Girolamo De Angelis
1567-1623
Girolamo (Jérôme) était né vers 1567 à Castrogiovanni, auj. Enna (Sicile), dans une famille bourgeoise et chrétienne.
A dix-sept ans, avec son frère Pietro, il alla étudier le droit à Palerme.
En 1586, il entra au noviciat des Jésuites de Messine, toujours avec son frère. Ils firent les études nécessaires à Bivona et Palermo.
En 1596, ils rejoignirent Lisbonne dans le but de partir aux missions du Japon. En attendant d’embarquer, ils étudièrent le portugais.
Ils embarquèrent ainsi avec le père Spinola (v. 10 septembre) dans son premier voyage. Là encore, il semble que Pietro était avec Girolamo, mais on n’entend plus parler de lui par la suite. Partis en avril 1596, ils durent rejoindre le Brésil, où le bateau fut immobilisé pendant un an et demi, suite à une avarie. Ils s’arrêtèrent de nouveau à Porto Rico, puis repartirent vers Lisbonne ; en route, un corsaire anglais les prit et les relâcha à Londres, d’où ils purent rejoindre Lisbonne.
C’est à Lisbonne que Girolamo fut ordonné prêtre.
En mars 1599, tous deux repartirent et arrivèrent à Nagasaki en 1602, après six années de navigation et s’être encore arrêtés un an à Macao.
D’abord supérieur de la maison de Foushimi pendant huit ans, Girolamo fonda ensuite une nouvelle mission à Sumpu et s’occupait d’en fonder une autre à Yédo quand la persécution commença, le jour où il achetait un terrain. Il rentra à Sourounga.
En 1614, quand les missionnaires reçurent l’ordre de quitter le pays, il se cacha à Nagasaki. L’année suivante, toujours accompagné de son fidèle Simon Enpō, il se rendit dans le Tsugaru pour porter des aumônes aux chrétiens exilés, puis il évangélisa les provinces du Nord, étant ainsi le premier à porter la Bonne Nouvelle dans les provinces de Findadono, Conghecasu, Monganu, Nambri et Sungam. Il aborda aussi sur une île qu’on croyait jusque là rattachée au continent, l’île de Hokkaidō. Il fut ainsi le premier européen à poser le pied dans cette région ; il put ainsi rédiger un mémoire géographique et ethnologique sur cette île méconnue, et qui fut publiée plus tard, en 1624.
En 1620, l’autorité locale changea du tout au tout son attitude envers les missionnaires, leur ordonnant de quitter le pays. Girolamo vint se réfugier à Edo (act. Tokio), mais la persécution s’accentua.
Girolamo eut alors l’espérance, en se livrant spontanément, de faire cesser les perquisitions ; il quitta ses vêtements japonais, fit refaire sa tonsure. Il se présenta au gouverneur. Sa déclaration vaut la peine d’être lue dans son intégralité :
Je suis prêtre et religieux de la Compagnie de Jésus. Je suis né en Sicile, contrée d’Italie, et connaissant par tous les récits le naturel heureux de la nation japonaise et son désir de salut, j’ai tout quitté pour venir au milieu d’elle et lui enseigner la Vérité. J’ai embrassé les usages des habitants et me suis fait l’un d’eux. Toutes les peines, toutes les souffrances d’un ministère de vingt ans, je les considère comme bien employées, ayant été consacrées au salut de ce peuple.
On admira cette liberté d’esprit et cet amour d’un peuple étranger, mais le gouverneur l’expédia en prison, avec son fidèle Simon Enpō.
Quand le shogoun apprit qu’il y avait encore des prêtres dans sa ville, il entra dans une fureur extrême. Il condamna tous les hommes à la peine du feu et ordonna de maintenir en prison les femmes et les enfants jusqu’à la fin des enquêtes.
En prison, les missionnaires entreprirent d’évangéliser aussi les prisonniers de droit commun. Girolamo amena à la foi les huit païens qu’il trouva dans son cachot.
La sentence fut exécutée le 4 décembre 1623. Dans la prison, tous les chrétiens eurent les mains liées derrière le dos et on leur passa une corde au cou. Puis le cortège s’organisa : d’abord le père Girolamo, puis Simon Enpō et quinze chrétiens, puis le père Gálvez et seize chrétiens, enfin un dernier prisonnier, Joannes Faramondo, qui marchait à pied parce qu’on lui avait déjà amputé les doigts des mains et des pieds et ne pouvait se tenir sur un cheval. Venaient ensuite les autres condamnés.
Francisco et Girolamo continuaient de prêcher durant le trajet. Ils furent conduits sur une hauteur entre Yédo et Méaco. On plaça les deux prêtres et Simon un peu à l’écart, mais de façon à bien leur faire voir le supplice des quarante-sept autres prisonniers, attachés à des poteaux et asphyxiés lentement par la fumée des flammes.
Vint le tour des deux prêtres et de Simon ; par raffinement de cruauté, on éloigna un peu les fagots embrasés, pour faire durer l’asphyxie. Francisco mourut le dernier, encore debout contre son poteau.
Les trois Martyrs furent béatifiés en 1867. Le Martyrologe les commémore tous les trois le 4 décembre, mais pas les autres qui n’ont pas été béatifiés, n’ayant pas été condamnés d’abord pour la foi chrétienne, mais pour des crimes «ordinaires» ; ils moururent certainement réconciliés avec Dieu, puisqu’ils reçurent la Bonne Nouvelle en prison.
Après ces martyres, le Japon resta sans prêtres pendant deux siècles et demi, jusqu’en 1865, lorsque les missionnaires eurent de nouveau l’autorisation de pénétrer dans l’île, où ils retrouvèrent des communautés qui avaient conservé les traditions chrétiennes.