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21 mars 2021 7 21 /03 /mars /2021 00:00

Dimanche des Rameaux - B

 

Aujourdhui, l’Eglise nous fait revivre l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem. La couleur liturgique est rouge, car Jésus va verser son sang. Humblement assis sur un petit âne, Jésus montre sa vraie royauté : une royauté spirituelle, intérieure, qui désire commander à nos cœurs et n’a rien à voir avec la richesse orgueilleuse des rois de la terre.

La façon entendue dont Jésus parle de l’ânesse et de l’ânon, semble suggérer que Jésus en connaissait bien les propriétaires, et qu’Il les leur avait demandés d’avance pour telle occasion prochaine. On retrouvera tout-à-l’heure la même attitude lorsque Jésus enverra deux disciples préparer la Pâque. Quoi qu’il en soit, la facilité avec laquelle ces gens laissent faire les disciples de Jésus, montre bien qu’à côté de l’endurcissement de certains Juifs, d’autres en revanche étaient tout dévoués à la cause du Messie.

Ils furent même nombreux : Beaucoup de gens étendirent sur le chemin leurs manteaux ; quelle chaleur dans l’accueil, quelle humilité devant Jésus-Christ ! Aujourd’hui, on s’arrache le maillot d’un joueur, ou la chemise d’une vedette quelconque : là, on étendit les propres manteaux, comme des tapis, par terre, sur la route, dans la poussière, en l’honneur de Jésus. Comme Celui-ci a dû être touché de tant de marques d’humble respect pour Sa divine Personne ! comme Il dut être fortifié, quelques jours avant Sa douloureuse Passion !

On a dit parfois que la foule est très volubile, qu’on peut lui faire dire une chose aujourd’hui, et le contraire demain. On a tout de même du mal à penser que ce furent exactement les mêmes qui mirent leur manteau par-terre et qui crièrent A mort quatre jours après. Jérusalem était pleine de monde, au moment de la Pâque, et pour condamner Jésus on s’était bien gardé de convoquer devant le Sanhédrin Ses amis. Les Pharisiens savaient soudoyer leurs gens à l’occasion…

En même temps, ces deux épisodes montrent à leur façon l’authenticité de l’évangile. En effet, si l’évangile n’avait été qu’un écrit de propagande pour un personnage fictif appelé Jésus, son auteur n’aurait parlé que de l’entrée triomphale à Jérusalem et de l’Ascension miraculeuse, passant sous silence l’Agonie et la Passion.

On soulignera ici que la foule acclame Jésus avec un verset du psaume 117 : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur , que nous chantons dans le Sanctus : effectivement, à ce moment de la Messe, le Seigneur va venir s’incarner dans le pain et dans le vin eucharistiques ; il convient de l’accueillir avec les mêmes sentiments que la foule de Jérusalem.

Il se peut que notre liturgie dominicale choisisse l’autre récit de l’entrée à Jérusalem, selon l’évangéliste Jean. Celui-ci mentionne moins de détails que Marc et ne parle pas des manteaux étendus à terre. 

Il se peut fort bien que Jean n’ait pas vu ces manteaux, mais seulement les branches de palmier, qui sont à l’origine de notre coutume de porter des branches le jour des Rameaux. Ces branches ne sont pas des porte-bonheur, elles sont très simplement une façon de nous unir facilement aux foules de Jérusalem. Qu’on accroche ensuite ces rameaux quelques jours aux crucifix, n’a rien de déplacé, mais les y laisser toute l’année, secs et poussiéreux, pourrait sans doute être évité.

 

*       *       *

 

La première lecture de la Messe, extraite d’Isaïe, est le troisième “chant du Serviteur de Yahwé” (Is 50:4-7), où l’auteur décrit littéralement le Christ souffrant, flagellé, insulté, blessé. Tout commentaire est superflu. Ecoutons avec recueillement.

 

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Le psaume 21 nous présente aussi cet anéantissement complet de Jésus, dans le premier verset (celui que Jésus cita à voix haute sur la Croix) : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu avandonné ?

Est-ce à dire que Dieu le Père ait abandonné, oublié Jésus ? Est-ce à dire que Jésus ait été séparé de la communion avec son Père, avec qui il est Un dans la communion de l’Esprit Saint ? La Sainte Trinité aurait-elle été disloquée à cet instant suprême ? Cela est impossible en soi. 

Mais dans son humanité, Jésus devait connaître cet instant suprême, où tout s’éteint pour un homme dont la vie s’arrête : famille, amis, maison, biens, rang, récompenses et distinctions, absolument rien ne reste de tout cela. 

Il faut bien nous imprégner de ce sentiment : l’être qui arrive à la mort est totalement seul, nu comme un ver qui n’a rien pour se défendre. Jésus devait éprouver cette solitude totale humaine, sinon il n’aurait pas épousé vraiment notre condition. 

Mais en même temps, Jésus-Fils de Dieu reste Un avec le Père et l’Esprit, et c’est le même Jésus qui chante avec nous ce psaume 21, dont les derniers versets sont un chant de victoire et de joie devant la Résurrection :

 

Auprès de toi ma louange dans la grande assemblée (…) ;

Toutes les limites de la terre se souviendront et se convertiront au Seigneur,

toutes les familles des nations se prosterneront devant lui.

Car au Seigneur appartient le royaume, et c’est lui qui dominera les nations.

C’est lui seul qu’adoreront tous ceux qui dorment dans la terre ;

devant sa face se prosterneront tous ceux qui descendent dans la poussière.

Or mon âme vivra pour lui, et ma lignée le servira. 

On parlera du Seigneur à la prochaine génération, 

et l’on annoncera sa justice au peuple qui naîtra : Voici ce qu’a fait le Seigneur !

 

Uni à notre humanité, Jésus-Christ partage avec nous cette mort pour nous entraîner dans la nouvelle vie de la résurrection.

Nous ne remercierons jamais assez Dieu pour le don que fit Jésus de Sa vie pour nous. Mieux : Nous avons Sa présence dans le pain et le vin eucharistiques. Eu-charistie : action de grâce. Jésus, après sa mort, sa résurrection et son ascension, restera toujours avec nous, au milieu de nous, nourrissant notre vie intérieure. Nous allons le relire dans un instant.

*       *       *

 

De la deuxième lecture, extraite de la Lettre aux Philippiens (2:6-11), on retiendra surtout le verset 7, traduit actuellement ainsi : Il se dépouilla lui-même ; la version grecque originale utilise plus précisément un verbe qui peut littéralement être rendu par “il se vida de lui-même” (un peu comme on le dirait d’un bateau que l’on “vide” de sa cargaison).

En d’autres termes : il renonça lui-même à Sa condition divine et à la gloire qui lui est due, pour paraître en tout semblable aux hommes, avec leurs faiblesses physiques. Paul insiste : Non seulement il se comporta comme un homme, mais il s’humilia encore plus, se faisant obéissant, jusqu’à la mort, et même la mort en croix

Jésus s’est bien fait homme, esclave même (obéissant) ; plus encore : bandit, scélérat, pour mourir en croix comme le dernier des derniers, d’une mort la plus honteuse qui fût, la crucifixion étant effectivement réservée aux grands bandits.

 

*       *       *

D’abord, aussi humble que ceux qui mirent leur manteau par-terre, voici maintenant cette femme qui vient répandre sur la chevelure de Jésus un parfum très coûteux. Cet albâtre était alors une matière fort rare, dont on fabriquait un parfum qu’on conservait précieusement dans de petits flacons. Il fallait une fortune pour se procurer ces petits objets avec leur contenu, et cette humble femme y a mis, dit Jésus, tout ce qu’elle pouvait faire. Elle était peut-être peu lettrée, ignorante même, mais elle avait du cœur : sans parler, sans chercher à se faire voir, elle accomplit son geste, avant de s’éloigner discrètement ; c’est cette discrétion humble que Jésus récompense en promettant qu’on racontera partout ce qu’elle venait de faire.

L’évangile semble nous enseigner l’attitude à avoir au seuil de toute Eucharistie : demander pardon. L’humble pénitente s’abaisse, tandis que Judas se rebiffe. Pierre fait un peu le vantard, il n’aura pas le courage de reconnaître le Maître, et pleurera comme un gamin sa faiblesse momentanée. 

A propos de la trahison de Judas et du reniement de Pierre, on pourra utilement se rappeler cette récente anecdote d’un jeune néophyte viêt-namien, baptisé par Jean-Paul II une nuit de Pâques. Ce nouveau chrétien voulut prendre le nom de “Pierre” ; aux journalistes qui l’interrogeaient, il expliqua qu’il voulait porter le même nom que Pierre, parce qu’il avait pleuré son péché. “Et si, lui demandèrent-ils, tu avais été Judas, qu’aurais-tu fait ? - Je me serais, répondit-il, pendu au cou de Jésus.”

Petit détail historique du récit de la Passion, il est assez évident que le reniement de Pierre eut lieu dans la nuit, juste avant le chant du coq ; on lit ensuite que dès le matin le grand conseil fut convoqué, donc dans la première matinée : que fit Jésus pendant ce temps-là ? ou plutôt que fit-on de lui ? Une vieille tradition rapporte qu’Il fut alors descendu dans une citerne vide, humide et froide, comme ce fut le cas du prophète Jérémie, six siècles avant Jésus-Christ (Je 37 ; LXX : 44). 

Reprenons, pour finir, le verset du psaume 21 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?, en hébreux : Eloï, Eloï, lama sabactani ? que quelques-uns ne comprirent pas, puisqu’ils disent : Le voici qui appelle Elie. C’est que, parmi les présents, s’en trouvaient qui ne parlaient pas cette langue, des étrangers venus là pour la fête de la Pâque, ou bien des soldats qui n’étaient pas de cette région.

Jésus, en croix, suffoquait ; Il n’avait pas la force de parler, encore moins de proclamer jusqu’au bout tout ce long psaume : Il l’a médité tout au long, et ceux qui l’ont entendu commencer - Marie, Jean, les saintes femmes - ont probablement continué de le réciter à voix basse. Nous pouvons les imiter…

 

*       *       *

L’appel de Jésus retentit plus fort en nos cœurs en cette période de la Passion. En général, on nous propose, le Vendredi Saint - parfois aussi chaque vendredi de Carême - un pieux exercice, d’origine très ancienne, le Chemin de Croix. C’est là une belle méditation, qui peut revêtir des formes et des modes très divers, plus ou moins brefs selon l’horaire de chacun, et qui fait beaucoup de bien à l’âme. 

Notre méditation sur la Passion peut aussi prendre d’autres aspects, car l’Eglise ne veut pas nous contraindre. L’important est le recueillement, l’union au Sacrifice du Christ. Le carême n’est là que pour nous le rappeler plus intensément, mais toute l’année - toute la vie ! - les fidèles que nous voulons être gagneront beaucoup à méditer souvent sur la Passion de Jésus : l’agonie, la sueur de sang, les insultes, les crachats, les liens, les coups, les épines, les fouets des Romains - rappelons que ces instruments de torture étaient faits avec des lanières de cuir tranchant, garnies de billes de plomb -, puis les chutes à terre, la croix si pesante, les clous, la lance.

Prions aussi avec notre chapelet, avec les cinq Mystères douloureux : Agonie, Flagellation, Couronnement d’épines, Portement de la Croix, Crucifixion. Une prière si simple, si facile, tellement recommandée depuis des siècles par l’Eglise : en invoquant Marie, nous lui demandons de nous aider à entrer plus intimement dans les Mystères de son fils Jésus.

Source de méditations intenses, et tout-à-fait d’actualité, nous nous souviendrons aussi du si fameux Suaire de Turin, dont on n’a pas toujours bien parlé dans les innombrables écrits qui ont été publiés. A l’écart de toute polémique, mentionnons ici la déclaration faite par le Responsable lui-même du laboratoire où se firent des analyses au Carbone 14 : des erreurs auraient été faites lors de ces analyses, beaucoup d’éléments n’auraient pas été pris en considération… Il reste que la contemplation de cette Sainte Face ne laisse personne indifférent.

Beaucoup de Saints ont rappelé la profonde efficacité que peuvent avoir pour notre vie la lecture et la méditation des douloureux moments de la Passion de Notre-Seigneur. Faisons nôtres ces suggestions, relisons souvent ces lignes, nous en retirerons beaucoup d’enseignements, nous apprendrons mieux à accepter toutes les “petites choses” de la vie quotidienne.

Concluant cette méditation, revenons à la Prière du jour, qui nous fait méditer sur l’Humanité, la mort et la résurrection du Christ :

Tu as voulu que notre Sauveur, dans un corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix ; accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion et d’avoir part à sa résurrection.

Doux Agneau de Dieu, chargé de nos péchés, muet devant tes accusateurs, aide-nous à prendre notre croix tous les jours. Amen.

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