Anno de Cologne
1010-1075
Il naquit vers l’an 1010, de Walter et Engela, originaires de Souabe.
Destiné à la carrière des armes, Anno se tourna plutôt vers le monde ecclésiastique. Il fut à l’école de Bamberg, où il enseigna à son tour à partir de 1046 ; il fut appelé à la cour de l’empereur Heinrich III.
Le caractère d’Anno était franc et ferme ; on lui remit un canonicat et il devint prévôt du chapitre de Goslar (1056).
Cette même anéne 1056, il fut élu archevêque de Cologne.
En 1062, à la tête de la noblesse allemande, il retira à la vieille impératrice la tutelle sur le jeune Heinrich IV, et l’assuma pendant trois ans avec l’autre archevêque, Adalbert de Hambourg. Il semble qu’Anno ait usé là d’un réel autoritarisme, car le petit Heinrich chercha à sauter du bateau qui l’emmenait, et fut repêché par quelqu’un de la suite d’Anno. Peut-être la manière n’était-elle pas vraiment «ecclésiastique», mais très probablement, Anno sentait qu’il fallait absolument agir dans ce sens, pour le bien du futur monarque et de l’Allemagne.
Sous son autorité, deux assemblées se réunirent à Augsbourg puis Mantoue, pour trancher entre le pape élu, Alexandre II, et l’antipape Cadalus élu par la cour allemande ; gentiment, Alexandre II accepta ce défi, sut démontrer les calomnies qui l’accablaient, et triompha de la situation. Anno avait, pour un temps au moins, réconcilié Rome et l’Empire.
En 1065, à la majorité de Heinrich IV, Adalbert resta seul aux affaires générales, écartant Anno des soucis politiques.
Les années suivantes virent Anno au milieu de difficultés de tous ordres. Il prétendit nommer au siège archiépiscopal de Trèves son neveu, qui fut abattu par la population (1066). Les monastères qu’il voulait réformer à Cologne, se révoltèrent. Comble : Heinrich IV voulait divorcer. Il semble ici que même Rome ait été prévenue contre Anno : le pape ne lui consentit une audience qu’après lui avoir imposé une «pénitence», car Anno avait osé rencontrer Cadalus et Heinrich, qui étaient excommuniés.
Anno délaissa les affaires politiques et s’occupa de réformer l’Eglise dans son diocèse, ce qui ne se fit pas tout seul ; en 1074, il y eut un véritable soulèvement dans Cologne, et Anno dut se réfugier avec ses partisans dans la cathédrale, un clerc fut d’ailleurs assassiné ; Anno réussit à sortir de la ville par un passage souterrain, avec des gens en armes et vint attaquer Cologne quelques jours après : les habitants prirent peur et ouvrirent les portes. Anno promit le pardon s’ils faisaient pénitence, mais il fit rechercher et condamner les chefs du complot ; des centaines de marchands quittèrent la ville ; ceux qui restaient et refusaient de faire pénitence, furent excommuniés. Les raisons alléguées de ce soulèvement furent peut-être les lourdes taxes, ou la politique d’Anno vis-à-vis de la maison impériale…
Anno recevait chaque année à Noël une humble femme qui venait d’accoucher, la nourrissant et lui lavant les mains et les pieds, ainsi qu’à son bébé ; ce geste charitable se répétait pendant quarante jours, jusqu’au 2 février, fête de la Purification de Marie et de la Présentation de Jésus au Temple.
Il fonda aussi d’autres monastères à et près de Cologne.
Des contemporains ne ménagèrent pas leurs critiques envers l’archevêque : on lui aurait trouvé un esprit hautain, âme de toutes les conjurations, sans respect pour les promesses, avide ; on ajouta qu’il tenait plus à ses idées qu’à la justice ; on lui trouva en outre un esprit violent et qui n’hésita pas à s’adjuger témérairement un droit de domination. Il aurait manifesté une volonté de dominer l’Allemagne en pratiquant largement le népotisme.
Devant ces critiques tenaces, il ne faut pas négliger que les réformes sont rarement acceptées de bon cœur par les hommes, surtout par le clergé. Mais il faut admettre qu’Anno démontra son amour de l’Eglise romaine et universelle, et ne ménagea pas son zèle justement pour améliorer son clergé.
A Pâques 1075, Anno leva l’excommunication de ses «ennemis» et pardonna aux pécheurs.
Il mourut le 4 décembre 1075 et ses funérailles furent très grandioses.
La canonisation d’Anno est l’un des cas les plus anciens de cette procédure réformée et désormais réservée à l’administration romaine. Elle ne fut pas immédiate, et connut quelques vicissitudes, et même quelques manifestations hostiles de la part de fidèles ; le pape l’aurait prononcée oralement en 1182, mais elle fut officiellement annoncée par l’archevêque de Cologne, en 1186.