Yu Tae-ch’ōl Petrus
(Yu Dae-jeol Peteuro)
1826-1839
Petrus était le fils d’un père chrétien, mais d’une mère strictement attachée à la religion des ancêtres et opposée au christianisme.
Son père, Yu Chin-gil Augustinus, fut ce laïc qui alla à Pékin pour demander aux missionnaires d’envoyer des prêtres en Corée ; il fut arrêté en juillet 1839 et martyrisé le 22 septembre 1839.
Petrus, reçut le baptême, comme ses frères, avec le nom du Prince des Apôtres.
La mère et la sœur en revanche lui reprochaient de ne pas «obéir» quand on lui demandait d’offrir l’encens aux ancêtres, mais Petrus répondait gentiment qu’il obéirait en tout ce qu’on lui demanderait, mais que, pour ce qui concernait la foi, il obéirait d’abord à Dieu, qui a créé toutes choses.
Lors de la persécution, Petrus désirait ardemment le martyre. Profondément impressionné par le courage de son père et d’autres Martyrs qu’il vit en prison, il n’eut plus d’autre désir et alla se présenter spontanément aux autorités, dès juillet 1839, peu après l’arrestation de son père.
Après un premier interrogatoire, le juge se rendit compte que Petrus était fils d’un Chrétien, et le mit en prison.
Présenté devant la cour, Petrus fut invité à apostasier, menacé, torturé ; rien n’y fit, il ne renia pas son Dieu.
En prison, le gardien le frappa durement, lui écorchant profondément la jambe ; Petrus répondit qu’il croyait toujours en Dieu et qu’il n’avait pas peur d’être frappé. Le gardien le menaça de lui enfiler un charbon ardent dans la bouche, le garçon ouvrit grand la bouche, prêt à recevoir le charbon : même le gardien n’osa pas. Un jour qu’il fut frappé plus fort, il perdit conscience ; réveillé par ses camarades de prison, il leur dit : N’ayez pas peur, je ne vais pas mourir pour ça.
Les tortures que subit Petrus furent effrayantes. Il fut interrogé quatorze fois et à chaque fois soumis à la torture. Il fut fouetté six-cents fois, et quarante-cinq fois avec le cudgel, ce mince morceau de chêne allongé, d’une vingtaine de centimètres de large et épais de quelques centimètres, avec lequel on frappait la victime allongée sur le ventre : après dix coups, les chairs «sautaient» de tous côtés et le sang coulait abondamment.
On ne comprenait pas comment Petrus avait encore la force de résister et de sourire : il avait les os brisés, les chairs en sang, le corps couvert de bleus. C’étaient les bourreaux qui devenaient ridicules… A un moment, Petrus prit un morceau de chair qui lui tombait de l’épaule et alla le montrer au gardien de prison : tout le monde en demeurait surpris, stupéfait, embarrassé : comment un adolescent de treize ans pouvait-il donc avoir ce cran, cette force, cette endurance ?
Et qu’on ne dise pas que, peut-être, on ait embellit le cadre de ce martyre prolongé : les témoins étaient là, qui purent voir et raconter ce qu’ils virent de leurs yeux.
Les autorités voulaient battre à mort Petrus, mais Petrus ne mourait pas ! Aussi finit-on par l’étrangler dans la prison-même.
Petrus mourut ainsi le 21 octobre 1839, un mois après son père.
Il est le plus jeune des Martyrs coréens, béatifiés en 1925 et canonisés en 1984.
La fête liturgique de ces Martyrs est au 20 septembre.