Jacques Burin
1756-1794
Né le 6 janvier 1756 à Champfleur (Sarthe), Jacques fut vacher et resta illettré jusqu’à l’âge de douze ans.
Au Petit séminaire il rattrappa vite son retard, passa au Grand séminaire du Mans, et fut ordonné prêtre le 23 septembre 1779 ou 1780.
D’abord vicaire à Lammay, il était devenu, en 1786 ou 1787, curé de Saint-Martin-de-Connée.
Dans cette campagne très pauvre, il distribuait ce qu’il avait pour nourrir et soutenir les habitants. C’est lui qu’ils choisirent comme représentant du peuple en 1789.
Le 20 février 1791, il avait prêté le serment réclamé, en réservant les droits du pape ; quand il eut connaissance de la condamnation de la Constitution civile du clergé par le pape Pie VI, la réserve qu’il avait posée ne lui sembla pas suffisante, et, pour éviter le scandale, il lut publiquement, le 12 juin 1791, le document pontifical.
Cet acte courageux lui valut d’être arrêté ; il fut emmené à pied enchaîné à la prison Sainte-Suzanne le 13 juillet suivant, fut transféré dans les prisons de Laval, ramené à Sainte-Suzanne… et libéré grâce à une intervention des Chouans.
Il se réfugia alors au hameau de Coffrard, à Saint-Georges-sur-Erve ; pour pouvoir continuer à exercer son ministère, il se fit passer pour un marchand de fil, sous le nom de M. Sébastien.
Il rayonnait sur plusieurs paroisses, dont Saint-Martin-de-Connée, allant de refuge en refuge, dans des familles sûres.
Il ne pouvait cependant rester inconnu des révolutionnaires. Un jour de 1794, les filles d’un certain Lemaire de Courcité lui firent dire qu’elles voulaient le rencontrer. Mais c’était un traquenard. Ses amis lui conseillèrent de ne pas répondre, il crut de son devoir de ne pas éloigner des pécheurs qui pouvaient se repentir et fit répondre qu’il serait, le 17 octobre au Petit-Coudray à Champgenêteux. Quand il arriva, le fermier Rouland, conscient du danger, l’invita à se rendre dans une cachette. Il n’y alla pas. Les Gardes nationaux d’Evron cernèrent la maison ; Terre, ancien chantre d’Evron, qui guettait, l’aperçut et lui tira un coup de fusil, sans peut-être le reconnaître ; sa joie éclata quand, en le dépouillant, il trouva son calice et reconnut qu’il avait tué un prêtre.
Il jeta son corps sur le fumier. Il ne fut enterré, clandestinement, que trois jours plus tard, près de la ferme où il avait trouvé la mort, le 17 octobre 1794.
Jacques Burin fut béatifié en 1955.