Ildefonso de Tolède
606-667
Ildefonso était de sang royal. Il naquit à Tolède le 8 décembre 606 ou 607. Ce jour devait plus tard être la fête de l’Immaculée Conception de Marie, mais il semble que cette fête existât déjà en Orient. Apparemment, un oncle de l’enfant était évêque de Tolède, Eugenio III.
Ce fut justement par l’intercession de Marie que les pieux parents obtinrent la naissance de leur enfant. Il reçut sa première formation, très soignée, auprès de son oncle.
Jeune encore, il voulut entrer au monastère de Agali, près de Tolède.
A la mort de ses parents, il héritait d’une grande fortune, qu’il utilisa pour la fondation d’un monastère de religieuses.
L’évêque de Tolède l’ordonna diacre (632). On n’arrive pas bien à comprendre si cet évêque était Eugenio ou Eladio.
Puis Ildefonso fut appelé à succéder à l’abbé de Agali : comme tel, il participa à deux conciles de Tolède.
En 655 eut lieu un événement glorieux, dont furent témoins trop de personnes pour être ignoré et mis en doute. On était un 18 décembre, jour où à l’époque on célébrait l’Attente (Exspectatio) de Marie, huit jours avant la naissance du Christ. Très fervent pour cette célébration, Ildefonso se rendit très tôt à l’église avec ses moines. Tout à coup, une grande lumière fit arrêter le cortège, et seul Ildefonso s’avança ; la sainte Vierge était sur un trône, entourée de vierges célestes, et tendit à Ildefonso une magnifique chasuble en lui disant : Tu es mon chapelain et mon fidèle notaire, reçois cette chasuble que mon Fils t’envoie de ses trésors. La Sainte Vierge l’en revêtit, lui recommandant de ne l’utiliser que pour les fêtes solennelles en son honneur. L’expression fidèle notaire faisait allusion à l’ouvrage dont il va être question plus bas.
Puis il fut désigné en 657 pour succéder à l’évêque Eugenio (?) : s’étant caché dans un coin de son monastère pour échapper à cette dignité, il en fut extirpé par la force.
Ce fut un saint évêque, bon prédicateur et pasteur exigeant pour l’élévation de son clergé.
Il écrivit plusieurs ouvrages, dont un a retenu toute l’attention des théologiens, Sur la virginité de Sainte Marie, contre trois infidèles.
Les «trois infidèles» sont Joviniano, Elvidio et un juif. Contre le premier, il défend la virginité de Marie dans la conception et l’enfantement ; contre le second, il expose qu’elle est toujours restée vierge ; au troisième, il démontre que Jésus-Christ est Dieu et que Marie fut perpétuellement intègre. Cet ouvrage, qui s’appuie sur saint Augustin et saint Isidore de Séville, constitue la base de la théologie espagnole mariale.
Ildefonso avait une grande dévotion envers sainte Leocadia, célèbre martyre du 4e siècle, dont il désirait retrouver les reliques (cf. 9 décembre). Elle se manifesta elle-même à Ildefonso, lui indiquant l’endroit cherché et ajoutant : Par toi est maintenue ma souveraine qui règne au haut des cieux !, en allusion à l’ouvrage ci-dessus. En gage de cette vision, Ildefonso tailla un morceau du voile de sainte Leocadia, relique conservée depuis à Tolède.
Saint Ildefonso mourut le 23 janvier 667. Son corps fut inhumé dans l’église Sainte-Leocadia, puis transféré à Zamora, par crainte des Maures. On le vénéra pendant deux siècles, puis on l’oublia sous les décombres pendant cinq siècles, avant d’être à nouveau exposé à la vénération des fidèles.