabbat, le jour où Dieu se reposa (Gn 2:2) est aussi le jour où Jésus-Christ se reposa dans la tombe, dans l’attente de la Résurrection. Le Sabbat était un jour d’attente ; à partir de la Résurrection du Christ, les Chrétiens fêtèrent ce «huitième jour» comme le premier, pour fêter la nouvelle Lumière, après la création de la lumière au Premier jour. La fête de Pâques sera l’occasion de reparler de ce thème.

A la fin du 19e siècle, tout un courant mobilisait déjà, en France, les artisans et les tenanciers de bars pour ne pas travailler le dimanche. L’argument du “repos dominical” nécessaire à la famille et aux occupations personnelles, n’est qu’un argument laïque. Fondamentalement, ce jour est celui de Dieu. Dominica dies, d’où vient notre dimanche, est littéralement «le jour du Seigneur».

Il serait heureux de chercher une solution plus adéquate pour ce Jour saint, qui convienne aux Chrétiens, aux Juifs ou aux Musulmans. Il ne semble pas que les Chrétiens aient la possibilité de s’opposer au jour de la prière en pays juif ou musulman ; dès lors on ne voit pas pourquoi ces derniers ne pourraient pas prier le dimanche en pays chrétien. La prière reste la prière.

4. Il est tout naturel d’honorer ses père et mère, qui nous transmettent la vie que nous recevons de Dieu. Ils représentent la première autorité sur terre. C’est au nom de cette autorité sainte que Paul recommande aussi de respecter nos maîtres d’ici-bas en leur obéissant comme au Christ.

5. Quand Dieu réprouve le meurtre, l’adultère, le vol, le mensonge, Il demande à chacun de nous d’avoir une vie honnête à tous instants. 

a. Attenter à la vie d’un être est un crime grave. La vie appartient à Dieu, qui la donne et qui la reprend. L’homme n’a pas le droit d’interférer sur cette Loi divine. N’entrons pas dans la polémique : adorons l’Auteur de la vie et respectons-la.

b. A notre époque, il semble que l’adultère et la fornication aient obtenu droit de cité, en dépit de toute référence morale et familiale : l’homme s’est abaissé au niveau des bêtes et même plus bas, et l’on a tendance à trouver cela tout-à-fait normal, habituel et même légitime. Qu’au moins dans notre conscience il n’en soit pas ainsi.

c. Il tombe sous les sens que voler est une injustice grave. Le vol, comme tout détournement, est une forme pratique du mensonge.

d. Un des remèdes à notre société, un auteur russe l’a écrit il y a bien des années, serait de “Vivre sans mensonges” (Alexandre Issaeïevitch Soljenitsine). La sincérité va de pair avec la pureté d’esprit : nous devons condamner en nous toute duplicité et regarder les choses et les personnes avec un œil sans ambiguité.

*       *       *

Le psaume 18 est un hymne à Yahvé, créateur du ciel et tout spécialement du soleil et auteur de la Loi : la nature et la Loi manifestent les perfections divines. 

Le Soleil de Justice est le Verbe incarné, Jésus-Christ, l’envoyé du Père : la liturgie de Noël le répète en chantant ce même psaume 18. Dans l’ancien Orient païen, il y avait une fréquente assimilation du Soleil avec la Justice. C’est pour ce Soleil que Dieu dressa une tente (v. 5 du psaume, non cité aujourd’hui) ; ce pourrait être le sein virginal de Marie, ou l’Eglise entière, puisque l’une et l’autre engendrent la vie du Christ (cf. Concile Vatican II, Constitution Lumen Gentium, 8, 62-63) et c’est ce Soleil qui s’est ensuite exprimé pour toute la terre jusqu’aux limites du monde (v. 6), par l’intermédiaire des Apôtres.

La Loi ainsi transmise est d’origine divine : elle est parfaite !

La crainte qu’elle inspire est pure, parce que nous n’avons pas peur de Dieu : nous le «craignons» au sens où nous le respectons profondément et nous L’adorons humblement.

*       *       *

Puisque dans l’Evangile, nous allons lire que les Juifs demandent à Jésus un signe, nous lisons d’abord ce qu’en dit l’Apôtre Paul : Jésus connut la mort du dernier des brigands, mais c’est Lui le Signe, la vraie Sagesse. C’est pourquoi le signe de notre foi est la Croix. 

Les Martyrs de tous les siècles ont connu d’horribles tourments, mais devant Dieu ce sont eux les vainqueurs d’un monde inique.

N’ayons pas de respect humain à affirmer notre foi, notre attachement à ce Crucifié : c’est Lui qui nous donnera la force nécessaire, le moment voulu, et la sagesse, pour répondre à nos accusateurs (cf. Mt 10:19). 

*       *       *

 

Aujourd’hui, Jésus fait un peu de “nettoyage” dans le Temple de Jérusalem, où l’on accumule un peu tout et n’importe quoi, bêtes et commerçants, sous prétexte que les fidèles ont besoin d’acheter ce qui est nécessaire aux sacrifices du Temple. 

Certes, le commerce reste le même, dedans ou dehors, et au Temple comme dans tout lieu de pèlerinage, les fidèles ont besoin d’acheter ne serait-ce qu’une image en souvenir. Mais il y a un endroit approprié pour prier, un autre pour parler ; de la même façon qu’il est un peu déplacé d’utiliser une salle “polyvalente” pour, un soir, danser et s’amuser, et le lendemain s’y réunir pour prier, sous prétexte qu’il y fait plus chaud ou plus “convivial”. En fait de convivialité, il faudrait d’abord chercher à être convivial avec Dieu. Il y aurait peut-être ici à faire une petite méditation sur la crainte de Dieu et le respect qu’on doit au sanctuaire.

Donc, on a prétendu que Jésus s’est “mis en colère” en chassant du Temple de Jérusalem vendeurs et bêtes et en renversant les tables avec l’argent des changeurs. Jésus ne s’est certainement pas mis en colère, parce que la colère provoque des attitudes et des paroles déplacées et incontrôlées ; pour faire sortir des bêtes d’un endroit, il ne faut surtout pas les affoler, mais simplement les diriger vers la porte, comme font tous les paysans avec leur bâton et leur chien ; Jésus  se fit un fouet avec des cordes, donc avec les moyens du bord, et nul ne dit qu’il se soit déchaîné sur les pauvres bêtes innocentes qui se trouvaient là.

De même au sujet des changeurs et des marchands : Jésus ne les a certainement pas battus, ni privés de leur argent ; sinon, leur première réaction aurait été d’avertir l’autorité pour se faire restituer leur argent perdu et se venger de Jésus. Rien de tout cela, parce que les intéressés savaient très bien qu’ils n’étaient pas à leur place et qu’ils avaient mauvaise conscience de tout ce trafic.

Non, Jésus ne s’est pas “mis en colère” ce jour-là ; plutôt, il nous a montré avec quelle énergie nous pourrions expulser de notre temple personnel nos vilains défauts : l’orgueil avant tout, l’avarice, la gourmandise, la paresse…

Le Temple de Jésus, son Corps humain, va bientôt disparaître, pour reparaître plein de gloire au jour de la Résurrection.

*       *       *

 

Nous aussi, purifions notre temple intérieur. Dans ce combat parfois difficile, il est bon de recourir à la prière, à de petites privations, pour élever notre âme vers la Perfection divine. 

La Prière du jour est intense, qu’elle soit la nôtre chaque jour : nous avons conscience de nos fautes, patiemment, relève-nous, Seigneur, avec amour.

S’il est éblouissant de fixer le soleil, il est indispensable au contraire de fixer le Soleil de Justice, le Christ mort et ressuscité. C’est pourquoi l’Antienne d’ouverture reprend le verset du psaume 24 : J’ai toujours les yeux sur le Seigneur.

 
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de samuelephrem
  • : Près de 9600 notices de Bienheureux et Saints. Ont été successivement illustrés : - Les personnages bibliques de l'ancien et du nouveau Testaments. - Tous les Saints et Bienheureux reconnus, depuis les débuts de l'Eglise jusqu'aux derniers récemment proclamés. En outre, des commentaires pour tous les dimanches et grandes fêtes (certains devant être très améliorés). Sur demande, nous pourrons vous faire parvenir en plusieurs fichiers pdf l'intégralité du Bréviaire romain latin, "LITURGIA HORARUM", qui vous permettront d'éviter beaucoup de renvois fastidieux, notamment pour les périodes de Noël et Pâques. Les textes sont maintenant mis à jour selon le nouveau texte de la Nova Vulgata (ed. 2005). Nous avons aussi le Lectionnaire latin pour toutes les fêtes du Sanctoral, sans renvois, également mis à jour selon le texte de la Nova Vulgata. Bienvenue à nos Lecteurs, à nos abonnés, avec lesquels nous entamerons volontiers des échanges. Bonne visite !
  • Contact

Recherche

Liens