Edward Barlow
1585-1641
Edward faisait partie d’une fratrie de huit fils et six filles. Le père, Alexander Barlow, un bon catholique, vivait avec son épouse, Mary Uryan Brereton, à Barlow Hall (Chorlton-cum-Hardy, près de Manchester), et le fit baptiser le 30 novembre 1585.
Alexander se vit confisquer deux-tiers de sa propriété parce qu’il n’adhérait pas à la nouvelle “Eglise d’Angleterre”. Le grand-père d’Edward était mort en prison, pour sa foi.
Il était le quatrième ; deux frères devinrent bénédictins.
A douze ans, Edward fut placé comme page chez un parent, gentilhomme protestant, mais malgré cette influence, il conserva sa foi.
En 1608, il partit pour Douai, au collège anglais, ce qui le mettait déjà hors la loi.
En 1610, il fait la philosophie à Valladolid (Espagne) au collège royal de Saint-Alban.
En 1612, il revient à Douai pour un an, et passe en Angleterre, où il connaît la prison une première fois, à Londres.
Libéré, il repasse à Douai, et entre au monastère bénédictin Saint-Grégoire, dont le prieur était Rudesind, son propre frère.
Après un séjour à Saint-Malo, il fait profession à Douai en 1616 et prend le nom de Ambrose. Désormais il fait partie de la congrégation bénédictine de Cellanova (Galice, Espagne).
Ordonné prêtre en 1617, il est envoyé dans son pays natal, où il va s’occuper des âmes pendant vingt-quatre ans. Il réside chez un certain Thomas Tyldesley à Morleys Hall (Astley), où on lui organise tout ce qui est nécessaire pour l’apostolat parmi les catholiques de l’endroit.
Sa pastorale est toute simple et bien organisée pour ne pas éveiller l’attention des Protestants. Il demeure trois semaines en quelque endroit et se déplace pendant la quatrième, à pied, sauf durant l’Avent, car son jeûne est strict. Il a horreur du vin. Il n’a ni épée, ni horloge (sauf une chez lui), et peint des images pieuses pour les enfants. Il a les cheveux courts, avec moustache et barbe à deux pointes un peu abandonnée, des vêtements démodés, un mauvais chapeau, des culottes attachées au-dessus des genoux. Il est très réservé avec les dames, même avec sa mère à qui il refuse un baiser lorsqu’il se présente à la maison.
Pour célébrer, il réunit les “paroissiens” dans une même salle ; les hommes déposent leur chapeau sur une même table, en signe d’unité des cœurs, puis il allume les cierges qu’il fabrique lui-même ; il prêche simplement, avec beaucoup de références à l’Écriture.
Dans sa pauvreté, il reçoit aussi des pauvres, en particulier à Noël, à Pâques, à Pentecôte.
De 1617 à 1641, la situation politique n’évolue pas en faveur des catholiques “papistes”. Les arrestations et les pendaisons se multiplient ; le jésuite Edmond Arrowsmith (v. 28 août) a été exécuté en 1628 et apparaît une nuit à notre Ambrose : J’ai souffert, lui dit-il. Maintenant c’est à vous de souffrir. Parlez peu, car ils s’efforceront d’exploiter vos paroles.
Le père Ambroise continua tranquillement et ouvertement son apostolat. Il n’aimait pas les chrétiens qui regardent Dieu par le trou de la serrure (c’est-à-dire qui se cachaient pour ne pas être vus à la messe). L’année avant son arrestation, il eut la douleur d’apprendre l’apostasie de quelques âmes qui lui étaient chères, et il en resta hémiplégique, mais put un peu s’en remettre.
A Pâques de 1641, tout un groupe d’anglicans arrivèrent à Morley, où Ambrose était en train de prêcher. On l’arrête. Il est si faible, qu’on doit le mettre sur un cheval et le soutenir. En prison, il prie ; si on vient le voir, il ne parle que de Dieu.
Il est jugé le 7 septembre. On lui propose la liberté s’il cesse de séduire le peuple ; il répond : I am not a seducer but a reducer (je ne séduis pas les âmes, je les ramène au bercail).
Le 8, fête de la Nativité de Marie, il est condamné à mort. Ambrose répond : Je rends grâces à Dieu ! et prie pour ceux qui l’ont condamné ; même le juge lui en sait gré.
Le 10 septembre 1641 a lieu l’exécution. On le porte sur une sorte de claie, on tourne trois fois autour de la potence, tandis qu’il récite le psaume 50 (Miserere). On lui propose encore une fois de se “convertir”, ce qu’il refuse clairement. Selon le “rite” du moment, Ambrose est pendu, éviscéré, écartelé, et ses restes sont mis dans l’huile bouillante. On expose sa tête sur une pique.
Ambrose-Edward Barlow a été béatifié en 1929 et successivement canonisé en 1970, parmi les “Quarante Martyrs d’Angleterre et du Pays de Galles”.
Le miracle retenu pour la canonisation, advint par l’intercession de Cuthbert Mayne et de ses Compagnons en 1962 : un malade fut guéri instantanément et de façon stable d’un sarcome à l’épaule.
Edward est inscrit le 10 septembre au Martyrologe.