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7 mars 2021 7 07 /03 /mars /2021 00:00

Quatrième dimanche de Carême  - B

Les épisodes racontés dans la première lecture d’aujourd’hui (dans le second livre des Chroniques) se situent aux 7e et 6e siècles avant Jésus-Christ.
Après une réforme religieuse importante, conduite par Josias, plusieurs rois se succédèrent, pas meilleurs les uns que les autres, et qui furent tous soit enlevés soit déportés, qui en Egypte, qui à Babylone ; dans le même temps, Dieu suscita plusieurs prophètes pour ramener le peuple d’Israël dans le bon chemin : Jérémie, Ezéchiel et Habaquq firent connaître au peuple son péché, au nom de Dieu, mais on les méprisa.
Finalement - le texte le dit - Jérusalem et son Temple furent totalement détruits par les Babyloniens ; Nabuchodonosor emmena chez lui les survivants du massacre en les réduisant à l’esclavage pendant soixante-dix ans. Imaginons ce que serait cet esclavage, s’il nous concernait, depuis l’année 1939… Déjà ces cinq années furent particulièrement douloureuses ; on a du mal à imaginer ce qui se serait passé pendant soixante-dix années.
Le peuple d’Israël connut donc cette pénible situation, que le récit de la Bible met en relation avec son éloignement de la Loi de Dieu. Apparemment, Nabuchodonosor ne détruisit pas immédiatement le Temple, mais les murailles et les palais (598) ; plus tard Nabuzeriddinam détruira le Temple ainsi que la ville et fera de nouvelles déportations (587-581). Jérémie sera emprisonné, puis expédié en Egypte…
L’avènement de Cyrus au 6
e siècle va mettre fin à cet exil. Dieu lui suggère cette mesure de miséricorde par laquelle il renverra chez eux les Israélites pour reconstruire leur Temple (538). Si, pour les Israélites, ce Cyrus est un païen, un incirconcis, un étranger, Dieu s’en sert pour faire connaître à tout Israël sa miséricorde. C’était aussi une leçon :  ayant refusé d’écouter les Prophètes envoyés par Dieu, le peuple d’Israël fera l’expérience d’un Juste païen.
En même temps, Cyrus sera l’image du Sauveur futur, qui nous fera passer de l’esclavage du péché à la liberté de la vie nouvelle.


*       *       *

Le psaume 137 illustre cette situation de l’année 587 : les Israélites sont à Babylone, loin de leur pays, tristes, et n’ont pas vraiment le cœur à chanter.
Ce n’est peut-être pas le moment de chanter, mais c’est bien celui de se repentir, de réfléchir à ce qui a causé cet exil.
Et voici qu’une âme fidèle et repentante se souvient de la colline de Sion, de Jérusalem, du Temple. Dans sa tristesse, le chantre n’ose pas prononcer le nom de Yahwé ; il s’adresse à Jérusalem, à la Maison de Jahwé. De tout son cœur, il exprime sa volonté d’être uni à ce Temple où est présent le Créateur.
Une comparaison forte traduit ce sentiment : comme mon corps ne peut travailler sans la main droite, de même je ne peux vivre sans penser à Jérusalem.
L’auteur va même jusqu’à préférer être muet (que ma langue s’attache à mon palais), plutôt que d’oublier la Ville sainte. Mieux : le mot joie couronne cette phrase, montrant jusqu’où doit aller le vrai repentir.


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Il faut bien se rappeler cette réalité : comme Israël était exilé, loin de Jérusalem, notre péché aussi nous sépare de Dieu. Sans le Christ, nous n’aurions pas reçu cette vie nouvelle, cette nouvelle naissance par le Baptême ; nous serions restés comme morts, loin de Dieu, exilés et exclus du Paradis.
Ce n’est qu’avec et par le sacrifice du Christ, que Dieu nous délivre de notre exil, nous pardonne et nous comble de Sa grâce.
L’épître de saint Paul aux Ephésiens est riche de ces verbes où l’Apôtre explique que nous sommes avec le Christ.
Une fois que Christ a pris notre nature humaine, Il nous a assumés dans sa divinité, que nous partageons à la mesure où nous abandonnons vraiment notre vieil homme. Nous vivons avec Lui, nous sommes ressuscités avec Lui, nous régnons aux cieux avec Lui.
Paul est radical dans sa pensée : même nos meilleures actions seraient restées nulles et sans fruit, si Dieu ne nous avait donné Sa grâce, dans la Vie sacramentelle qui nous unit à Jésus-Christ. Si, heureusement, Dieu n’abandonne jamais quelqu’un qui n’est pas baptisé, c’est tout de même autre chose d’avoir une vie honnête et même généreuse, et autre chose de participer pleinement à la divinité de Jésus dès ici-bas, par la participation aux Sacrements institués par Lui pour développer en nous une plénitude de Paix, de Joie, et surtout d’union avec Lui, ce qui a fait dire à Saint Paul : Je puis tout en Celui qui me fortifie (Ph 4:13).
Celui qui me fortifie, c’est ce Jésus qui a donné Sa vie pour moi. Ce Jésus crucifié, l’Innocent abaissé au plus vil des châtiments, en compagnie de brigands, c’est Lui qui, désormais, par son Sacrifice total et parfait, est devenu notre Salut. Ne l’oublions pas : à force de le répéter machinalement, nous ne réalisons peut-être plus quelle grâce Dieu nous a faite.


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Quand nous regardons la Croix, cet instrument honteux de supplice chez les Romains, cette Croix est désormais pour nous le Signe de la Paix retrouvée, le Signe du Salut, l’instrument qui nous a reconduits à Jérusalem.
C’est en annonce de ce réel prodige, que Moïse eut à exposer dans le désert l’image de ces serpents qui décimaient le peuple d’Israël (cf. Nb 21:4-9) : regarder ce serpent désormais immobilisé signifiait la victoire sur l’ennemi.
A propos de cette Croix, signalons une erreur évidente que commettent certains Chrétiens - qui ne se reconnaissent pas dans les rangs des Catholiques : selon eux, Jésus aurait été attaché non pas à une croix telle que nous la connaissons, mais à un unique poteau vertical (ce qui, reconnaissons-le au passage, n’aurait pas constitué un supplice moins horrible que celui de la croix). C’est pourquoi les publications de cette Secte ont abandonné le signe de la croix, qui était leur emblême au début. Ne leur en voulons pas ; s’ils aiment vraiment la Vérité, ils comprendront d’eux-mêmes leur erreur (qui par ailleurs ne les empêchera pas d’être des personnes très vertueuses).


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A notre tour, n’accrochons pas nos harpes aux arbres de Babylone ! A l’approche de la fête de Pâques, chantons de tout notre cœur, par exemple l’hymne Vexilla Regis prodeunt de s.Venance Fortunat († 609), en particulier cette strophe :

O Crux, ave, spes unica :     
Hoc Passionis tempore    
Piis adauge gratiam,    
Reisque dele crimina.    

O Croix, notre unique Espoir : Salut !
En ce temps de la Passion
Pour les justes, augmente la grâce,
Et pour les pécheurs, efface leurs crimes.

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