Abundio Martín Rodríguez
1908-1936
Né le 14 avril 1908 à Villaescusa de Ecla (Burgos), il entra chez les Missionnaires du Sacré-Cœur.
Il étudia au séminaire de Canet de Mar, à Château-Gombert (Bouches-du-Rhône), Barcelone et Logroño.
Il fit la profession en 1925 et fut ordonné prêtre en 1931.
Il aurait toujours désiré partir en pays de missions, mais il appartenait à la communauté du séminaire de Canet de Mar (Barcelone).
C’était un bon organiste. Il s’occupait du chant des petits séminaristes.
La communauté de Canet de Mar était formée de huit prêtres, quatre convers et six novices ; dix jeunes postulants étaient arrivés depuis quelques jours. Ces Religieux s’occupaient d’un collège qui comptait une soixantaine d’élèves. Le Supérieur, Vicente Casas, avait quatre-vingt-cinq ans.
Dès les élections de février 1936, le climat était déjà lourd, mais au mois de juillet, ce fut la véritable guerre civile. Le 20 juillet, les parents vinrent chercher leurs enfants. Le 21, l’église centrale de la ville partait en fumée. Tous les Religieux durent se changer et mettre des habits civils, les pauvres enfants en pleuraient. Des miliciens ne tardèrent pas à arriver pour déloger toute la communauté. Les Religieux durent aller au Comité pour être enregistrés, tandis que leur maison était entièrement saccagée. On leur déclara que les enfants étaient désormais sous la responsabilité du Comité. C’est à cause de la présence des enfants que l’on ne fusilla pas tout de suite les Religieux.
Le 3 août, un parent d’un membre du Comité, vint les avertir qu’il était de leur intérêt de fuir au plus vite. C’est à ce moment que la communauté se scinda en deux, et que se constitua le groupe des sept Religieux, quatre prêtres et trois frères convers, dont Abundio était le plus âgé.
De cachette en cachette, ils marchèrent beaucoup, évitant les routes, plusieurs fois reçus fraternellement et plusieurs jours par des habitants, et arrivèrent enfin devant Begudá, d’où ils pouvaient rejoindre et passer la frontière en une journée. C’était le 28 septembre.
Dans la matinée, ils frappèrent à une maison où ils furent d’abord bien reçus. Ils demandèrent à prendre quelque chose de chaud et à pouvoir faire sécher leurs habits, car il pleuvait beaucoup et repartirent vers midi.
Il semble qu’ils aient demandé leur chemin justement à quelqu’un qui appartenait au Comité. Et c’est au début de l’après-midi qu’ils furent arrêtés. On les fit marcher jusqu’à S.Juan de les Fonts, où ils arrivèrent vers vingt-deux heures.
Au matin du 29 septembre, le Comité de l’endroit informa celui de Canet de Mar sur leur «prise». On ordonna à des gens de l’endroit de leur préparer le petit-déjeuner, puis le déjeuner ; des membres du Comité qui les surveillaient, se moquaient d’eux : Mangez ! Ça ne vous servira à rien !
Vers seize heures, on fit sortir les Religieux, liés deux à deux, le dernier ayant les mains liées derrière le dos ; on réquisitionna un autobus, dont le chauffeur refusait de le conduire ; contraint de partir, il revint le soir et ne pouvait plus dormir après ce qu’il avait vu dans l’après-midi.
On partit jusqu’à un pont, le Pont de Ser, où l’on ordonna aux Religieux de se mettre de dos, mais l’un d’eux prit fortement la parole : Les peureux reçoivent les balles dans le dos ; mais nous ne sommes ni peureux ni criminels. Vous nous tuez parce que nous sommes Religieux. Vive… les balles tombèrent et l’on n’entendit pas la fin : …le Christ Roi !
A ces sept Martyrs, il faudrait honnêtement en ajouter un huitième, qui disparut totalement à un moment de leur fuite de Canet de Mar. Personne ne sut à quel moment, ni pourquoi ni comment.
C’était le frère Román Heras de Arriba, né le 24 août 1914 à Velilla de Tarilonte, profès en 1931. Peut-être sera-t-il aussi nommé au Martyrologe, quoiqu’on n’ait jamais retrouvé son corps.
Martyrisé le 29 septembre 1936 à Pont de Ser (Serinyà, Girona) et béatifié en 2017, Abundio Martín Rodríguez sera mentionné dans le Martyrologe Romain avec ses Compagnons au 29 septembre.