09 JANVIER
II.
Ste Paschasie, vierge martyre à Dijon : elle reçut s.Bénigne qui la baptisa.
III.
Ss Epictète, évêque à Assur, Jucond, Second, Vital, Félix et d’autres, martyrs en Afrique.
? Ss Vital, Révocat et Fortunat, martyrs à Smyrne.
VI.
S Marcellinus, évêque à Ancône ; sa présence arrêta un incendie qui menaçait la ville.
VII.
S Vaneng, fonctionnaire royal normand ; il coopéra à la fondation d’abbayes à Fontenelle et Fécamp.
S Mauront, abbé à Saint-Florent-le-Vieil.
VIII.
S Adrianus, abbé à Nerida, puis Cantorbury.
S Fillan, abbé en Ecosse.
S Brithwald, abbé à Reculver, évêque à Cantorbury.
IX.
S Eustratios le Thaumaturge, abbé du monastère des Agaures en Bithynie.
XIII.
B Honoré de Buzançais, marchand de bestiaux assassiné par deux domestiques à Thénezay.
XIV.
Bse Giulia Della Rena, recluse à Certaldo.
XV.
B Antonio Fatati, évêque à Teramo puis à Ancone, chargé de mission par les papes.
XVII.
Bse Alix Le Clerc (Marie Thérèse de Jésus), fondatrice avec s. Pierre Fourier, de la congrégation de Notre-Dame, pour l’éducation des jeunes filles.
XVIII.
Bx In Eon-min Martinus et Yi Bo-hyeon Franciscus, laïcs coréens martyrisés ensevelis vivants, béatifiés en 2014.
XIX.
Stes Yi Agata, vierge de seize ans, et Gim Teresa, veuve, martyres en Corée, canonisées en 1984 et fêtées le 20 septembre.
Bse Pauline Jaricot, de Lyon ; son enthousiasme missionnaire donnera naissance aux Œuvres Pontificales Missionnaire et au Rosaire Vivant ; béatifiée en 2021.
XX.
Bx Jósef Pawlowski (*1890) et Kasimierz Grelewski (*1907), prêtres polonais, pendus à Dachau en 1942, béatifiés en 1999.
Marcellinus d’Ancône
† 568
Marcellinus était de la noble famille des Boccamajore.
Il fut élu évêque d’Ancône à la mort de Trasone en 550 et fut donc le sixième évêque de ce siège.
L’hagiographie le présente unanimement comme un homme rempli de zèle pour la sanctification de ses diocésains.
Saint Grégoire le Grand (v. 12 mars) en écrit ceci :
Marcellinus atteint de la goutte, était obligé de se faire porter d’un endroit à l’autre par ses domestiques. Un jour, le feu prit à la ville d’Ancône, l’incendie se développa rapidement ; les habitants ne réussissaient pas à l’éteindre et la ville était menacée d’une ruine complète. Marcellinus se fit transporter sur le théâtre du sinistre et placer bien en face de l’incendie. Aussitôt, les flammes se replièrent sur elles-mêmes, impuissantes à dépasser le terrain occupé par l’évêque.
En cette occasion, il est précisé que l’évêque portait en ses mains le saint Evangile (ou quelque autre livre de prières) et qu’il fut légèrement endommagé. On le conserva longtemps après, comme preuve de l’événement et comme gage de la protection de Dieu. On s’en servait pour éteindre les incendies et pour guérir les malades.
Saint Marcellinus est commémoré le 9 janvier au Martyrologe Romain.
Adrianus de Cantorbury
† 710
Adrianus, né en Afrique, était passé en Italie pour y mener la vie monastique et fut abbé à Nerida (Naples). Il était connu pour sa science de l’Ecriture et sa grande sainteté.
Le pape Vitaliano (v. 27 janvier) fit appel à lui pour le siège de Cantorbury, vacant depuis la mort de Deusdedit (664), son successeur étant mort avant d’être consacré. En outre, on avait proposé un certain Ulphard, dont le pape avait annulé l’élection.
Mais l’humble abbé de Nerida s’effaça derrière un autre choix, proposant au pape le moine Theodorus (v. 19 septembre), ce pieux moine très docte, venu d’Asie Mineure et qui se trouvait alors à Rome. Adrianus se proposait tout juste de l’accompagner et de l’aider. Le pape accepta.
La route passait nécessairement par la Gaule, disons la France : Marseille, Arles, Paris… Le maire du palais Ebroin soupçonna Adrianus et le fit arrêter : qui sait si ce moine ne cachait pas un espion de l’empereur d’Orient, ou un agent qui travaillerait en Angleterre contre le pouvoir français ? Le fait est que, tandis que Theodorus continuait pour l’Angleterre, Adrianus était maintenu à Meaux, déplacé pendant près d’une année et enfin relâché et libre de rejoindre Theodorus (670).
Le nouvel évêque l’établit abbé du monastère Ss.Pierre et Paul, qu’avait fondé s. Augustin de Cantorbury (v. 27 mai).
Adrianus mit tout son zèle à faire apprendre le grec et le latin à ses moines, pour les initier à l’étude approfondie des Ecritures, mais surtout à leur enseigner le chemin de la sainteté.
Il mourut le 9 janvier 710. Son tombeau fut le théâtre de nombreux miracles. Le corps fut retrouvé intact en 1090.
Fillan
† 725
Fillan était le fils de Feriach et Kentigerna (v. 7 janvier), et petit-fils de Cellach Cualann, roi de Leinster.
Son nom est orthographié diversement : Filan, Phillan, Fáelán en vieil irlandais, Faolan en gaélique moderne.
Fillan pouvait être ébloui par son origine royale et les immenses propriétés de son héritage. Mais il préféra la vie consacrée à Dieu.
Il entra au monastère de Saint Fintan Munnu puis, en 717, quitta l’Irlande pour mener une vie érémitique en Ecosse. Il était accompagné de Kentigerna et de son oncle, Comgan (v. 13 octobre) et de ses enfants. Ils s’établirent à Loch Duich.
Par la suite, Fillan partit plus au sud et semble avoir été moine à Taghmon, puis à Pittenweem (Fife), où il devint abbé, charge qu’il exerça très saintement avant de s’en démettre quelques années plus tard.
Il se retira à Glen Dochart, puis Strathfillan (Tyndrum).
On dit qu’il avait au-dessus de son bras gauche un globe lumineux qui l’éclairait la nuit quand il voulait lire l’Ecriture et écrire ses commentaires. La tradition rapporte aussi que Fillan était un thaumaturge et guérissait les malades.
Autre merveille : tandis qu’il était un jour en train de labourer, un loup vint tuer le bœuf de Fillan. Celui-ci prononça un «sort» et le loup fut obligé de prendre la place du bœuf. On aurait inventé cette histoire pour rapprocher le nom de Fillan de son étymologie probable, le mot gaélique faol signifiant loup.
Fillan mourut le 9 janvier d’une année incertaine, qui pourrait se situer dans le premier tiers du 8e siècle.
Le roi Robert le Bruce attribua à Fillan sa victoire à Bannockburn (1314), car il en avait avec lui une insigne relique (un bras).
Jusqu’à une période récente, on plongeait des malades mentaux dans l’étang de saint Fillan, avec une corde qui les reliait aux fonts baptismaux ou à un banc de la chapelle (qui est en ruines) : si la corde était défaite au matin, le malade était guéri.
Suivant les sources, la fête de s. Fillan est diversement commémorée : 20 juin, 19 janvier, 9 janvier, cette dernière date étant celle du Martyrologe Romain.
Eustratios le Thaumaturge
† 9e siècle
D’après la fidèle Tradition, Eustratios naquit à Tarse de Cilicie (Asie Mineure, act. Turquie S), de Georgios et Megefy, des parents chrétiens et de condition aisée.
Vers sa vingtième année, enflammé par le désir de servir Dieu, il rejoignit le monastère des Agaures en Bithynie (act. Turquie NO), sur le Mont Olympe, où s’étaient déjà illustrés ses deux oncles maternels, Gregorios et Basilios, ce dernier étant même devenu higoumène (abbé). Il y avait plusieurs monastères dans cette région.
Là, selon la règle, Eustratios eut les cheveux coupés ; son combat contre le vieil homme fut sincère, énergique, dans une telle humilité et douceur, qu’il se gagna l’affection de tous les moines.
Il oublia le monde, se contentant de porter une simple chemise, dormant dans un coin qui n’était pas même sa propre cellule ; les moines racontèrent que, de toute sa vie monastique, Eustratios ne prit jamais l’espace suffisant pour étendre entièrement ses jambes pendant le sommeil.
Après la mort de Gregorios et Basilios, c’est Eustratios qui devint higoumène du monastère.
C’était la période douloureuse de la persécution iconoclaste et Eustratios se posa en défenseur courageux des saintes Images. Suivant le conseil de son disciple et ami Ioannis le Grand, célèbre ascète de l’Olympe, il quitta le monastère pour éviter la persécution, jusqu’à la mort du roi. La persécution passée, on put remettre les icônes en honneur dans le monastère et reprendre le culte. En officiant à l’autel, Eustratios ne cessait de répéter : Seigneur, aie pitié !
Il reçut le surnom de Thaumaturge, qui signifie «faiseur de miracles». Il fit en effet beaucoup de miracles, dont on aimerait bien avoir quelques exemples.
Le moment de sa mort étant venu, il appela à lui les moines, leur recommanda de maintenir les saintes traditions, ce qui leur garantirait la voie vers l’Eternité. Ayant prié, il leva les yeux au ciel et répéta le verset du psaume : En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit (Ps 30:6). Puis il s’endormit dans le Seigneur.
Il avait quatre-vint cinq (ou quinze) ans.
Saint Eustratios mourut au 9e siècle et se trouve mentionné le 9 janvier dans le Martyrologe Romain.
Honoré de Buzançais
† 1250
Il s’agit d’un saint personnage dont on n’a malheureusement pas de témoignages contemporains.
Il était né à Buzançais (Indre).
Marchand de bestiaux, Honoré était unanimement apprécié pour ses services, son honnêteté et sa générosité.
Il aimait aider les pauvres, et particulièrement les jeunes fiancées trop démunies pour avoir une dot correcte : il la leur offrait.
Lors d’un déplacement vers le proche village de Thénezay, il fut assassiné par deux de ses domestiques, qui lui avaient détourné de grosses sommes. Ils tentèrent de dissimuler leur crime en cachant le cadavre dans le bois.
Quand on le découvrit, on organisa des funérailles, au cours desquelles et après lesquelles des miracles se produisaient par le simple contact avec le corps du Défunt.
Il surgit alors une diatribe entre les deux localités de Buzançais et Thénezay : qui posséderait le saint corps ? Un compromis fit remettre la tête de la victime à Thénezay, le reste du corps à Buzançais, et les deux localités fêtèrent bientôt saint Honoré. Bien sûr, il ne s’agit pas du célèbre saint Honoré du 16 mai.
Il fut béatifié en 1444, et l’église de Thénezay se plaça sous son vocable.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Honoré de Buzançais le 9 janvier.
Giulia Della Rena
1319-1367
Giulia naquit, dit-on traditionnellement, en 1319 à Certaldo (Florence, Toscane, Italie C), dans une famille noble mais déshéritée.
Vers ses dix-huit ans, elle alla travailler chez les Tinolfi, des parents de Florence, où elle s’inscrivit dans le Tiers-Ordre de Saint-Augustin.
Elle revint vite à Certaldo, où elle se sentait plus en sécurité que dans la grande ville.
Lors d’un grave incendie, elle se jeta dans les flammes pour aller recueillir un petit enfant et le sauva. Pour éviter l’admiration des concitoyens, elle se retira dans une petite cellule accolée à l’église.
Par une petite ouverture, elle demandait l’aumône d’un peu de nourriture ou de tissu pour se confectionner ses vêtements.
Cette vie de recluse dura trente années. La mort de Giulia fut annoncée, comme pour d’autres Saints, par une mystérieuse sonnerie des cloches du village, le 9 janvier 1367. On la retrouva à genoux, émanant un parfum suave qui se répandait en-dehors de sa cellule. Grand concours de fidèles ; miracles…
Son culte fut approuvé en 1821.
Le Martyrologe Romain mentionne sainte Giulia le 9 janvier.
Antonio Fatati
† 1484
La famiglia Fatati était une des familles nobles d’Ancône (Italie CE).
Antonio y naquit au début du 15e siècle et eut deux frères, Marino et Iacopo.
Après ses études à Bologne, il recouvra une série de charges civiles et ecclésiastiques :
1431 : chanoine et archiprêtre de la cathédrale ;
1440 : administrateur du diocèse de Ragusa ; puis abbé commendataire de deux monastères proches d’Ancône ;
1444 : archiprêtre de la cathédrale d’Ancône ; puis vicaire général du diocèse de Sienne ;
1446 : chargé par le pape de la collecte des taxes pour Sienne, Lucques et Piombino ;
1447 : vicaire et chanoine de la basilique vaticane, puis chapelain principal et membre de la Chambre apostolique, ainsi que trésorier pour les Marches ;
1450 : évêque de Teramo, malgré ses hésitations, bien compréhensibles, sur ses possibilités de satisfaire à toutes ses obligations ; d’ailleurs, il résida à Macerata et non à Teramo : il y réduisit le nombre (et les rentes !) des chanoines, qui ne furent plus que seize ; à Teramo même, il imposa une taxe même au clergé, dont il se justifia devant toute la curie, pour expliquer la nécessité de remonter les finances de la ville ;
1454 : gouverneur et vicaire général pour les Marches, et trésorier pour Bologne ; il fit disparaître les brigands des Marches ;
1455 : il put s’installer à Teramo et fut choisi comme conseiller par le roi de Naples ;
1459 : célébration d’un synode diocésain ; cette activité et les bonnes mesures adoptées par l’évêque, amenèrent le pape à lui confier d’autres missions : croisade contre les Turcs décidée avec le pape à Mantoue ; collecteur des dîmes à Sienne ; suffragant du nouvel évêque de Sienne (pour aider ce tout jeune prélat de vingt-cinq ans) ;
1463 : transféré au siège épiscopal d’Ancône où il reçut l’année suivante le pape, qui d’ailleurs y mourut.
1466 : trésorier pour Bologne ; sa fidélité et son honnêté lui valurent l’exemption des taxes de douanes pour ses déplacements ultérieurs.
On pourrait croire, à la suite de ces nombreuses nominations, qu’Antonio fut seulement un bon fonctionnaire, fin connaisseur des affaires et de l’administration fiscale. Ce serait oublier l’austérité de sa vie, son humilité et sa prière intense. Envers les pauvres, il se montra généreux et prudent, et son épiscopat fut apprécié de tous.
Antonio mourut le 9 janvier 1484, et l’on retrouva son corps presque intact en 1529 : on lui attribua la cessation de la peste cette année-là et il fut béatifié en 1795.
Le Martyrologe Romain mentionne maintenant le bienheureux Antonio Fatati au 9 janvier.
Alix Le Clerc
1576-1622
La future fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame naquit en la fête de la Purification de Marie, le 2 février 1576, à Remiremont (Vosges), où elle grandit paisiblement.
Son père, Jean Le Clerc, était seigneur de Roville-aux-Chênes ; sa mère, Anne Sagay.
A dix-sept ans elle éprouva le désir de faire une profonde confession, dont la Sainte Vierge la félicita dans un rêve. Ce n’était pas le dernier «signe» qu’elle allait recevoir.
En 1595, la famille déménagea à Hymont, près de Mirecourt, toujours dans les Vosges. Hymont dépendait de la paroisse de Mattaincourt, dont le nouveau curé était un certain Pierre Fourier. Entre lui et Alix, les débuts furent difficiles, car il se montrait très sévère envers la jeune fille pour éprouver sa personnalité et sa vocation.
Alix vit en songe le diable qui emmenait au bal tous ses amis. Elle en éprouva une sainte frayeur et fit vœu de virginité.
Sa famille ne vit pas du tout favorablement son désir d’entrer chez les Clarisses de Pont-à-Mousson, comme le lui suggérait Pierre Fourier. Mais ils furent bien étonnés de l’entendre annoncer que, d’après un songe qu’elle avait fait, elle devait fonder une nouvelle Congrégation.
L’abbé Fourier, de son côté, voulait bien la soutenir, mais voulait - comme signe du Ciel - voir arriver quelques postulantes : justement, il s’en présentèrent quatre, et le pieux curé leur confiait l’instruction des petites filles pauvres.
Mais la famille… Monsieur Le Clerc envoya sa fille chez les Sœurs grises d’Ormes, non loin de là, où la pauvre Alix se morfondait.
Providentiellement, une chanoinesse de Poussay, Madame d’Apremont, voulut bien recevoir les jeunes filles dans son abbaye : Poussay satisfit Monsieur Le Clerc et bien sûr l’abbé Fourier.
Une école fut ouverte à Poussay, qui attira les élèves à la grande satisfaction des parents. Bien plus tard, même un Jules Ferry, lui-même vosgien, évoquera l’école de Poussay comme la naissance de l’instruction primaire en Lorraine et de l’enseignement des filles en France.
Mais les chanoinesses furent jalouses de ces jeunes institutrices, de leurs mortifications, de leur succès : elles les installèrent à Mattaincourt (1599), où Pierre Fourier put les assister davantage.
Un orage menaça les institutrices-novices : on voulait les déplacer à Verdun, dans l’espoir que la séparation de Pierre Fourier ferait cesser ces nouveautés. Ce fut tout le contraire.
La petite communauté fut bientôt divisée en deux, une partie à Mattaincourt, l’autre à Saint-Mihiel, toujours dans une propriété de Madame d’Apremont. C’est là qu’Alix subit une terrible épreuve contre la foi, comme il arrive souvent dans la vie des Saints : la nuit de la foi, où l’on se croit abandonné de Dieu, condamné, inutile, et où le diable fait tout pour mener les âmes au désespoir et à l’abandon de leur mission. Mais Alix retrouva le calme, grâce aux bons conseils de Pierre Fourier.
En 1603, le cardinal Charles de Lorraine approuva le nouvel Institut. Les vocations affluèrent et d’autres maisons s’ouvrirent à Pont-à-Mousson et à Saint-Nicolas-du-Port (Meurthe-et-Moselle). Puis Alix put acheter le prieuré Notre-Dame à Nancy, ancienne maison bénédictine.
Revenue un moment à Mattaincourt pour se «ressourcer», Alix dut s’humilier devant les exigences de la supérieure et de Pierre Fourier, qui voulaient la mettre à l’épreuve. Elle fut quelque temps abaissée au rang des dernières novices, mais au lieu d’être brisée et révoltée, elle en sortit au contraire toute pacifiée et revigorée, tant elle était soumise et obéissante : elle accepta par exemple - non sans se combattre violemment - d’aller orner l’église au lieu d’assister sa mère mourante.
Pierre Fourier n’avait désormais plus de doute sur cette sainte vocation. En 1615, le nouvel Institut obtenait l’existence canonique.
Alix fut envoyée un moment chez les Ursulines à Paris, pour mieux connaître la vie religieuse. Elle faillit même unir son Institut aux Ursulines, mais le cardinal de Bérulle, consulté, le lui déconseilla et Alix rentra à Nancy.
En 1616, puis 1628, l’Institut fut habilité à recevoir des élèves internes, puis aussi externes. Les Religieuses feraient un quatrième vœu, celui d’enseigner la jeunesse.
Elles s’installèrent officiellement dans leur maison de Nancy en 1617, après leur prise d’habit et l’établissement de la clôture. Alix prenait alors le nom de Mère Thérèse de Jésus : elle se trouvait à la fois novice et maîtresse des novices ! Son nouveau confesseur, le jésuite Guéret, la pria d’écrire sa vie.
En 1618 se firent les premières professions. En 1621 Alix put acheter une nouvelle maison à Nancy.
En 1620, Alix retomba malade. A Nancy, elle eut encore la visite de la duchesse Marguerite, de l’évêque de Toul, de Pierre Fourier, et s’éteignit doucement le 9 janvier 1622.
Le corps d’Alix fut inhumé dans le chœur des Religieuses, mais six ans plus tard il fallut déplacer le corps pour exécuter des travaux, et depuis on perdit la trace de ces précieuses reliques. On les retrouva enfin en 1950 sans qu’on sache comment elles étaient arrivées au 9 rue Barrès à Nancy.
Alix Le Clerc a été béatifiée en 1847.
A la mort d’Alix, il y avait des maisons à Verdun, Châlons-en-Champagne, Bar-le-Duc, Mirecourt, Epinal, La Mothe-en-Bassigny, Soissons. Avant la Révolution, il y eut jusqu’à quatre-vingt quatre monastères et quatre mille Religieuses. Des péripéties diverses réduisirent ces glorieux effectifs à vingt-sept monastères et douze-cents Religieuses au 19e siècle.
Des Unions s’ouvraient aussi à l’étranger, s’inspirant de la Congrégation de Notre-Dame. Elles fusionnèrent en 1962 sous le nom de Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame.
In Eon-min Martinus
1737-1800
In Eon-min Martinus est un laïc coréen né en 1737 à Deoksan (Chungcheong-do, Corée S).
Il fut enterré vivant à Haemi (Chungcheong-do) le 9 janvier 1800 et béatifié en 2014.
Yi Bo-hyeon Franciscus
1773-1800
Yi Bo-hyeon Franciscus est un laïc coréen né en 1773 à Deoksan (Chungcheong-do, Corée S).
Il fut enterré vivant à Haemi (Chungcheong-do) le 9 janvier 1800 et béatifié en 2014.
Kim Theresia
(Gim Teresa)
1797-1840
Kim Theresia était née en 1797 à Myŏnchŏn (Chungchŏng-do, Corée S).
Elle porte le même nom que Kim Tae-gŏn Andreas (Gim Dae-Geon Andeurea, v. 16 septembre), le premier prêtre de Corée, dont elle était la tante.
Ce n’était pas son seul parent martyr ; déjà avaient offert leur vie pour le Christ son grand-père et son père.
Theresia était une personne douce et charitable.
Elle épousa à dix-sept ans Son Joseph, qui mourut en prison pour sa foi à Haemi, devenant ainsi à trente-deux ans une jeune veuve avec beaucoup d’enfants à élever. Elle s’installa un moment à Séoul, mais revint dans sa maison en province.
Sa vie, déjà difficile, se passait dans la mortification continuelle ; Theresia jeûnait les mercredis et vendredis. On pouvait admirer cette parfaite épouse et veuve.
Durant la permanence du prêtre chinois Yu Pacificus, c’est elle qui fut choisie pour l’aider puis, après le départ du prêtre, elle s’occupa de l’évêque, Mgr Imbert (v. 21 septembre), tout en sachant très bien qu’elle s’exposait beaucoup.
Elle fut en effet bientôt arrêtée, le 19 juillet 1839, et retrouva en prison Yi Agatha.
Elle y subit en tout trois-cents coups de cudgel, dont dix coups déjà suffisent à mettre en sang la victime. On voulait lui extorquer des informations sur les missionnaires et les autres Catholiques, mais elle résista fermement et demeura ferme dans sa foi.
Au bout de six mois, les bourreaux voulurent en finir avec elle. Ils la mirent dans une cellule spéciale et lui passèrent une corde autour du cou, qu’ils tirèrent fortement à chaque extrémité. Theresia fut ainsi étranglée et mourut pour le Christ le 9 janvier 1840.
Elle fait partie des Martyrs coréens béatifiés en 1925 et canonisés en 1984, dont la fête se célèbre le 20 septembre.
Yi Agatha
(Yi Agata)
1823-1840
Agatha était née en 1823 à Seoul (Corée S).
Cette jeune laïque de seize ans fut jetée dans la prison de Seoul, avec son père Yi Kwang-hŏn Augustinus et sa mère Kwŏn Barbara, en avril 1839.
Yi Kwang-Hŏn Augustinus était né en 1787 à Kwangju (Corée S).
Kwŏn-Hŭi Barbara était née en 1794 à Seoul.
Le chef de la police essaya par tous les moyens, y compris la torture, de faire abjurer la foi à cette jeune fille. Il dut s’avouer vaincu devant cette courageuse chrétienne : il était clair que la grâce divine lui donnait une force extra-ordinaire pour résister à toutes ces tortures.
Les gardiens tentèrent de lui faire croire que ses parents avaient renié leur foi et qu’ils avaient été relâchés. Agatha répondit pour elle et pour son jeune frère Damianus : Que mes parents aient renié leur religion, c’est leur affaire. Pour nous deux, nous ne pouvons pas trahir le Seigneur du ciel, que nous avons toujours servi.
En réalité, ses parents n’avaient jamais renié leur foi, au contraire : son père fut décapité le 24 mai, et sa mère fut martyrisée le 3 septembre 1839.
C’est un miracle qu’elle ait pu préserver sa virginité au milieu de ces gardiens qui vivaient comme des bêtes. Agatha reçut trois-cents coups de canne, et quatre-vingt-dix coups de gourdin, auxquels s’ajouta l’épreuve de la faim, de la soif et de la maladie. Sa pensée était continuellement pour ses parents martyrs : elle était déterminée à imiter l’exemple de leur fidélité au Christ.
Après neuf mois de prison, Agatha fut condamnée à être étranglée. Les bourreaux vinrent la chercher dans sa cellule, la conduisirent dans une pièce spéciale. Ils lui passèrent la corde autour du cou, et la tendirent pendant un long moment, et finalement en attachèrent les extrémités à des poutres.
Il ne semble pas que le jeune Damianus ait été martyrisé, du moins n’est-il pas nommé dans le groupe des Martyrs coréens canonisés. Peut-être que les bourreaux ont été plus cléments que les japonais, qui n’épargnaient pas même les petits enfants en bas âge.
Agatha a été béatifiée avec d’autres en 1925 et canonisée en 1984.
Elle est commémorée au Martyrologe le 9 janvier, tandis que tous les Martyrs coréens sont fêtés ensemble le 20 septembre.
Pauline Jaricot
1799-1862
Cette demoiselle naquit le 22 juillet 1799 à Lyon, dans une fratrie qui comportera six frères et sœurs. Les parents, Antoine Jaricot et Jeanne Latier, sont plieurs et vendeurs de soie, une profession florissante alors ; c’est un couple uni, qui mène bien ses affaires. Paulette reçoit le baptême à domicile, d’un prêtre réfractaire : on était au lendemain de la Révolution et les chrétiens n’aimaient pas fréquenter les “prêtres” jureurs, imposés par le régime républicain.
Pauline grandit ainsi dans l’aisance. On ne pourra pas dire d’elle, comme dans certaines vies de Saints, qu’elle montra les signes de la plus grande sainteté dès l’enfance. Au contraire, vive, coquette, coléreuse, orgueilleuse, elle fréquente les réceptions bourgeoises, où elle plaît. Elle n’est pas mécréante pour autant : elle est fidèle, elle prie Marie et sait parler à Jésus Christ présent dans l’Eucharistie.
L’épreuve de la mort de sa mère va la faire réfléchir : elle trouve sa vie monotone, ennuyeuse. Tout change brusquement un dimanche de carême 1816 : elle n’a encore que seize ans, et un sermon entendu à l’église sur les vanités de ce monde, la décide à se tourner vers les pauvres et à se donner à l’apostolat. Elle fait refaire un récent portrait trop avantageux pour elle, et s’habille comme les pauvres, au point que sa femme de ménage ne veut plus sortir avec elle.
Noël 1816 : elle fait le vœu de virginité. Puis s’engage à être servante du Christ.
Elle trouve des compagnes de son âge dans son quartier, qui partagent son idéal de “Réparatrices du Cœur de Jésus méconnu et méprisé”, et distribue tout ce qu’elle peut pour aider les pauvres : restes de cuisine, argent, linge… Son père se fâche et lui défend de donner le linge sans sa permission.
A cette époque l’élan missionnaire connaît un profond renouveau, qui enthousiasme Pauline. La Propagation de la Foi est une structure de l’Eglise visant à aider les missionnaires dans leur difficile apostolat en pays lointains. Elle a alors une idée géniale : associer les petits à cette grande œuvre de l’Eglise. Comment ? En constituant des groupes de dix personnes qui prient chaque jour à la même intention, font une petite offrande hebdomadaire et s’engagent à former un nouveau groupe de dix personnes. Elle quête humblement auprès des ouvrières généreuses le “sou hebdomadaire”, quelque chose comme cinquante centimes d’euro. Son initiative a un gros succès, et son frère, qui est prêtre aux Mission Etrangères de Paris (MEP), l’encourage ; c’est le clergé local qui s’alarme, craignant une perte de profits pour les œuvres locales diocésaines.
Mais l’idée fait son chemin. L’œuvre de Pauline se structure en associations de 10, 100, 1000 personnes. En 1822, dix messieurs reprennent l’association pour porter la foi jusqu’au fond de l’Amérique et de l’Asie. Ce sera le premier maillon des Œuvres Pontificales Missionnaires, très actives encore aujourd’hui.
Pauline, pour sa part, reste dans l’ombre, humblement. Son confesseur lui ordonne même de se retirer de la vie active, de rester chez elle, où elle va s’occuper de son père et des tâches familiales. Son désir est d’aider les pauvres à acquérir une vie de prière, une vie chrétienne, comme antidote à l’athéisme du milieu bourgeois.
En 1826, Pauline a une autre inspiration : le Rosaire Vivant, en adoptant un moyen analogue à celui qui avait fait le succès de la Propagation de la Foi. Comme il est difficile de demander à chacun de prier chaque jour le rosaire dans son intégralité, elle confie à autant de personnes qu’il en faut la récitation quotidienne d’une dizaine de chapelet. A cette époque le rosaire comprend quinze mystères, donc quinze dizaines de chapelet. Les quinze membres d’un groupe de Rosaire Vivant prient chaque jour pour une même intention. Notons ici qu’aujourd’hui, un rosaire comporte vingt mystères, depuis l’institution par s.Jean-Paul II, des Mystères Lumineux.
Pauline anime les groupes par de petites circulaires, élargissant la prière aux intentions de l’Eglise universelle. Elle demande à chaque membre de s’adjoindre cinq autres membres. Cela devient une véritable armée en prière, favorisant la vie chrétienne et les belles vertus dans la société. Le Rosaire Vivant se développe en France, mais aussi à l’étranger, gagne l’Amérique, l’Afrique… Un certain Karol Wojtyla, polonais, connaîtra cette dévotion dans les années 1930 et découvrira seulement plus tard, une fois devenu Jean-Paul II, son initiatrice.
En 1832, Pauline achète sur la colline de Lorette à Lyon une grande maison pour abriter son association et pour “offrir à Notre-Dame de Fourvière un piédestal de verdure et de prière.” De cette maison seront expédiées dès la première année 240.000 livres, 80.000 images, 40.000 médailles et 19.000 chapelets ! La même année elle reçoit du pape Grégoire XVI l’approbation pour son œuvre. La quasi-totalité des évêques de France la soutiennent dans leur diocèse. En 1834, en deux années seulement, l’association comptera déjà plus d’un million d’adhérents, qui seront plus de deux millions à la mort de Pauline.
Une autre initiative, mal engagée, vaudra à Pauline l’échec, la ruine et même le discrédit. Elle aurait voulu remettre en marche les forges du Vaucluse, pour faire travailler les ouvriers pauvres dans une atmosphère chrétienne. Mais celui qui semblait l’appuyer est un escroc qui la trompe et l’entraîne à la faillite totale.
Pauline termine ses jours dans une pauvreté extrême et meurt, abandonnée de tous, le 9 janvier 1862.
Des années plus tard, elle sera réhabilitée, et son procès de béatification, ouvert par le Bienheureux pape Jean XXIII, est arrivé à sa conclusion, à la suite d’un miracle prodigieux.
L’année 2012 était le cent-cinquantième anniversaire de la mort de Pauline. Cette année-là, à Lyon, une petite fille de trois ans perdit connaissance à cause d’un étouffement ; à la suite d’un arrêt cardio-vasculaire de vingt minutes, les médecins suspendirent les traitements et restaient extrêmement pessimistes ; mais la famille demanda la poursuite de l’alimentation artificielle et commença une neuvaine de prières à Pauline Jaricot : la petite fille se réveilla et, successivement, disparurent totalement les symptômes d’un état végétatif qui semblait certain. La guérison fut totale.
Le miracle fut reconnu ; la béatification devrait arriver en 2021. Pauline sera alors inscrite au Martyrologe le 9 janvier.
Depuis 2005, la maison de Lyon est ouverte au public ; un lieu de calme et de recueillement, moins bruyant que la basilique de Fourvières. Les Lyonnais la connaissent peut-être moins que nos frères des missions lointaines, mais on vient par milliers visiter chaque année l’exposition qui y est installée.
Emblème du renouveau religieux du XIXe siècle, Pauline a découvert, un siècle avant le concile de Vatican II, ce qu’est le sacerdoce des fidèles, cette grâce du baptême qui nous unit tous dans l’unique Corps de Jésus-Christ et nous pousse à exercer ce sacerdoce par la prière personnelle et l’exemple de la charité vécue.
Józef Pawłowski
1890-1942
Józef était un des nombreux enfants de Franciszek et Jadwiga Kubackich et naquit à Dwikozy (Proszowice, Pologne) le 12 août 1890.
Après l’école primaire, il fréquenta dès 1901 le gymnasium de Pińczow et, en 1906, entra au séminaire de Kielce.
Entre 1911 et 1915, il étudia à l’université d’Innsbruck, où il fut reçu docteur en théologie.
Il fut ordonné prêtre en 1913.
Après quelques activités pastorales, il fut nommé en 1916 professeur d’archéologie biblique et d’exégèse au séminaire de Kielce, dont il devint sous-recteur en 1918, et recteur en 1936-1939.
Il écrivit une grande quantité d’articles sur des thèmes bibliques, sur les missions, la formation pastorale et le ministère sacerdotal.
En 1924, on lui décerna le titre honorifique de camérier secret du pape, en 1926 celui de chanoine honoraire, et de doyen du chapitre de la cathédrale en 1933.
Il manifesta sa grande charité de diverses façons : en obtenant des bourses d’études pour des séminaristes pauvres, en procurant des médicaments pour des malades, en soutenant les missions ; il donnait tout ce qu’il avait.
On lui devait le développement de l’Association Missionnaire du clergé, qui regroupait 95% des prêtres du diocèse, et bien d’autres associations : l’Œuvre pontificale de la Propagation de la Foi, de l’Enfance de Jésus, de la Croisade missionnaire ; l’Association missionnaire féminine…
En 1939, il fut nommé curé de la cathédrale de Kielce, une charge devenue difficile quand les nazis occupèrent la place. L’abbé Pawłowski obtint d’être nommé aumônier pour la Croix-Rouge, et de s’infiltrer ainsi dans les camps de prisonniers, leur apportant des vêtements, faisant passer du courrier, de l’argent, les aidant même à s’évader, qu’ils fussent polonais ou allemands ou Juifs. Il célébra même une Messe dans la prison.
Dans le cadre de la paroisse, il organisa une soupe populaire : de cent-trente repas à l’automne 1931, on passa à trois-cent cinquante repas par jour en 1940.
Son activité finit par susciter la méfiance des autorités allemande. Il fut arrêté le 10 février 1941 et mis en prison. Le 15 avril, il fut emmené au camp d’Auschwitz, où il eut le numéro 13155. Un témoin raconta que (presque) chaque jour, il pria avec les co-détenus le chapelet et les litanies de Lorette. Le 4 mai 1941, il fut transféré au camp de Dachau, avec le numéro 25286.
Il y avait là jusqu’à trois cents prêtres, qui pouvaient prier, se retrouver pour célébrer la Messe. Leur travail était de porter la nourriture et de nettoyer le camp.
Peu avant de mourir, il confia cette pensée à un autre prêtre : Dieu est bon. Dans la situation la plus désespérée, il nous procurera une issue joyeuse de façon très inattendue. Vous verrez qu’il ne nous permettra pas d’attendre longtemps pour la libération.
Le 9 janvier 1942 à l’appel du matin, on lui remit un mystérieux papier, lui enjoignant d’emballer ses effets pour rejoindre un autre camp. Il attendit toute la journée au poste de garde jusqu’à l’appel du soir : c’était une situation qui précédait soit la mise en liberté, soit la mort. D’un mouvement ascendant des yeux, il fit signe à un co-détenu qu’il allait partir au Ciel.
Ensuite, on ne sait pas s’il fut abattu ou pendu. Mais il mourut certainement ce 9 janvier 1942.
A titre posthume, l’abbé Pawłowski reçut la Croix de Commandeur de l’Ordre de la Renaissance de Pologne.
Il fut un des cent-huit Martyrs polonais du régime nazi, béatifiés en 1999.
Le Martyrologe le commémore le 9 janvier en même temps que le père Kazimierz Grelewski.
Kazimierz Grelewski
1907-1942
Kazimierz était le fils de Michał Grelewski et d’Eufrozyny Jarzinów et naquit à Dwikozy le 20 janvier 1907. Les parents étaient très chrétiens et actifs dans la paroisse. Le papa était meunier.
Le garçon reçut au baptême les noms de Kazimierz Blażej (Casimir Blaise), fit sa première communion en 1915 et reçut la Confirmation dans sa paroisse.
Il eut (au moins) un frère aîné (Stefan, qui mourra martyr lui aussi à Dachau) et une sœur (Jadwiga).
Après ses études au collège, il entra à l’école secondaire de Sandomierz en 1917 où il reçut le diplôme de fin d’études en 1923. Il se présenta alors au séminaire de Sandomierz.
Il fut tonsuré en 1925, ordonné sous-diacre et diacre en 1929, enfin prêtre le 4 août 1929 à seulement vingt-deux ans.
Au séminaire, on remarqua que Kazimierz était très serviable, modeste en même temps, passionné de littérature artistique et théologique.
Après son ordination, il fut nommé préfet de l’Ecole Kochanowski à Radom. Puis il fit par deux fois la demande d’aller fréquenter l’université catholique de Lublin. On ne put lui accorder cette faveur, par manque de prêtres, et il continua à enseigner dans l’école. En 1931 il prit part à une formation spécialisée de catéchèse à Sandomierz et co-organisa une exposition de l’artisanat à Radom. Il enseigna également à l’Ecole d’agriculture de Wachnie (banlieue de Radom).
Ayant lu Thérèse de l’Enfant-Jésus (qui avait été canonisée en 1925, v. 1er octobre), conquis par la «petite voie» de cette Sainte, il s’en fit un ardent propagateur et dirigea dans cet esprit tout un groupe de jeunes filles à Radom.
En 1937 il devint curé et prépara avec grande ferveur le Congrès Eucharistique international qui devait se tenir en 1939 à Budapest : là il rencontra le légat du pape, un certain Eugenio Pacelli, qui allait devenir le pape Pie XII. A Sandomierz il dirigea un groupe féminin dans l’esprit de la Croisade Eucharistique.
Au moment du déclenchement de la guerre, il resta courageusement à Radom et se retrouva un des rares prêtres sur place. Le 1er septembre 1939 il devint recteur de l’église Notre-Dame, l’actuelle cathédrale.
Comme recteur, il demanda aux gens de chanter à la fin de chaque messe, un hymne à la Vierge Marie, qui ressemblait beaucoup à l’hymne national Dieu garde la Pologne, que les Nazis avaient interdit.
Pendant la guerre, le père Kazimierz multiplia les activités clandestines et charitables : il continua un enseignement dans les écoles primaires, là où c’était encore possible, il ouvrit un orphelinat pour les enfants victimes de la guerre ; il y fit venir les enfants d’une paroisse voisine, où les forces de la Wehrmacht et la police, par représailles, avaient exécuté près de trois cents personnes.
Quand d’autres personnes des villages voisins furent mis en prison à Radom, il intervint en leur faveur auprès du personnel de la prison, qu’il connaissait bien. En raison de toute cette activité caritative, les habitants de Radom appelèrent le père Kazimierz l’apôtre des pauvres.
Le 4 avril 1940 eut lieu dans le bois de Firlej l’exécution de cent quarante-cinq paysans arrêtés dans le village de Gałki, accusés d’avoir favorisé les résistants du groupe Hubala. Il y avait aussi dans le groupe quelques femmes et des adolescents, qui chantaient leur confiance en Dieu. On les mit au bord d’une grande fosse commune, on y jeta une grenade et on les recouvrit aussitôt de terre alors qu’ils étaient encore en vie. Là encore, le père Kazimierz prit en charge les familles des victimes.
Dans la nuit du 24 janvier 1941 (quatre jours après son anniversaire) le père Kazimierz a été arrêté par un commando de la police secrète d’Etat, dans la maison paroissiale, au 6 rue Rwańskiej à Radom. Sa demeure fut entièrement saccagée et tout fut emporté, signe que la personne arrêtée était déjà condamnée à mort. Dans le même temps, on arrêta son frère Stefan (Etienne) et un autre prêtre qui passait par là, Józef Sznuro.
Il n’y avait pas qu’eux : la Gestapo arrêta aussi des médecins, des avocats, des ingénieurs, des professeurs, qu’ils emmenèrent tous dans des camions des soi-disant «Transports de Radom» vers le camp provisoire de Skarżysku-Kamiennej. Quand il quitta le camp, ses sous-vêtements tachés de sang furent renvoyés à sa famille. Fin février, on l’envoya au camp d’Auschwitz (où il porta le numéro 10443), et de là à Dachau, le 4 mai suivant, sous le numéro 25280.
D’Auschwitz, il envoya une petite carte à sa mère, datée du 16 mars 1941, écrite en allemand :
Ma très chère Maman, moi et mon frère, nous allons bien… Mon frère envoie sa lettre à Monsieur Lorek de Sandomir. Je te salue et dépose un baiser sur tes mains. Kazimir. (Ce Monsieur Lorek était l’évêque).
Le moral du père Kazimierz restait solide. Il eut la douleur de voir mourir son frère Stefan et écrivit encore à sa mère : Mon cher Stefan est mort dans mes bras (c’était le 9 mai 1941, Stefan avait quarante-trois ans).
Kazimierz était un confesseur recherché des prisonniers, et même des autres prêtres. Ils chantaient tous les matins l’office de la Sainte Vierge.
Un jour qu’un gardien le repéra, il le frappa et le renversa à terre. Kasimierz se releva et fit un signe de croix dans sa direction, en lui disant : Que Dieu te pardonne ! Le gardien alors se jeta sur lui et le frappa en criant : Et moi je vais t’envoyer directement à ton Dieu. Kasimierz se releva encore.
En décembre 1941, la sœur de Kazimierz, Jadwiga (Hedwige) demanda aux autorités du camp l’autorisation de faire passer à son frère des sous-vêtements chauds ; on lui répondit cinq jours plus tard, par la poste, que les prisonniers qui sont ici sont suffisamment fournis en vêtements chauds.
L’évêque Franciszek Jop, citant un témoin oculaire, affirma que Kazimierz fut pendu, ainsi que les deux autres prêtres Michałowicz et Pawłowski : le responsable des douches se trouvait en face de la cuisine, et put observer la scène.
Le cuisinier du camp - qui fut confirmé par un autre détenu - affirma que juste avant la pendaison, Kazimierz cria très fort : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu.
Cette exécution eut lieu le 9 janvier 1942 (huit mois jour pour jour après la mort du frère aîné, Stefan). Onze jours après, Kazimierz allait avoir trente-cinq ans. Pendant deux ans, sa pauvre mère fit des démarches pour retrouver son cher benjamin : elle n’arrivait pas à croire que Kazimierz n’était plus en vie.
Ce qui a été marquant dans l’activité sacerdotale de Kazimierz a été son zèle. Il n’était pas attaché aux choses matérielles. Il mettait toute sa confiance dans la Divine Providence et répétait sans cesse : Tout est dans les mains de Dieu.
Son travail dans la Croisade Eucharistique, dans l’Action catholique et dans la Congrégation mariale était inspiré par l’amour du Christ et de l’Eglise. Il répétait souvent : Cœur sacré de Jésus, que ton règne vienne. Avec une ferveur particulière il préparait les jeunes à la célébration du Christ Roi, une fête récemment instituée (1925).
Toujours souriant, il était plein de respect pour chacun. Tous ont appris de lui comment se sanctifier et comment prier. Il pu toucher le cœur de beaucoup d’enfants, dans cette ville toute gagnée au socialisme.
Chaque samedi après-midi il était au confessionnal et écoutait pendant des heures les enfants et leurs parents ; il avait une attention toute particulière pour les enfants.
Il ne recherchait pas pour autant la popularité. Il aimait ses confrères, les prêtres, et recherchait volontiers leur concours pour enseigner la religion. Pendant plusieurs années il recouvra la fonction d’aumônier dans un foyer de personnes âgées. L’évêque suffragant de Sandomirz écrivit de lui : Au travail, il était très calme, ne se mettait jamais en avant. Préfet parfait, il aimait les jeunes et chercha toute sa vie à inculquer aux jeunes l’amour du Christ et à les conduire le plus près possible du Christ. Il sut organiser parfaitement la Croisade eucharistique et la Congrégation mariale.
Kazimierz sut véritablement marcher sur les traces du Christ et y a entraîné les enfants et les jeunes. Son dévouement et toute sa vie ont profondément marqué les gens d’autres religions.
Un ancien élève attesta : Dans la classe il y avait une jeune fille juive qui restait volontiers dans la salle pour écouter les leçons du p. Kazimierz ; elle a apprécié l’homélie qu’il fit à une messe où elle put aussi assister. Nous étions témoins le dimanche de sa foi vivante et de sa profonde piété. Il avait une dévotion particulière à Notre-Dame de Błotnickie, patronne de Radom.
Le père Kazimierz Grelewski fut un des cent-huit Martyrs polonais du régime nazi, béatifiés en 1999.
Le Martyrologe le commémore le 9 janvier en même temps que le père Józef Pawłowski.