Jean Soreth
1394-1471
Jean Soreth naquit à Caen en 1394. On ne nous dira rien de plus sur cette famille normande.
Il entrera, toujours à Caen, dans l’Ordre du Carmel et sera ordonné prêtre vers 1417.
A Paris il prit ses grades en théologie et fut docteur en 1438.
Responsable des études de l’Ordre, il fut nommé provincial de France en 1440, puis prieur général en 1451. Il sera réélu trois fois.
Son activité principale sera d’encourager la stricte observance de la règle. Une demande avait été présentée au pape en 1432 pour obtenir un allègement de cette règle qui semblait à certains trop rigide. On voulait moins de silence, moins d’oraison, moins d’austérités ; il y eut même un schisme en Allemagne.
La méthode de Jean Soreth n’était pas autoritaire : là où il passait, il appuyait sa réforme sur les moines attachés à la règle primitive, en tâchant d’y amener les autres, sans les obliger. Il obtint généralement le respect fondamental de la règle et des constitutions. Si certains quittèrent l’Ordre, Jean put remettre en honneur la vie conventuelle et l’office divin, le silence, le travail, l’esprit de pauvreté et le renoncement à toute propriété.
Il s’intéressa à l’admission dans l’Ordre des Béguines qui lui en faisaient la demande ; c’est dans ce sens que fut fondé à Vannes un couvent de Carmélites, par la bienheureuse Françoise d’Amboise (v. 4 novembre), qui émit les vœux dans les mains de Jean Soreth. Il reçut ainsi dans l’Ordre plusieurs groupes de «religieuses» de Ten Elsen de Gueldre, de Nieukirk, mais aussi de Florence. Il fonda plusieurs Carmels : Dinant, Liège, Harlem, Huy, Namur, Vilvorde.
Durant ses nombreux voyages, jusqu’en Angleterre et en Sicile, Jean se souciait si peu de se protéger du soleil que son teint très basané l’avait fait surnommer le Nègre, ou même le Diable, ce qui pourrait faire supposer qu’il n’était pas toujours bien accueilli…
Durant sa présence à Liège, les troupes de Charles le Téméraire incendièrent la ville ; le Saint Sacrement fut jeté à terre. Bravant le danger, Jean se précipita pour ramasser les Hosties et les reporter dans l’église du couvent.
La réforme de Jean Soreth, qui resta éphémère, annonçait celle de Thérèse d’Ávila au siècle suivant.
Le pape en aurait fait un évêque et un cardinal, mais Jean refusa humblement.
Jean Soreth présida en 1469 le chapitre général à Aurillac. De là il gagna Nantes pour y amener la réforme. Curieusement, lors de ce séjour, le prieur du couvent décéda subitement pendant un déjeuner, après lequel Jean tomba lui-même brusquement malade. On a avancé que c’était là l’effet d’un empoisonnement, dû à quelque moine récalcitrant. Mais les preuves manquent, évidemment.
Jean rentra à Angers. Il agonisa en pardonnant à son «empoisonneur» et expira en invoquant les noms de Jésus et Marie, le 25 juillet 1471.
Le culte qu’on lui rendait fut approuvé en 1865.