Bénezet
1165-1184
Qui sait si le Pont d’Avignon n’est pas dû à une intervention divine ?
On «raconte» - mais le mot légende signifie bien ce qu’il faut dire - que Bénezet (diminutif de Benoît), était un jeune pâtre du Vivarais (ou de la Savoie), né de pieux parents.
Son père étant mort assez tôt, sa mère lui avait confié la garde de quelques brebis.
Un jour d’éclipse de soleil, Bénezet entendit le Seigneur : Prends ta houlette et descends jusqu’en Avignon, la capitale du bord de l’eau : tu parleras aux habitants et tu leur diras qu’il faut construire un pont.
Bénezet se disposa à obéir. Un ange lui vint en aide avec un bâton et une besace, lui disant : Suis-moi sans crainte, je te conduirai jusqu’au lieu où tu dois construire un pont et te montrerai comment tu devras t’y prendre.
Parvenus au bord du Rhône, l’ange désigna une barque qui s’y trouvait et encouragea Bénezet : Ne crains rien ; le Saint-Esprit est en toi ; vois cette barque, elle servira à ton passage. Va à la ville d’Avignon ; montre-toi à l’évêque et à son peuple. L’ange disparut.
Il faut dire ici que la traversée du Rhône à cet endroit était particulièrement dangereuse et que, justement là, un pont se serait avéré fort utile.
Il est bon de remarquer que, dans cette «révélation», le premier mot est pour dissiper toute peur humaine. L’Evangile en donne plusieurs exemples, de la part du Christ.
Bénezet, donc, se présenta à l’évêque, puis au prévôt d’Avignon. Bien sûr, leur réaction fut le doute, mais quand Bénezet - il avait une quinzaine d’années - souleva devant tout le monde une énorme pierre que trente hommes n’auraient pu remuer, on changea d’avis.
La sainteté de Bénezet entraîna les Avignonais ; le pont apparut.
Bénezet cependant mourut avant son achèvement, en 1184, quand il n’avait que dix-neuf ans. Selon son désir, il fut enterré d’abord au centre du pont, dans une petite chapelle dédiée à saint Nicolas.
Le pont fut achevé en 1188.
De nombreux miracles se produisirent sur le tombeau de Bénezet. En 1669, le corps fut retrouvé sans corruption et confié aux Religieux célestins en 1674, puis, à la Révolution, transporté à l’église Saint-Didier. Des soldats prisonniers dans cette église se partagèrent les reliques et les emportèrent dans leurs familles ; on put les recueillir et les reporter à Saint-Didier.
Saint Bénezet est un des protecteurs d’Avignon, fêté le 14 avril. Si l’on n’en a pas retrouvé la bulle de canonisation, il est vénéré depuis très longtemps comme Bienheureux (1202) et comme Saint : Vox populi, vox Dei.