Charles le Bon
1083-1127
Ce Charles (peut-être Karl dans son pays scandinave) était fils du roi danois Knut IV le Saint (v. 10 juillet) et d’Ethela (Adélaïde), benjamin de leurs quatre fils. Il naquit vers 1083 à Odense (Danemark)
Il fut orphelin de père à quatre ans, et sa mère le confia au comte de Flandre, son cousin, qui résidait à Bruges. Il y fut armé chevalier et prit part aux opérations des croisés en Terre sainte (1096).
De ce cousin, Baudouin à la Hache, qui n’avait pas d’enfant, il hérita du comté de Flandre ; et par son épouse, Marguerite, il reçut le comté d’Amiens. Son mariage eut lieu en 1118.
Avant de mourir, Baudouin avait associé Charles au gouvernement, de sorte que, à l’avènement officiel de Charles (1119), tous le connaissaient déjà pour sa bonté et sa justice.
Or, Baudouin avait préféré Charles au cousin de ce dernier, Guillaume d’Ypres, écarté du pouvoir comme fils illégitime. Mais la mère de Baudouin, Clémence, était jalouse de Charles, et soutenait Guillaume. Aussi conduisit-elle une ligue de princes contre Charles, qui la réprima avec succès, avec l’aide de Dieu. Ainsi commença, par la guerre, le gouvernement de ce roi si pacifique.
Dès le début, Charles donna ordre à tous ses sujets de déposer les armes ; ceux qui auraient désobéi auraient été frappés par ces armes qu’ils portaient. La paix revint, et la prospérité.
Lors d’une grave famine (1226-1227), il obligea les commerçants à vendre à faible prix, pour permettre aux gens d’acheter avec moins de difficultés. Il obligea les paysans à semer une partie de leurs champs avec des pois et des fèves, qui pouvaient se récolter avant le grain. Il visita les greniers des riches propriétaires et fit vendre à prix modéré leurs réserves (mais en leur reversant le bénéfice des ventes).
Lui-même, pieds nus, reçut chaque jour cent pauvres dans son château de Bruges et faisait retirer de sa table de quoi nourrir une centaine d’autres, sans oublier de fournir quotidiennement à un pauvre un ensemble de vêtements neufs : chemise, tunique, fourrures, cape, bottes, bottines et souliers. Il interdit la fabrication de bière, pour ne pas gaspiller le grain et en donner aux plus pauvres ; il ordonna la fabrication de pain d’avoine, pour permettre aux pauvres d’acheter quelque chose à manger. Chaque matin, il se rendait à l’église pour prier et chanter des psaumes, puis il entendait la Messe et distribuait encore des aumônes.
A la mort de l’empereur romain germanique, on proposa la couronne à Charles ; certains mauvais sujets, même, le poussaient à accepter, pour mieux se débarrasser de ce prince trop chrétien. D’autres lui proposèrent de prendre la place du roi de Jérusalem, mauvais administrateur, qui venait d’être fait prisonnier des Sarrasins. Mais Charles refusa l’une et l’autre propositions.
Des traîtres organisèrent l’assassinat de leur prince et le frappèrent mortellement le 2 mars 1127, alors que Charles venait d’entendre la sainte Messe et était encore en prière dans l’église Saint-Donatien de Bruges. Ils s’en prirent aussi impitoyablement à tous ceux qui se trouvaient auprès de Charles. Ce fut un horrible massacre dans le lieu saint et ses abords immédiats.
Mystérieusement, cette mort fut connue jusqu’en Angleterre à peine deux jours après.
Charles le Bon, martyr, est mentionné régulièrement au 2 mars dans le Martyrologe.
Son culte a été approuvé en 1882.