Yvette
1158-1228
On écrit Yvette, mais aussi Ivette, Juette, Jutte, selon qu’on a interverti les I et les J, les U et les V.
Yvette naquit à Huy (Liège, actuelle Belgique) en 1158, dans une famille bourgeoise ; son père administrait les domaines de l’évêque.
Selon une coutume d’alors, on la donna en mariage à treize ans à Henri de Stenay, d’une autre grande famille bourgeoise de l’endroit. Ce n’était pas du tout le désir profond d’Yvette, qui préférait se consacrer totalement à Dieu.
Elle entoura quand même son mari de toutes ses attentions et elle en eut trois enfants : le premier mourut en bas âge ; le deuxième entrera chez les Cisterciens d’Orval (un monastère toujours florissant) et deviendra abbé ; le troisième, après une vie passablement désordonnée, se convertira et entrera à son tour chez les Cisterciens des Trois-Fontaines (dans la Marne, un monastère actuellement en ruines et classé monument historique).
Yvette eut ces enfants durant les cinq années que dura son mariage. Elle devint en effet veuve à dix-huit ans et imposa à son père de renoncer à la remarier. Elle entra dans une pieuse union, l’Ordre des Veuves, et ouvrit sa maison aux pauvres et aux pèlerins, tout en s’occupant de ses garçons.
A vingt-quatre ans, elle commença une activité au service des lépreux, à Statte, non loin de Huy. Pendant dix ans elle ira entourer ces pauvres exclus, les soignant, les soulageant moralement, les chargeant d’affection maternelle. En plus, elle distribua ses biens, contrariant là encore son père qui, décidément, n’acceptait pas le choix de sa fille.
A trente-quatre ans enfin, Yvette passa de l’état de Marthe à l’état de Marie : elle se fit recluse dans une cellule attenante à la chapelle de la léproserie, d’où elle ne sortira plus. Elle priait, elle recevait et conseillait, elle devint l’ange gardien de Huy.
Elle eut la consolation d’obtenir par ses prières la conversion de son père et de son deuxième fils. Son père, désormais veuf à son tour, entra chez les Cisterciens à Villiers-en-Brabant (Belgique wallonne, autre monastère en ruines actuellement).
Yvette reçut des dons mystiques particuliers : elle lisait dans les consciences. Si elle put ainsi guider beaucoup d’âmes vers la Vérité, elle suscita aussi, comme au temps de Notre-Seigneur, des jalousies, en disant tout haut ce que certains voulaient garder secret.
Elle reçut beaucoup d’aumônes, avec lesquelles elle fit construire un hôpital pour ses lépreux, avec une église.
Finalement ce fut une petite communauté qui vécut autour d’elles, sa sainteté ayant attiré d’autres jeunes filles.
Yvette mourut le 13 janvier 1228 : elle avait soixante-dix ans, dont trente-sept passés en réclusion.
Les Cisterciens lui ont donné depuis longtemps le titre de Bienheureuse, mais actuellement il semble qu’on parle toujours de Sainte Yvette.
C’est à un contemporain, le chanoine Hugues de Floreffe (Namur), que nous devons ces détails sur sainte Yvette.