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25 décembre 2022 7 25 /12 /décembre /2022 00:00

25 DÉCEMBRE

 

I.

La Nativité du Sauveur (cf. Lc 2:1-20).

III.

Ste Eugenia, martyre romaine.

SS Iovinus et Basileus, martyrs à Rome.

IV.

Ste Anastasia, martyre en l'île de Palmaria ; une église lui est dédiée à Rome, et elle est mentionnée au Canon Romain.

VII.

Ste Adalsinde, fille de ste Rictrude, à Marchiennes.

IX.

Ste Alburge, sœur du roi Egbert ; elle installa des religieuses à Wilton et vivait avec elles.

XII.

S Pierre le Vénérable, abbé à Cluny.

XIII.

S Pierre Nolasque, languedocien, fondateur de l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci pour le rachat des captifs.

B Bentivoglio de Bonis, franciscain à Assise, thaumaturge.

XIV.

B Iacopone de Todi, l'auteur du Stabat Mater .

XVII.

B Michaël Nakashima Saburoemon, frère jésuite, horriblement martyrisé au mont Oungen. 

XIX.

Bse Antonia Maria Verna, fondatrice italienne des Sœurs de la Charité de l’Immaculée Conception de Ivrea, béatifiée en 2011.

XX.

Bse Maria Therese von Wüllenweber (Marie des Apôtres, 1833-1907), allemande, fondatrice des Sœurs du Divin Sauveur, pour les missions.

S Adam Chmielowski (Albert, 1845-1916), polonais, qui avait participé à l'insurrection contre la Russie ; tertiaire franciscain, fondateur de deux tiers-ordres (albertins et albertines), pour les mendiants à Cracovie, béatifié en 1983 et canonisé en 1989.

Bse Teodora Fracasso (Elia de Saint-Clément, 1901-1927), du tiers-ordre dominicain puis carmélite à Bari, béatifiée en 2006.

Naissance de Jésus-Christ


Il est de tradition que le Martyrologe Romain annonce la naissance de Jésus-Christ à la date du 25 décembre.
En voici le texte de l’actuelle édition.

Bien des siècles après la création du monde,

quand Dieu au commencement créa le ciel et la terre et forma l’homme à son image ;

bien des siècles aussi après que le Très-Haut, au terme du déluge,

mit dans les nuées l’arc-en-ciel, signe d’alliance et de paix ;

vingt-et-un siècles après qu’Abraham, notre père dans la foi, ait migré de Ur en Chaldée ;

treize-cents ans après que, sous la conduite de Moyse, le peuple d’Israël sortit d’Egypte ;

mille ans environ après l’onction de David, roi ;

en la soixante-cinquième semaine d’années, selon la prophétie de Daniel ;

dans la cent quatre-vingt quatorzième Olympiade ;

sept-cent cinquante-deux années après la fondation de la Ville ;

la quarante-deuxième année de l’empereur César Octavien Auguste ;

tout l’orbe de la terre étant en paix ;

Jésus-Christ, Dieu éternel, Fils du Père éternel,

voulant consacrer le monde par sa très sainte venue,

conçu du Saint-Esprit, et neuf mois après sa conception,

naît à Bethléem de Judée, de la Vierge Marie, s’étant fait homme.

C’est la naissance de notre Seigneur Jésus-Christ selon la chair.

 

Une mélodie particulière est prévue pour chanter cette annonce si émouvante. Tout le début se chante sur la mélodie d’une lecture de la Messe, mais aux paroles naît à Bethléem…, le chantre élève la voix une quinte plus haut, tandis que l’assistance, jusque là debout, s’agenouille, se prosterne pour saluer l’arrivée parmi les hommes du Fils de Dieu, notre Sauveur.
A la Messe de Noël, tant à la vigile que la nuit et le jour, l’assemblée est également invitée à s’agenouiller quelques instants aux mots du Credo :
Et incarnátus est de Spíritu Sancto ex María Vírgine, et Homo fáctus est.
D’autres considérations accompagneront aussi notre réflexion en ce jour saint.
Il est très vraisemblable que la naissance du Christ n’ait pas eu lieu un 25 décembre, en plein hiver, puisque les bergers, nous dit l’évangéliste saint Luc, veillaient et faisaient la garde de leurs troupeaux (vigilantes et custodientes vigilias noctis supra gregem suum, Lc 2:8) : même s’ils n’étaient pas tous éveillés et faisaient la garde à tour de rôle, leurs troupeaux n’étaient pas au-dehors à cette date. En Palestine vers le 3e siècle, on fêtait d’ailleurs la naissance du Christ au 20 mai : cette date palestinienne pourrait bien reposer sur une tradition locale bien ancrée.
La fête de Noël a pu être instituée au moment où les jours s’allongent, quand la Lumière commence de s’allonger au détriment de la Nuit. De conséquence fut instituée la fête de l’Annonciation, neuf mois auparavant, le 25 mars.
En Orient, si la fête de Noël existe au 25 décembre, la fête principale est au 6 janvier, jour de l’Epiphanie, quand vinrent les Mages d’Orient adorer le Roi des Juifs qui vient de naître (Mt 2:2). Cette fête est appelée chez eux Théophanie, ou manifestation de Dieu.
La date du 25 décembre serait donc venue, pour une fois, de l’Occident avant de gagner peu à peu l’Orient.
Noël vient de natalis, jour de la naissance, dont est dérivé le prénom Nathalie (qu’on devrait donc écrire sans h).
Rappelons pour finir la très belle Prière du Jour de cette fête de Noël :


Père, toi qui as merveilleusement créé l’homme

et plus merveilleusement encore rétabli sa dignité,

fais-nous participer à la divinité de ton Fils,

puisqu’il a voulu prendre notre humanité.


Christus natus est nobis !
Veníte, adorémus !

 

Eugenia de Rome

?

 

Il est impossible d’avoir la lumière sur les extraordinaires péripéties de la vie d’Eugenia. On ne va ici avancer que ce qui fait justement difficulté dans sa Passio.

Elle aurait vécu entre 176 et 268, dates extrêmes des empereurs dont il est question, Commode et Gallien. Elle aurait pu mourir ainsi vers quatre-vingts ans, alors qu’on la présente de bout en bout comme une jeune fille charmante et jolie.

On lui donne pour père un certain Philippus qui, de préfet d’Egypte, devint ensuite évêque d’Alexandrie, alors qu’on ne connaît là-bas aucun préfet ni aucun patriarche de ce nom.

Eugenia aurait par hasard rencontré dans les environs d’Alexandrie un évêque Helenus (?) qui était entouré de dix mille hommes : difficile, et téméraire, en temps de persécution, d’oser organiser une telle procession ouvertement.

Eugenia, pour pouvoir entrer dans le «monastère» d’Alexandrie, se déguisa en homme, fut admise et fut même élu(e) abbé : mais il n’y avait pas de monastère en Alexandrie au troisième siècle. Surtout, on n’imagine pas qu’une jeune femme puisse si longtemps se faire passer pour un homme dans un «monastère» où l’on chante continuellement l’office divin.

Plus tard, elle se fit reconnaître à toute sa famille ; son père, converti, fut assassiné sur l’ordre du nouveau préfet ; elle revint à Rome avec sa mère et ses frères. Eugenia aurait alors réuni des vierges et le pape serait venu chaque samedi célébrer pour elles les Saints Mystères. Ce détail est suspect : en temps de persécution, on n’organise pas de cérémonies aux mêmes lieux et jours, pour déjouer les manœuvres des observateurs.

Suite à une trahison, Eugenia fut sommée par l’empereur de sacrifier aux dieux païens, fut conduite au temple de Diane (qui s’effondra à son arrivée), fut précipitée dans le Tibre une pierre au cou - mais la pierre éclata et Eugenia fut transportée assise sur les eaux du fleuve, on la jeta dans les fourneaux des thermes - qui s’éteignirent, on l’enferma huit jours sans nourriture dans un cachot obscur, où le Christ vint lui donner l’Eucharistie ; enfin, le jour de Noël, elle fut décapitée.

Il faut remarquer ici qu’au troisième siècle, on ne fêtait pas la Naissance du Christ au 25 décembre. La fête n’apparut qu’au siècle suivant.

Pour être complets, ajoutons que les saints Protus et Hyacinthus (v. 11 septembre) apparaissent aussi dans les étonnantes péripéties d’Eugenia.

Si l’on retire donc de la Passio d’Eugenia tous ces détails difficiles, il ne reste plus grand-chose à dire : Eugenia est une martyre romaine du deuxième ou du troisième siècle.

La belle église Sainte-Eugénie de Biarritz (Pyrénées Atlantiques), édifiée au début du vingtième siècle, reçut sa dédicace par référence à l’impératrice - d’origine espagnole - Eugenia de Montijo.

Le Martyrologe Romain mentionne sainte Eugenia de Rome au 25 décembre.

 

 

Iovinus et Basileus de Rome

† 258

 

On croit généralement que Iovinus et Basileus furent martyrisés à Rome vers 258.

Le Martyrologe Romain mentionne saints Iovinus et Basileus de Rome au 25 décembre.

 

 

Anastasia

4e siècle

 

La Martyre Anastasia a une Passio qui nous laisse un peu déconcertés, à cause des invraisemblances accumulées, dans les dates, dans les lieux et dans les noms.

Il semblerait qu’Anastasia vivait sous Dioclétien, qui fut empereur de 284 à 305. Or Dioclétien avait établi son siège en Orient, laissant l’Occident à Maximien.

Anastasie est dénoncée à Dioclétien pour avoir visité des Chrétiens en prison, et enseveli leurs corps. C’est à Sirmium (dans l’actuelle Serbie) où était en déplacement Dioclétien, qu’elle est arrêtée.

C’est probablement là aussi qu’elle est martyrisée, attachée à un poteau et brûlée vive, le 25 décembre.

De savantes recherches archéologiques exécutées à Rome sous la basilique de Sainte-Anastasie, révéleraient que cette basilique remonterait déjà au 3e siècle, et qu’elle aurait été construite sur (ou dans) la propriété d’une riche Anastasie, homonyme de notre Martyre mais dont on ignore tout de la vie.

On fêtait donc en cette basilique la martyre Anastasie, à son dies natalis, le 25 décembre. La messe y était célébrée au petit matin, entre la messe de la nuit de Noël et la messe du jour, ce qui finit par donner lieu à la messe de l’aurore, à l’heure où les bergers vinrent adorer l’Enfant-Jésus ; cette messe finit par supplanter peu à peu la mémoire de sainte Anastasie. Au 9e siècle, il existait encore deux formulaires de messe pour le matin de Noël, l’une de Noël, l’autre de sainte Anastasie, et l’Eglise de Rome fit savoir que Là où il y a des reliques de sainte Anastasie, ou son corps, on dit les oraisons de sainte Anastasie selon la coutume romaine, là où il n’y en a pas, on dit celles de l’Incarnation du Seigneur. Le mot Incarnation est impropre ici, car elle eut lieu le 25 mars, jour de l’Annonciation ; il faudrait lui préférer le mot Naissance.

Sainte Anastasie est mentionnée dans la prière Nobis quoque peccatoribus du Canon Romain de la messe.

Le Martyrologe Romain cite sainte Anastasia, comme martyre à Sirmium, au 25 décembre.

Pierre le Vénérable

1092-1156

 

Pierre était un des nombreux enfants de Pierre-Maurice de Montboissier et Raingarde de Semur, qui habitaient à Cunlhat (Puy-de-Dôme), et eurent huit enfants, tous garçons :

  • Heraclius devint archevêque de Lyon ;
  • Pierre devint abbé à Cluny ;
  • Pons, abbé à Vézelay ;
  • Jourdain, abbé à la Chaise-Dieu ;
  • Arman, abbé à Manglieu ;
  • Othon mourut jeune ;
  • Hugues, qui se maria, eut deux filles (Poncie et Marguerite), qui entrèrent au monastère de Marcigny ;
  • Eustache, lui, assura la perpétuité du nom.

Maurice, le père, bénéficia des excellents conseils de sa généreuse épouse et s’était presque décidé comme elle à embrasser la vie religieuse, quand il mourut au retour d’un pèlerinage en Terre sainte. Raingarde avait depuis longtemps voué toute sa vie à Dieu et ne tarda pas, une fois veuve, à entrer à l’abbaye de Marcigny, où elle donna les signes des plus humbles vertus. Elle mourut très saintement le 24 juin 1135.

On peut imaginer aisément l’ambiance qui régnait dans cette belle famille, avec une telle maîtresse de maison.

Pierre, donc, était né vers 1092, et fut consacré à Dieu dès l’enfance.

Il fut élevé au prieuré bénédictin de Sauxillanges, émit les vœux sous Hugues de Cluny (v. 29 avril), fut écolâtre (professeur) et prieur à Vézelay sous Pons de Melgueil, élu prieur près de Grenoble en 1120, et abbé de Cluny en 1122.

En 1124, devant se déplacer en Aquitaine, on l’informa que son ancien abbé de Vézelay, Pons, profitait de son absence pour envahir et dévaliser Cluny ! Il le fit excommunier.

En 1130, il prit décidément parti pour le pape légitime.

L’abbaye de Cluny, qui compta jusqu’à quatre-cents moines sous Pierre, était arrivée à sa plus haute splendeur ; elle devait décliner après Pierre, victime de cette même splendeur, qui corrompt l’âme de l’intérieur quand l’homme, même moine, s’habitue à la gloire.

En 1132 d’ailleurs, Pierre réunit un chapitre général de deux cents prieurs, pour restaurer la discipline dans l’Ordre et, en 1146, promulgua des statuts concernant la liturgie et les coutumes.

En 1135, Pierre eut la charité d’accueillir Abélard, universellement condamné, poursuivi et chassé. Il organisa aussi une rencontre de réconciliation entre Bernard de Clairvaux et Abélard. A la mort de ce dernier, il fit écrire sur sa tombe une formule de pleine absolution de tous ses péchés.

L’abbatiat de Pierre dura trente-quatre ans ; pendant ce tiers de siècle, Pierre encouragea beaucoup l’étude, la copie de manuscrits, tant religieux que des auteurs païens. Il tint une ample correspondance avec beaucoup de personnages, des papes aux bienfaiteurs, et avec saint Bernard de Clairvaux (v. 20 août) ; l’attitude de ce dernier ne fut pas toujours réservée vis-à-vis de Cluny, mais Pierre l’amena à plus de douceur et ils furent bons amis.  Pierre conbattit aussi l’hérésie de Pierre de Bruys.

Il reçut des missions diplomatiques importantes, pas toutes couronnées de succès. 

Particulièrement digne de mention fut sa démarche en direction des Musulmans ; à leur égard, il fit traduire en latin le Coran, entre 1141 et 1143, et qu’il intitula : Lex Mahumet pseudoprophetae. Il réfuta les doctrines des Musulmans, et leur disait gentiment : Je vous invite au salut. Il préférait la discussion pacifique et respectueuse à la démarche des croisades.

Il fut sévère à l’adresse des Juifs, contre lesquels il écrivit un traité : Adversus Iudæorum inveteratam duritiem («contre la dureté invétérée des Juifs», reprenant l’expression du Christ dans l’Evangile, qui reproche aux Pharisiens leur endurcissement, cf. Mc 10:5).

Pierre eut quelques démêlés avec Vézelay, et rédigea en 1145 une charte de bons rapports entre la commune et l’abbaye. En 1154, les prieurés anglais et italiens cherchèrent à se rendre indépendants de l’abbaye centrale. Les dernières années, il connut des tristesses, victime de son désir de paix et de modestie : on profitait de sa douceur. L’abbaye, justement et comme on l’a dit plus haut, périclita après lui.

Pierre s’éteignit le jour de Noël, 25 décembre 1156.

C’est l’empereur Barberousse qui en 1153 lui donna le titre de Vénérable (à moins qu’il l’ait répété après l’avoir entendu d’autres, plus admiratifs). 

Pierre n’a pas été béatifié ni canonisé, quoique Rome ait autorisé en 1862 de le mentionner parmi les Saints fêtés globalement à Clermont ; le Martyrologe Romain a accueilli récemment le bienheureux Pierre le Vénérable, au 25 décembre.

 

 

Bentivoglio de Bonis

1188-1232

 

Bentivoglio est un prénom italien rare, mais dont la formule est couramment utilisée dans cette langue : dire à un Italien «Je te veux du bien» (Ti voglio bene), c’est lui exprimer combien on l’estime, qu’on lui est reconnaissant.

Bentivoglio, donc, naquit en 1188 à San Severino Marche (Italie CE), de pieux et nobles parents, Giraldo de Bonis et Albasia.

Il fut sans tarder attiré par l’idéal et la parole enflammée d’un Franciscain, Paolo de Spolète, et fut admis à Assise par saint François lui-même (v. 4 octobre).

Ordonné prêtre, il devint un modèle accompli de simplicité, d’humilité, de pénitence. Infatigable dans son zèle pour annoncer la Parole de Dieu, il fut favorisé du don des miracles et des extases.

Ainsi, le curé de San Severino fut tellement frappé par une de ces extases, qu’il demanda à être admis parmi les Frères de François.

Un des autres prodiges signalés fut le suivant. Bentivoglio était chargé d’assister un lépreux au couvent Ponte della Trave et ce jour-là s’y trouvait seul, lorsque lui arriva l’ordre de rejoindre sans tarder un autre couvent à Potenza Picena, à vingt kilomètres. Que faire du malheureux lépreux ? Il le chargea sur ses épaules et se mit en marche au petit matin ; avant même le lever du soleil, il était arrivé à destination. Il est évident que tout le pays fut témoin et raconta l’épisode. Dieu avait ainsi récompensé l’obéissance spontanée du Frère.

Bentivoglio s’endormit dans le Seigneur, au jour de la naissance du Sauveur, le 25 décembre 1232, aussitôt vénéré comme un Saint.

Le culte voué à Bentivoglio fut confirmé en 1852.

 

 

Iacopo de’ Benedetti de Todi

1230-1306

 

Iacopo (Jacques) naquit vers 1230 à Todi (Pérouse, Ombrie, Italie C), de famille bourgeoise.

Il étudia le droit à Bologne, obtint le doctorat et revint exercer à Todi.

Avocat habile, juriste mondain, il ne résistait pas à certaines manières originales dans son acoutrement. Il aimait la vie. Il épousa Vanna (Jeanne) di Bernardino di Guidone, dont il eut une fille.

Un accident, lors d’une fête, causa la mort de son épouse en 1268 : une estrade s’écroula. Iacopone s’aperçut alors que son épouse portait un cilice. Tout ceci fit profondément réfléchir le juriste, qui sans attendre vendit ses biens, prit l’habit d’ermite et vécut en vagabond.

Il restait très original, mais dans la pénitence, par exemple il s’ «humiliait» à marcher à quatre pattes harnaché comme un âne…  C’est dans ces circonstances que les enfants le surnommèrent Iacopone («gros Jacques»). Il ne manquait pas une occasion de souligner la vanité de la vie.

En 1278, il frappa à la porte des Franciscains de Todi. Le Gardien était en droit d’hésiter un peu pour admettre un tel candidat ! Iacopone devint frère convers. Ses mortifications continuaient.

Voulant expier sa gourmandise d’autrefois, il se procura des abats, qu’il suspendit dans sa cellule, juste pour les humer et s’imposer de les voir, de s’en approcher, sans y toucher. Les beaux morceaux devinrent une charogne infecte, dont l’odeur se répandit bien en-dehors de la cellule ; le Frère Iacopone n’eut pas de peine à «avouer» sa pénitence ; on lui en donna une autre : d’être enfermé à la fosse d’aisance. On verra là que les moines, eux aussi, ne manquaient pas d’originalité.

Dans la querelle qui opposa les Franciscains «spirituels» et les «conventuels», il prit énergiquement parti pour les spirituels, appuyés par le pape Célestin V (celui qui devait démissionner), et se permit de brimer le pape qui favorisait les conventuels : Boniface VIII l’excommunia, le fit emprisonner, et pendant plusieurs années. Même durant l’année sainte 1300, le pape lui refusa l’absolution. Il ne fut libéré qu’à la mort du pape en 1303.

Iacopone, désormais septuagénaire et affaibli, fut recueilli chez des Clarisses de Collazzone, qui lui montrèrent toute l’attention possible.

Ce célèbre pénitent écrivit des poèmes qui lui valurent une place dans la littérature italienne. On lui attribue généralement le Stabat Mater, que nous chantons le 15 septembre en la fête de Notre-Dame des Douleurs.

Iacopone mourut saintement à Collazzone le jour de Noël, 25 décembre 1306.

Un culte se développa autour de son tombeau et fut reconnu en 1868, mais Iacopone n’est pas mentionné dans le Martyrologe.

 

 

Michaël Nakashima Saburōemon

1583-1628

 

Michaël Nakashima Saburōemon était né vers 1583 à Machiai (Kumamoto, Japon), de parents non chrétiens.

Il fut baptisé à onze ans et, encore adolescent, fit le vœu de chasteté.

Quand le Christianisme fut déclaré hors la loi, Michaël invita celui qui l’avait baptisé, le père Baeza, à venir habiter chez lui ; il y resta jusqu’à son arrestation et sa mort en 1626. Michaël hébergea alors un autre prêtre chez lui, sachant bien quels risques il prenait, mais il était trop heureux d’assister à la Messe chaque jour.

C’est en considération de ce courage fidèle qu’il fut admis dans la Société de Jésus, comme Frère, en 1627.

Il fut arrêté en août de cette même année et resta en prison pendant toute une année.

En septembre 1628, les autorités demandèrent à la population de pourvoir au bois qui aurait servi au martyre des missionnaires. Le Frère Michaël refusa.

Il fut immédiatement dénoncé et arrêté ; sa maison fut confisquée ; il fut durement battu et jeté en prison. Les jours suivants, on le battit plusieurs fois encore, pour le faire apostasier ; il déclara aux bourreaux : Vous pouvez me mettre en morceaux, faire sortir mon âme de mon corps, mais nous n’arriverez pas à faire sortir de ma bouche le moindre mot contre ma foi.

Les bourreaux lui infligèrent la torture de l’eau, en le forçant à ingurgiter d’énormes quantités d’eau au moyen d’entonnoirs enfilés dans les narines. Puis ils sautaient sur son ventre, pour faire ressortir l’eau absorbée. Il résista à l’apostasie ; à un ami qui vint le voir, il dit que, si la douleur devenait insupportable, il invoquait la Sainte Vierge, et la douleur cessait immédiatement.

Le 24 décembre, on procéda à une nouvelle torture de l’eau. Puis on l’emmena à Shimabara, au Mont Unzen, là où jaillissent des eaux sulfureuses ; ces eaux ont la propriété de détruire les chairs en un instant ; les bourreaux le firent d’abord entrer dans une poche d’eau peu profonde, pendant quelques instants, puis dans une poche plus profonde, où les chairs se détachèrent des pieds. Puis on le poussa dans un endroit plus profond encore, où l’eau lui arrivait au cou : quand on l’en sortit, il ne pouvait plus marcher, son corps n’étant qu’une plaie ouverte, laissant apparaître tous les os. On le laissa là toute la nuit, au froid, sur l’herbe. 

Le matin de Noël, 25 décembre 1628, les bourreaux revinrent dès le lever du soleil ; comme le pauvre Michaël ne pouvait plus se déplacer, ils s’ingénièrent à dériver l’eau sulfureuse sur sa tête et son corps. Cet ultime supplice dura encore deux heures. Les seuls mots qui sortirent de la bouche de Michaël furent : Jésus, Marie !

Michaël Nakashima Saburōemon fut béatifié en 1867.

Antonia Maria Verna

1773-1838

 

Guglielmo Verna et Domenica Maria Vacheri, de pauvres paysans de Pasquaro (Rivarolo, Turin, Italie) eurent deux enfants ; la deuxième naquit le 12 juin 1773 et reçut le jour même au baptême le nom de Antonia Maria.

La famille est si pauvre, qu’elle n’a qu’une pièce pour abriter toute la famille, mais on y est très uni dans la foi et les principes chrétiens. Domenica sait enseigner à ses enfants les premiers éléments du catéchisme.

Quand Antonia peut fréquenter les leçons de catéchèse paroissiales, elle s’empresse de répéter ce qu’elle y a appris aux enfants qu’elle réunit autour d’elle. Elle a trois dévotions particulières : l’Enfant Jésus, la Vierge Marie Immaculée, et saint Joseph.

Quand elle a quinze ans, elle parle de se consacrer à Dieu, mais les parents voudraient la marier à quelque bon parti, et il n’en manque pas car la jeune fille attire les regards. Mais Antonia, bien conseillée par son directeur spirituel, fait le vœu de virginité perpétuelle et, pour mettre fin aux prétentions, quitte le pays.

Or, à cette époque, la Révolution française répand ses idées dans l’Italie ; Antonia comprend que la société est menacée par le laïcisme, le naturalisme, le rationalisme, par les soi-disant «droits de l’homme», en opposition avec les devoirs de l’homme envers son Créateur.

Antonia n’a que dix-huit ans, mais comprend que pour contrer cette invasion d’idées perverses, il faut agir au niveau de l’éducation, et de l’éducation chrétienne.

Après son vœu de virginité, elle veut reprendre et compléter sa propre instruction, et retourne sur les bancs de l’école : huit kilomètres à pied chaque jour, dans la prière et la pénitence, pour fréquenter la Scuola del Gesù (Ecole du Jésus ou Institut Rigoletti) à San Giorgio Canavese. Elle reprend à Pasquaro son activité apostolique, instruisant les enfants, ramenant les plus grands aux pratiques chrétiennes, réconfortant les faibles et les affligés, patiemment.

Pasquaro ne lui suffit plus : elle s’établit dans la localité proche, Rivarolo Canavese, entre 1796 et 1800. Période très difficile, à cause de l’invasion des idées révolutionnaires françaises, et des troupes napoléoniennes ; la population s’appauvrit, la délinquance s’élargit.

La petite maison d’Antonia lui sert de cloître, de chaire d’enseignement, mais est trop petite, car elle veut assister les malades. Elle commence de s’entourer de compagnes ; une première communauté est en train de se constituer, qui vont s’appeler les Sœurs de la Charité de l’Immaculée Conception.

On est dans les premières années du 19e siècle, mais Antonia devra attendre 1828 pour recevoir les premières lettres patentes de l’approbation et prendre un habit religieux. 

Comme il est question, de la part des Pères Lazaristes de Turin, d’ «annexer» ces Sœurs de la Charité à celles fondées en France par saint Vincent de Paul (v. 27 septembre), Antonia se met sous la protection de l’évêque d’Ivrea, qui lui donne l’approbation ecclésiastique en 1835. Les Sœurs de la Charité de l’Immaculée Conception s’appelleront désormais «d’Ivrea», là où Antonia établit la maison-mère.

Antonia Maria meurt le jour de Noël 1838 à Rivarolo Canavese.

Elle a été béatifiée en 2011. Dans l’Institut, on la fête non pas à son dies natalis (qui est le jour de Noël), mais, exceptionnellement, le 12 juin, anniversaire de sa naissance sur terre.

Les Sœurs se donnent de tous côtés, gratuitement, sans réserve, par amour de Dieu, à l’image de Marie Immaculée. Elles se sont répandues en Italie, au Moyen-Orient, en Amérique. Ce sont elles qui œuvrent à la basilique de l’Annonciation à Nazareth.

Le miracle retenu pour la béatification de la Mère Antonia Maria se produisit en 1947 à Zurich (Suisse). Le 26 décembre au soir, le médecin d’une des Religieuses, malade de broncho-pneumonie, affirme qu’il n’y a plus d’espoir de la guérir. Les Religieuses prient intensément. Le lendemain matin, croyant venir constater le décès, le médecin constate en fait la parfaite guérison de la Religieuse.

 

Un événement vraiment miraculeux se produisit à Turin en 1859, en la fête de l’Immaculée Conception, 8 décembre.

Deux époux décidèrent de passer au protestantisme et voulurent vendre de vieux meubles ainsi qu’un cadre de la Vierge, peint sur bois. Or voilà que les trois acquéreurs se mirent à blasphémer la Vierge Marie et à vouloir briser l’image avec une hache : mais c’est la hache qui se cassa, et l’image resta intacte. Ils jetèrent l’image au feu, mais seul le bois extérieur brûla, laissant l’image encore intacte. Les profanateurs, pris de panique, s’enfuirent, et le propriétaire cacha l’image. Sa femme voulut à son tour l’asperger d’alcool et la brûler, en vain. Pleins de remords, ils demandèrent conseil à un prêtre, qui leur suggéra de remettre l’Image à une pieuse personne, et les époux décidèrent de la donner aux premières Religieuses qu’ils rencontreraient, au soir de ce mercredi saint de 1860. Les religieuses se trouvèrent être de la Congrégation de l’Immaculée Conception d’Ivrea.

Depuis, l’Image miraculeuse est jalousement conservée par les Religieuses, et exposée à la vénération publique dans leur maison-mère, avec de nombreux miracles qui advinrent successivement et qui furent régulièrement consignés et examinés par un procès canonique.

 

 

Therese von Wüllenweber

1833-1907

 

Therese naquit le 19 février 1833 au château de Myllendonk (Korschenbroich, Mönchengladbach, Allemagne N), aînée des cinq filles du baron Theodor de Wüllenweber et de Elisabeth Lefort.

Elle fut pensionnaire chez les Bénédictines de Lüttich (Liège) en 1848, et revint deux ans après chez son père, qui l’initia à l’administration de la propriété.

En 1857, elle tenta son admission chez les Sœurs du Sacré-Cœur à Blumenthal (Vaals, Pays-Bas), en 1860 chez celles de Warendorf, en 1861 à Orléans, en 1863 à la Visitation de Mülheim, en 1868 chez les Adoratrices en Belgique : ce fut toujours un échec, car elle n’y trouvait pas sa vocation.

En 1876, elle acquit des bâtiments d’une ancienne fondation à Mönchengladbach, et y ouvrit l’Œuvre Sainte-Barbara, pour des orphelins. 

Elle rencontra en 1882 un jeune prêtre, Franziskus Maria Jordan, qui avait déjà fondé une Société enseignante apostolique (v. 8 septembre). Therese fit des vœux privés.

En 1885, l’Institut féminin se détachait de cette société et prenait le nom de Sœurs de la Charité de la Mère Dolorosa, tout en restant proche de l’idéal du Fondateur.

En 1888, ils fondèrent ensemble à Tivoli le Second Ordre Enseignant Catholique et Therese put émettre les vœux de religion. Supérieure de son Institut, elle prit le nom de Maria des Apôtres.

En 1893, l’Institut devint la Société du Divin Sauveur, dont la branche féminine prenait le nom distinct de Sœurs du Divin Sauveur ou Salvatoriennes.

Des maisons s’ouvrirent en Europe : Italie, Suisse, Autriche, Hongrie, Belgique ; en Inde et aux Etats-Unis. La Mère voyagea beaucoup pour consolider ces fondations.

A la fin de sa vie, Maria perdit peu à peu la vue, souffrit d’asthme, et mourut de méningite à Noël, le 25 décembre 1907.

L’Institut, qui fut reconnu en 1911 et approuvé en 1926, compte maintenant plus d’un millier de Religieuses dans une vingtaine de pays.

La tombe de Maria des Apôtres se trouvait à Rome, au cimetière Teutonico. Le corps fut exhumé pour être reporté à la Maison-mère de Rome, en vue de la béatification, qui eut lieu en 1968.

 

 

Adam Chmielowski

1845-1916

 

Le Frère Albert, qui dans le siècle s’appelait Adam Chmielowski, naquit à Igołomia, près de Cracovie en Pologne, le 20 août 1845, premier des quatre enfants de Wojciech et Józefa Borzysławska, qui descendaient de famille noble. 

Adam fut ondoyé le 26 août, et les autres rites du baptême furent complétés en juin 1847 à Varsovie. 

Les quatre enfants (Adam, Stanisłas, Marian, Jadwiga) grandissent à Varsovie, où déjà Adam se montre charitable envers les pauvres et partageant avec eux ce qu’il avait.

Le papa mourra en 1853. En 1855, avec une bourse d’état, Adam passera une année à l’Ecole des Cadets de Saint-Petersbourg, d’où sa mère le fit revenir, inquiète de l’influence de l’éducation russe sur son fils ; elle l’envoya au lycée de Varsovie. Cette bonne maman mourra en 1859 et l’adolescent sera confié à la tante paternelle, Petronela.

En 1863, c’est l’insurrection polonaise contre l’oppression tsariste. Adam, qui est alors étudiant à l’Ecole d’Agriculture de Puławy, adhéra au mouvement avec enthousiasme, mais fut gravement blessé dans un combat près de Mełchów ; il fut fait prisonnier, on dut l’amputer de la jambe gauche, sans anesthésie, chose qu’il supporta avec un courage exceptionnel.

Grâce à l’intervention de parents, il s’enfuit de la prison mais dut quitter la Patrie. Il se retrouva à Paris où il étudia la peinture ; puis il passa à Gand en Belgique où il fréquenta l’Ecole d’ingénieurs, et reprit les études de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Münich en Bavière, jusqu’en 1874, quand il pourra profiter d’une amnistie et retourner dans sa patrie. 

Il chercha un nouvel idéal de vie et se demanda : En cultivant l’art, peut-on aussi servir Dieu ? Jusqu’à présent, sa production artistique ne comprenait que des sujets profanes et il se mit alors à représenter des thèmes sacrés. Un de ses meilleurs tableaux sacrés, son “Ecce Homo”, est l’aboutissement d’une profonde réflexion sur l’amour miséricordieux du Christ pour l’homme, qui conduisit Adam vers une réelle métamorphose spirituelle. Partout où il passait, on notait la cohérence de sa vie avec son idéal chrétien, et il marquait profondément ceux qui le rencontraient.

Convaincu que, pour servir Dieu, il faut Lui dédier et l’art et le talent, il entra en 1880 dans la Compagnie de Jésus (Jésuites) comme frère laïc ; mais il dut interrompre le noviciat au bout de six mois, à cause de sa mauvaise santé.

Ce fut alors une profonde crise spirituelle, qu’il dépassa en commençant une nouvelle vie toute donnée à Dieu et à ses frères. Se trouvant alors chez des parents en Podolia (région de Pologne sous domination russe), il fit connaissance du Tiers-Ordre de saint François, et se mit à visiter les paroisses de la zone, restaurant les tableaux et diffusant l’esprit du Tiers-Ordre parmi la population rurale.

Contraint de quitter la Podolia, il revint à Cracovie où il s’établit non loin des Pères Capucins. Là, il poursuivit son activité de peintre en se donnant en même temps à l’assistance des pauvres, leur destinant ce qu’il gagnait avec ses tableaux.

Sur ses entrefaites, il eut l’occasion de connaître la douloureuse situation de certains mendiants, entassés dans des sortes de dortoirs publics, à Cracovie, et il décida de se porter à leur secours.

Par pur amour de Dieu et du Prochain, Adam renonça au succès que lui donnait la pratique de l’art, au bien-être matériel, aux milieux aristocratiques, et décida d’aller vivre parmi les pauvres, pour les soulager de leurs misères morales et matérielles. Dans leur dignité foulée aux pieds, il voyait le Visage du Christ outragé, et voulait, en eux, Lui redonner Sa dignité.

C’est ainsi que, le 25 août 1887, il endossa une bure grise, prit le nom de Frère Albert et, un an après, avec la permission du Cardinal Dunajewski, prononça les vœux de tertiaire franciscain : c’est là qu’en 1888 commença la Congrégation des Frères du Tiers-Ordre de saint François, Serviteurs des Pauvres. Ceux-ci prirent en charge le dortoir des hommes. Puis ce fut le tour du dortoir des femmes, pris en charge par la branche féminine de la Congrégation, en 1891, sous la maternelle direction de la Servante de Dieu, la Sœur Bernardyna Jabkonska.

Avec sa double Congrégation, dans un esprit de totale disponibilité, il se mit au service des plus pauvres, des déshérités, des laissés-pour-compte, des marginaux et des vagabonds. Il organisa pour eux des maisons d’assistance matérielle et morale, en leur offrant la possibilité d’assumer librement de petits travaux d’artisanat, aux côtés des frères et des sœurs, sous un même toit, leur permettant ainsi de gagner de quoi vivre.

Malgré son invalidité et la prothèse plutôt rudimentaire qu’il portait, il voyageait beaucoup pour fonder de nouveaux refuges en d’autres villes de Pologne, comme aussi pour rendre visite aux maisons religieuses. Ces maisons étaient ouvertes à tous, sans distinction de nationalité ou de religion. En outre, il ouvrit aussi des maisons et des orphelinats pour les enfants et les jeunes, des asiles pour les vieillards et les malades incurables, des soupes populaires. Pendant la première Guerre Mondiale, il envoya ses Sœurs dans les hôpitaux militaires et même aux abords des champs de bataille.

De son vivant, ce furent ainsi vingt-et-une maisons religieuses qui s’ouvrirent, où travaillaient quarante Frères et cent-vingt Sœurs.

Par sa vie exemplaire, il enseigna qu’ il faut être bon comme le pain… que chacun peut prendre pour satisfaire sa faim. Il sut montrer à ses religieux comment vivre dans la plus grande pauvreté évangélique, selon l’exemple de s.François d’Assise. Il confia son œuvre caritative à la Providence divine avec une confiance totale. Sa force lui venait par la prière, l’Eucharistie et l’union au Mystère de la Croix.

Rongé par le cancer à l’estomac, il mourut à Cracovie le jour de Noël 1916, au même endroit où étaient accueillis les pauvres. Avant de mourir, montrant la Vierge de Czestochowa, il dit aux Frères et aux Sœurs : C’est cette Vierge qui est votre Fondatrice, ne l’oubliez pas ; et encore : Avant toute chose, vivez dans la pauvreté.

Ceux qui l’ont rencontré et connu ont gardé de lui un merveilleux témoignage de foi et de charité. A Cracovie et dans toute la Pologne, on l’appelle le Père des Pauvres et aussi le saint François polonais du XXe siècle, pour son esprit de réelle pauvreté évangélique.

L’histoire de l’Eglise est vraiment marquée par l’exemple de Frère Albert. Non seulement il a donné son vrai sens à l’Evangile de la miséricorde du Christ, mais il le reçut dans son cœur et le vécut avec la plus profonde intensité.

Aujourd’hui, les Frères et les Sœurs “Albertins” poursuivent le charisme de leur Fondateur en Pologne, mais les Sœurs sont aussi présentes en Italie, aux Etats-Unis et en Amérique Latine.

Frère Albert a été béatifié le 22 juin 1983 et canonisé le 12 novembre 1989 à Rome.

 

 

Teodora Fracasso

1901-1927

 

Teodora (le nom signifie «Don de Dieu»), naquit à Bari (Italie S) le 17 janvier 1901, troisième des neuf enfants de Giuseppe, un artiste peintre, et Pasqua Cianci ; elle fut baptisée quatre jours plus tard par son oncle, don Carlo Fracasso. 

Des neuf enfants, ne vécurent que cinq d’entre eux, outre Teodora : Prudenzia, Anna, Domenica et Nicola.

A cinq ans, elle eut un rêve, dans lequel une belle Dame avançait parmi des lys fleuris, puis disparaissait. La pieuse maman de Teodora lui expliqua ce que pouvait signifier cela, et la petite fille promit à la Dame de devenir religieuse.

A l’école chez les Religieuses des Saintes Stigmates, elle se prépara à dix ans pour la Première communion, qui devait avoir lieu le 8 mai 1911. La nuit précédente, elle rêva cette fois-ci de Thérèse de Lisieux, qu’elle ne connaissait pas encore (elle était morte en 1897 et ne devait être béatifiée qu’en 1923, et canonisée en 1925) - qui lui annonçait : Tu seras moniale comme moi, et la nommant Elia.

En outre, le jour de cette Première communion, Jésus lui parla et lui dit qu’elle allait beaucoup souffrir dans sa vie ici bas.

Elle continua sa formation, apprit la couture et la broderie. Elle fit partie de deux associations pieuses, l’une, eucharistique, inspirée de la bienheureuse Imelda Lambertini (v. 13 mai), l’autre, la Milice Angélique inspirée par saint Tommaso d’Aquino (v. 28 janvier).

L’adolescente aimait réunir ses amies chez elle pour parler de choses profondes, méditer, prier : c’est ainsi que le petit groupe priait, lisait l’Evangile, l’Imitation du Christ, les vies de Saints, et tout particulièrement celle de Thérèse de Lisieux, qu’elle appelait ma très chère Amie du ciel.

Entrée dans le Tiers-Ordre dominicain, Teodora y fut novice en 1914, avec le nom d’Agnese et fit la profession en 1915, avec une dispense d’âge car elle n’avait que quatorze ans. 

Cette jeune adolescente montrait un zèle apostolique surprenant, par exemple dans son attention envers les ouvriers de l’atelier de son père, les assistants dans leurs maladies, confectionnant de petits cadeaux pour les nouveaux-nés, enseignant le catéchisme aux jeunes enfants…

En 1917, elle eut un nouveau directeur spirituel qui, considérant son charisme particulier, l’orienta vers une autre famille : les Carmélites de Bari.

C’est ainsi que Teodora, alias Agnese, devint sœur Elia de Saint-Clément à partir de 1920, année où elle entra au Carmel et en reçut l’habit.

Evidemment, elle s’abreuva de la «petite voie» de Thérèse de l’Enfant-Jésus.

On pourrait croire que le chemin de la nouvelle Carmélite était tout tracé et que les jours passaient dans l’insouciance : il y a aussi des jalousies et des incompréhensions dans les couvents, et sœur Elia en fut victime.

En 1923, la Mère Prieure la nomma maîtresse de couture dans l’école des petites filles qui dépendait du Carmel ; mais la directrice de l’école, une autre Carmélite, un peu trop sévère et autoritaire, ne voyait pas d’un bon œil l’influence qu’Elia avait sur les fillettes par sa bonté et sa patience, aussi la fit-elle éloigner de cette place au bout de deux ans : Elia dut se replier dans sa cellule, où elle faisait tous les travaux de couture qu’on lui apportait.

La Prieure cependant l’estimait beaucoup, et la nomma à la sacristie.

Cette année-là, en 1925, l’année de la canonisation de la Carmélite de Lisieux, Elia fit la profession solennelle.

Une de ses sœurs la rejoignit au Carmel, prenant le nom de la sœur de sainte Thérèse, Celina.

En janvier 1927, une forte grippe secoua la jeune Religieuse, avec des maux de tête effrayants, dont elle ne se plaignait pas. Le 21 décembre, une forte fièvre et d’autres symptômes commencèrent à inquiéter les Religieuses. Le médecin diagnostica le 24 une possible méningite, sans s’alarmer cependant. Le 25, jour de Noël, deux autres médecins ne purent que constater l’irréversibilité du mal.

Sœur Elia mourut à midi, ce 25 décembre 1927, accomplissant sa prophétie : Je mourrai un jour de fête.

Teodora-Agnese-Elia fut béatifiée en 2006.

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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 00:00

24 DÉCEMBRE

 

-XX

La commémoraison de tous les saints ancêtres du Christ.

V.

S Delphinus, évêque à Bordeaux ; il baptisa s. Paulin de Nole.

VI.

Ste Tarsilla, vierge, tante de s. Grégoire le Grand.

VIII.

Ste Irmine, fille de Dagobert II, protectrice des missions de s. Willibrord.

Ste Adèle, (autre ?) fille de Dagobert II, fondatrice d'une abbaye à Pfalzel.

XI.

B Bruno, convers bénédictin à Ottobeuren.

XV.

S Jan de Kȩty, prêtre polonais, professeur à Cracovie, un temps curé, prédicateur, grand voyageur ; controversiste, il savait toucher par sa douceur ; fêté le 23 décembre.

XVIII.

B Bartolomeo Maria Del Monte, prêtre à Bologne ; cinquième enfant, ses frère et sœurs moururent en bas âge ; fervent de l'Eucharistie, il prêcha partout avec un immense succès et fonda l'Œuvre Pie des Missions ; béatifié en 1997.

XIX.

Ste Costanza (Paola-Elisabetta) Cerioli, veuve, fondatrice de l'Institut de la Sainte-Famille à Bergame, pour s'occuper des petits garçons et des petites filles pauvres, canonisée en 2004.

S Yussuf Makhluf (Sharbel), prêtre et ermite maronite dont le corps est resté intact, souple, exsudant une sorte de baume miraculeux, fêté le 24 juillet.

XX.

B Ignacio Caselles García (Juan Crisóstomo, 1874-1936), capucin espagnol martyr à Orihuela, béatifié en 2013.

B Pablo Meléndez Gonzalo (1876-1936), avocat espagnol père de dix enfants, martyr (avec son fils Alberto) près de Valencia, béatifié en 2001 (le 23 décembre au Martyrologe).

Delphinius de Bordeaux
† 404

Les dates de Delphinius restent assez approximatives.
Il est le deuxième évêque de Bordeaux (après Orientalis) et aurait siégé à partir de 380, ou peut-être un peu avant.
De ce long pontificat, on retiendra d’abord le concile de Saragosse (380), auquel participa Delphinius. On y condamna la doctrine de Priscillianus, décision réitérée au concile de Bordeaux, présidé cette fois par Delphinius lui-même en 384. 
Concernant Priscillien, il sera jugé et condamné à mort dans un tribunal civil à Trèves (385), malgré les efforts de s.Martin (v. 11 nov.) pour obtenir sa grâce. Dans cette affaire, l’attitude commune de Delphinius, de s.Ambroise de Milan (v. 7 déc.) et du pape Damase (v. 11 déc.) montre combien ces trois personnages étaient liés par une même doctrine et une réelle amitié.
S.Paulinus de Nole (v. 22 juin) fut le disciple de Delphinius et fut baptisé par lui, avant d’être nommé évêque à Nole (Italie). La correspondance entre eux deux nous apprend qu’en 399, Delphinius fut assez gravement malade.
Delphinius mourut vers 402 ou 403, après un épiscopat d’environ un quart de siècle.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Delphinius de Bordeaux au 24 décembre.


Tarsilla de Rome
6
e siècle

Le saint pape Grégoire le Grand (v. 3 sept.) avait de qui tenir : sa mère sainte Silvia et deux de ses tantes paternelles, les vierges Tarsilla et Æmiliana, sont au Martyrologe (v. 3 nov. et 5 janv.). Mais aussi, le pape s.Felix III était un de leurs ancêtres (v. 1er mars). 
Or, ce s.Felix apparut en songe à Tarsilla - vers la fin du sixième siècle, lui disant : Viens ! je vais te recevoir dans cette Maison de lumière !
Au réveil, Tarsilla fut prise de fièvre et mourut très peu après.
Quand on lava son corps, on s’aperçut que la peau de ses genoux et de ses coudes était durcie, à la suite de ses longues prières.
Le Martyrologe Romain mentionne sainte Tarsilla de Rome au 24 décembre.


Irmine de Trèves
† 708

Une pieuse tradition, aujourd’hui contestée, présente Irmine comme la fille du roi Dagobert.
Alors qu’elle était fiancée au comte Hermann, ce dernier mourut, avant le mariage. Récemment, on aurait cependant avancé qu’elle fut l’épouse d’Hugobert († 697) et la mère de cinq filles (Adela, Rolande, Plectrude, Regentrude, Bertrade), mais ces données sont encore à vérifier.
Irmine fonda alors le monastère d’Oeren à Trèves et elle en fut l’abbesse.
Grand soutien de l’activité de s.Willibrord (v. 7 novembre), elle lui céda sa villa d’Echternach en 698, avec l’église et le petit monastère qu’elle y avait fait construire. Par la suite, elle lui donna aussi une villa proche de Tolbiac et une autre à Steinheim. 
Elle lui remit aussi une vigne près de Trèves : ce n’est pas que l’évêque eût grand besoin de boire de ce breuvage, mais il ne faut pas oublier que les prêtres célèbrent nécessairement la Messe avec du vin.
Irmine mourut la veille de Noël, vers 708.
L’abbaye d’Oeren, plus tard appelée Sainte-Irmine, transformée en hôpital en 1804, fut détruite par les bombardements de décembre 1944 ; on a reconstruit les bâtiments, mais pas l’église.
Sainte Irmine de Trèves est commémorée le 24 décembre dans le Martyrologe Romain.


Adula-Adèle
8
e siècle

Des incertitudes ont plané sur les documents concernant cette Sainte.
Adula (Adèle) aurait été fille de Dagobert II, et grand-mère de l’évêque saint Grégoire d’Utrecht (v. 25 août).
A la mort de son époux, elle se fit religieuse et fonda l’abbaye de Pfalzel (Trèves, Allemagne), dont elle fut même abbesse.
Si ces données se vérifiaient, Adèle serait la sœur de sainte Irmine, autre fille de Dagobert II, et fêtée le même jour, morte une trentaine d’années avant Adèle.
Adèle serait morte vers 735, un 24 décembre.
Elle n’est pas mentionnée au Martyrologe romain actuel.

Jan de Kęty

1390-1473

 

Jan (Jean) naquit le 23 ou le 24 juin 1390 à Kęty (Cracovie, Pologne), non loin de l’actuelle Oświęcim (Auschwitz). En français, on écrit d’ordinaire Kenty.

Il était fils de Stanisłas, bourgeois et maire de Kęty, et Ana. Il leur devait une douceur de caractère qu’il montra dès son enfance.

Après ses études de philosophie à l’université Jagellone de Cracovie, il fut ordonné prêtre à trente ans environ. 

Il fut professeur à l’école monastique de Miechow à partir de 1421. Il recopiait des manuscrits avec une ardeur inlassable : on en aurait reproduit en micro-flms plus de dix-huit mille pages. On a aussi retrouvé de lui des fragments de chants à deux voix.

En 1429 il enseigna à l’université de Cracovie la logique, la physique ; il commenta Aristote ; il fut deux fois doyen de la faculté.

En (ou vers) 1420, il entreprit des études approfondies de théologie, il fut bachelier et, plus tard, docteur (1443). Dans l’intervalle, il fut curé de paroisse à Olkuszu (1439), mais peu de temps : il conçut de la crainte pour la responsabilité qu’il portait devant Dieu pour les âmes, et demanda à être déchargé de cette mission, pour retourner à l’enseignement. 

En dehors de la prédication et de l’enseignement, Jan priait et se mortifiait. Il dormait peu, mangeait peu, portait un cilice et se frappait avec la discipline. Il s’arrangeait pour être inaperçu dans ses aumônes, par exemple en laissant traîner son manteau pour cacher ses pieds nus. Un jour, la Sainte Vierge lui apparut et lui rendit le manteau qu’il venait de donner à un pauvre transi de froid. 

Les trente dernières années de sa vie, il renonça totalement à la viande ; mais un jour qu’il était vivement tenté d’en manger, il rôtit un morceau qu’il prit dans ses mains en disant : Ô chair, tu aimes la chair, jouis-en à ton aise ; la tentation cessa pour toujours.

Lors d’un pèlerinage à Rome, il fut tout dépouillé par des brigands ; ils lui demandèrent enfin s’il n’avait rien d’autre et Jan répondit que non ; mais il se souvint ensuite d’avoir cousu dans son manteau quelques pièces d’or : il héla ses voleurs, et courut leur donner les pièces ; eux, confus, lui rendirent tout ce qu’ils avaient pris.

Il alla quatre fois à Rome, à pied, prier sur le tombeau des Apôtres. Il se rendit aussi à Jérusalem, où il prêcha le Christ crucifié aux Turcs. 

C’est à lui que remonterait la coutume de réserver «la part du pauvre» lors d’un repas : en effet, un pauvre avait frappé à la porte au moment où Jan se trouvait au réfectoire ; il lui fit remettre son repas. D’où la formule rituelle Pauper venit, à laquelle on répond Jesus venit (Un pauvre est venu - C’est Jésus qui est venu).

Il eut des visions célestes, surtout sur la passion du Christ, qui le ravissaient en extases des nuits entières.

Sa vie terrestre cessa la veille de Noël, 24 décembre 1473, peut-être la seule date certaine que nous ayons de sa longue vie. Quant aux miracles qu’il opéra durant sa vie, ils ne cessèrent pas après sa mort.

Il a été béatifié en 1680, canonisé en 1767 et le Martyrologe romain le commémore le 24 décembre. Jan de Kęty a longtemps été fêté le 20 octobre.

Saint Jan de Kęty est le patron de la Pologne. On l’invoque spécialement dans les cas de phtisie et d’épidémies.

 

Un institut de vie consacrée a été fondé récemment à Chicago sous l’appellation de Chanoines Réguliers de Saint-Jan-de-Kęty (Canons Regular of St. John Cantius ou Society of St. John Cantius), avec pour mission de redécouvrir le sens du sacré dans la liturgie et la culture catholique.

 

 

Bartolomeo Maria Del Monte

1726-1778

 

Né le 3 novembre 1726 à Bologne (Italie), Bartolomeo était le cinquième enfant de parents aisés de cette ville, mais ses quatre aînés étaient morts à la naissance, de sorte qu’Anna Maria Bassani, la maman, avait fait un vœu particulier à saint Francesco de Paola (v. 2 avril) pour avoir un fils.

L’enfant fut baptisé dès le 4 janvier, sous les noms de Bartolomeo, Carlo, Maria, Melchiorre ; il reçut la Confirmation vers sept ans, des mains d’un certain Prospero Lambertini, futur pape Benoît XIV. Puis il fréquenta le collège des Jésuites.

Quand sa vocation mûrit, le garçon rencontra la forte opposition de son père, mais devenu majeur, il se prépara décidément au sacerdoce, voulant suivre les traces du grand prédicateur saint Leonardo de Porto Maurizio (v. 26 novembre).

Il fut ordonné prêtre en 1749 et reçut en 1751 le doctorat en théologie.

Il se dédia à la prédication dans les paroisses du diocèse puis, invité toujours plus loin, parcourut les diocèses de toute l’Italie centrale et septentrionale : les missions de paroisses, les prédications de carême, les retraites au clergé, par centaines, obtinrent des conversions et des réconciliations nombreuses.

Sa parole était précise, exigeante, mais sans rigueur excessive, au point qu’on l’appela le missionnaire de la discrétion. Il invoquait particulièrement la Mère de Dieu sous le vocable de Mère de la Miséricorde.

En 1774, c’est lui qui fut chargé de prêcher à Rome le retraite préparatoire à l’Année Sainte pour le clergé.

Le pape voulait le retenir à Rome, mais il refusa. Le cardinal de Bologne l’avait nommé recteur du séminaire, il refusa aussi, humblement, pour rester libre de prêcher encore d’autres missions.

Plein de zèle missionnaire, il s’offrit pour les missions en Inde, mais désormais sa santé était trop affaiblie par ses continuels voyages par tous les temps et sur toutes les routes cahoteuses.

Avec son héritage, il fonda ainsi la Pieuse Œuvre des Missions, pour consolider son apostolat et celui d’autres prêtres qui auraient suivi son exemple. Pour eux il écrivit divers ouvrages, en particulier Jésus, dans le cœur du prêtre séculier et régulier (considérations pour chaque jour du mois), qui fut édité plusieurs années de suite et sera finalement imprimé par la Typographie vaticane en 1906.

Vers octobre de 1778, il annonça qu’il mourrait dans deux mois, la nuit de Noël, ce qui arriva : le 15 décembre, il ne put achever la célébration de la Messe ; survinrent des complications pulmonaires ; l’apôtre s’éteignit au soir du 24 décembre 1778, à Bologne.

Bartolomeo Maria fut béatifié en 1997.

 

 

Costanza Cerioli

1816-1865

 

Cette vaillante mère de famille naquit le 28 janvier 1816 à Soncino (Crémone, Italie N), dernière des seize enfants de Francesco Cerioli et Francesca Corniani, des parents nobles et aisés.

A dix ans elle fut confiée aux Visitandines de Alzano, où elle développa ses dons naturels d’intelligence et de service fraternel, mais aussi où elle souffrit beaucoup de l’éloignement de la famille et s’habitua à se confier en Dieu seul.

En 1835, elle épousa - ou plutôt on lui fit épouser - un comte de soixante ans, avec lequel elle habita à Comonte. Son mari n’avait pas le caractère facile, ni une santé florissante, encore moins une foi débordante : elle l’assista fidèlement.

De ses trois enfants, l’un mourut à la naissance, l’autre à un an, le troisième à seize ans. Ce dernier, Carlo, peu avant de mourir, prédit à sa mère qu’elle aurait beaucoup d’enfants.

Veuve à la Noël de 1854, elle était encore vigoureuse, héritait de la fortune de son mari et voulut s’employer à faire du bien. 

Elle reçut chez elle deux orphelines, puis d’autres, puis des collaboratrices pour se faire aider, donnant ainsi naissance, le 8 décembre 1857, à une Œuvre nouvelle : l’Institut de la Sainte Famille.

Elle consacra ainsi toute sa forture et vendit tous ses bijoux, pour cette œuvre. Elle fit le vœu de chasteté et prit le nom de Paola Elisabetta.

Elle fonda ensuite l’institut masculin des Frères de la Sainte Famille, en 1863.

Le céleste Protecteur de ce double institut fut saint Joseph.

Après cette courte mais intense vie de charité, Costanza s’éteignit brusquement, chez elle à Comonte, le 24 décembre 1865.

Elle fut béatifiée en 1950, canonisée en 2004.

Youssef Charbel Makhlouf

1828-1898

 

Youssef Antoun (Joseph Antoine) reçut une éducation très pieuse dans son village familial de Bekaa Kafra (Liban N), où il naquit le 8 mai 1828, un des cinq enfants de Antoun Zaarour Makhlouf et Brigitta Chidiac. 

Antoun, le papa, était un cocher, et mourut en 1831 au retour d’une corvée au service de l’armée turque. La maman se remaria avec Lahoud Ibrahim, un saint homme, qui devint lui-même le curé du village, sous le nom de Abdelahad.

La parenté de Youssef comptait aussi deux moines ermites. Toute cette sainte ambiance marqua profondément le petit garçon pendant toute son enfance.

Il apprit le syriaque et l’arabe à l’école.

Très orienté vers la prière solitaire, il conduisait souvent son petit troupeau vers une grotte où il avait exposé une icône de la Vierge Marie. Là, il priait tout le temps qu’il avait.

Il rejoignit en 1851 le monastère Notre-Dame de Maifouk, puis celui de Saint-Maron à Annaya (Beirouth) où il entra dans l’Ordre libanais maronite, prenant le nom de Charbel, par référence à un martyr de l’église d’Antioche du 2e siècle.

En 1853, le 1er novembre, il prononça ses vœux, puis alla étudier la philosophie et la théologie au monastère des Saints-Kobrianous-et-Justine à Kfifan (Batroun) et fut ordonné prêtre en 1859.

Il continua de suivre les conseils d’un saint moine, Nehemtallah Kassab Elhardiny, canonisé dans l’Eglise d’Antioche.

Après seize années passées à Annaya, il opta pour une vie plus retirée encore et demanda à rejoindre l’ermitage des Saint-Pierre-et-Paul, proche du monastère. Le supérieur hésitait à lui concéder cette permission, d’ordinaire rarement accordée. Pour convaincre le supérieur, Charbel demanda au sacristain de remplir la lampe du sanctuaire avec de l’eau à la place de l’huile : la lampe fonctionna quand même. Ce fut le premier miracle de Charbel, qui bien sûr obtint la permission demandée.

Toute la journée, il priait et adorait. Il ne sortira presque jamais de cet ermitage, pendant les vingt-trois années restantes de sa vie.

Le 16 décembre 1898, un accident cardio-vasculaire le frappa durant la célébration de la messe. Paralysé, il connut pendant huit jours une douloureuse agonie, et rendit son âme à Dieu le 24 décembre 1898.

Le jour de l’enterrement, il neigeait si fort qu’on n’y voyait rien. Dès qu’on commença à transporter le corps du saint moine, le temps s’éclaircit. 

Quelques mois plus tard, une belle lumière enveloppa la tombe. On s’aperçut que le corps était resté intact et suintait un mystérieux liquide huileux. Par la suite, on changea plusieurs fois les vêtements du père Makhlouf pour lui en remettre de propres, mais toujours le suintement continua, et continue encore, sans jamais aucune infection. Les experts n’ont jamais trouvé d’explication au phénomène. Des guérisons constantes et multipliées se produisirent : on en enregistra des dizaines de milliers, seulement au Liban, sans compter les autres de par le monde.

Un des miracles récents les plus célèbres fut la guérison inexplicable et étonnante d’une femme de cinquante-cinq ans, paralysée. En rêve, le 22 janvier 1993, elle vit deux moines auprès d’elle : l’un, qui se présenta comme saint Charbel, posa délicatement ses mains autour du cou pour «l’opérer», tandis que l’autre lui glissait un oreiller pour la soutenir. A son réveil, elle constata des cicatrices à son cou, et pouvait marcher normalement. Le lendemain, nouveau rêve, où saint Charbel lui expliquait qu’il avait fait cette «opération» pour faire comprendre aux Libanais qu’ils devaient retrouver la foi ; il lui demandait d’assister désormais à la messe chaque 22 du mois. 

Un autre «signe», non miraculeux en soi, mais non moins remarquable fut, dans les premières années du 20e siècle, une photographie des moines présents au monastère. Développée, la photographie faisait apparaître un moine de plus, que personne ne connaissait… sauf le plus ancien du monastère qui s’écria : Tiens ! le père Charbel ! La photographie, datée, peut encore être vue dans le monastère.

Ces signes de Dieu aboutirent à la béatification en 1965, et à la canonisation en 1977.

Le dies natalis est au 24 décembre, mais saint Charbel (on trouve aussi Sharbel) est vénéré au calendrier romain le 24 juillet. En effet, la liturgie ne célèbre pas de fête sanctorale en la vigile de Noël ; on opta pour l’anniversaire de l’ordination sacerdotale de saint Charbel, le 23 juillet ; mais ce jour-là est la fête de sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l’Europe ; aussi, la date retenue fut finalement le 24 juillet.

 

 

Ignacio Caselles García

1874-1936

 

Né le 18 novembre 1874 à Gata de Gorgos (Alicante, Espagne), de Vicente Caselles Boronat et Antonia García Durá, qui eurent sept enfants : l’un d’eux mourut très petit, et notre Ignacio en reprit le prénom.

Les enfants s’appelèrent : Bernardo (futur capucin aussi), Ignacio (qui mourra tout petit), Ignacio (le nôtre), Juan Bautista, Francisco, Antonio.

Le baptême d’Ignacio eut lieu le lendemain de sa naissance, et, on a trouvé en marge du registre de son baptême le mot capucin, ajouté plus tard par le curé. On y lit également quelques remarques : Ignacio vint servir la messe très jeune déjà, toujours premier servant, puis sacristain.

A douze ans, il entra au collège séraphique des Capucins de Orihuela, passa par le couvent de Masamagrell et fit la profession à Orihuela en 1892, prenant le nom de Juan Crisóstomo. Il fut ordonné prêtre en 1899.

Après quelques années à Ollería (Valencia), il revint à Orihuela, où il exerça le ministère pendant trente-six ans : confesseur, directeur spirituel et confesseur au séminaire diocésain.

On l’appelait gentiment Père Jeannot (Padre Juanito), en raison de sa petite taille.

Il répandait avec assiduité la dévotion des trois Je vous salue Marie quotidiens.

Lors des hostilités de 1936, il put se cacher quelques mois.

Découvert, arrêté le 24 décembre, il fut insulté toute la journée de cette veille de Noël. Le soir même, il fut conduit sur la route Arneva-Hurchillo, et fusillé : telle fut sa «nuit de Noël», qu’il passa dans la gloire du Ressuscité.

Le père Juan Crisóstomo a été béatifié en 2013.

 

 

Pablo Meléndez Gonzalo

1876-1936

 

Pablo (Paul) naquit le 7 novembre 1876, aîné des sept enfants d’une famille très chrétienne, qui le fit baptiser le 9 novembre suivant.

A quatorze ans, il «perdit» son père et dut consacrer tout son temps libre pour aider sa mère à élever ses petits frères et sœurs.

A quinze ans, il s’inscrivit dans les rangs d’une congrégation mariale et participa bientôt à l’adoration nocturne du Saint-Sacrement.

Son amour pour l’Eucharistie le portait à la recevoir chaque jour à la messe. Puis, animé par cette force céleste, il allait visiter le Christ dans les malades.

Il fit des études de droit à Valencia, collaborant toujours à l’Action Catholique, dont il fut président pour la zone de Valencia.

Une fois avocat, il écrivit des articles dans les journaux, et fut même directeur de Las Provincias.

Il épousa en 1904 Dolores Boscá, qui mettra au monde dix enfants (Pablo, Antonio, Alberto, Rafael, Carlos, María Teresa, María Desamparados, María Luisa, Josefa, María Dolores).

Il s’engagea dans la politique, comme membre de la Ligue Catholique, et recouvrit quelques charges publiques, donnant toujours le témoignage d’une vie chrétienne sans compromis, et la préférence pour la moralité publique et les intérêts de l’Eglise.

Mais à Valence, on n’aimait pas les gens qui sentaient l’encens : dès 1931, les incidents commencèrent, reprirent en 1934, et explosèrent en 1936.

En juillet 1936, Pablo se trouvait à Paterna : on fouilla sa maison une première fois. Il se transféra à Valencia : impossible de trouver où se cacher, et de plus, il dut s’occuper de faire hospitaliser son fils Carlos. On lui proposa la fuite, il refusa, surtout pour son fils malade.

Le 25 octobre, on vint l’arrêter, avec son fils Alberto. On lui demanda : Vous êtes catholique ? Il répondit : Je suis catholique, apostolique et romain.

Le mandat d’arrêt provenait du Conseil Provincial de Vigilance Antifasciste : Monsieur Meléndez était catholique. C’était là tout son «crime» !

En prison, il dit à Alberto : Si la Providence nous destine au martyre, on nous fusillera, sinon on restera libres. Et aussi : C’est Dieu qui a permis que nous fussions ici. J’ai ordonné à ma famille de ne rien faire pour ma liberté. Je demande seulement à Dieu de me donner son amour et sa grâce, et cela me suffit.

Il répète encore cette phrase quand on lui annonce la mort de Carlos, son fils.

Au matin du 24 décembre, on fait sortir Pablo et Alberto, et on va les fusiller immédiatement, sur la route de Castellar (Valencia). On fait annoncer à la famille qu’on les a «mis en liberté» : une des filles se précipite au cimetière, où elle voit les deux cadavres, criblés de balles.

Le Martyrologe et quelques sources commémorent Pablo au 23 décembre.

Pablo Menéndez Gonzalo a été béatifié en 2001.

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23 décembre 2022 5 23 /12 /décembre /2022 00:00

23 DÉCEMBRE

III.

Stes Victoire et Anatolie, vierges et martyres en Sabine.

SS Theodulus, Saturninus, Euporus, Gelasius, Eunicianus, Zoticus, Pontios, Agathopos, Basilide, Evaristos, martyrs à Gortyne ; chacun voulait être le premier à être décapité.

V.

S Benus (Besa), abbé en Egypte, mal identifié ; il aurait chassé un hippopotame, un crocodile.

S Sabinien, diacre et disciple de s. Romain à Condat.

VI.

S Servulus, paralytique à Rome ; inculte, il savait les Ecritures à force de se les faire lire.

VII.

S Asclèpe, évêque à Limoges.

S Caran, évêque en Ecosse.

S Dagobert II, roi et martyr , sans doute victime des factions politiques.

VIII.

S Frithebert, évêque à Hexham.

XII.

S Yves, confrère de s. Anselme (de Cantorbury) chez Lanfranc au Bec, évêque à Chartres, adversaire illustre de la simonie et dénonciateur de l'adultère de Philippe Ier. 

B Hartmann, évêque à Bressanone ; il réforma les chanoines.

S Thorlak (Thjorlay) Thorhallsson, évêque à Skalholt ; il voulait remettre en honneur et le célibat et le mariage et fonda le premier monastère d'Islande (Kirkjubaer).

XVI.

B Pedro Nicolás Factor, franciscain espagnol, mystique.

XVIII.

Ste Marie-Marguerite Dufrost de la Jemmerais, veuve d'Youville, fondatrice d'une congrégation de Sœurs de la Charité après avoir perdu quatre de ses enfants ; première Sainte du Canada, canonisée en 1990.

XIX.

S Antonio de Sant'Ana Galvao de França, franciscain marial, premier brésilien béatifié (1998) et canonisé (2007).

S Cho Yun-ho Yosep , catéchiste coréen de dix-huit ans, martyr canonisé en 1984 et fêté le 20 septembre ; son père fait partie du même groupe de martyrs : Jo Hwa-seo Peteuro (cf. 13 décembre).

XX.

Bx Martyrs espagnols de 1936, béatifiés en 2007 :

Dominicains : les prêtres Enrique Cañal Gómez, Manuel Gutiérrez Ceballos, Eliseo Miguel Lagro, Enrique Izquierdo Palacios, Miguel Rodríguez González (*1869, 1876, 1889, 1890, 1892) ; les profès Bernardino Irurzun Otermín, Eleuterio Marne Mansilla, Pedro Luís y Luís, José María García Tabar (*1903, 1909, 1914, 1918), à Santander ;

Augustins : Epifanio Gómez Álvaro (*1874), prêtre, près de Santander.

Bse Karoline Anna Leidenix (Maria Berchmana Johanna, *1865), des Filles de la Divine Charité, martyre en 1941 en Bosnie-Herzégovine, béatifiée en 2011 (en même temps que ses compagnes du 15 décembre). 

Les Dix Martyrs de Crète
† 250

Conformément à l’édit de persécution de l’empereur Dèce (250), le proconsul de Crète invita la population à un sacrifice païen.
Dans la foule se trouvaient Theodulus, Saturninus, Euporus et Gelasius, qui habitaient Gortyne ; Eunicianus, à Ermaion, un faubourg de la même ville ; Zoticus, qui venait de Cnossos ; Pontius, de Lenta ; Agathopos de Panormos, Basilide de Kyolenias, Evaristos d’Héraclion.
Ces dix hommes se trouvaient donc sur la place de Gortyne, où le gouverneur voulait les faire participer à un culte envers la déesse Artémis.
Ayant entendu l’invitation du gouverneur, les dix protestèrent sincèrement. Arrêtés, ils se retrouvèrent en prison.
On les laissa circuler, mais pour être l’objet de la risée publique : on se moquait d’eux, on les frappait du poing, on leur crachait au visage, on leur jetait des pierres, on les traînait sur des tas de fumier…
Les tortures ne les firent pas changer d’avis et ils furent condamnés à mort. On leur brisa les membres et ils furent finalement décapités.
On les conduisit à un endroit appelé Alonion (qui existe encore). Ils étaient tous les dix si heureux d’obtenir si vite leur passeport pour le Paradis, que chacun essayait d’être le premier à être immolé.
Theodulus intervint et imposa le calme : rien ne pressait, sauf de prier et de louer le Créateur. Ils chantèrent le psaume 123 : 
Sans le Seigneur, qui nous protégea - il faut qu’Israël le dise ! -,  sans le Seigneur qui nous protégea, quand les hommes s’élevèrent contre nous, ils nous auraient engloutis tout vivants, quand leur colère s’enflamma contre nous ; alors les eaux nous auraient submergés, les torrents auraient passé sur notre âme ; alors auraient passé sur notre âme les flots impétueux. Béni soit le Seigneur qui ne nous a pas livrés en proie à leurs dents ! Notre âme s’est échappée comme l’oiseau du filet des oiseleurs ; le filet s’est rompu, et nous nous sommes échappés. Notre secours est dans le nom du Seigneur, qui a fait les cieux et la terre.
Près de Gortyne se trouve encore aujourd’hui le lieu-dit Aghi Deka, soit les Dix Saints.
Le Martyrologe Romain mentionne les dix Saints Martyrs de Crète au 23 décembre.


Servulus de Rome
6
e siècle

Servulus («le petit esclave») était paralytique, probablement de naissance.
Il vivait à Rome avec sa mère et son frère, qui l’assistaient à tout moment.
On le déposait sous le portique de la basilique Saint-Clément, où il sollicitait la générosité des fidèles. Mais les aumônes qu’il recevait, il les repassait à plus pauvres que lui.
Il ne savait pas lire, mais s’était procuré des manuscrits de la Sainte Ecriture, qu’il se faisait lire par les bonnes personnes qui prenaient un peu de temps avec lui. Il finit par connaître très bien l’Ecriture.
L’offrande à Dieu de ses souffrances, était sa prière constante.
Servulus sentit arriver sa dernière heure. Il pria ceux qu’il put de l’aider à se maintenir sur ses jambes pour chanter la bonté divine ; il invita ses assistants à s’associer à son chant.
A un moment donné, il leur imposa le silence : Vous n’entendez pas toutes ces voix qui viennent du ciel ? Evidemment, personne n’entendait, mais Servulus était ravi, et mourut en cet état.
Ces détails nous viennent du pape Grégoire le Grand (v. 3 sept.), dont Servulus était contemporain.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Servulus de Rome au 23 décembre.

Thorlak Thorhallsson

1133-1193

 

Il faudrait écrire le nom de ce saint évêque d’Islande comme suit : Thorlakur Thorhallsson.

Thorlak était de famille aristocratique. Après sa première instruction auprès de sa mère, il reçut sa formation cléricale au sud de l’île, à Oddi, chez un vieux prêtre.

Ayant reçu le diaconat à quinze ans, puis le sacerdoce à dix-huit, il s’en vint étudier à Paris de 1153 à 1159, puis probablement aussi à Lincoln.

Revenu chez les siens, il fut accueilli avec joie, mais il étonna son monde en voulant mener une vie digne de la réforme grégorienne de ce 11e siècle. Il refusa énergiquement de se marier, contrairement à l’habitude de beaucoup de prêtres de l’île à cette époque et se retira auprès d’un prêtre érudit à Kirkjubaer.

Puis il fonda un monastère de Chanoines Réguliers à Thykkvibaer, où sa mère le rejoignit pour y prêter ses services.

Ordonné évêque de Skalholt en 1178, il s’efforça, quoique avec difficulté, de promouvoir la réforme grégorienne dans son diocèse et dans toute l’île. Il lutta contre la simonie, contre les investitures laïques, contre l’incontinence des clercs. Il voulut aussi remettre en honneur les saintes lois du mariage.

Les populations étaient trop ancrées dans leurs vieilles habitudes, et Thorlak ne réussit pas à convertir ses diocésains. Mais ceux-ci furent tout de même frappés par la sainteté de vie de leur évêque, par les miracles qu’il opéra aussi.

L’assemblée nationale, l’Althing, qui avait déjà admis le christianisme dans l’île dès l’an 1000, le proclamait saint quelques années à peine après sa mort, qui survint le 23 décembre 1093.

La canonisation officielle, de la part de Rome, ne fut proclamée qu’en 1984, et saint Thorlak fut alors reconnu comme Patron céleste de l’Islande.

 

 

Yves de Chartres

1040-1116

 

Yves naquit vers 1040 aux environs de Beauvais (Oise) d’Hugues d’Auteuil et Hilmenberge, de grands propriétaires.

Après ses études universitaires à Paris, où il apprit les belles-lettres et la philosophie, il se rendit étudier la théologie à l’abbaye bénédictine du Bec : un de ses condisciples fut Anselme (v. 26 mai), sous la direction de Lanfranc (v. 28 mai), tous deux futurs archevêques de Canterbury.

En 1078, chanoine de Nesles (Picardie), il fut nommé doyen des chanoines réguliers de Beauvais ; Yves y enseigna dans l’église cathédrale. Déjà on venait, de loin, le consulter.

En 1090, il fut choisi pour être évêque de Chartres, en remplacement de l’indigne titulaire, déposé. Le peuple le voulait, le pape avait accepté, ainsi que le roi ; il y eut deux oppositions : Yves, et son métropolitain, l’archevêque de Sens. Yves se rangea à l’autorité papale, mais pas le métropolitain. Ce fut le pape qui sacra Yves.

Le nouvel évêque favorisa la piété et la vie religieuse du diocèse, créant le monastère de chanoines réguliers près de Chartres, soutint la fondation de l’abbaye bénédictine de Tiron, établit des religieuses (de Fontevrault) à Hautes-Bruyères et fonda un hôpital.

Il fut un bon administrateur, économe, mais généreux pour doter sa cathédrale de livres et d’ornements.

Il militait pour la trève de Dieu, et excommunia Gervais Ier de Châteauneuf ainsi que son fils Hugues II, qui l’avaient enfreinte.

Mais Yves fut célèbre par son autorité et sa sagesse dans des questions de grand retentissement. On le consultait de partout sur des problèmes canoniques. Les événements suivants vont l’illustrer.

En 1092, le roi se rendit coupable d’adultère. Yves n’assista pas à son remariage et fut pour cela mis aux arrêts pendant plusieurs mois ; c’est l’insistance du pape qui le fit libérer. Le roi fut excommunié en 1094 et de nouveau en 1095. Il fit semblant de promettre sa soumission, en 1096, mais ne tint pas sa promesse. L’excommunication fut confirmée encore en 1100 et les deux «conjoints» ne purent être réconciliés qu’en 1104, promettant de ne plus vivre ensemble.

Pendant la négotiation de cette affaire, Yves s’occupa de composer des collections canoniques, peut-être sur la demande d’Urbain II lui-même. Ainsi furent publiés : la Tripartita, les dix-sept livres du Decretum, résumé dans la Panormia. Dans ces travaux, Yves se montra conciliateur, non pas en mélangeant les concepts opposés entre eux, mais en distinguant plutôt ce qui est d’ordre strictement spirituel, inviolable, et ce qui peut être adapté aux circonstances. Selon lui, un évêque pouvait prêter fidélité au souverain, et recevoir l’anneau de l’Eglise ; c’est cette position qui prévalut peu à peu.

En 1095, il était au concile de Clermont, en présence du pape, qui lançait son appel pour la croisade ; en 1096, à celui de Tours, toujours avec le pape.

En 1100, nouvel épisode d’investiture d’évêque, concernant le siège de Beauvais. Le roi y avait promu un de ses sbires, que le pape désavoua sur l’intervention d’Yves.

Après le règlement de la situation matrimoniale du roi, qu’on a vue plus haut, Yves reçut à Chartres la visite du nouveau pape (Pascal II), à Pâques 1107, mais Yves était désormais malade et ne put assister au concile de Troyes. 

Il intervint encore auprès du roi d’Angleterre, pour le persuader d’accepter les décisions des conciles au sujet des investitures, mais c’est surtout saint Anselme qui ramena le roi à la raison.

A la mort du roi, Yves conseilla à Louis le Gros de se faire sacrer sans tarder, à Orléans, ce qui déplaisait au clergé de Reims, mais Louis suivit le conseil d’Yves et resta en bons termes avec l’Eglise.

En 1111-1112, il intervint encore pour calmer le climat difficile entre l’empereur d’Allemagne et le pape et qui ne fut apaisé qu’au concordat de Worms en 1122.

Yves de Chartres mourut le 23 décembre 1116, et fut l’objet d’une immédiate vénération.

Son culte a été confirmé en 1570.

 

 

Hartmann de Bressanone

1090-1164

 

Hartmann naquit vers 1090 à Polling (Passau, Bavière, Allemagne SE), dans une famille aisée.

Il étudia chez les Augustins de Passau et reçut un canonicat. Il fut ordonné prêtre.

Il contribua fortement au rétablissement de la Règle augustinienne, sur l’invitation de l’évêque de Salzbourg. De doyen du chapitre (1122), il passa à la maison de Chiemsee pour la réformer, puis sur invitation du margrave Leopold, à Klosterneuburg, où il fut doyen. Il se montra champion de la réforme grégorienne.

En 1140, il fut appelé au siège épiscopal de Brixen (auj. Bressanone), un grand diocèse à l’époque, qui faisait de Hartmann un éminent prince-évêque.

Après la pénible période de la Querelle des Investitures, il fallait remonter le diocèse. Hartmann commença par rétablir une certaine discipline dans le chapitre et d’en faire le modèle de son clergé. Célébrant chaque jour la Messe, il s’imposa le cilice, des flagellations, en même temps qu’il nourrissait une profonde vénération pour la Mère de Dieu.

Il fonda la nouvelle communauté augustinienne de Neustift, ainsi qu’un hospice pour les pèlerins pauvres.

Il mourut en odeur de sainteté le 23 décembre 1164.

Peu après on le considérait déjà bienheureux et même saint. Son culte fut confirmé en 1784.

 

 

Nicolás Factor Estaña

1520-1583

 

Nicolás Factor Estaña naquit le 29 juin 1520 près de Valencia (Espagne), de Vicente, un sicilien tailleur de son métier, et Ursula Estaña. Son premier prénom était en réalité Pedro, étant né le jour de la fête de saint Pierre. 

Il semblait être né pour suivre saint François d’Assise. Encore enfant, il se prosterna à la porte de son église paroissiale pour embrasser les pieds d’un lépreux. Il vint collaborer aux soins des malades dans l’hôpital. Il jeûnait chaque semaine.

Le jeune homme, qui n’avait aucune inclination pour quelque métier, entra chez les Franciscains Observants en 1537 et fut ordonné prêtre en 1544.

Il allait être chargé de la prédication pendant presque quarante ans. Mais sa sainteté le fit nommer Gardien (supérieur) de plusieurs couvents : Santo Espíritu, Chelva, Val de Jesús, Murviedro, Bocairent. Et il fut chargé de confesser les Religieuses de la Trinité à Valencia, les Clarisses à Gandía, les Carmélites à Madrid.

Sa prédication était enflammée, il émouvait et obtenait des conversions. 

S’il n’eut pas la permission d’aller verser son sang en pays musulman, il s’efforça de gagner des mahométans à la Vérité : à Segorbe, il leur proposa même l’épreuve du feu, pour leur prouver la vérité de la religion chrétienne.

Maître des novices, il s’humiliait devant eux et leur ordonnait de lui donner la discipline, exigeant un certain nombre de coups. A part cela, il s’imposait trois fois la discipline chaque jour ; il ne prenait que du pain et de l’eau. Il marchait pieds nus, il dormait sur une table, la tête sur une pierre. Avant de célébrer, il prenait un bain complet, mais d’eau froide : son amour de Dieu devait réchauffer l’eau.

Il soulagea les pauvres, leur donnant parfois jusqu’à la tunique ; quand il puisait dans le coffre du couvent pour donner l’aumône, jamais l’argent ne manqua pour les nécessités du couvent.

Nicolás aimait beaucoup la musique, et maniait les pinceaux adroitement.

Dieu le favorisa d’extases ; la Vierge Marie lui remit l’Enfant-Jésus dans les bras. Un jour qu’il se trouvait devant l’archevêque de Tarragona, on entonna le psaume 112 (Laudate Pueri Domini), et Nicolás se trouva déjà en extase au second verset (Que le nom du Seigneur soit béni) : le prélat demanda alors à un peintre d’en faire immédiatement un tableau.

Nicolás eut de grands amis, tous aussi assoiffés de sainteté, parmi lesquels Pascual Baylón (v. 17 mai), Gaspar de Bono (v. 14 juillet), Juan de Ribera (v. 6 janvier) et surtout Luis Bertrán (v. 9 octobre).

Après la mort de ce dernier (1581), Nicolás voulut trouver plus d’austérité en passant chez les Récollets (réformés) d’Onda ; ce couvent ayant été supprimé, il rejoignit alors les Capucins de Barcelone, où la règle franciscaine stricte était plus conforme à celle des premiers Franciscains. Enfin en 1583, Nicolás regagna le premier couvent de l’Observance, où il avait commencé sa vie religieuse.

Nicolás Factor Estaña mourut le 23 décembre 1583, répétant Jésus, je crois.

Il fut béatifié en 1786.

 

 

Marguerite d’Youville

1701-1771

 

Cette fleur de la terre du Québec est l’aînée de six enfants. Elle naît le 15 octobre 1701 à Varennes (Montréal, Canada).

Son père est Christophe Dufrost de Lajemmerais, qui mourra en 1708. Sa mère est Marie-Renée Gaultier de Varennes. 

Son arrière-grand-père intervient et lui offre deux années d’études chez les Ursulines de Québec. Elle est déjà bien mûre pour son âge.

Elle revient chez sa mère, qu’elle aide de son mieux, et qu’elle accompagne à Montréal, car cette mère va se remarier. Marguerite, de son côté, fait des projets avec Louis-Hector Piot de Langloiserie. Mais cette famille désapprouve le remariage de la mère de Marguerite, qui doit alors rompre ses fiançailles et épouse alors en 1722 François d’Youville. Ils auront six enfants, dont quatre mourront en bas âge : Timothée, Ursule, Marie-Louise et Ignace. Les deux autres sont Joseph-François et Charles-Marie, qui deviendront prêtres.

Le foyer ne connaît pas le bonheur : François est indifférent, s’absente, boit et vend de l’alcool aux Indiens. Marguerite reste fidèle, elle le soigne avec grande tendresse lors de la maladie soudaine qui va l’emporter. Lorsqu’il meurt à trente ans en 1730, elle est enceinte du sixième enfant (qui sera mort-né). Il y a aussi à la maison la belle-mère de Marguerite, au caractère difficile…

La dévotion principale de Marguerite est Dieu le Père, dans sa bonté et sa providence. Marguerite continue vaillamment l’éducation de ses deux garçons, mais elle désire faire du bien autour d’elle, voulant se faire l’écho de la bonté de Dieu pour tous. En 1737, elle recueille chez elle une femme aveugle et, le 31 décembre de la même année, elle se consacre à Dieu pour Le servir dans la personne des plus démunis. Avec trois Compagnes, elle se trouve alors aux débuts des Sœurs de la Charité de Montréal, ou «Sœurs Grises».

Ces premiers pas ne sont pas simples : la bourgeoisie se moque d’elle ; on la calomnie ; elle-même devient malade et une de ses Consœurs décède. Un incendie détruit son logis. Mais elle est courageuse et persévère. Plus que jamais elle veut aider le plus grand nombre de personnes dans le besoin. Avec ses deux autres Compagnes, elle met tout en commun en 1745 et prend la direction de l’Hôpital des Frères Charon, qui tombe en ruine. Elle devient la «mère des pauvres». Elle multiplie les services en faveur des pauvres et des malheureux, quels qu’ils soient : soldats infirmes, personnes âgées, malades mentaux, incurables, orphelins. Plus tard encore, les épileptiques, les lépreux, tous ceux qui étaient exclus de l’Hôtel-Dieu.

En 1755, l’évêque reconnaît et approuve la règle de l’Institut. De son côté, la Mère d’Youville assume la dette de 49000 livres pour restaurer l’établissement. Ses revenus étaient la fabrication de vêtements pour les magasins royaux et les marchands.

Pendant la guerre de Sept Ans, il y a tant de soldats britanniques dans l’hôpital que toute une aile est appelée la salle des Anglais. En particulier, un soldat captif des Indiens et destiné à la torture, fut racheté par Mère Marguerite. Elle sauva plusieurs fugitifs, dont un qui plus tard prévint le bombardement de l’hôpital.

En 1765, l’hôpital est ravagé par un incendie, mais la foi et le courage de Marguerite ne sont pas ébranlés : elle invite ses Sœurs et les pauvres à accepter la volonté de Dieu et fait reconstruire l’hôpital. Vers la même époque, Marguerite achète une grande propriété à Châteauguay, qui lui permettra d’assurer l’approvisionnement en nourriture de tous ses pensionnaires ; elle y fait construire aussi un moulin. 

Marguerite aura servi toute sa vie Jésus-Christ en ses pauvres.

Epuisée, Marguerite meurt le 23 décembre 1771, dans une chambre de son hôpital, des suites d’une attaque subie début novembre.

Qui lui succédera sera une orpheline recueillie par elle : Thérèse Lemoine-Despins.

Le mot d’ordre de Mère Marguerite pour ses Sœurs est de maintenir l’union la plus parfaite entre elles. Ainsi les Sœurs Grises de Montréal vont se développer et donner naissance à d’autres communautés, à Saint-Hyacinthe, à Ottawa, à Québec, à Philadelphia et à Pembroke ; récemment aussi au Brésil, en Colombie… Elles entourent d’amour maternel tous ceux qui sont délaissés : orphelins, adolescents inquiets, jeunes filles bafouées, épouses abandonnées, malades…

Marguerite d’Youville a été béatifiée en 1959, canonisée en 1990. Elle est inscrite au Martyrologe à son dies natalis, le 23 décembre.

Le miracle retenu pour la canonisation est la guérison, en 1978 et par l’intercession de Marguerite, d’une jeune femme atteinte de leucémie myéloblastique.

Au Canada Marguerite d’Youville reste présente : la Municipalité Régionale de Comté (MRC) de Marguerite d’Youville, qui a mandaté le Centre Local de Développement (CLD), également intitulé à Marguerite d’Youville, un organisme à but non lucratif et reconnu par le ministère du Développement, afin de favoriser l’essor économique du territoire par le démarrage, la consolidation et l’expansion d’entreprises ainsi que la création d’emplois. On signalera aussi une Ecole primaire (trois-cents élèves au cœur du Vieux Cap-Rouge), un Refuge faunique (Île Saint-Bernard) où Marguerite avait acquis les terrains de Châteauguay.

Antonio Galvão de França

1739-1822

 

Quatrième de dix (ou onze) enfants d’une famille aisée et pieuse de Guaratingueta (Aparecida, Brésil), Antonio naquit le 10 mai 1739.

Son père, portugais (Antonio Galvão de França), était devenu la première personnalité du village ; membre du Tiers-Ordre franciscain, il était connu pour sa foi et sa générosité. Sa mère, Isabel Leite de Barros, fille d’agriculteurs, de la famille du célèbre Fernão Dias Pais, décéda prématurément en 1755 à trente-huit ans. Généreuse elle aussi, elle avait fait don de tous ses vêtements aux pauvres au moment de sa mort.

Antonio a treize ans quand il entre au séminaire des Jésuites de Belém, où se trouve déjà son frère aîné. Mais à cette époque, une «persécution» se déchaîne contre les Jésuites, et Monsieur Galvão conseille à son fils de frapper chez les Franciscains, au couvent Saint-Bonaventure de Macacu (Itaboraí, Rio de Janeiro).

Antonio a alors vingt-et-un ans. Comme novice il prend le nom de Antonio Galvão de Sainte-Anne, car sa famille était très dévote de sainte Anne. Au noviciat, Antonio est remarqué pour sa piété, son zèle, ses vertus. Il fait la profession solennelle en 1761, et fait en même temps le serment de toujours défendre la doctrine de l’Immaculée Conception, encore controversée à l’époque. Sa dévotion à Marie, en particulier par le chapelet, sera une des marques constantes de sa vie. 

Il est ordonné prêtre en 1762, et on l’envoie à São Paolo pour y achever ses études ; en chemin, il fait un petit détour par son pays natal pour y célébrer la première messe solennelle dans l’église où il avait été baptisé.

A partir de 1768, il exerce le saint ministère, confesse les religieuses et les membres du Tiers-ordre. Il se montre attentif aux difficultés des pauvres, des malades, des esclaves. On l’appellera homme de paix et de charité.

En 1770, invité à l’Académie des Arts, il présente diverses œuvres littéraires qu’il a composées.

Sur indication d’une Religieuse qui aurait reçu un message du Ciel, il fonde un nouveau monastère, Notre-Dame de la Lumière, en l’honneur de l’Immaculée Conception de Marie, après avoir dûment constaté que ce message était certainement authentique. Le couvent est fondé en 1774.

Il y eut une polémique au sujet de ce couvent. Un Supérieur fut d’avis de le fermer, et Antonio obéit. Mais les Religieuses n’entendaient pas quitter leur couvent, et la population faisait pression, ainsi que l’évêque, pour qu’il fût rouvert. Non seulement il rouvrit, mais on dut l’agrandir. Les travaux y durèrent près de trente ans. C’est maintenant un grand monastère, qui appartient au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Un incident faillit tourner à l’expulsion du frère Antonio. En 1780, un soldat est condamné à mort : il a légèrement blessé le fils du Capitaine de São Paolo. Le frère Antonio intervient en faveur du soldat, qui est exécuté ; en plus, le frère reçoit l’ordre de quitter la ville. La foule proteste, au point que pour éviter une révolution, le Capitaine rappelle le Religieux.

De son vivant il eut le don des miracles, de la lévitation, de la bilocation, de la prémonition.

Il mourut le 23 décembre 1822.

Jusqu’à ses funérailles, la foule vint le vénérer ; on tailla tant de morceaux de tissu de sa bure, qu’elle ne lui arrivait plus qu’aux genoux !

Antonio Galvão de Sainte Anne sera béatifié en 1988 et canonisé en 2007. C’est le premier brésilien autochtone béatifié et canonisé.

Un des miracles qu’il fit de son vivant est d’avoir guéri instantanément un malheureux qui souffrait énormément des reins. Il lui fit avaler une petite boulette de papier où il avait écrit ces mots d’une invocation à la Vierge Marie : Post partum, Virgo, inviolata permansisti. Dei genitrix, intercede pro nobis (Après l’enfantement, ô Vierge, tu es demeurée inviolée. Mère de Dieu, intercède pour nous). Encore actuellement, les religieuses distribuent chaque jour jusqu’à trois cents de ces «boulettes».

Le miracle retenu pour la canonisation, fut la naissance d’un petit Enzo, dont la maman ne parvenait pas à mener à terme ses grossesses. Elle prit une de ces «boulettes» et accoucha bientôt de son petit Enzo, qui avait onze ans quand il assista à la canonisation de saint Antonio Galvão.

Saint Antonio Galvão est l’un des patrons des JMJ de 2013, avec le bienheureux Jean-Paul II, Notre-Dame d’Aparecida, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et Saint Sébastien.

 

 

Cho Yun-ho Yosep

1848-1866

 

Yosep (Joseph) était né en 1848 à Sinchang (Chungchŏng-do, Corée). Il ressemblait beaucoup à son père, Cho Hwa-so Peteuro (voir au 13 décembre), et pratiquait fidèlement son christianisme, comme ses parents.

Marié à dix-sept ans, il vivait chez eux avec sa jeune épouse, lorsque la persécution éclata.

Il était de retour chez lui lorsqu’il vit qu’on emmenait son père, lequel lui cria de partir. Mais Josephus se rendit spontanément. Ainsi père et fils s’encouragèrent mutuellement à persévérer dans la foi.

Aux interrogateurs, Yosep répondit que son professeur de catéchisme avait été son grand-père qui, lui-même, n’avait jamais eu chez lui de livres catholiques. On tortura le jeune homme, qui résista aux souffrances et resta fidèle.

Puis on les envoya tous deux à la prison de Chŏnju.

En prison, on tortura encore et encore Josephus, qui défendit courageusement sa foi au Christ.

Le 13 décembre, on emmena le père de Yosep pour l’exécuter. Yosep demanda à être pris avec son père mais on lui répondit que, selon la loi, on ne pouvait exécuter père et fils le même jour au même endroit.

Le gouverneur insista encore auprès de Yosep, lui promettant la restitution de tous ses biens, s’il apostasiait. Yosep ne l’écouta pas même.

Au jour de l’exécution de Yosep, les bourreaux couraient en tirant la charrette en bois attachée au cou du garçon, pour l’éreinter encore plus, après les nombreuses et pénibles tortures qu’il avait déjà subies précédemment.

Parvenu à Sŏch’ongyŏ (Chŏnju), le lieu de l’exécution, le gouverneur revint à la charge avec ses vaines propositions, et bien inutilement.

Yosep mangea son dernier repas, qu’il fit précéder d’un grand et calme signe de croix.

On battit encore Yosep, qui finit par succomber sous les coups. Il avait presque dix-neuf ans.

Ainsi, trois générations avaient reçu la gloire du martyre, mais on n’a pas retenu la date précise concernant le grand-père ; le père de Yosep, comme on l’a vu, mourut le 13 décembre 1866.

Pour Yosep, ce fut le 23 décembre 1866.

Yosep a été béatifié en 1968, et canonisé en 1984, comme son père.

Enrique Cañal Gómez

1869-1936

 

Enrique (Henri) naquit le 20 mars 1869 à Corias (Cangas del Narcea, Asturies, Espagne) et fut baptisé le lendemain.

Il suivit l’école locale tenue par les Dominicains, et entra au noviciat, pour faire la profession en 1885 et les études de philosophie.

En 1889, il alla faire la théologie à Las Caldas de Besaya, où il fut ordonné prêtre en 1891.

En 1896, il fut aumônier des Dominicaines de Santillana del Mar.

Tout en conservant cette dernière charge (jusqu’en 1909), il fut en 1905 directeur et sous-prieur à Las Caldas de Besaya (Los Corrales de Buelna, Cantabria), et prieur durant l’année 1906. Il avait une réelle réputation de sainteté.

En 1909, il fut au collège de Ségovie, en même temps qu’aumônier des Dominicaines, professeur et, à partir de 1910, supérieur de la communauté.

En 1911, autre mission : il fut sous-prieur et maître des Frères coopérateurs à San Pablo de Valladolid ; il fut aussi confesseur des Dominicaines à Porta Cæli, où on ne se gêna pas pour le calomnier honteusement : il n’en fut que plus estimé quand on comprit l’erreur qui le frappait.

De 1915 à 1928, il accomplit un travail extraordinaire au couvent de l’Olivar (Madrid), avant de regagner Las Caldas de Besaya comme directeur spirituel, directeur de l’école, maître des Frères coopérateurs. Il fut tout à tous, mais surtout un modèle unanimement apprécié de vie religieuse.

Lors de la révolution de 1936, il prêcha les exercices spirituels. Le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Le père Enrique fut béatifié en 2007.

 

 

Epifanio Gómez Álvaro

1874-1936

 

Epifanio naquit à Lerma (Burgos, Espagne) le 7 avril 1874 et reçut le baptême le 9 avril.

Il entre chez les Augustiniens à Valladolid en 1890 et, durant ses études de théologie, est envoyé aux Philippines en 1896 pour y achever sa préparation sacerdotale et se préparer aux missions.

Il est ordonné prêtre à Manille en 1897 ; revenu en Espagne pour se refaire une santé (1899), il part au Brésil où il s’occupe activement de la paroisse et de l’enseignement.

De retour en Espagne, il est à Cádiz puis à Santander.

Quand la révolution éclate en juillet 1936, il se réfugie d’abord chez un particulier, mais il sera découvert et arrêté, puis porté à la tristement célèbre tchéka de Neila (Santander). 

De là, au soir du 22 décembre 1936, on le transporte au phare de Santander, d’où on le lance dans la mer, les mains attachées à la ceinture et une pierre au cou.

Le courant marin transporta son corps jusqu’aux côtes de Vendée, où il fut repêché avec le cadavre de beaucoup d’autres, certains méconnaissables.

Ce saint Religieux avait soixante-deux ans. Il a été béatifié en 2007. On place son dies natalis au 23 décembre.

 

 

Manuel Gutiérrez Ceballos

1876-1936

 

Manuel naquit le 4 février 1876 à Torrelavega (Santander, Espagne) et fut baptisé le 7 suivant.

Très tôt orphelin de père, il fut confié par sa mère aux pères Dominicains de Las Caldas de Besaya, où il fit ses études. Puis il entra au noviciat de Padrón, professa en 1892 et fit les études de philosophie à Corias.

Il alla faire la théologie à Salamanque, où il fut ordonné prêtre en 1899.

Il eut une vie apostolique aussi intense que variée. Après quelques missions à travers l’Espagne, il partit pour le Pérou, de 1913 à 1917, où il espérait travailler parmi les peuplades d’Amazonie. Mais il demeura à Lima et, revenant en Espagne, il fut à Las Caldas de Besaya, transféré en 1923 à l’Olivar de Madrid, puis supérieur à Pamplona en 1924, année où il reçut le titre de prédicateur général.

En 1926, il passa à Atocha (Madrid), en 1927 à Salamanque comme professeur d’éloquence sacrée, en 1932 à Valladolid, en 1933 à Palencia, pour finir de nouveau en 1936 à Las Caldas de Besaya.

Ce Dominicain était un véritable prêcheur, d’une profonde piété : il se confessait avant de monter en chaire.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns. Sombre nuit de Noël !

Le père Manuel fut béatifié en 2007.

 

 

Eliseo Miguel Largo

1889-1936

 

Eliseo naquit le 28 août 1889 à Lampreana (Zamora, Espagne) et fut baptisé le 31 suivant.

Il fit ses études à Las Caldas de Besaya et entra au noviciat dominicain ; il fit la profession en 1908 et fit les études de philosophie à Corias.

Il alla faire la théologie à Salamanque, où il fut ordonné prêtre en 1917. Il y accompagnait l’aumônier des Dominicaines dans ses visites au couvent. C’était un prêtre profond, qui se mortifiait et qui avait le souci de respecter sa Règle.

Il enseigna en divers collèges : Vergara (Guipúzcoa), La Felguera (Asturies) et Las Caldas de Besaya.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns. Le corps du père Eliseo fut retrouvé un mois plus tard au bord du quai de Somo, de l’autre côté de la baie de Santander.

Le père Eliseo fut béatifié en 2007.

 

 

Enrique Izquierdo Palacios

1890-1936

 

Enrique (Henri) naquit le 17 février 1890 à Oviedo (Asturies, Espagne), fut baptisé le surlendemain et confirmé le 3 avril 1893.

Après avoir commencé le séminaire diocésain, il entra au noviciat dominicain de Padrón (La Coruña) et fit la profession en 1906 ; il fit les études de philosophie à Corias.

En 1910, il alla faire la théologie à Salamanque, où il fut ordonné prêtre en 1914.

Il fut professeur à Corias et Navelgas (Asturies) puis fut envoyé à Las Caldas de Besaya (Los Corrales de Buelna, Cantabria) comme supérieur et directeur, apprécié de tous.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns. Sombre nuit de Noël !

Le père Enrique fut béatifié en 2007.

 

 

Miguel Rodríguez González

1892-1936

 

Miguel naquit et fut baptisé le 10 juin 1892 à Piñera de Abajo (Asturies, Espagne) et confirmé en 1894.

Il commença l’étude du latin chez son curé et, à douze ans, entra au collège de Umieta (Guipúzcoa), puis passa à l’école apostolique (dominicaine) de Corias. Après la profession en 1909, il fit les études de philosophie.

Il alla faire la théologie à Salamanque, où il fut ordonné prêtre en 1916. 

Ceux qui le connurent comme confrère ou professeur, surent en faire l’éloge comme d’un remarquable Religieux, estimé et admiré de tous.

Lui aussi fut nommé en divers postes : Las Caldas de Besaya, Corias, de nouveau Las Caldas en 1922, Vergara (Guipúzcoa) en 1926-1928, Ciaño (Langreo, Asturies), Navelgas en 1930-1931, enfin de retour à Las Caldas où il se trouvait en 1936.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns.

Le père Miguel fut béatifié en 2007.

 

 

Bernardino Irurzun Otermín

1903-1936

 

Bernardino naquit le 17 mai 1903 à Eguiarreta (Navarre, Espagne), fut baptisé le 19, veille de la fête du célèbre Bernardin de Sienne, dont il reçut le nom, et fut confirmé en octobre de la même année.

Attiré dès sa jeunesse par la vie religieuse, il entra au couvent de Corias comme frère coopérateur et y commença le noviciat, qu’il acheva à Salamanque, avec la profession en 1931. 

Il fut ensuite envoyé à Las Caldas de Besaya en 1933.

C’était un remarquable Religieux, obéissant et humble, excellent jardinier. Tout le temps libre dont il disposait, il le passait devant le Saint Sacrement.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Le Frère avait trente-trois ans.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns.

Le frère Bernardino fut béatifié en 2007.

 

Eleuterio Marne Mansilla

1909-1936

 

Eleuterio naquit le 17 février 1909 à Gusendos de los Oteros (León, Espagne), fut baptisé le 20, fête de saint Eleuthère, dont il reçut le nom, et fut confirmé en 1911.

Adolescent, il travailla aux champs.

En 1931, il fut attiré par la vie religieuse et commença le noviciat au couvent dominicain de Salamanque, avec la profession en 1933. 

Il fut ensuite envoyé à Las Caldas de Besaya en 1933.

C’était un excellent Religieux, très dévot de la Sainte Vierge. On lui confia principalement la cuisine.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns.

Le frère Eleuterio fut béatifié en 2007.

 

 

Pedro Luis Luis

1915-1936

 

Pedro naquit le 11 septembre 1915 à Monsagro (Salamanca, Espagne), fut baptisé le lendemain, et fut confirmé en 1918.

Orphelin de mère à trois ans, il grandit auprès de sa grand-mère paternelle.

En 1928, il entra à l’école apostolique dominicaine de Las Caldas de Besaya, puis en 1931 passa à Corias. Mais la maladie l’obligea à revenir chez son père, où il travailla au milieu des bêtes du pâturage.

Il fréquenta le proche sanctuaire de Notre-Dame de la Peña de Francia où, en été 1932, les pères Dominicains lui suggérèrent la vie religieuse en tant que Frère coopérateur. Après le noviciat, il fut au couvent dominicain de Salamanque, avec la profession en 1934. 

Il fut ensuite envoyé à Las Caldas de Besaya en 1935.

C’était un excellent Religieux, qui s’occupa principalement du vestiaire.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns.

Le frère Pedro fut béatifié en 2007.

 

 

José María García Tabar

1918-1936

 

José María naquit le 10 décembre 1918 à Lubier (Navarre, Espagne), fut baptisé le 13 suivant, et fut confirmé en 1922.

Orphelin de père à deux ans, il partit avec sa mère à San Sebastián, où celle-ci trouva quelque petit travail pour élever ses enfants.

En 1925, elle confia son garçon aux Filles de la Charité de Vergara (Guipúzcoa), où José María reçut une excellente éducation. Après la première formation, il entra au collège des Dominicains, puis au séminaire de Saturrarán, mais les études étaient peut-être trop difficiles pour lui.

Très pieux cependant, il revint à Vergara et demanda son admission comme frère coopérateur parmi les Dominicains.

Il fit le noviciat au couvent de Salamanque, avec la profession en 1936. 

Il fut ensuite envoyé au mois de mai à Las Caldas de Besaya.

On lui confia la porterie. Là, il dut ouvrir souvent aux miliciens qui se présentaient, soit pour des enquêtes, soit pour des fouilles, soit aussi pour des arrestations.

Lors de la révolution de 1936, le 22 juillet, les Religieux furent arrêtés et conduits quelques heures à la tchéka Neila de Santander puis, après leur avoir fortement attaché les bras au corps et leur avoir accroché un poids pesant, on les jeta à la mer dans la baie de Santander, dans la nuit du 22 au 23 décembre 1936.

Le frère José María venait d’avoir dix-huit ans.

Il y eut (au moins) une dizaine de Religieux qui furent ainsi martyrisés de cette façon. Certains corps remontèrent jusqu’en Vendée, où l’on put encore en identifier quelques-uns.

Le frère José María fut béatifié en 2007.

 

 

Karoline Anna Leidenix

1865-1941

 

Karoline était née le 28 novembre 1865 à Enzersdorf (Vienne, Autriche), de Michael et Josefa Benkhofer, et fut baptisée deux jours plus tard.

Elle eut deux petites sœurs, Mathilde et une autre mort-née.

Le papa mourut bientôt, laissant la pauvre veuve dans une situation assez difficile. Les deux petites filles furent accueillies en 1878 par la fondatrice de la Congrégation des Filles de la Divine Charité, Mère Franziska Lechner. Le tribunal accorda une petite aide pécunaire à la maman.

D’élève, Karoline devint novice chez les mêmes Sœurs. Elle prend le nom de Marija Berchmana Johanna, émet les premiers vœux en 1883 et fera les vœux solennels en 1892.

Dès 1883 elle est envoyée en Bosnie. Elle se montrera une maîtresse très habile, très active, et quand les maisons de la Congrégation durent fermer, elle continuera à donner des leçons aux enfants, catholiques, orthodoxes ou musulmans. Elle fera aussi le catéchisme.

Durant la guerre mondiale, elle aidera dans l’hôpital de Višegrad, dont l’administration lui exprimera une reconnaissance officielle et publique pour son activité chrétienne et samaritaine, prête au sacrifice.

En 1931, elle est nommée maîtresse des novices à Sarajevo, où elle laissa un souvenir de réelle sainteté, pour sa prière, son esprit de sacrifice, son dévouement, sa délicatesse. Intelligente et humble, elle ne se vexait pas quand elle comprenait qu’elle avait fait quelque erreur dans la langue croate. 

Sœur Berchmana souffrait d’asthme, et ne se plaignait jamais. Exigeante pour elle, elle voulait que chacune fût aussi exigeante pour soi-même, par amour de la règle et de l’Eglise.

Elle eut l’occasion, durant un séjour à Breške (Tuzla), d’apprendre à lire et à écrire aux petits enfants, non seulement catholiques, mais aussi musulmans, de sorte que le peuple l’avait surnommée «la sœur turque». Revenue à Pale en 1939, à l’âge de soixante-quatorze ans, elle s’occupa alors particulièrement des enfants de familles orthodoxes, et fut surnommée «la mère serbe».

Vers la fin de sa vie, elle disait : Je suis reconnaissante à Dieu pour deux choses, d’abord parce que je suis née et que j’ai grandi dans la foi catholique, et ensuite parce que j’ai été religieuse.

Quand la maison fut assaillie et incendiée le 11 décembre 1941 (v. Kata Ivanišević), et que les Religieuses durent marcher dans la neige pendant quatre jours, la pauvre Berchmana n’en pouvait plus. Presque aveugle, elle fut installée sur une luge, mais elle tombait souvent ; aussi fut-elle abandonnée dans une cabane, puis confiée à une famille de Sjetlina.

Elle parlait peu, elle souriait. Quand on lui donnait à manger, elle s’excusait de priver les autres de leur nourriture. Elle resta là une dizaine de jours, puis les soldats vinrent la prendre avec une luge. Le père de famille leur disait de la laisser, car elle ne pouvait pas marcher. Une heure après, l’un d’eux revint, avec autour du cou le rosaire de la Sœur, disant qu’elle le lui avait donné et qu’il le gardait parce qu’il en avait besoin. Puis on leur dit qu’on la conduisait vers les autres Sœurs, à Goražde.

En réalité, Sœur Berchmana fut abattue non loin de Sjetlina, sous le pont de Prača (qui se jette dans la Drina). Plus tard, une certaine Vesna reçut l’habit noir de la Religieuse, avec l’ordre d’en faire un drapeau pour les soldats. On n’a cependant jamais retrouvé la tombe de la Sœur Berchmana, qui fut probablement, elle aussi, jetée dans la rivière.

Sa mort arriva le 23 décembre 1941, et elle fut béatifiée avec ses Consœurs en 2011.

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22 décembre 2022 4 22 /12 /décembre /2022 00:00

22 DÉCEMBRE

 

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S Ariston, martyr à Porto.

S Honorat, évêque à Toulouse.

III.

SS Cheremon, évêque et martyr à Nilopolis ; il fut le dernier martyr d’Egypte durant cette persécution.

IV.

S Flavien, père de ste Bibiane, martyr à Acquapendente.

VI.

S Amaethlu, patron de Llanfaethlu.

IX.

S Hunger, évêque à Utrecht.

X.

S Amaswinthe, abbé à Silva de Malaga.

XI.

Bse Jutta, recluse et religieuse à Disibodenberg, maîtresse de ste Hildegarde (qui lui succédera et en attestera les miracles).

XX.

Ste Francesca-Saveria Cabrini (1850-1917), dernière de treize enfants, fondatrice à Chicago des Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur, vouée aux immigrants italiens aux Etats-Unis (déjà 50.000 à New York) ; elle ouvrit écoles et hôpitaux et, à cause de son succès, subira diffamations et persécutions ; elle est la patronne céleste de tous les émigrants.

 

Cheremon de Nilopolis

† 250

 

Cheremon était le vieil évêque de Nilopolis (ou Delas, non loin de Memphis, Egypte).

L’évêque Denys d’Alexandrie (v. 8 avril) conclut sa chronique de la persécution de Dèce en mentionnant précisément ce Cheremon :

Cheremon était très vieux et évêque de la ville appelée Nilopolis. S’étant enfui dans la montagne d’Arabie avec sa compagne, il n’est pas revenu et jamais les frères bien qu’ils aient beaucoup cherché n’ont pu voir ni eux, ni leurs cadavres.

Beaucoup, dans la même montagne d’Arabie, furent réduits en esclavage par les barbares Sarrasins ; certains ont été rachetés à grand-peine, avec beaucoup d’argent, les autres jusqu’à présent ne le sont pas encore.

De ce témoignage on ne peut tirer que des hypothèses. Cheremon était-il marié ? ou vivait-il avec cette compagne comme frère et sœur ? Mourut-il d’épuisement, de froid, de faim, ou dévoré par les bêtes ?

Une certitude : il est considéré comme Martyr, et beaucoup d’autres moururent dans les mêmes conditions atroces.

Le Martyrologe Romain mentionne saint Cheremon de Nilopolis au 22 décembre.

Hunger d’Utrecht

† 866

 

Hunger est un évêque mal connu.

A la mort de l’évêque Luidger en 854, le choix de son successeur se porta d’abord sur le chanoine Craft, qui préféra renoncer à cette charge pour ne pas avoir à affronter quelque attaque probable des Vikings. Ainsi fut choisi Hunger. Il était le douzième successeur de s.Willibrord (v. 7 novembre).

Ses relations avec ces Vikings furent pacifiques au début, mais quand ils se firent menaçants, tout le clergé d’Utrecht suivit l’évêque au Mont Sainte-Odile (Sint Odiliënberg), proche de Roermond.

En 858, Lothaire II y fit construire pour eux un monastère. Mais Hunger s’installa à Prüm, puis à Deventer.

Hunger se préoccupa de rester un homme de Dieu, et quand Lothaire voulut divorcer parce que son épouse était stérile, Hunger lui rappela le caractère sacré du mariage, fondé sur l’Ecriture et la Théologie ;  Lothaire divorça tout de même, mais Hunger avait su se montrer ferme sur la doctrine.

On trouve sa signature aux conciles de Savonnières et Metz (859 et 863) ; il était déjà malade au cours de ce dernier.

Il mourut à Prüm le 22 décembre 866.

Saint Hunger d’Utrecht est commémoré le 22 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Jutta de Sponheim

1092-1136

 

Cette vierge était la fille des comtes Stephan et Sophia de Sponheim, et naquit vers 1092.

Stephan mourut trois ans après cette naissance et Sophia s’occupa de l’éducation de ses deux enfants, Jutta et son frère Hugo, qui devint archevêque de Cologne.

Jutta (Judith) eut à douze ans une maladie si grave, que sa guérison apparut comme un miracle, et amena Jutta à promettre de consacrer sa vie à Dieu, de sorte qu’elle refusa toutes les propositions de mariage qu’on lui fit par la suite.

A quatorze ans, contre l’avis de ses proches, elle fit sa consécration dans les mains de l’archevêque de Mayence. D’après une relation ancienne, elle reçut d’abord sa formation spirituelle d’une pieuse veuve qui s’appelait Uda de Göllheim ; avec Jutta se trouvaient aussi sa parente, Hildegard de Bingen, alors âgée de huit ans (v. 17 septembre) et une autre jeune fille.

A la date probable du 1er novembre 1112, quand elle eut vingt ans, elle se retira non loin de l’église du Disibodenberg, où elle s’occupa de l’instruction des enfants. Hildegarde, qui avait alors quatorze ans, la suivit, et deux autres jeunes filles aussi.

Ce fut là le point de départ d’un couvent de religieuses bénédictines qui, avec celui des Bénédictins de l’endroit, forma un double monastère.

Quand Jutta mourut, en 1136, c’est Hildegarde qui lui succéda comme supérieure de cette communauté. Elle en écrivit alors que Dieu l’arrosa de sa grâce comme d’un ruisseau aux eaux abondantes, de sorte qu’elle n’accorda aucun repos à son corps par ses veilles, ses jeûnes et d’autres bonnes œuvres, jusqu’à ce qu’elle achevât d’une digne fin sa vie terrestre.

Parmi ces «bonnes œuvres» sont rapportées celle du changement de l’eau en vin qu’aurait opéré Jutta, ainsi que celle d’avoir traversé à pieds secs le Glan, la rivière locale.

Son frère Hugo mourut l’année suivante (1137).

On parla d’apparitions au tombeau de Jutta. L’Ordre bénédictin la vénère comme bienheureuse, au 22 décembre, mais elle n’a pas été insérée dans le Martyrologe.

 

 

Francesca Saviera Cabrini

1850-1917

 

Née à Sant’Angelo Lodigiano (Lodi, Lombardie, Italie N), Maria Francesca était la treizième enfant de Agostino et Stella Oldini, des cultivateurs aisés. Elle naquit le 15 juillet 1850.

A treize ans, elle fit le vœu de virginité. A dix-huit ans, elle passa avec succès son examen de maîtresse d’école. A l’école elle se passionnait pour la géographie, feuilletant avidement les pages de son livre, imaginant qu’elle voyageait dans ces contrées lointaines.

En 1870 moururent ses parents.

Institutrice en 1872, elle voulait être missionnaire en Chine, mais sa santé fragile lui barrait l’accès en congrégation. Or en 1874, le curé de Codogno lui confia l’administration d’un orphelinat qui marchait mal. Francesca essaya de triompher du mal par le bien.

En 1877, elle réunit quelques compagnes et émit les premiers vœux de religion, ajoutant à son nom celui de Saviera (Xavière), confiant sa vie à saint François Xavier, ce jésuite missionnaire qui avait marché jusqu’en Chine au 16e siècle (v. 3 décembre).

En 1880, l’évêque dut résolument fermer cette maison. Francesca lui parla de son attrait pour les missions. L’évêque lui dit : Je sais que tu veux être missionnaire. Je ne connais pas d’institut de ce genre. Fondes-en un.

Elle réunit donc ses amies et, par obéissance à l’évêque, fonda sa propre Congrégation sous le nom de Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur. Leur but : l’éducation des filles dans les pays catholiques, schismatiques ou païens. Les religieuses devaient appuyer leur travail sur le recueillement auquel étaient consacrées quatre heures quotidiennes. Francesca Saviera se levait une heure plus tôt que les autres, pour prier un peu plus. 

Plusieurs maisons s’ouvrirent en Italie et l’institut fut approuvé en 1888. Francesca était toujours fascinée par la Chine, mais plusieurs prélats, et le pape lui-même, lui parlèrent des Italiens, déjà cinquante-mille, émigrés aux Etats-Unis, dont la misère, matérielle et morale, était inquiétante.

Toujours obéissante, elle arriva à New York en 1889. Il n’y avait encore rien de fait, et l’évêque de New York pensa même la renvoyer en Italie. Francesca lui répondit : Monseigneur, nous sommes venues en Amérique par ordre du Saint-Siège, et nous devons y rester.

Bien vite elle ouvrit un orphelinat ; une maison-mère s’éleva à West-Park ; un hôpital à New York en 1892…

Elle entreprit un long périple qui la porta au Nicaragua, au Brésil, à Buenos Aires (Argentine), où elle ouvrit une école supérieure féminine. Elle reviendra en France, en Angleterre. Elle fera vingt-quatre fois la traversée de l’Océan Atlantique.

En 1907, les constitutions furent approuvées, alors que l’institut comptait déjà plus d’un millier de religieuses dans huit pays. La fondatrice ouvrit elle-même plus de cinquante fondations, dont un hôpital à Chicago, un préventorium en Californie. Peu avant sa mort surgira enfin un hôpital à Seattle, après bien des oppositions.

Francesca Saviera fut naturalisée en 1909, et mourut à Chicago le 22 décembre 1917. Celle qui avait une santé si fragile, s’est retrouvée à la tête d’une immense famille religieuse. Elle avait pris pour devise le mot de saint Paul : Je peux tout en Celui qui me rend fort (Ph 4:13).

En France, elle a créé un orphelinat à Noisy-le-Grand, qui est actuellement un lycée, près duquel a été édifiée une maison de retraite.

La Mère des émigrés, béatifiée en 1938 et canonisée en 1946, est la première sainte des Etats-Unis. Son dies natalis est le 22 décembre.

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21 décembre 2022 3 21 /12 /décembre /2022 00:00

21 DÉCEMBRE

 

-VIII.

S Michée, prophète à Samarie, un des “Douze petits Prophètes” de l’Ecriture.

III.

S Themistocles, martyr en Lycie ; il chercha à se substituer à quelqu'un qu'on recherchait.

VII.

S Anastase, moine au Sinaï, évêque à Antioche ; persécuté, honteusement mutilé puis jeté au feu par des Juifs.

S Baudacharius, moine à Bobbio ; il multiplia la nourriture pour ses compagnons.

XI.

S Jean Vincent, dont on dit qu'après avoir été évêque à Ravenne, il construisit l'abbaye Saint-Michel à Cluse, sur révélation de l'Archange.

XV.

B Pierre Massaleno, sarde, camaldule à Torcello ; il ne parla que sur permission de son abbé et, souffrant des genoux, ne voulut pas se singulariser en demandant quelque dispense.

XVI.

B Domenico Spadafora, dominicain sicilien, fondateur d'une abbaye à Montecerignone.

Bse María Richenza (Maria Lorenza Longo), veuve espagnole, grande bienfaitrice et abbesse d’un monastère de Clarisses à Naples, béatifiée en 2021.

S Petrus Canisius, jésuite hollandais, zélé défenseur du catholicisme contre le luthéranisme en Allemagne ; il préconisa la communion sous les deux espèces, qui fut permise en Allemagne pendant quelque temps ; son catéchisme connut cinquante-cinq éditions en neuf langues ; le collège qu'il fonda à Fribourg devint Université ; il est Docteur de l'Eglise. 

XIX.

SS Phêrô Truong Van Thi et Anrê Tran Dung (Lac), prêtres annamites, décapités ; canonisés en 1988 et fêtés le 24 novembre.

B Peter Friedhofen, orphelin devenu ramoneur ; il aida sa belle-sœur veuve et ses onze enfants ; il fonda les Frères de la Miséricorde de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours et mourut de tuberculose à Koblenz, béatifié en 1985.

XX.

B Gabriel Olivares Roda (1888-1936), prêtre franciscain espagnol, martyr près d’Almería, béatifié en 2017.

 

 

Michée prophète

8e siècle avant Jésus-Christ

 

Michée est l’un des douze Petits Prophètes, dont le livre est assez court en comparaison des quatre Grands Prophètes.

Né à Moresheth, à l’ouest d’Hébron, il est appelé le Morashite. Il aurait été enterré non loin de là, dans cette même tribu de Juda.

Sa prédication prophétique s’est faite autour de 721 avant Jésus-Christ, date de la prise de Samarie. Il a donc connu Osée et Isaïe.

Son Livre annonce la désolation de Sion en punition de ses déviations : les riches accapareurs, les créanciers impitoyables, les commerçants fraudeurs, les familles divisées, les prêtres et les prophètes cupides, les chefs tyranniques, les juges vénaux… Difficile de croire que ces reproches étaient adressés aux seuls habitants d’Israël, sept siècles avant Jésus-Christ.

Michée annonce aussi la doctrine du Reste, d’où renaîtra l’Israël authentique, l’Eglise. Mais c’est surtout à propos de la naissance du Messie à Bethléem, que Michée est retenu dans l’Evangile.

L’évangéliste saint Matthieu raconte comment les Mages d’Orient, arrivés à Jérusalem,  cherchèrent à voir le roi des Juifs qui vient de naître, pensant à juste titre - et bien naïvement aussi - que tout le monde devait savoir où était ce roi… Leur demande circule et arrive à Hérode, qui convoqua alors les grands prêtres et les scribes pour leur demander où devait naître le Christ. Et eux de répondre sans ambages : A Bethléem, et de citer l’exacte prophétie de Michée :

Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël (Mt 2).

Or, la prophétie de Michée est celle-ci :

Mais toi, Bethléem Ephrata, pour être le moindre des clans de Juda, c’est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël ; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques. C’est pourquoi Yahvé les abandonnera jusqu’au temps où aura enfanté celle qui doit enfanter. Alors le reste de ses frères reviendra aux enfants d’Israël. Il se dressera, il fera paître son troupeau par la puissance de Yahvé, par la majesté du nom de son Dieu. Ils s’établiront, car il étendra désormais son pouvoir jusqu’aux extrémités du pays. Lui-même, il sera paix ! (Mi 5:1-4).

On peut rester stupéfait de constater que ces prêtres étaient parfaitement informés de la naissance du Christ, grâce à une exégèse tout-à-fait juste de cette ancienne prophétie, transmise de génération en génération depuis cinq siècles. Malgré cette science, ils refusèrent le message de ce Chef.

Le saint prophète Michée fut longtemps commémoré le 15 janvier, en même temps que l’autre prophète Habacuc car, disait l’ancienne édition du Martyrologe, sous Théodose l’Ancien, leurs corps furent retrouvés par suite d’une révélation divine, apparemment en 385. On ne spécifie pas davantage les circonstances de cette révélation.

Tandis que les Grecs commémorent Michée le 21 avril, le Martyrologe Romain l’a placé désormais au 21 décembre, peu de jours avant la fête de Noël.

 

 

Themistocles de Myre

† 251

 

Il n’y a pas que s.Nicolas qui illustra la ville de Myre (Lycie, actuelle Turquie d’Asie SW).

Themistocles était un simple berger des environs de Myre.

Le gouverneur Asclépios envoya des hommes à la recherche d’un certain Dioscoride, chrétien notoire de la ville. Les soldats passèrent près du troupeau de Themistocles et lui demandèrent s’il ne l’avait pas vu passer. Or Dioscoride venait de trouver refuge dans la cabane de Themistocles.

Ce dernier demanda tout simplement aux soldats d’épargner la vie du «fugitif», mais les soldats menacèrent de l’emmener, lui, à la place de Dioscoride, s’il ne le leur livrait pas. Themistocles se laissa arrêter. On remarquera au passage que les soldats ne se permettaient pas de forcer la porte de la cabane du berger.

Conduit devant Asclepios, Themistocles refusa d’indiquer la cachette de Dioscoride, et ajouta une petite prédication de son cru, rappelant que les dieux païens avaient des mœurs tout-à-fait honteuses et condamnables.

Le gouverneur le fit flageller sur le ventre jusqu’à ce que ses entrailles fussent mises à nu, puis le fit suspendre à un poteau pour qu’il fût déchiré par des peignes de fer - de ceux qu’on utilise pour carder la laine -, finalement il fut traîné dans les épines, où il expira bientôt.

Ce devait être en 251.

Sur la tombe de Themistocles, son bâton de berger prit racine et donna un merveilleux amandier.

Le Martyrologe Romain mentionne saint Themistocles de Myre au 21 décembre.

Domenico Spadafora

1450-1521

 

La noble famille de Domenico avait séjourné à Constantinople et à Venise. Lui-même naquit en 1450 à Randazzo (Catane, Sicile), deuxième fils du baron de Maletto.

La noblesse humaine ne l’intéressant pas, il étudia d’abord chez les Dominicains de Palerme, y devint novice  et fut ordonné prêtre.

Il poursuivit ses études à Pérouse, Padoue et Venise. En 1478, il y fut reçu docteur en théologie.

Revenu en Sicile, il enseigna la théologie et fut au couvent de Messine.

Bientôt, le Général de l’Ordre l’appela auprès de lui à Rome.

Et voilà que, sur la demande des fidèles, l’évêque de Monte Feltro demanda aux Dominicains d’assumer un petit sanctuaire marial à Monte Cerignone. Domenico fut choisi pour acquérir le terrain nécessaire en vue de la construction d’un couvent et d’une église (1498).

Domenico en sera nommé supérieur, et le sera jusqu’à la mort.

On ne recensa pas moins de dix-huit guérisons de malades incurables, qu’il opéra de son vivant.

Le 21 décembre 1521, après avoir célébré la Messe, il convoqua tous les frères du couvent et leur demanda pardon pour ses fautes. Puis il se retira dans sa cellule et mourut.

Plus tard, quand on voulut replacer son corps avec plus d’honneurs, on le retrouva incorrompu et exhalant un agréable parfum.

Le culte envers Domenico Spadafora fut confirmé en 1921.

 

 

María Richenza

1463-1542

 

María Richenza naquit en 1463, probablement à Lerida (ou Lleida, Catalogne, Espagne NE), dans une noble famille.

Comme cela arrivait, elle fut donnée encore jeune en mariage à un illustre juriste, nommé Juan Llonc, qui allait être régent du Conseil royal d’Aragon. Le couple eut trois enfants.

Une grosse épreuve frappa bientôt María : lors d’une fête, elle dut faire une observation à un domestique, lequel, vexé, versa un poison dans le verre de María ; elle ne perdit pas la vie, mais resta complètement paralysée. Il fallait la transporter sur une civière.

En 1506, toute la famille accompagna à Naples le roi Fernando le Catholique, mais Juan dut bientôt repartir en Espagne, où il mourut en 1509.

María ne se découragea pas ; en 1510, elle se fit transporter au sanctuaire de Notre-Dame-de-Lorette, où elle recouvra toute sa mobilité, à la fin de la messe. Désormais elle se ferait appeler Maria Lorenza, à l’italienne, en italianisant aussi le nom de son mari en Longo. Maria prit alors l’habit du Tiers-Ordre franciscain et, de retour à Naples, se donna entièrement au service des malades et des pauvres.

En 1518, elle participa à l’érection de l’hôpital des incurables, où elle habita et assuma toute l’assistance sanitaire des malades.

Maria avait l’occasion de rencontrer des personnalités et son influence s’étendait largement. Elle forma ainsi un groupe de jeunes filles dans l’esprit du Tiers-Ordre franciscain ; à partir de 1529, les Capucins en furent les directeurs spirituels.

En 1535, grâce à l’influence de s.Gaetano de Thiene (v. 7 août), cette petite famille obtint l’approbation canonique comme Sœurs Franciscaines du Tiers-Ordre, adoptant résolument une orientation contemplative.

Cette même année 1535, Maria fut reprise par son infirmité antérieure, la paralysie. Elle confia la direction de l’hôpital à Maria Ayerbe et s’enferma dans une petite chambre du couvent proche. Il y avait là vingt jeunes aspirantes qui, le 8 septembre, firent leur profession en même temps que Maria et assumèrent la règle rigoureuse des Clarisses. En 1538, le pape confirmait cette institution, en limitant le nombre des religieuses à trente-trois, d’où l’appellation de Monastère des Trente-Trois qui fut donnée au couvent.

Maria adopta également l’esprit de réforme que sainte Colette (v. 6 mars) avait apporté aux Clarisses. Son corps était paralysé, mais pas son esprit : abbesse, elle continuait à diriger les religieuses.

Sentant approcher l’appel de l’Eternité, Maria Lorenza renonça à sa charge ; elle s’éteignit à ce monde le 21 décembre 1542.

María Lorenza Longo sera béatifiée en 2021, et inscrite au Martyrologe le 21 décembre.

 

 

Petrus Canisius

1521-1597

 

Petrus naquit à Nimègue. Son vrai nom est Pieter Kanijs (qu’on écrit aussi Kanîs). Il naquit le 8 mai 1521. Jacob, son père, est (sans jeu de mot) le maire de Nimègue (Pays-Bas), alors dans le diocèse de Cologne. Ægidia van Houweningen, sa mère, mourut peu après la naissance de Petrus.

Mystérieusement, Petrus fut inspiré dès l’enfance à porter un cilice.

En 1536, il part à Cologne pour étudier les arts, le droit, la théologie. Après un court séjour à Louvain (1539), il est reçu Maître ès Arts à Cologne.

Son conseiller spirituel, Nicolaus van Esch, lui fait connaître plusieurs personnalités du monde catholique. En 1540, contre les désirs de son père qui lui proposait un mariage avec une riche jeune fille, Pieter fait le vœu de chasteté.

Il est un des huit premiers membres du tout récent Ordre des Jésuites, et le premier Allemand à en faire partie. Il y entre le jour de ses vingt-deux ans, le 8 mai 1543, en faisant ses vœux à Mayence. Il fonde avec ses compagnons la première maison allemande de Jésuites à Cologne ; il va prêcher, en ville et dans les environs ; il participe à des débats et enseigne à l’université.

Ordonné prêtre en 1546, il publie alors les œuvres de saint Cyrille d’Alexandrie et de saint Léon le Grand ; puis il est appelé à Liège pour contrer les doctrines néfastes de l’archevêque apostat. En 1547, l’évêque de Augsburg l’appelle à participer au Concile de Trente, où il intervient par deux fois. C’est à ce moment-là que Pieter commence à latiniser son nom en Petrus Canisius. 

Au concile, on était partagé sur le fait de donner l’Eucharistie sous les deux formes du Pain et du Vin. Petrus fut d’abord d’avis de le permettre pour les Chrétiens de Bohême et pour certains Catholiques dont il fallait consolider la foi ; mais plus tard il pensa que ce rite aurait plutôt divisé les Catholiques.

En 1548, il enseigne la rhétorique à Messine (Sicile), prêchant en italien et en latin.

A la demande du duc de Bavière, et avec l’approbation du pape, il est recteur et professeur de théologie à Ingolstadt (Munich) ; en chemin, il est reçu Docteur en théologie à l’université de Bologne ; puis il va être un des premiers Jésuites à être dirigés sur Vienne, pour organiser la Contre-réforme. Petrus connaîtra désormais une activité inlassable, sans borne, qui lui vaudra aussi des attaques : son nom lui vaudra le sobriquet de chien (en latin canis). On publiait des faux sous son nom.

A la cour, il contrera les positions d’un célèbre prêtre (Phauser), qui était passé au luthéranisme et s’était marié. Phauser dut démissionner et en gardera toujours de la rancœur contre Petrus. Trois fois le roi proposera Petrus pour la charge épiscopale de Vienne, qu’il refusera toujours. 

En 1555 il publie son catéchisme ou Somme de la doctrine chrétienne, en réponse aux positions de Luther, et qui comptera deux-cents rééditions. L’évêque de Augsburg l’introduira dans toutes les écoles de son diocèse à partir de 1591.

Il prêchera en 1556 dans une cathédrale de Prague archi-comble. Petrus prit part à plusieurs discussions publiques à Worms et contre Melanchton : partout les Protestants, qui n’avaient pas de doctrine commune entre eux, devaient céder à la parole convaincante de Petrus.

Puis il fut à Strasbourg, où il prêcha, expliqua le catéchisme aux enfants, entendit leur confession, et confirma les habitants dans leur foi catholique. Appelé en Bavière, Petrus prêcha jusqu’à quatre fois par jour pour ramener les populations à la foi catholique.

Le pape l’envoya alors à Cracovie (Pologne), où il s’adressa au clergé et aux membres de l’université. En 1559 (l’année où il ouvre un collège à Munich), il est envoyé à la diète de Augsbourg, où il prêchera jusqu’en 1566 sur la demande du chapitre.

Petrus traite tous les thèmes de la religion : le Décalogue, la Messe, les prophéties, l’évangile du jour, la Justification, la Liberté chrétienne, l’interprétation des Ecritures, les Saints, les cérémonies de l’Eglise, les vœux religieux, les indulgences, l’obéissance aux autorités de l’Eglise, la confession, la communion, le jeûne, l’aumône. Mais il ne s’adresse pas qu’à la foule : il censure les fautes du clergé, quand celles-ci sont trop évidentes.

Il y a tant de monde qui vient l’écouter et se confesser à lui, qu’une partie du clergé en prend ombrage ; on finit par un accord : Petrus se serait «contenté» de prêcher, laissant aux prêtres de la cathédrale l’administration des sacrements.

Durant cette période, Petrus voyage encore : en 1562 il ouvre le collège d’Innsbruck et devient le confesseur de la fille du roi, Magdalena. En 1563, il prêche en Souabe ; en 1564 il envoie des missionnaires en Bavière, fonde un collège à Dillingen. En 1565 il est à Rome pour le deuxième chapitre général de l’Ordre jésuite. Le pape le charge de répandre en Allemagne les décrets du Concile de Trente et de convaincre les autorités civiles de défendre l’Eglise catholique. Petrus rencontra beaucoup de princes et d’évêques, mais finit par renoncer à cette mission, constatant qu’elle suscitait des jalousies et aussi des suspicions d’espionnage ou d’interférence politique… A Wiesensteig il ramène la cour de Helfenstein au catholicisme. 

En 1567 Petrus enseigne à la cathédrale de Würzburg, va à Dillingen, Mayence, Speyer, Ingolstadt, Innsbruck où s’ouvrira un collège en 1569. 

C’est à Dillingen qu’il recevra dans l’Ordre des Jésuites le jeune Stanislaus Kostka (v. 15 août).

Le travail et la patience de Petrus ne s’arrêtaient pas. Toujours en voyage, toujours prêchant, toujours priant, toujours écrivant, il ramena et confirma dans le Catholicisme beaucoup d’âmes ébranlées par les doctrines luthériennes.

C’est encore Petrus qui fondera à Fribourg en Suisse le Collège Saint-Michel (1580), qui deviendra la célèbre université que l’on connaît (il sera momentanément fermé quand les Jésuites furent expulsés de Suisse). Fribourg n’avait pas été épargnée par les fausses doctrines, et c’est grâce à la prédication de Petrus que Fribourg resta ensuite un solide bastion de l’Eglise catholique. De là, Petrus alla aussi à Augsbourg, à Lucerne, où il alla vénérer la Vierge de Einsiedeln ; c’est là, d’après Petrus lui-même, que saint Nicolas de Flüe lui aurait demandé de ne jamais quitter Fribourg (sur saint Niklaus de Flüe, v. 21 mars).

Il y resta. Il obtint du pape une permission pour ériger à Fribourg une maison d’impression, en même temps qu’il rencontrait les principaux éditeurs d’Anvers, Cologne, Dillingen, pour diffuser la doctrine catholique.

Petrus Canisius sut par sa charité et sa douceur, regagner au catholicisme beaucoup de régions de l’Europe centrale ; on l’a appelé le marteau des hérétiques, non pas pour la dureté de sa parole, qui était toujours patiente et respectueuse, mais pour le résultat obtenu.

Frappé d’hydropisie compliquée de catarrhe, épuisé de travaux, Petrus mourut le 21 décembre 1597. Son infirmier attesta qu’il passa cette dernière année dans la prière, le recueillement, parlant peu, écoutant. Il dut cesser de célébrer, avec tristesse, quelques jours avant sa mort. Il ne demandait rien, il ne se plaignait pas.

Petrus Canisius fut béatifié en 1864, canonisé en 1925, en même temps qu’il fut proclamé Docteur de l’Eglise. Pour le troisième centenaire de sa mort (1897), il fut appelé deuxième apôtre d’Allemagne, après saint Boniface (v. 5 juin).

Depuis, il a été pris comme Patron du nouveau diocèse de Innsbruck (1964).

Si le dies natalis de saint Petrus Canisius reste au 21 décembre, il est localement fêté le 27 avril dans la zone germanique.

Phêrô Trưong Vǎn Thi

1763-1839

 

Pierre était né vers 1763 à K S (Hanoi, Vietnam).

A onze ans il se signala tellement par ses vertus et son zèle, qu’il fut bientôt nommé catéchiste.

Plus tard, la vocation sacerdotale s’épanouit en son cœur et il entra au séminaire. Il fut ordonné prêtre en 1806, à quarante-trois ans.

Pendant vingt-sept ans il exerça le ministère sacerdotal dans la province de Phú Thǫ, puis fut nommé curé à K Sông en 1833.

Les fidèles savaient qu’il n’avait pas une bonne santé, mais il jeûnait tout de même le vendredi. Il priait beaucoup, célébrait la messe chaque jour avec beaucoup de recueillement et mangeait très frugalement. Mgr Jeantet admirait en lui sa piété profonde, sa douceur et sa sagesse.

Lors de la persécution, il continua son activité mais discrètement, lorsqu’il fut arrêté le 10 octobre 1839.

On tenta de réunir la somme nécessaire pour le racheter, mais il fut conduit à Bình Lc, où il retrouva un autre prêtre célèbre au Vietnam, André Dũng Lc. En route, le père Phêrô, qui avait soixante-seize ans, n’avait plus la force de marcher et tomba, comme le Christ sous le poids de sa croix. Il donna à un soldat ses propres chaussures.

En prison, le père Phêrô jeûna encore plus, et reçut même le conseil de Mgr Jeantet de modérer ces mortifications.

Les interrogatoires ayant été inutiles pour tenter de faire apostasier les deux prêtres, ils furent condamnés à la décapitation.

Le martyre advint à Ô Cu Giy, le 21 décembre 1839.

Phêrô Trưong Vǎn Thi fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Anrê Trn An Dũng Lc

1795-1839

 

André était né en 1795 à K S (Bc Ninh, Vietnam) dans une famille pauvre, déjà catholique.

Petit, il se faisait remarquer par son talent poétique et sa grande mémoire : il retenait déjà un texte par cœur après l’avoir lu deux fois.

A douze ans il reçut le baptême, et le nom de l’apôtre André.

Il fit des études au séminaire et fut ordonné prêtre en 1823.

D’abord vicaire à plusieurs paroisses, il fut ensuite nommé curé à K Ɖầm.

La persécution éclata dès 1833. En 1835 Anrê dut se cacher à K Roi.

Il fut plusieurs fois arrêté. La première fois, on ne savait pas qu’il était prêtre et il put être libéré contre rançon. C’est à ce moment qu’il changea de nom et porta celui de Lc.

Une deuxième fois, il put encore être racheté contre une forte rançon.

Libéré, il alla se confesser au père Phêrô Trưong Văn Thi ; au retour, il fut arrêté une troisième fois le 10 novembre 1839, alors qu’il cherchait à partir à bord d’une barque.

Les deux prêtres furent mis en détention à la prison de Bình Lc, d’abord traités avec assez d’égards, à cause des sentiments bienveillants du chef local, mais ils furent ensuite conduits à Hà Ni pour y être interrogés.

Les interrogatoires ayant été inutiles pour tenter de faire apostasier les deux prêtres, ils furent condamnés à la décapitation. Au terme d’un de ces interrogatoires, le juge fit indirectement un éloge marqué de ces deux Confesseurs, disant qu’ Ils sont attachés à leur religion jusqu’à la folie !

En attendant la confirmation royale de la sentence, le père Anrê conquit l’amitié des gardiens, de sorte que les deux prisonniers purent recevoir des visites d’amis et de fidèles qui leur apportaient de la nourriture ; ils partageaient tout cela avec les gardiens, se réservant juste le strict nécessaire pour survivre. Ils ne prenaient de viande que le dimanche, le mardi et le jeudi.

Chaque jour, dès le petit matin, ils priaient à genoux longuement.

La confirmation de la sentence arriva en décembre. La veille de sa mort, Anrê envoya encore un poème à l’évêque, dans lequel il lui donne rendez-vous au Ciel.

Sur le chemin vers le lieu de l’exécution, Anrê priait, les mains jointes, et chantait des psaumes en latin.

Peu avant l’exécution, les bourreaux lui demandèrent pardon de devoir le décapiter. Anrê leur pardonna, pria encore un instant et inclina la tête pour recevoir le coup de sabre.

Le martyre advint à Ô Cu Giy (Sơn Tây, Hà Ni), le 21 décembre 1839.

Anrê Trn An Dũng Lc fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Peter Friedhofen

1819-1860

 

Peter était le sixième enfant d’une famille qui allait connaître une grande misère. Son papa meurt quand il n’a qu’un an et demi, et sa mère meurt à son tour quand il a neuf ans.

Il naquit à Weitersburg (Coblence, Allemagne O). Après l’école primaire, il apprit chez son frère aîné, Jakob, le métier de ramoneur, fut ramoneur ambulant pendant trois ans puis exerça son activité à Ahrweiler, enfin à Vallendar.

A la mort de Jakob, Peter s’occupa de sa veuve et de ses onze enfants, mais il se rendit compte que ni sa santé (un début de tuberculose) ni ses moyens ne pouvaient faire face à ces exigences croissantes.

Dès ses jeunes années, Peter se sentait poussé vers l’apostolat. En plusieurs paroisses il avait fondé de petites fraternités auxquelles il avait donné une règle, et que l’évêque de Trier avait approuvées.

Plus tard, dans ses déplacements comme Compagnon et comme Maître, il rencontra beaucoup de misère et de solitude, surtout parmi les malades. La compassion pour les malheureux, les malades et les gens dans le besoin le touchaient de plus en plus. Il finit par se consacrer totalement à Dieu et à rassembler autour de lui des Frères de la Miséricorde, des hommes qui partageaient ses sentiments. Et pour approfondir cette vocation, il voulut passer quelques mois dans un monastère.

L’évêque pensa fonder ces Frères de la Miséricorde dans son diocèse, pour soigner les malades. Il orienta Peter vers les Frères de Saint-Alexis, qui se trouvaient déjà à Aix-la-Chapelle, Cologne ou Neuss, mais Peter ne se sentait pas la force de faire revivre un Ordre ancien. Il voulait du neuf.

Il apprit alors ce que signifie fonder un Ordre. L’entreprise de construire une maison, coûteuse, difficile, échoua. Il reprit courage au contact d’une autre fondatrice, Katharina Kasper (v. 2 février). Il exposa son projet à l’évêque, qui l’approuva et qui encouragea Peter à reprendre la construction, et aussi à apprendre les soins à donner aux malades. Peter alla commencer son noviciat à Aix-la-Chapelle, avec son ami Karl Marchand.

Il y apprit, écrit-il lui-même, comment soigner les malades et les mourants, comment faire les lits, reconnaître les signes des maladies et de la mort prochaine, aider les malades à manger et à boire, soigner les plaies, raccommoder les épaules, les fractures de bras et de jambes, les laver, etc.

En novembre 1850, il revient à Weitersburg, prêt à se mettre au travail. Mais l’endroit ne se prêtait pas à l’installation d’une telle œuvre de charité. Il alla s’installer avec ses Confrères à Coblence, où il fut aidé et recommandé par un jeune curé et par des médecins. Il trouva une maison adaptée à son projet. Les Frères de la Miséricorde pouvaient s’y retrouver ensemble après avoir soigné les malades en ville.

En 1851, Peter reçut l’habit, avec deux Compagnons. L’œuvre grandit vite. Elle fut reconnue pas la Princesse de Prusse (future impératrice Augusta).

En 1852, il fit les vœux perpétuels de religion. Il écrivit tout simplement : Que de larmes j’ai versées, quand je me suis retrouvé presque seul. Mais le Bon Dieu et ma chère Marie, Mère de Dieu, m’ont aidé et m’ont porté à la victoire.

A partir de 1853, les Frères s’installèrent aussi à Trèves, puis à l’étranger. Peter ne pouvait assumer tout ce travail, car la tuberculose l’envahissait. Il recommandait surtout à ses Frères l’esprit de pauvreté.

Après une longue agonie de six semaines, celui qu’on appelait partout le bon samaritain mourut le 21 décembre 1860, à quarante-et-un ans.

Il a été béatifié en 1985.

Les Frères de la Miséricorde de Marie-Auxiliatrice se trouvent actuellement, outre qu’en Europe, aussi en Amérique latine et en Asie. Ils tiennent des hôpitaux, des maisons de retraite, des centres de rééducation.

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20 décembre 2022 2 20 /12 /décembre /2022 00:00

20 DÉCEMBRE

 

III.

S Zéphyrin, pape (198-217) : il aurait établi que des prêtres assistassent à la messe épiscopale, debout devant l'évêque, portant des patènes ; serait-ce l'origine du rite selon lequel le diacre portait une patène sous le voile huméral durant le Canon à la messe pontificale ?

?

S Liberalis, martyr à Rome.

S Malou, prêtre à Hautvillers. 

IV.

SS Eugène et Macaire, exilés dans la Grande Oasis et décapités.

S Philogonios, évêque à Antioche de Syrie ; d'avocat il devint patriarche, et l'un des premiers adversaires d'Arius.

VII.

S Ursicinus, irlandais, compagnon de s. Colomban, ermite dans les monts du Jura, où son monastère Saint-Pierre donnera naissance à la ville de Saint-Ursanne.

S Dominique, évêque à Brescia.

XI.

S Domingo de Silos, bénédictin, restaurateur du monastère de Silos ; il racheta aux Maures beaucoup de chrétiens ; il vivait encore quand naquit le futur fondateur des Dominicains, Domingo de Guzman ; patron des bergers et des détenus.

XIX.

S Vincenzo Romano, prêtre napolitain, tout à tous, canonisé en 2018.

XX.

B Gabriel Olivares Roda (1888-1936), prêtre franciscain espagnol, martyrisé à Almería, béatifié en 2017.

B Michał Piaszczyński (1885-1940), prêtre polonais martyr à Sachsenhausen, béatifié en 1999. 

Zéphyrin pape
199-217

Les dates ne sont pas sûres pour ce saint pape, le quinzième, qui fut donc sur le siège de Pierre sous les empereurs Septime Sévère et Caracalla.
Il aurait pu avoir été élu pape dès 197. Sa mort aussi, par la décapitation, fut longtemps établie au 26 août, mais ramenée récemment au 20 décembre.
Fils du romain Abundius, il succédait au pape saint Victor 1
er.
Pour avoir dirigé l’Eglise pendant presque vingt ans, il ne nous est cependant pas très bien connu. 
Le Liber Pontificalis lui attribue la consécration de huit évêques, neuf prêtres et sept diacres. En outre il excommunia Montan et ses disciples, avec leur doctrine ; il prit parti contre Hippolyte, qu’on accusait de dithéisme et de trithéisme (donc de doctrine trinitaire erronée), et choisit pour diacre Calliste, qui devait lui succéder comme pape (v. 14 octobre).
Dans le même Liber Pontificalis, un passage assez obscur semble vouloir attribuer au pape Zéphyrin l’institution d’un rite concernant l’Eucharistie : les prêtres devaient entourer l’évêque lors de la célébration de la messe, et en recevoir les hosties à distribuer aux fidèles. On sait qu’au 8e siècle, les prêtres assistant à la messe papale, participaient à la fraction du Pain et à la distribution. Dans notre actuelle Concélébration, les concélébrants les plus proches du célébrant principal fractionnent avec lui le Pain Eucharistique (et souvent le distribuent aussi).
Le pape saint Zéphyrin mourut décapité, comme on l’a dit plus haut, et fut enterré sur la Via Appia, un 25 août, toujours d’après le Liber Pontificalis. Il y eut peut-être une première inhumation, provisoire, du Martyr, qui fut ensuite transféré à la catacombe quelques mois plus tard.
Et ce fut saint Calliste 1
er qui lui succéda.


Liberalis de Rome
3
e siècle ?

Liberalis aurait été consul.
Il fut martyrisé à Rome.
On a retrouvé sa tombe sur la voie Salaria de Rome, mais l’inscription en vers qui la décorait n’est plus lisible.
Il n’a pas été possible de déterminer la période de sa vie et de son martyre.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Liberalis de Rome au 20 décembre.


Philogonios d’Antioche de Syrie
† 324

Philogonioios était avocat à Antioche (auj. Antakya).
Il était marié et avait une fille.
S.Jean Chrysostome raconte qu’il menait une vie si chaste et si pure, ses vertus brillaient d’un si vif éclat que, de suite, on le trouva digne de cette grande charge : on le nomma évêque d’Antioche, il en était le vingt-deuxième titulaire (319).
C’était au lendemain des persécutions, Constantin ayant accordé la liberté de culte aux Chrétiens. Mais c’était le début de la douloureuse crise arienne. Dans sa ténacité, Arius traitait Philogone d’hérétique.
Malheureusement, l’empereur d’Orient, Licinius, n’eut pas la largeur d’esprit de Constantin en Occident, et chercha à affaiblir l’Eglise de multiples façons. Philogonius sut résister fermement à ces manœuvres et protégea son peuple de l’infection hérétique.
S.Athanase d’Alexandrie (v. 2 mai) était en correspondance avec lui.
Philogonius mourut le 20 décembre 324
Le Martyrologe Romain mentionne saint Philogonios d’Antioche de Syrie au 20 décembre.


Ursicinus du Jura
† 620

Ursicinus était son vrai nom latin, mais son nom irlandais devait être Ursan, et ne devint Ursanne que bien plus tard.
Il fut un compagnon de s.Colomban (v. 23 novembre) en Franche-Comté et fonda un ermitage, où se joignirent des disciples.
De sa vie riche en événements prodigieux, on raconte l’anecdote suivante. Ursan fut un jour invité par un riche voisin, qui lui offrit à boire du vin, ce qu’Ursan n’avait pas l’habitude de faire, de sorte qu’il fut incommodé et sortit, tandis que le voisin riait bruyamment. La punition divine pour cet homme qui s’était ainsi moqué de l’Homme de Dieu, fut que sa maison fut instantanément investie par des serpents, des rats et des crapauds.
Ursan mourut vers 620 et autour de son tombeau se développa la petite ville de Saint-Ursanne.
Encore aujourd’hui on peut accéder à la grotte où il vécut, mais il faut grimper cent-quatre-vingt-dix marches.
Plus tard se développa une abbaye bénédictine.
Saint Ursanne est commémoré le 20 décembre dans le Martyrologe Romain.

Domingo de Silos

1000-1073

 

Domingo (Dominique) naquit vers l’an 1000, à Cañas (Rioja en Navarre, Espagne). Sa destinée de pasteur d’âmes commença par le faire garder les brebis du troupeau paternel. D’après les récits de ses apparitions, il serait resté petit de taille.

Ordonné prêtre, il resta d’abord plus d’un an dans sa famille, puis s’en fut en quête de solitude, pendant dix-huit mois.

Il entra chez les moines bénédictins de San Millan (Saint-Emilien), où sa maturité le fit nommer déjà maître des novices, puis il fut chargé de restaurer un prieuré dans son pays, à Sainte-Marie de Cañas.

Y ayant travaillé pendant deux ans, il appela alors l’évêque pour consacrer l’église. Ce dernier fut choqué d’y voir deux femmes, qui s’avéraient être la mère et la sœur de notre Domingo. Mais l’évêque ne voulait rien savoir et s’en allait. Et voilà que sa monture se refusait à rebrousser chemin, comme l’ânesse de Balaam (cf. Nb 22:22sq). L’évêque consacra l’église.

Domingo fut rappelé à San Millan, où il fut alors prieur. 

Le prince de Navarre prétendit recevoir des moines un impôt très lourd. Comme le prieur s’y opposait doucement et nettement, le prince menaça de lui faire couper la langue et crever les yeux ; Domingo fut vite expédié dans un autre petit prieuré isolé, où le prince le retrouva. Alors Domingo se présenta à Ferdinand de Castille, qui l’accueillit dans son palais, le protégea et lui donna ensuite le monastère San Sebastian, à Silos ; c’était le 14 janvier 1041.

Domingo commença par y rétablir la laus divina, le chant des moines. Il aurait eu à ce moment-là la vision d’un ange qui lui promettait trois couronnes : l’une pour avoir quitté le monde, l’autre pour avoir bâti Sainte-Marie-de-Cañas et avoir gardé la chasteté, la troisième pour avoir restauré la vie monastique de Silos.

Le monastère s’enrichit d’une belle église (qui fut malheureusement détruite en 1750), de deux cloîtres, de terrains donnés par les seigneurs, d’une importante bibliothèque. De plus, il put libérer quantité de chrétiens prisonniers des Maures, ce qui le rendit très populaire en Espagne.

Domingo fut en outre célèbre par ses miracles : guérisons, libération de possédés, conversions.

Il restaura le culte de saint Vicente et ses deux sœurs, Sabina et Cristeta, martyrs d’Avila (v. 28 octobre). Il assista à la translation des reliques de saint Isidore (v. 4 avril).

Après sa mort (20 décembre 1073), il apparut plusieurs fois et obtint des miracles nombreux, ce qui fit qu’il fut bientôt vénéré dans toute l’Espagne. Il fut inscrit au Martyrologe en 1748.

Le monastère de Silos prit peu à peu le nom de San Domingo, beaucoup d’églises se mirent sous son vocable, et on recourut à son intercession pour la libération des captifs (puis pour d’heureuses naissances).

L’abbaye fut supprimée en 1835, restaurée en 1880 et fait partie de la congrégation de Solesmes. Elle est prospère et ses enregistrements donnent une belle idée du chant des moines.

 

 

Vincenzo Romano

1751-1831

 

Né le 3 juin 1751 à Torre del Greco (Naples, Italie), de Nicola Luca et Grazia Maria Rivieccio, Vincenzo grandit dans la pauvreté et l’amour de Dieu.

Aidé par un bon prêtre, il put entrer au séminaire de Naples en 1765. C’était l’époque de saint Alfonso Maria de’ Liguori (v. 1er août), et Vincenzo profita de ses enseignements.

Ordonné prêtre en 1775, il se donna tellement au travail parmi les pauvres, les malades, les marins, que les napolitains l’appelèrent le prêtre travailleur (il prevete faticatore) ou aussi Don Vicenzio.

Nommé vicaire à Torre del Greco, il vit l’église complètement détruite par l’éruption du Vésuve en 1794.

Nommé curé en 1799, il allait être pour quasi trente-trois ans l’infatigable pasteur de ses paroissiens. Il acheva la reconstruction et l’agrandissement de l’église paroissiale, et montra un zèle ardent pour la formation des jeunes, l’assistance aux malades, l’aide à tous les bisogneux, surtout après le drame de l’éruption volcanique. Selon son propre idéal, il chercha à bien faire le bien.

On l’avait déjà vu appliqué à l’étude, acharné au travail ; il continua d’approfondir sa vie intérieure, préférant l’austérité, refusant catégoriquement l’argent et les honneurs. L’apostolat, parfois, l’effrayait, tant il en sentait la responsabilité devant Dieu. Des traits semblables se rencontrèrent aussi chez saint Jean-Marie Vianney (v. 4 août).

Pour la célébration de la Messe, il anticipa de plus d’un siècle l’exigence de faire prier l’assistance avec le prêtre, et non simplement d’ «assister» à la célébration.

Dans ses déplacements, il n’hésitait pas à se faire annoncer avec une clochette, portant le crucifix, et s’adressant à chacun jusqu’à l’accompagner à l’église pour prier quelques instants ; une méthode qu’on a appelée la sciabica.

Il prêchait sans cesse, chaque jour, cinq fois les dimanches, et même longuement, mais - attestèrent des proches - sans jamais ennuyer, sachant parler simplement, apportant des arguments solides, scripturaires et patristiques. 

Malade, il s’éteignit le 20 décembre 1831.

Don Vincenzo Romano fut béatifié en 1963, canonisé en 2018.

Il est le patron du clergé de Naples, mais aussi le protecteur des malades de tumeur à la gorge.

 

 

Gabriel Olivares Roda
1888-1936

Il naquit le 10 mars 1888 à Baza (Grenade, Espagne S) et fut baptisé dix jours plus tard.
En 1903, le 15 août, il reçut l’habit franciscain et fit la première profession l’année suivante, la solennelle en 1907.
En 1912, il fut ordonné prêtre.
Son apostolat se déroula en diverses localités : Cartagena, Cehegín, Almería en 1936.
Il avait une dévotion toute particulière pour la Sainte Vierge, qu’il vénérait sous le vocable de Notre-Dame de Guadalupe (patronne d’Extrémadoure) et de Notre-Dame des Merveilles (patronne de Cehegín). Il composa un livret de dévotion qu’il intitula Souviens-toi de ta Mère.
A cet enthousiasme marial se joignait une réserve personnelle, nourrie d’une vie austère et prudente, qui le faisaient estimer pour ses conseils judicieux.
Au moment de la guerre civile de 1936, il vint demander l’hospitalité à un ami, avec d’autres confrères qui avaient été expulsés de leur couvent ; mais il préféra quitter rapidement cette maison pour ne pas attirer d’ennuis à la famille. Il rejoignit Arboleas, où le maire lui fit savoir de partir de là le plus rapidement possible, et arriva à Huércal-Overa.
Là, le 25 juillet, il fut dénoncé et arrêté ; le chef communiste le poussa à coups de crosse de fusil jusqu’à la prison d’Almería. Son voisin se souvint que durant cette nuit, le pauvre père Gabriel souffrait beaucoup des coups qu’il avait reçus la veille. 
Le 19 décembre, on l’envoya de là avec une trentaine d’autres prisonniers au Campo de Viator, où on les fit travailler dans de dures conditions. Lorsqu’un prisonnier était malade, on le transportait à l’«infirmerie» - et on l’assassinait. C’est ce qui se passa pour le p. Gabriel qui, victime de l’asthme, ne pouvait aller au travail ; il fut écarté et abattu, le 20 décembre 1936.
Ses propres assassins racontèrent qu’il disait alors : Pardonne-leur…
Il a été béatifié en 2017.
Gabriel Olivares Roda sera commémoré le 20 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Michał Piaszczyński

1885-1940

 

Michał était né le 1er novembre 1885 à Lomza (Pologne).

Il était directeur spirituel au séminaire à Lomza, et comme tel était classé comme «influent», et donc dangereux. En outre, il avait invité des rabbins pour promouvoir un dialogue interconfessionnel.

Arrêté pour avoir commis le délit d’être prêtre, il fut déporté au camp de Sachsenhausen.

Il a été rapporté qu’un Juif présent dans ce camp avait rendu ce témoignage sur l’abbé Michał Piaszczynski : 

Ce juif affirma qu’une seule fois il put manger à sa faim dans le camp, parce que ce jour-là Michał Piaszczyński lui donna sa ration quotidienne de pain. Le Juif, en la recevant, dit au prêtre : Vous, les Catholiques, vous croyez que le Christ est présent sous l’espèce du pain. Et moi je pense que ce pain {que vous me donnez, ndt} est le Christ qui vous a demandé de le partager avec moi.

Michał mourut dans ce camp le 20 décembre 1940.

Il fait partie des cent-huit Martyrs polonais béatifiés en 1999.

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19 décembre 2022 1 19 /12 /décembre /2022 00:00

19 DÉCEMBRE

 

IV.

Stes Meuris et Théa, martyres à Gaza.

SS Elie, Probos et Aris, martyrs en Egypte.

V.

S Anastase Ier, pape (399-401) : plus modéré que s. Jérôme contre Origène, ferme envers les donatistes de l'Eglise en Afrique.

VI.

S Gregorius, évêque à Auxerre.

VII.

Ste Heiu (Hélène), première moniale en Northumbrie.

VIII.

Ste Samthann, abbesse à Clonbroney, thaumaturge.

XII.

S Berardo, moine bénédictin devenu évêque à Teramo, dont il est le patron.

XIII.

B Guglielmo de Fenoglio, convers Chartreux à Casotto ; assailli par des brigands, il prit une patte de son âne pour se défendre, la lui remit et rejoignit son monastère.

XIV.

B Urbain V, pape (1362-1370) : bénédictin français, chargé de missions diplomatiques par les papes en Avignon en vue de rétablir la papauté à Rome ; en Italie, il apprit la mort du pape, et sa propre élection pour lui succéder ; il s'employa à corriger les habitudes de la "cour" papale, s'opposant au cumul des bénéfices, et envoya des missionnaires aux Indes, en Chine, en Lituanie ; il tenta vainement le retour à Rome.

XIX.

SS Phanxicô Xaviê Trọng Mậu et Ɖaminh Bùi Văn Úy, (catéchistes), Tôma Nguyễn Văn Dệ (tailleur), Augustinô Nguyễn Van Mới (néophyte) et Stêphanô Nguyên Văn Vinh (catéchumène), laïcs tonkinois, étranglés ; le baptême de Stêphanô durant sa prison conduisit quatorze autres détenus de droit commun à demander le sacrement ; canonisés en 1988 et fêtés le 24 novembre.

Bx Gim Hwa-chun Iacobus, Gim Jong-han Andreas, Ko Seong-dae Petrus, Ko Seong-un Iosephus, Ku Seong-yeol Barbara, Gim Hui-seong Franciscus et Yi Sim-i Anna, laïcs coréens martyrs, par décapitation, béatifiés en 2014.

XX.

B Josep Albareda Ramoneda (Fulgenci, 1888-1936), prêtre bénédiction espagnol, martyr à Barcelone, béatifié en 2013.

Bx Jaume Boguñá Casanovas (Martí, *1895) et Jordi Sampé Tarragó (Doroteu, *1908), prêtres capucins, martyrs près de Barcelone en 1936, béatifiés en 2015.

Bses Kazimiera Wołowska (Maria-Marta de Jésus, *1879) et Bogumiła Noiszewska (Maria Ewa de la Providence, *1885), religieuses polonaises des Sœurs de Marie Immaculée, martyres en Biélorussie en 1942, béatifiées en 1999 ; Maria-Marta avait hébergé des Juifs.

B René Dubroux (1914-1959), prêtre des Missions Etrangères de Paris, martyr au Laos, béatifié en 2016.

Anastase 1er, pape
399-401

Successeur de saint Sirice, Anastase 1er était romain, de la noble famille des Massimi.
Ce fut le trente-neuvième pape et il régna deux années et quelques jours. 
Deux de ses grands amis furent ses conseillers : l’évêque Théophile d’Alexandrie, et surtout saint Jérôme, qui avait traduit en latin la Bible du temps de saint Damase 1
er (†384).
Le pape Anastase 1er eut l’occasion d’écrire une épître contre l’origénisme (doctrine prétendument appuyée sur les principes d’Origène), et une autre contre les donatistes d’Afrique.
Il eut aussi de bonnes relations avec saint Paulin de Nole (v. 22 juin).
Il décréta qu’à la messe, les prêtres se tiendraient debout, la tête inclinée, durant la proclamation de l’évangile. Cette indication du Liber Pontificalis ne semble pas très claire.
Il fit aussi bâtir à Rome une basilique, dite Crescentiana, qu’on n’a pas retrouvée.
Anciennement fêté au 27 avril, son anniversaire est maintenant reporté au 19 décembre, qui semble être son réel dies natalis, retenu par le Martyrologe Romain.
Le successeur d’Anastase 1
er fut saint Innocent 1er.


Gregorius d’Auxerre
449-533

Il fut le douzième évêque d’Auxerre, de 511 à 533 (ou de 516 à 528 ?), soit pendant douze ans.
Il s’éteignit en 533, âgé de quatre-vingt quatre ans.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Gregorius d’Auxerre au 19 décembre.

Guglielmo de Fenoglio

1065-1120

 

Guglielmo (Guillaume) était né en 1065 à Garessio Borgoratto (Cuneo, Piémont, Italie NO).

A vingt ans, il fut un des fondateurs de la Chartreuse de Casotto après avoir déjà passé quelques années dans un ermitage de Torre Mondoví. Il demanda son admission dans ce monastère pour échapper aux avances d’une personne de mauvaise vie.

Dans sa simplicité, il ne demandait pas à recevoir le sacerdoce, mais seulement de vivre pour Dieu et ses Frères. Il aimait méditer sur la Passion du Christ, et ne pouvait voir une croix sans verser des larmes. Un crucifix s’anima et lui adressa des paroles de consolation.

On lui confia la nourriture du monastère et il s’en alla demander et quêter par les rues et les routes, jusqu’à Mondoví et Albenga (une «promenade» qui représente une centaine de kilomètres).

Au cours de ses randonnées, il n’était pas rare qu’il rencontrât quelques bandits, lesquels bien sûr profitaient de sa bonté pour lui ravir le fruit de ses patients efforts. Il s’en lamentait auprès de son prieur, lequel, un peu pour le taquiner, un peu pour le mettre à l’épreuve lui dit un jour : Mais défends-toi, prends la patte de ta mule et fais déguerpir les malandrins !

Qu’à cela ne tienne ! Parfait religieux, obéissant à toute épreuve, le bon frère repart courageusement en tournée et se retrouve en face des coquins ; une minute, mes amis : il se saisit d’une patte de sa bête, sans lui faire le moindre mal ni lui causer la moindre blessure, et le voilà à menacer les assaillants qui, terrifiés par ce nouveau genre d’arme, disparaissent à l’instant. Et la mule de récupérer sa patte.

On pourra peut-être supposer que les brigands étaient de mauvais anges, suscités par le Démon pour mettre à l’épreuve Guglielmo et qui, devant l’obéissance parfaite du Religieux, furent mis en fuite.

Mais attendons la fin de l’histoire : au retour, Guglielmo se présente au prieur qui, au lieu de le féliciter pour son obéissance, le gronde gentiment : la mule boîte ! il lui a remis la patte à l’envers et ne s’en est même pas aperçu … Voyons, Guglielmo, il faut arranger ça ! Et Guglielmo de s’excuser pour sa distraction, de saisir la patte et de la remettre dans le bon sens.

L’épisode est-il légendaire ? Le fait est que Guglielmo fut célèbre dans toute l’Europe occidentale et très souvent représenté dans l’art avec la patte de sa mule. L’aspect de «jambon» de cette patte a fait appeler Guglielmo le saint du jambon.

Mais il accomplit aussi d’autres prodiges, parfois cocasses, désarmants de simplicité, comme ce «pacte» qu’il aurait conclu avec le diable pour la construction d’un pont : le diable, qui avait «collaboré» à la construction du pont pour que les ouvriers l’accomplissent dans les délais prévus, mais qui désormais «tenait» les ouvriers, aurait demandé en échange à Guglielmo «la première âme qui se présenterait sur le pont». Guglielmo releva le défi : il s’avança avec un chien à l’entrée du pont et jeta au loin un bon fromage, que le chien se précipita pour dévorer ; il fut ainsi «la première âme» à franchir le pont et disparut dans le fleuve, victime de la méchanceté du Démon. Les braves ouvriers furent ainsi délivrés.

La mort de ce modèle d’obéissance se situe au 19 décembre 1120.

L’affluence des fidèles fut telle, après sa mort, que les moines prirent l’habitude de déplacer le corps dans l’espoir de retrouver un peu de calme dans le monastère (bien que ces visites leur apportassent d’abondantes aumônes !). Mais le corps revenait à sa place ! Et toujours incorrompu !

Au moment de la persécution napoléonienne et de la suppression des couvents, les Chartreux cachèrent le corps de Guglielmo dans un mur de la Chartreuse, tant et si bien qu’on ne le retrouva plus…

Guglielmo, déjà qualifié de saint au 16e siècle, fut officialement béatifié en 1860, et proclamé céleste patron des frères convers chartreux.

 

 

Urbain V, pape

1362-1370

 

Guillaume de Grimoard était fils de Guillaume, sire de Grisac et d’Amphélise de Montferrand, excellente chrétienne. Il naquit en 1310 au château de Grisac (Lozère).

Ses études furent soignées et brillantes : Montpellier, Toulouse, Avignon, Paris, et il fut reçu docteur en droit en 1342.

Il entra chez les Bénédictins de Chirac (près de Mende) et émit profession à l’abbaye Saint-Victor de Marseille.

Outre qu’enseigner le droit dans les universités, il fut vicaire général à Clermont et Uzès, abbé de Saint-Germain d’Auxerre puis de Saint-Victor de Marseille, chargé de plusieurs légations en Italie.

Lors de sa dernière légation, on lui fait savoir que le conclave l’a élu pour succéder à Innocent VI : il devenait ainsi le deux-centième pape.

Les papes habitaient en Avignon depuis 1309, et Guillaume dut rejoindre la «cité papale» française où il fut couronné, et prit le nom d’Urbain V.

Moine il était, moine il resta. Il se confessait chaque matin avant de célébrer la messe, jeûnait volontiers, secourait les malades et les pauvres autant qu’il pouvait (et parfois au-delà), se cultivait beaucoup par la lecture, dormait tout habillé sur la dure ; la nuit, on l’entendait gémir et prier.

Il promut beaucoup les universités, en France et ailleurs, en créant quelques-unes et développant quelques autres ; il fonda des bourses d’études pour cent étudiants. Il fit des travaux en Avignon, à Marseille, à Mende.

Il condamna derechef l’usure et la simonie.

Il s’efforça de reprendre au tyran milanais (Bernabo Visconti) certaines places des Etats pontificaux, mais il se ruina plutôt qu’il ne réussit vraiment dans son effort de pacification.

Sur les instances de sainte Brigitte de Suède, il revint un moment à Rome, où il fut assez bien accueilli. Il y canonisa Elzéar de Sabran (1369) (v. 27 septembre), couronna l’impératrice et reçut l’abjuration de l’empereur de Byzance, Jean V Paléologue ; il souhaitait une réunion entre les Eglises d’Orient et d’Occident : il put au moins travailler à leur rapprochement.

Pour réconcilier la France et l’Angleterre, il crut bon de revenir en Avignon : sainte Brigitte l’avertit que s’il y retournait, il y mourrait, ce qui arriva bientôt.

Urbain V mourut le 19 décembre 1370 en Avignon.

Son «erreur» de quitter Rome ne l’empêcha pas toutefois d’opérer des miracles, dont le dossier fut constitué une trentaine d’années après sa mort, et finit par aboutir à la béatification, beaucoup plus tard, en 1870.

Son successeur fut Grégoire XI, qui ramena officiellement à Rome le siège de la papauté. 

 

 

Gim Hwa-chun Iacobus

? -1816    

 

Gim Hwa-chun Iacobus est un laïc coréen né à Cheongyang (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Il fut décapité à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifié en 2014.

 

 

Gim Jong-han Andreas

? -1816

 

Gim Jong-han Andreas est un laïc coréen né à Myeoncheon (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Il fut décapité à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifié en 2014.

 

 

Ko Seong-dae Petrus

? -1816

 

Ko Seong-dae Petrus est un laïc coréen né à Deoksan (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Il fut décapité à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifié en 2014.

 

 

Ko Seong-un Iosephus

? -1816

 

Ko Seong-un Iosephus est un laïc coréen né à Deoksan (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Il fut décapité à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifié en 2014.

 

 

Ku Seong-yeol Barbara

? -1816

 

Ku Seong-yeol Barbarae est une laïque coréenne née à Hongju (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Elle fut décapitée à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifiée en 2014.

 

 

Gim Hui-seong Franciscus

1765-1816

 

Gim Hui-seong Franciscus est un laïc coréen né en 1765 à Yesan (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Il fut décapité à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifié en 2014.

 

 

Yi Sim-i Anna

1782-1816

 

Yi Sim-i Anna est une laïque coréenne née en 1782 à Deoksan (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Elle fut décapitée à Daegu (Gyeongsang-do) le 19 décembre 1816 et béatifiée en 2014.

 

 

Phanxicô Xaviê Trọng Mậu

1790-1839

 

François Xavier était né vers 1790 à Kẻ Điền (Thái Bình, Vietnam).

Il était entré dans le Tiers-Ordre dominicain.

Le 29 juin 1838, il fut pris avec quatre autres laïcs, tous du Tiers-Ordre. 

 

On pourra utilement lire la notice de Đaminh Bùi Văn Úy, son compagnon de prison et de martyre.

Rappelons que la sentence fut exécutée par la strangulation, à Cố Mễ (Bắc Ninh), le 19 décembre 1839.

Phanxicô Xavier fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Augustinô Nguyễn Văn Mới

1806-1839

 

Augustin était né vers 1806 à Bồ Trang (Thái Bình, Vietnam).

De famille non baptisée, il rencontra des chrétiens, fut touché par la grâce et baptisé, à trente-et-un ans.

Il se maria et vécut avec son épouse les enseignements chrétiens qu’il avait reçus, entre autres la prière quotidienne du chapelet, malgré la fatigue du jour.

Il entra dans le Tiers-Ordre dominicain.

Le 29 juin 1838, il fut pris avec quatre autres laïcs, tous du Tiers-Ordre. 

 

On pourra utilement lire la notice de Đaminh Bùi Văn Úy, son compagnon de prison et de martyre.

Rappelons que la sentence fut exécutée par la strangulation, à Cố Mễ (Bắc Ninh), le 19 décembre 1839.

Augustinô fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Tôma Nguyễn Văn Đệ

1811-1839

 

Tôma était né vers 1811 à Bồ Trang (Thái Bình, Vietnam).

De famille chrétienne, il vivait juste à côté de l’église, qu’il fréquentait fidèlement.

Il devint tailleur et rendait service avec plaisir : c’est lui qui préparait toutes sortes de décorations pour l’église, drapeaux, tentures, etc.

Il se maria et eut trois enfants.

Le 29 juin 1838, lors de l’encerclement de la maison par les soldats, il commença par se cacher derrière la maison mais, ne pouvant éviter d’être pris, embrassa sa femme et ses enfants. 

Quand on voulut l’obliger à marcher sur la Croix, il s’agenouilla et pria à haute voix : Seigneur, je ne marcherai jamais sur Ton visage. 

 

On pourra utilement lire la notice de Đaminh Bùi Văn Úy, son compagnon de prison et de martyre.

Rappelons que la sentence fut exécutée par la strangulation, à Cố Mễ (Bắc Ninh), le 19 décembre 1839.

Tôma fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Đaminh Bùi Văn Úy

1812-1839

 

Dominique était né vers 1812 à Tiên Mon (Thái Bình, Vietnam). La date est plus probable que celle de 1801, qu’on trouve parfois.

Il était entré dans le Tiers-Ordre dominicain et faisait tout son possible pour protéger le prêtre présent dans le village, entre autre en faisant construire une cabane assez profonde pour y pratiquer un habitacle clandestin, où le prêtre pouvait se réfugier en cas d’alerte.

L’alerte fut donnée : Dominique put aider le prêtre à fuir dans le village voisin, mais une dénonciation les fit découvrir et arrêter.

C’était le 29 juin 1838, fête de saint Pierre, que fêtait justement le prêtre, Phêrô Tû. 

Avec quatre autres laïcs, ils furent cités en justice et d’abord invités à fouler la Croix ; non seulement ils refusèrent, mais en profitèrent pour donner un enseignement sur le sens de la Croix.

Une première sentence tomba, qui, indirectement, fait un éloge appuyé des Chrétiens vietnamiens : 

Bien que le christianisme ait été plusieurs fois proscrit, les docteurs européens continuent à rester dans ce royaume et à l’infester de leurs erreurs. Le peuple, dans son ignorance, se laisse prendre à leurs artifices, adopte tous leurs mensonges comme des vérités, et s’y attache si fortement que c’est merveille lorsqu’on voit un chréiten abandonner sa religion. Les missionnaires sont l’objet d’un grand dévouement de la part de ceux qu’ils ont trompés ; on les cache au mépris de la loi qui les condamne ; il n’est pas de peine qu’on ne se donne pour mettre leurs vies à l’abri des dangers. Nous pensons que des châtiments sévères pourront seuls apporter un remède à ce désordre et faire rentrer les chrétiens dans le devoir. 

C’est pourquoi nous condamnons Van Tû (le Dominicain) et Hoang Canh (le catéchiste) à être étranglés ; Uy et Mau, serviteurs de Van Tû, à recevoir cent coups, après quoi ils seront exilés à mille lieues de leur pays dans la province de Binh-Dinh pour y être occupés aux travaux forcés. La même peine est prononcée contre Dê, Vinh et Mai, pour les punir de leur incorrigible attachement à la loi chrétienne.

On maintint cependant les Confesseurs en prison, car le roi, avant de confirmer la sentence, préférait obtenir des apostasies, que de faire d’autres martyrs.

A partir du 9 août 1838, il y eut un second procès, des mauvais traitements et des tortures en prison avec, le 27 août, une nouvelle sentence assez semblable à la première et que le roi cassa : seul le prêtre fut décapité (5 septembre 1838), tandis que les autres devaient être exécutés après une détention dont on ne précisait pas la durée.

Cette détention dura finalement dix-mois. Le 19 août puis le 24 novembre 1839 (un an après le martyre de Pierre Dumoulin-Borie), les prisonniers comparurent à nouveau. Désormais, ils étaient tous profès laïcs, ayant fait leur profession en prison. Ils eurent encore à subir de nombreux sévices, des flagellations cruelles, qui semblaient en réalité leur donner toujours plus de force et de courage à professer le Nom du Christ.

La dernière sentence fut ainsi énoncée (et fait bien état de leur constance) : 

Hommes méchants et sectateurs obstinés de la religion de Jésus, ils ont été plusieurs fois avertis et inutilement exhortés à fouler aux pieds la croix : qu’ils soient étranglés puisqu’il ne peuvent être convertis.

Cette fois-ci la sentence fut exécutée, à Cố Mễ (Bắc Ninh), le 19 décembre 1839.

Đaminh fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Stêphanô Nguyễn Văn Vinh

1813-1839

 

Stêphanô était né vers 1813 à Bồ Trang (Thái Bình, Vietnam).

Il n’était que catéchumène lorsqu’il fut arrêté, mais sa constance démontra qu’il n’était pas inférieur à ceux qui étaient déjà baptisés.

Sa famille était d’une extrême pauvreté.

Il était peu instruit, mais avait appris par l’oreille tout ce qu’on lui avait dit au catéchisme. Il était simple, honnête, très pur. Il resta toujours célibataire. 

En réalité, on ne sait pas la vraie raison pour laquelle il ne reçut pas le baptême sacramentel. Dieu voulait nous rappeler par lui comment recevoir le baptême de sang : le martyre.

Arrêté le 29 juin 1838, invité à marcher sur la Croix du Christ, il répondit vaillamment : Je préfère mourir que de marcher sur la Croix, parce que je suis convaincu que c’est Jésus le Maître de la vraie religion.

Quand on l’emmena, il fut durement battu chaque fois qu’il culbutait et tombait. C’est en prison qu’il choisit le nom de Stéphane, en souvenir du premier Martyr de l’Eglise (v. 26 décembre).

 

On pourra utilement lire la notice de Đaminh Bùi Văn Úy, son compagnon de prison et de martyre, ainsi que celle de Phêrô Nguyễn Văn Tự, qui fut arrêté le même jour que Stêphanô.

Rappelons que la sentence fut exécutée par la strangulation, à Cố Mễ (Bắc Ninh), le 19 décembre 1839.

Stêphanô fut béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

Josep Albareda Ramoneda

1888-1936

 

Josep naquit le 13 juin 1888 à Barcelona (Espagne).

Il entra chez les Bénédictins de Montserrat.

Il fit la profession, prenant le nom de Fulgenci, et fut ordonné prêtre. 

Quand éclata la révolution de 1936, la communauté dut se séparer, les uns trouvant refuge dans d’autres monastères, d’autres réussissant à passer la frontière, mais il y eut des martyrs.

Josep fut de ceux-là.

On pourra trouver les détails des événements de juillet 1936 dans la notice de Ángel María Rodamilans Canals.

Josep fut assassiné à Barcelone le 19 décembre 1936, et béatifié en 2013.

 

 

Jaume Boguñá Casanovas

1895-1936

 

Jaume (Jacques) était né le 4 octobre 1895 à Sant Andreu de Palomar (Barcelone, Catalogne, Espagne), en la fête de saint Francesco d’Assise.

Il fit ses humanités au séminaire de Barcelone, puis entra au noviciat des pères Capucins à Arenys de Mar ; à la vêture (1910), il prit le nom de Martí et fit la profession en 1915 ; il reçut le sacerdoce en 1918.

Puis on l’envoya compléter sa formation à Louvain, où il fut diplômé en histoire.

Revenu au pays, il se plongea dans la recherche historique, en particulier dans l’histoire médiévale ; il publia divers articles, qui reçurent les louanges des experts.

Il se trouvait au couvent de Notre-Dame de l’Ajuda quand se déchaîna la Révolution communiste, et les neuf couvents de Capucins de la région furent réquisitionnés, saccagés et détruits ; Martí supposait que, vêtu en civil, il pouvait continuer ses recherches habituelles dans les archives, dans les bibliothèques, comme par le passé.  En réalité, il ne se doutait pas que les miliciens espionnaient ses allées et venues. Ils l’arrêtèrent le 19 décembre 1936 avec le père Doroteu. 

On les conduisit à la tchéka, puis au cimetière de Montcada i Reixac, où ils reçurent la palme du martyre, le 19 décembre 1936.

Martí a été béatifié en 2015.

 

 

Jordi Sampé Tarragó

1908-1936

 

Jordi (ou Jorge, Georges) était né le 14 janvier 1908 à Villalba dels Arcs, Tarragona, Catalogne, Espagne).

Entré au collège séraphique à treize ans, il prit l’habit des Capucins et le nom de Doroteu en 1924. Après les études de philosophie, il fut envoyé à Rome pour la théologie et y reçut le doctorat. 

Toujours à Rome, en 1929, il fit la profession et reçut l’ordination sacerdotale en 1932.

Revenu en Espagne, il fut sous-directeur des étudiants et professeur de théologie. Puis il fut directeur des élèves de philosophie.

On ne l’entendait jamais murmurer contre personne. Il aimait rencontrer les pauvres.

Lors de la Révolution communiste, alors que les neuf couvents de Capucins furent réquisitionnés, saccagés et détruits, il alla se réfugier chez quelque ami, où on le voyait lire l’Evangile tranquillement.

La nuit du 19 décembre 1936, il fut arrêté avec le père Jaume Boguñá (Martí) et tous deux reçurent la palme du martyre à Montcada i Reixac (Barcelone).

Doroteu a été béatifié en 2015.

Kazimiera Wołowska

1879-1942

 

Kazimiera était d’une famille nombreuse de huit enfants. Elle naquit le 12 octobre 1879 à Lublin (Pologne).

La maman mourra en 1892. Le père, Jozef, a un poste important au Tribunal ; il s’occupe aussi activement de sport, mais travaille intensément dans des œuvres sociales et patriotiques, en lien avec la paroisse et la curie diocésaine. Sa maison est le «Vatican» de Lublin. Il voyage beaucoup à l’étranger.

Kazimiera grandit dans cette ambiance engagée. Elle aura vite ses petits élèves à qui elle enseigne le polonais et l’histoire. Elle-même suspend ses études en raison de la maladie de son frère, qui décède en 1896.

Elle est fiancée à un noble jeune homme, mais une expérience intérieure surnaturelle, à la Toussaint de 1898, la persuade d’entrer dans la Congrégation des Sœurs de l’Immaculée Conception.  Ce fut alors un dur combat intérieur, jusqu’à ce qu’elle vienne enfin frapper à la porte du couvent  de Jazłowiec en 1900.

Les premières années de vie religieuse sont difficiles ; Kazimiera écrit elle-même : Tous les démons déchirent mon âme. Ayant enfin vaincu les tentations et les doutes, elle fait la profession solennelle en 1909, sous le nom de Maria Marta de Jésus.

A la Supérieure générale, elle écrit : Mon humble désir devant le Seigneur Jésus, est de servir l’Eglise universelle jusqu’à mon dernier souffle.

Elle déploya beaucoup d’activités œcuméniques, caritatives et sociales à Maciejów, Yaroslavl, New Sacz. On venait lui demander conseil : les prêtres, les orthodoxes, les rabbins. Quand le bruit se répandit qu’elle devait quitter Maciejów, la communauté juive exprima son désir de garder Madame Marthe, car sans elle qui serait sauvé de la misère et de l’abandon, comment seraient soignés les malades et les vieillards ?

Pour toutes ses activités patriotiques, elle est décorée de la Croix d’or du mérite.

Kazimiera voyait loin. Déjà en 1933, elle disait à une Sœur : Nous devons êtres prêtes pour le martyre.

A partir de 1939, elle est la supérieure du couvent de Slonim ; elle organise un orphelinat, des écoles. Slonim est successivement occupée par les Bolcheviks et par les Nazis.

Quand éclate la guerre mondiale, elle met sa maison et ses Sœurs au service de ceux qui sont dans le besoin et qui ont faim, elle aide les familles de prisonniers et de soldats tombés sur le champ de bataille ; elle cache des Juifs dans le couvent (dans le grenier, dans la véranda, dans la grange). Même un prêtre allemand la fit prévenir que le couvent était surveillé. Elle fut une première fois arrêtée et interrogée par la Gestapo.

Arrêtée le 18 décembre 1942 par la Gestapo, elle est traînée le lendemain sur une colline proche de Slonim, avec un prêtre (Adam Sztark) et une autre Religieuse (Bogumiła Noiszewska : Maria Ewa de la Providence), où on les exécute après leur avoir intimé l’ordre de se déshabiller.

Selon des témoins (lesquels ?), les derniers mots de Mère Maria Marta furent : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font (cf. Lc 23:34).

Sur cette colline Pietralewicka où reposait le corps de Kazimiera-Maria Marta, les paroissiens érigèrent une grande croix (que les Soviétiques retirèrent ensuite).

Ces deux Religieuses ont leur dies natalis le 19 décembre. Elles ont été béatifiées en 1999. 

Le père jésuite Adam Sztark (1907-1942) a été le premier jésuite polonais à être reconnu Juste parmi les Nations pour son intense activité en faveur des Juifs. Sa cause de béatification a été introduite.

 

 

Bogumiła Noiszewska

1885-1942

 

Bogumiła naquit le 24 juin 1885 à Ostaniszki (Pologne), aînée des onze enfants de Kasimir Noiszewski et Maria Andruszkiewicz.

Elle acheva brillamment ses études de médecine à Saint-Pétersbourg et, durant la Première guerre mondiale, exerça dans les hôpitaux militaires.

En 1919, elle entra dans la congrégation des Sœurs de l’Immaculée Conception et fit la profession en 1927, avec le nom de Marie-Eve de la Providence.

Elle fut nommée enseignante dans l’école secondaire de Jazlowiec, puis de Slonim, cherchant toujours, en toute situation, à trouver la voie la plus parfaite pour atteindre la sainteté.

Lors de la Deuxième guerre mondiale, elle se mit de nouveau au service des nécessiteux, pauvres et affamés, blessés, familles des prisonniers ; elle n’hésita pas à faire abriter des Juifs dans le couvent.

Arrêtée par la Gestapo le 18 décembre 1942, elle fut abattue le lendemain, 19 décembre 1942, dans les circonstances qu’on a décrites à propos de Kazimiera Wołowska.

Toutes deux furent béatifiées en 1999.

 

 

René Dubroux

1914-1959

 

René naquit le 28 novembre 1914 à Haroué (Meurthe-et-Moselle), quatrième des six enfants de Jules-René, négociant en bois. Leur maman leur transmit sa profonde foi. La plus jeune, Yvette, sera missionnaire en Afrique, et le plus jeune, Michel, sera prêtre diocésain à Nancy.

De 1933 à 1939, René suivit la formation au Grand séminaire et fut ordonné prêtre en janvier 1939, pour le diocèse de Saint-Dié.

Son premier poste d’apostolat fut la paroisse de Chantraine.

En 1939-1940, il fut mobilisé comme infirmier militaire et reçut la Croix de Guerre. Il fut cependant prisonnier de guerre à Sarrebourg, avant de pouvoir reintégrer sa paroisse de Chantraine.

En 1943, il entra aux Missions Etrangères de Paris.

En 1946, il fut envoyé en Indochine comme aumônier militaire et, en 1948, à la mission de Thakhek (Laos).

Il développa intensément la mission de Namdik, s’entourant de catéchistes fidèles, auxquels il montra les dangers du communisme ; il promut le culte de l’Eucharistie ; il mit aussi à profit ses connaissances dans l’exploitation du bois. Il se dépensait sans compter, au milieu des factions rivales et opposées au nouveau gouvernement mis en place lors de l’indépendance de 1953.

René semblait parfois autoritaire, mais il était exigeant, pour lui d’abord et pour les fidèles aussi. Il s’était donné totalement à Dieu et à son apostolat, sans retour. Malgré les difficultés qu’il rencontrait, il ne renonça jamais à la prière du bréviaire (nous l’appelons aujourd’hui la Louange des Heures), encore moins à la célébration de la Messe. Quand il le pouvait, il s’adonnait à la pêche ou à la chasse.

En 1954-1955, il revint se refaire une santé en France.

En 1957, nouveau poste : Nong Khen, dans le sud du Laos, proche de la zone occupée par les rebelles communistes soutenus par les Vietcongs. Imperturbable, René continua son travail apostolique, s’efforçant d’écarter les fidèles de la contamination communiste.

Mais un de ceux-là devint un nouveau Judas : il informa le parti des horaires du Missionnaire, qui fut suivi. Le 19 décembre 1959, alors qu’il se trouvait à Palay avec ses catéchistes dans sa petite sacristie, qui était aussi sa chambre, il reçut deux balles tirées à bout portant.

Peu de temps après, son successeur sur place sera le père Lucien Galan (v. 12 mai).

René Dubroux fut le premier missionnaire des Missions Etrangères de Paris assassiné au Laos, en haine de la foi. Il a été béatifié le 11 décembre 2016.

Son dies natalis sera le 19 décembre dans le Martyrologe Romain.

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18 décembre 2022 7 18 /12 /décembre /2022 00:00

18 DÉCEMBRE

 

-V.

S Malachie, le dernier des “Douze Petits Prophètes” de l'Ancien Testament, contemporain de Néhémie.

II.

SS Namphamo, Miggo, Sanamis et Lucitas, martyrs africains. 

IV.

S Gatianus, premier évêque à Tours ; pour éviter la persécution, il se cacha entre autre dans un antre où sera plus tard construit le monastère de Marmoutiers ; son deuxième successeur, s. Martin, placera ses restes dans une église qu'on appela Notre-Dame-la-Riche, tant le tombeau de s. Gatien fut riche en miracles.

S Auxence, évêque à Mopsueste, ancien soldat qui avait refusé d'offrir des raisins à Bacchus.

VI.

S Flavit (Flavy), ermite à Marcilly-le-Hayer.

VII.

S Désiré, moine à Fontenelle, fils du fondateur de l'abbaye de Fécamp, s. Waning.

S Flannan, premier évêque à Killaloe.

VIII.

S Wynnebald, anglais, abbé à Heidenheim, frère de s. Willibald et de ste Walburge, et compagnon de s. Boniface.

XIX.

SS Phaolô Nguyễn Văn Mȳ, Phêrô Trương Văn Dương et Phêrô Vũ Truật, trois catéchistes tonkinois, martyrs par la strangulation, canonisés en 1988 et fêtés le 24 novembre.

XX.

Bse Giulia Valle (Nemesia, 1847-1916), religieuse italienne des Sœurs de la Charité, béatifiée en 2004.

Bx Miguel San Román Fernández (*1879) et Eugenio Cernuda Febrero (*1900), prêtres augustins espagnols, martyrs en 1936 près de Santander, béatifiés en 2007.

Malachie, prophète
5
e siècle avant Jésus-Christ

Le nom de Malachie signifie mon messager, et ne semble pas être à proprement parler une identification précise.
En revanche, le contenu de ce court Livre prophétique - trois chapitres - évoque la reconstruction du Temple de Jérusalem (516), la tiédeur des prêtres et des fidèles, après leur premier enthousiasme, et annonce la venue d’un Envoyé, précédé d’un mystérieux précurseur, dans lesquels on peut discerner la mission de Jean-Baptiste avant la venue du Sauveur, selon d’ailleurs les Evangélistes eux-mêmes (Mt 11:10 ; Lc 7:27 ; Mc 1:2).
De façon spéciale, le Prophète condamne vigoureusement aussi le divorce et les mariages mixtes.
Malachie est le dernier des Prophètes de l’Ancien Testament, séparé du Nouveau Testament - dans le texte de la Vulgate - seulement par le livre historique des Maccabées.
La mention du prophète Malachie dans le Martyrologe évoque l’annonce du sacrifice parfait qui devra être célébré par toutes les nations : 
De l’orient au couchant, mon Nom est grand chez les nations et en tout lieu un sacrifice d’encens est présenté à mon Nom ainsi qu’une offrande pure.
Le Prophète Malachie était fêté le 3 janvier chez les Grecs, le 14 janvier chez les Latins, et se trouve actuellement au 18 décembre dans le Martyrologe Romain, peu avant la fête de Noël, au moment où la liturgie évoque la prochaine naissance du Prêtre parfait, le Christ, et de son Précurseur.


Namphamo, Miggo, Sanames et Lucitas d’Afrique
2
e siècle

On ne sait presque rien de ces quatre martyrs africains. Curieusement, on ne les connaît que parce qu’un païen notoire, Maximus de Madaure, par ailleurs ami de s.Augustin (v. 28 août), raillait ce dernier en lui écrivant que ces Martyrs avaient des noms barbares. Et s.Augustin de lui faire remarquer que, pour un Africain, il montrait une évidente ignorance du sens des noms puniques.
Ainsi, Namphamo - il peut y avoir d’autres orthographes - signifie un homme qui vient d’un bon pied c’est-à-dire qui apporte quelque bonne nouvelle. On l’appela archimartyr, car il fut très célèbre par son martyre.
Miggo et Lucitas étaient deux Chrétiens, mais on ne sait s’ils faisaient partie du clergé ; Sanames était une femme, peut-être une vierge, ou l’épouse d’un des Martyrs ?
On a cru pouvoir les situer aux environs de 180.
Le Martyrologe Romain mentionne saints Namphamo, Miggo, Sanames et Lucitas au 18 décembre.


Gatianus
4
e siècle

D’après saint Grégoire de Tours (v. 17 novembre), qui écrivait au 6e siècle, saint Gatien fut le premier évêque à Tours.
Il fut ordonné par le pape saint Fabien, qui mourut en 250. Comme cela arrive souvent dans ces périodes anciennes, il y a un léger flou dans les dates, car on assure aujourd’hui que Gatien fut évêque à Tours de 251 à 304 : il aurait attendu un an, entre son sacre à Rome et son arrivée à Tours. Et si sa mort advint en 304, le siège resta vacant pendant trente-cinq ans environ, car le successeur de Gatien, saint Lidoire, fut sur ce siège de 340 environ à 371.
Grégoire de Tours (qui fut donc un des successeurs de Gatien et mourut en 594), raconte qu’en arrivant au tombeau de saint Gatien, saint Martin aurait ainsi prié : Bénis-moi, homme de Dieu ! et que de son tombeau, saint Gatien aurait répondu : Je t’en prie, bénis-moi, serviteur du Seigneur ! Saint Martin fut le troisième évêque à Tours.
Saint Gatien fut enterré dans le cimetière chrétien en-dehors de la ville.
Il est fêté le 18 décembre.


Flannan de Killaloe
7
e siècle

Flannan est traditionnellement présenté comme le fils de Turlough, roi de Thomond (Irlande W), un roi chrétien qui eut d’ailleurs une activité plus missionnaire qu’administrative, et acheva sa vie comme moine à Lismore.
Bon élève, le jeune Flannan aurait étudié les lettres et l’Ecriture sous la direction de s.Blathmet (v. 19 janvier ?), puis de s.Molua (v. 25 juin).
Ce Molua était l’abbé de Clonfert-Mulloe (Osraige) ; il aurait été à l’origine de Killaloe (en irlandais : Cill-da-Lua). Flannan montra beaucoup de zèle à écouter son maître et à étudier. On raconta qu’un jour où il était resté pendant trente-six heures dans un bain d’eau froide, une soudaine lumière céleste transforma sa main gauche en torche lumineuse, lui permettant de continuer à lire l’ouvrage qu’il avait commencé ; apprenant le prodige, Molua décida de donner sa place à Flannan.
La présence de Flannan à Killaloe porta des fruits légendaires : la terre ne fut jamais si fertile, la mer si riche en poissons, le peuple si bien établi dans la paix, et les pauvres si bien reçus à l’hôtellerie du monastère.
La grande sainteté de Flannan fit que tout le peuple, clergé et laïcs, le voulurent comme évêque de Killaloe. Vers 640, il fut un des dix-huit évêques consacrés à Rome par le pape Jean IV.
Son arrivée à Killaloe fut saluée par de grandes manifestations enthousiastes du peuple. Flannan transmit à ses fidèles les habitudes romaines de la célébration de la Messe et des sacrements. Ses dons de prédicateur rencontrèrent un large accueil.
Flannan accomplit de nombreux miracles.
Sentant sa mort prochaine, il réunit des moines et des personnalités, leur recommandant de vivre avec justice et dans la paix, il les bénit et s’endormit pour la vie éternelle.
Saint Flannan de Killaloe est commémoré le 18 décembre dans le Martyrologe Romain.


Wynnebald de Heidenheim
† 761

Né en Angleterre, Wynnebald avait dix-neuf ans lorsqu’il accompagna son père et son frère Willibald (v. 7 juillet) pour un pèlerinage à Rome. Rappelons que sa sœur s’appelait Walburge (v. 25 février).
Leur père mourut à Lucques ; les deux frères poursuivirent leur route, au milieu de grandes difficultés, car ils étaient souvent malades.
A Rome, Wynnebald étudia avec avidité les Ecritures. Son séjour dura sept ans.
Une fois rentré en Angleterre, il persuada Willibald de refaire un pèlerinage à Rome et de se préparer à l’apostolat en Germanie. De fait, il rencontra à Rome s.Boniface (737, v. 5 juin), qui l’ordonna prêtre.
Il reçut d’abord de Boniface la responsabilité de plusieurs églises en Thuringe, et se fixa d’abord à Sulzenbrücken, puis alla fonder un monastère à Heidenheim, dans le diocèse d’Eichstätt, dont Willibald était devenu évêque.
Il fonda également un monastère pour les femmes, dont l’abbesse fut Walburge.
Accablé d’infirmités, il réussit tout de même à se rendre auprès du tombeau de s.Boniface à Fulda ; il voulut encore se rendre au Mont-Cassin, ce que ses proches lui déconseillèrent vivement.
Il fit mettre un autel dans sa cellule pour célébrer la Sainte Messe.
Sentant sa dernière heure arriver, il mourut dans les bras de son frère, le 18 décembre 761.
Parmi les miracles qui se produisirent au tombeau de Wynnebald, il y eut celui de la conservation totale de son corps, seize années après sa mort.

Phaolô Nguyễn Văn Mȳ

1798-1838

 

Paul était né en 1798 dans le village de Kẻ Non (ou Thanh Lữu, Thanh Liêm, Hà Nan (Vietnam).

Son vrai nom était à l’origine Nguyễn Văn Hữu.

Vers 1811, le jeune garçon fut confié au Vicaire apostolique du Tonkin, Mgr Jacques Benjamin.

En 1817, Paul entra en séminaire de Kẻ Vĩnh (Vĩnh Trị), mais il ne fut pas prêtre.

Catéchiste zélé, il fut envoyé pour collaborer avec le père Cornay (v. 20 septembre) dans le Shanxi.

Quand la persécution se ralluma, il aida de toutes ses forces les missionnaires, visitait les familles, exhortait les pécheurs à se repentir, baptisait les enfants, faisait la catéchèse.

Le 20 juin 1837, des soldats fouillèrent la région de Shanxi et, après avoir vainement cherché le père Cornay, arrêtèrent trois catéchistes, dont Phaolô. Ils arrêtèrent le missionnaire l’après-midi.

Tous furent conduits à la ville, et furent longuement torturés. Quand on leur apporta la nouvelle que le père Cornay avait été décapité (20 septembre), les catéchistes répondirent qu’ils étaient heureux pour la gloire du prêtre et qu’il priaient pour l’imiter.

En octobre, leur sentence fut annoncée et confirmée. Mais l’exécution fut retardée, car on espérait ainsi parvenir à les faire apostasier. L’attente en prison dura effectivement quatorze mois, mais leur courage, leur vaillance dans l’épreuve ne furent jamais abattus. Ils priaient le chapelet à haute voix, récitaient les prières ouvertement, et partageaient avec les gardiens ce qu’ils pouvaient recevoir comme vêtements, nourriture et boissons.

Ils exhortaient ceux qui leur rendaient visite à persévérer dans la foi, à vivre en harmonie chez eux, à rester fervents en attendant de se retrouver tous dans la Vie éternelle.

Un prêtre put leur porter l’Eucharistie, par quatre fois. Chaque fois c’était pour eux un grand jour, dont ils remerciaient Dieu, en attendant de Le voir face à face au Ciel.

Vint le jour fixé pour l’exécution : Phaolô et ses deux Compagnons furent conduits à Mông Phụ, Sơn Tây (Ha Tay). En chemin, un prêtre put leur donner encore une fois l’absolution. Parvenus à l’endroit, ils eurent les bras attachés derrière le dos, une jambe liée à une colonne ; ils furent étranglés : c’était le 18 décembre 1838.

Après leur mort, on leur appliqua sur la plante des pieds des plaques incandescentes pour s’assurer qu’il étaient bien morts.

Phaolô a été béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Phêrô Trương Văn Đương

1808-1838

 

Pierre était né en 1808 dans le village de Kẻ Non (Thanh Liêm, Hà Nan, Vietnam).

Sa famille était très pauvre, mais très croyante.

Son père l’encouragea vivement dans ses études, et alors qu’il n’avait que seize ans, il fut admis dans les rangs des plus anciens.

Catéchiste zélé, il fut envoyé pour collaborer avec le père Cornay (v. 20 septembre) dans le Shanxi.

Le 20 juin 1837, des soldats fouillèrent la région de Shanxi et, après avoir vainement cherché le père Cornay, arrêtèrent trois catéchistes, dont Phêrô. Ils arrêtèrent le missionnaire l’après-midi.

Tous furent conduits à la ville, et furent longuement torturés. Quand on leur apporta la nouvelle que le père Cornay avait été décapité (20 septembre), les catéchistes répondirent qu’ils étaient heureux pour la gloire du prêtre et qu’il priaient pour l’imiter.

En octobre, leur sentence fut annoncée et confirmée. Mais l’exécution fut retardée, car on espérait ainsi parvenir à les faire apostasier. L’attente en prison dura effectivement quatorze mois, mais leur courage, leur vaillance dans l’épreuve ne furent jamais abattus. Ils priaient le chapelet à haute voix, récitaient les prières ouvertement, et partageaient avec les gardiens ce qu’ils pouvaient recevoir comme vêtements, nourriture et boissons.

Ils exhortaient ceux qui leur rendaient visite à persévérer dans la foi, à vivre en harmonie chez eux, à rester fervents en attendant de se retrouver tous dans le Vie éternelle.

Un prêtre put leur porter l’Eucharistie, par quatre fois. Chaque fois c’était pour eux un grand jour, dont ils remerciaient Dieu, en attendant de Le voir face à face au Ciel.

Vint le jour fixé pour l’exécution : Phêrô et ses deux Compagnons furent conduits à Mông Phụ, Sơn Tây (Ha Tay). En chemin, un prêtre put leur donner encore une fois l’absolution. Parvenus à l’endroit, ils eurent les bras attachés derrière le dos, une jambe liée à une colonne ; ils furent étranglés : c’était le 18 décembre 1838.

Après leur mort, on leur appliqua sur la plante des pieds des plaques incandescentes pour s’assurer qu’il étaient bien morts.

Phêrô a été béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Phêrô Vũ Truật

1817-1838

 

Pierre était né vers 1817 dans le village de Hà Thạch (Kẻ Thiếc, Sơn Vy, Sơn Tây, Vietnam).

Sa famille était très pauvre, et il fut orphelin de son père encore très jeune et la maman continua d’élever courageusement ses trois enfants.

Phêrô avait des difficultés pour l’étude, en raison aussi de sa mauvaise santé. Mais ce qu’il ne pouvait étudier, il l’entendait des autres et le retenait bien, de sorte qu’il pouvait ensuite enseigner aux jeunes enfants.

Le 20 juin 1837, des soldats fouillèrent la région de Shanxi et, après avoir vainement cherché le père Cornay, arrêtèrent trois catéchistes, dont Phêrô. Ils arrêtèrent le missionnaire l’après-midi.

Tous furent conduits à la ville, et furent longuement torturés. Quand on leur apporta la nouvelle que le père Cornay avait été décapité (20 septembre), les catéchistes répondirent qu’ils étaient heureux pour la gloire du prêtre et qu’il priaient pour l’imiter.

En octobre, la sentence fut annoncée et confirmée. Mais l’exécution fut retardée, car on espérait ainsi obtenir l’apostasie des catéchistes. L’attente en prison dura effectivement quatorze mois, mais leur courage, leur vaillance dans l’épreuve ne furent jamais abattus. Ils priaient le chapelet à haute voix, récitaient les prières ouvertement, et partageaient avec les gardiens ce qu’ils pouvaient recevoir comme vêtements, nourriture et boissons.

Ils exhortaient ceux qui leur rendaient visite à persévérer dans la foi, à vivre en harmonie chez eux, à rester fervents en attendant de se retrouver tous dans le Vie éternelle.

Un prêtre put leur porter l’Eucharistie, par quatre fois. Chaque fois c’était pour eux un grand jour, dont ils remerciaient Dieu, en attendant de Le voir face à face au Ciel.

Vint le jour fixé pour l’exécution : Phêrô et ses deux Compagnons furent conduits à Mông Phụ, Sơn Tây (Ha Tay). En chemin, un prêtre put leur donner encore une fois l’absolution. Parvenus à l’endroit, ils eurent les bras attachés derrière le dos, une jambe liée à une colonne ; ils furent étranglés : c’était le 18 décembre 1838. Phêrô avait vingt-et-un ans.

Après leur mort, on leur appliqua sur la plante des pieds des plaques incandescentes pour s’assurer qu’il étaient bien morts.

Phêrô Vũ Trũật a été béatifié en 1900 et canonisé en 1988.

 

 

Giulia Valle

1847-1916

 

Née le 26 juin 1847 à Aoste (Italie NO), Giulia avait un petit frère (Francesco, ou Vincenzo, suivant les récits). Ses prénoms de baptême étaient Maddalena Teresa Giulia. Les deux frères aînés étaient morts en bas âge. 

Giulia fut orpheline de sa mère à cinq ans, de sorte que les deux petits enfants furent confiés à leurs grands-parents maternels, qui vivaient à Donnaz.

Ensuite, Giulia fut confiée aux Sœurs de la Charité de Sainte Jeanne Antide Thouret, une fondatrice franc-comtoise dont les Religieuses vivaient à Besançon (Doubs) (v. 24 août). Giulia apprit le français, reçut une bonne formation, et mérita même la récompense d’un voyage à Bordeaux et Paris. Mais elle vivait mal l’éloignement de la famille.

Revenue à la maison avec son frère, elle y trouva son père remarié, avec une femme qui se montra très dure envers les deux adolescents. Ce fut au point que le garçon quitta la maison à seize ans, laissant là Giulia toute seule.

La jeune fille eut un seul recours : la prière confiante devant le tabernacle de l’église paroissiale.

Providentiellement, le ménage s’établit à Pont Saint-Martin, où Giulia retrouva les mêmes Sœurs de la Charité : leur mission était de s’occuper de l’éducation et des soins aux malades. Sa vocation mûrit dans cette ambiance et, quand son père lui proposa un parti, elle répondit fermement qu’elle ne désirait rien d’autre que d’être religieuse et de consacrer sa vie au salut des âmes. Le papa fut contrarié, mais ne mit pas d’opposition.

En 1866, à dix-neuf ans, Giulia entra à la maison provinciale de la congrégation à Vercelli, où son père voulut bien la conduire.

On commença par lui faire passer le diplôme d’enseignante, puis elle devint Sœur Nemesia, en 1867.

On l’envoya à Tortona, où les Sœurs avaient ouvert une école pour orphelines, dont elle s’occupa comme une mère et auxquelles elle enseigna le français.

Une de ses «trouvailles» pour occuper les enfants et faire de l’apostolat, fut de leur faire écrire sur de petits billets des phrases de l’évangile, qu’ils laissaient ensuite dans les endroits plus fréquentés de la ville, où les gens pouvaient les retrouver, et s’en inspirer.

En 1886, elle devint Supérieure : elle le sera pendant trente ans. Elle ne se sentait pas à la hauteur d’une telle mission, mais elle y trouva le moyen d’élargir encore plus l’étendue de ses préoccupations.

Tout Tortona la connaissait ; elle était partout. Nemesia était en effet ouverte à tous : séminaristes et soldats, mendiants, mères, malades… Elle quittait parfois très tôt la maison, pour rester inaperçue dans ses activités débordantes.

Dans le couvent, elle passait à la porterie, au parloir, on la voyait coudre, la nuit elle écrivait ; en ville, elle passait dans toutes les rues et ruelles, semant sourire et réconfort. Durant l’épidémie de choléra de 1890, elle ouvrit même les portes du couvent pour accueillir des malades et elle donna son lit, se contentant d’un divan.

Elle soutint aussi un missionnaire en Erythrée, le nouvel évêque de Ventimiglia (en lui confectionnant ses habits liturgiques), le trépidant don Orione (v. 12 mars).

En 1901, la maladie la frappa et elle fit la convalescence à Crea et Varallo.

En 1903, habitants furent stupéfaits de la voir partir pour Borgaro Torinese (Turin), où elle fut nommée maîtresse des novices. Pour abréger et adoucir les adieux, elle partit à quatre heures du matin, laissant derrière elle une petite lettre pleine de son amour maternel.

A Borgo Torinese, quelque cinq cents novices passeront par là, qui recevront les exemples de Mère Nemesia. 

Un jour, en cadeau pour sa fête, elle demanda l’exposition du Saint-Sacrement.

Mais l’épreuve devait marquer les dernières années de cette vie si active : Mère Nemesia sera peu à peu oubliée par la nouvelle Supérieure, mise de côté, recluse dans le silence, n’ayant plus d’autre occupation que d’aller péniblement s’asseoir dans un coin de grenier pour méditer et prier.

Elle s’éteignit, suite à une pneumonie, le 18 décembre 1916 : sa chambre se remplit d’un merveilleux parfum de roses et de violettes.

Giulia-Nemesia fut béatifiée en 2004.

 

Une petite prière de cette Sœur extraordinaire va montrer quelle confiance elle avait en la Vierge Marie, et quelle humilité l’envahissait : 

O Vierge toute pure, Mère du Saint Amour, qui dois ta grandeur à ton humilité, je ne trouve pas de plus juste motif pour te supplier de m’aider à vaincre mon orgueil.

O Mère bienheureuse, je ne te demande rien d’autre que de jeter vers moi ton regard : regarde-moi, et s’il te suffit de me voir aussi pauvre, alors moi aussi je me contenterai de rester comme cela.

Miguel San Román Hernández

1878-1936

 

Miguel naquit à Tábara (Zamora) le 11 (ou 12) août 1878 (ou 1879).

Après une enfance heureuse et ses premières études secondaires, il entra au Collège Royal de Saint-Augustin à Valladolid, où il reçut la vêture en 1894, à quatorze ans.

C’est là qu’il fit le noviciat, les études de philosophie, puis la profession solennelle en 1898.

Pour la théologie, il passa au monastère de Notre-Dame de La Vid, où il fut ordonné prêtre en 1902.

Sa première mission fut les Philippines, parmi les peuples Iquitos, une mission fondée l’année précédente, et où les cannibales avaient déjà massacré deux missionnaires et soixante autres chrétiens.

Le père Miguel passa plusieurs années à exercer son travail apostolique chez les Iquitos. Une de ses plus grandes difficultés était la pression que les Blancs exerçaient sur les exploitations indigènes.

Les Religieux organisèrent rapidement une école primaire, y incluant des travaux manuels.

Le travail intense et le climat ébranlèrent la santé du père Miguel, qui dut revenir en Espagne. Il fut professeur au Collège de Valladolid et en d’autres maisons : Neguri (1925), Ucles (1927), Santander enfin, où il enseignait dans les écoles gratuites pour enfants pauvres.

A partir du 18 juillet 1936, le père Miguel se réfugia avec le père Eugenio Cemuda chez Maximina Gutiérrez Bárcena, qui les installa dans la pension Primera Alameda, d’où ils sortaient pour aller célébrer la messe dans des maisons privées. Ce pouvait être dangereux, mais les Religieux préféraient s’exposer pour être présents parmi les familles qui les appelaient.

Le 17 décembre 1936, Miguel fut fait prisonnier avec Eugenio, et l’on ne sut plus rien d’eux ensuite. C’est pourquoi on pense qu’ils furent martyrisés ce jour-là ou le lendemain.

De quelle façon ? Les informations ne sont pas concordantes. Ils ont pu être fusillés dans le cimetière de Cirirego (Santander). Leurs corps, qu’on n’a pas retrouvés, furent peut-être jetés à la mer.

Quelques jours plus tard, on repêcha en effet sur les côtes françaises de Vendée le corps du père Epifanio avec beaucoup d’autres, déjà méconnaissables ; les corps du père Miguel et du père Eugenio pouvaient être de ceux-là ; le père Epifanio avait été jeté à la mer et noyé le 22 décembre (v. notice).

Les pères Miguel et Eugenio furent donc probablement exécutés le 18 décembre 1936. Ils furent béatifiés en 2007.

 

 

Eugenio Cernuda Febrero

1900-1936

 

Eugenio était né à Zaratán (Valladolid) le 15 novembre 1900 et fut baptisé le 25.

Entré dans l’Ordre augustin, il fit la profession à Valladolid en 1917 et reçut le sacerdoce en 1925.

Il exerça au collège de Santa Isabel de Tapia de Casariego (Asturies) jusqu’à sa fermeture en 1927, puis il passa à celui de l’Incarnation à Llanes (Asturies), pour venir enfin à Santander, où il enseignait aux enfants d’ouvriers dans des écoles gratuites.

Partout, on remarqua et admira sa bonté, son zèle pour l’enseignement.

Le 18 juillet 1936, il fut expulsé de leur maison avec ses Confrères.

Il se réfugia avec le père Miguel San Román Hernández chez Maximina Gutiérrez Bárcena, qui les installa dans la pension Primera Alameda, d’où ils sortaient pour aller célébrer la messe dans des maisons privées. Ce pouvait être dangereux, mais les Religieux préféraient s’exposer pour être présents parmi les familles qui les appelaient.

Le 17 décembre, ils furent tous deux arrêtés et l’on ne sut plus rien d’eux ensuite. C’est pourquoi on pense qu’ils furent martyrisés ce jour-là ou le lendemain.

De quelle façon ? Les informations ne sont pas concordantes. 

Ils ont pu être fusillés le 18 décembre dans le cimetière de Cirirego (Santander), d’où on entendit le père Eugenio crier Vive le Christ Roi !

Mais on n’a pas retrouvé leurs corps. Furent-ils jetés à la mer ?

Quelques jours plus tard, on repêcha en effet sur les côtes françaises de Vendée le corps du père Epifanio avec beaucoup d’autres, déjà méconnaissables ; les corps du père Miguel et du père Eugenio pouvaient être de ceux-là ; le père Epifanio avait été jeté à la mer et noyé le 22 décembre (v. notice).

Les pères Miguel et Eugenio furent donc probablement exécutés le 18 décembre 1936. Ils ont été béatifiés en 2007.

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 00:00

17 DÉCEMBRE

 

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S Maxenceul, premier curé à Cunault.

S Briac, moine irlandais venu en Armorique.

VI.

S Modestus, patriarche à Jérusalem ; il restaura l'Eglise ravagée par Chosroès et reçut la Sainte Croix rapportée par Héraclius.

VII.

SS soldats (cinquante), défenseurs de Gaza, massacrés à Eleuthéropolis, dont on connaît les quarante-sept suivants : 

  • de la cohorte des Scythes : Eugenios, cinq nommés Georgios, sept nommés Ioannis, Kyriakos, Mouselios, deux nommés Pavlos, Philoxenos, Photinos, Sergios, Stephanos, trois nommés Theodoros, Theopemptos, deux nommés Zitas ; 
  • de la cohorte des Volontaires : Abramios, Caiumas, Conon, Epiphanios, deux nommés Georgios, quatre nommés Ioannis, Marinos, Marmisis, Pavlinos, Pavlos, Sergios, Stephanos, deux nommés Theodoros, Theodosios, Thomas.

S Judicaël, roi en Bretagne ; très aimé, il abdiqua pour passer les vingt dernières années de sa vie au monastère de Gaël, près de Vannes.

VIII.

Ste Begga, fille de Pépin de Landen et de sainte Itte, sœur de ste Gertrude de Nivelles ; quand son mari Andégise, fils de s. Arnould de Metz, fut assassiné, elle fonda le monastère de Andenne.

S Sturmi, premier abbé à Fulda, protégé par s. Boniface (qui est enterré à Fulda). 

Ste Tetta, abbesse à Wimborne.

IX.

S Eigil, abbé à Fulda.

X.

S Cristoforo de Collesano, moine au Monte Mercurio.

XII.

Ste Wivine, abbesse à Grand-Bigard.

XIII.

S Jehan de Mata, provençal, fondateur de l'ordre de la Très-Sainte-Trinité pour le rachat des captifs, aidé en cela par l'illustre s. Félix de Valois, qui n'aurait jamais existé.

XIX.

Bse Emilie d’Oultremont (Marie de Jésus), jeune veuve belge, fondatrice des Sœurs de Marie Réparatrice, béatifiée en 1997 ; le Martyrologe la mentionne au 22 février, sa fête liturgique.

XX.

S José Manyanet y Vives (1833-1901), prêtre espagnol, fondateur de l'Institut des Fils de la Sainte Famille, pour l'instruction de la jeunesse, et de l'Institut des Filles Missionnaires de la Sainte-Famille-de-Nazareth ; dans son école, il accueillait aussi les enfants qui ne pouvaient pas payer ; béatifié en 1984 et canonisé en 2004.

Bse Matilde Téllez Robles (du Sacré-Cœur, 1841-1902), fondatrice espagnole de la Congrégation des Filles de Marie-Mère-de-l'Eglise, béatifiée en 2004.

B Henri Cormier (Hyacinthe-Marie, 1832-1916), dominicain français ; supérieur général, il fonda l'Université Pontificale Saint-Thomas à Rome ; durant la crise moderniste, il resta fidèle à Rome et respectueux des personnes ; béatifié en 1994.

 

  

Emilie d’Oultremont

1818-1878

 

Emilie fut la troisième des quatre enfants d’Emile-Charles d’Oultremont et Marie-Charlotte de Lierneux de Presles, des aristocrates belges très catholiques.

Emilie-Olympe naquit le 11 octobre 1818 au château de Wégimont, et grandira dans celui de Warfusée, où elle reçut son éducation familiale et chrétienne. 

Jeune encore elle obtint de recevoir la communion plus souvent qu’on ne le permettait alors ; plus tard, à Rome, elle obtiendra même de pouvoir le faire presque chaque jour. A douze ans, une lecture de la vie de saint Ignace de Loyola l’impressionne profondément. Un voyage à Rome avec ses parents lui laissera pour toujours un profond attachement à la Ville éternelle.

Emilie a un réel penchant pour la vie religieuse, mais accepte un mariage arrangé avec Victor van der Linden, baron d’Hooghvorst, qui est d’une famille très connue de Louvain. De ce mariage (1837), naquirent quatre enfants : Adrien, Edmond, Olympe et Marguerite.

Son père devenant ambassadeur de Belgique auprès du Saint-Siège, toute la famille vient habiter à Rome, pendant cinq ans (1839-1844). C’est à la fin de cette période que son mari, Victor, contracte des fièvres lors d’une partie de chasse dans les marais pontins.

En 1847, Victor décède, puis la mère d’Emilie en 1850, et aussi son père en 1851. Son frère aîné devenant propriétaire du château, elle le quitte avec ses enfants et s’installe à Liège.

Un père Jésuite l’oriente vers la pensée de la réparation, dans l’œuvre de la Rédemption.

Lors de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, elle est à Paris et se sent envahie du désir d’entrer en religion. Mais elle doit encore s’occuper de ses enfants. Elle s’installe à Paris et réunit autour d’elle des dames pour former une nouvelle communauté religieuse : la Société de Marie Réparatrice.

Elle trouve en l’évêque de Strasbourg, un ami de la famille, un sérieux appui. Celui-ci approuve la nouvelle Famille. En 1857, Emilie prend l’habit avec quelques compagnes, et s’appellera désormais Mère Marie de Jésus ; sa fille Olympe commence le même jour son noviciat (sous le nom de Marie de Saint-Victor). La même année en juillet a lieu une deuxième fondation à Paris.

La Société n’en est qu’à ses débuts, que déjà sept sœurs partent pour l’Inde du Sud à Maduré, où elles secondent le travail des Jésuites.

En 1860, c’est la rupture avec la famille, qui l’accuse de dissiper son patrimoine en fondations pieuses, mais son propre frère Charles d’Oultremont, qui gère sa fortune, la soutient de façon inconditionnelle. Sa fille Marguerite entre à son tour dans la Congrégation.

Les fondations s’ouvrent : Toulouse, Tournai, Londres, Liège, Port-Louis (Ile Maurice), Wexford (Irlande). 

A cette expansion rapide vont s’interposer de graves épreuves.

Marguerite meurt en 1867, Olympe à son tour en 1872. Emilie, qui reste une mère, est douloureusement éprouvée, et son directeur spirituel ne fait que lui reprocher d’être trop attachée à ses enfants. Emilie est dans le désarroi, son âme est dans l’obscurité. Mais elle reste fidèle à ses engagements religieux, elle soutient de son mieux d’autres âmes.

Elle rédige les Constitutions de la Congrégation et se rend plusieurs fois à Rome. En 1878, un malaise lui fait prolonger son séjour chez son fils Adrien, marié et installé à Florence.

C’est là qu’elle meurt le 17 décembre 1878.

Emilie d’Oultremont a été béatifiée en 1997. 

Petite particularité du Martyrologe Romain : alors que le dies natalis de la bienheureuse Emilie est le 17 décembre, le Martyrologe la commémore le 22 février, qui n’est que sa fête liturgique.

 

 

José Manyanet y Vives

1833-1901

 

Dernier des neuf enfants d’une grande famille chrétienne, il naît à Tremp (Lérida, Espagne) le 7 janvier 1833 et reçoit au baptême, le jour-même, les noms de José Joaquín. Ses parents sont Antonio et Buenaventura.

Il n’a pas deux ans, lorsque meurt son papa. A l’âge de cinq ans, il est consacré par sa maman à la Vierge de Valldeflors, patronne de Tremp. Très vite il ressent la vocation religieuse.

Il doit travailler pour payer ses études : d’abord à l’Ecole Pie de Barbastro, puis aux séminaires de Lérida et Urgel. Il est ordonné prêtre en 1859.

Il va être successivement secrétaire de l’évêque et chancelier, bibliothécaire du séminaire.

Peu à peu germe en lui l’appel divin à fonder une double congrégation pour honorer la Sainte Famille et infuser cet esprit dans toutes les familles. Il voulait faire «de chaque foyer un Nazaret».

En 1870, il fait sa première profession avec quelques compagnons. Ainsi vont naître les Fils de la Sainte Famille, et les Filles Missionnaires de la Sainte Famille de Nazareth, pour promouvoir la dévotion envers la Sainte Famille et donner à la jeunesse les principes chrétiens de Nazareth.

Le 19 mars 1874 (fête de saint Joseph), il ouvre le collège Saint-Joseph à Tremp, qu’il fut malheureusement vite contraint de fermer à la proclamation de la première République à Barcelone. Mais il était tenace et persévérant.

A partir de 1876, les statuts furent officiellement approuvés par l’évêque de Urgel, puis par d’autres, jusqu’à l’approbation pontificale en 1901.

Les Règles et Status furent successivement mis à jour selon le nouveau Droit Canon de 1926, et les normes du Concile Vatican II, approuvés par le Saint Siège en 1983.

Ces religieux et religieuses, qu’on appelle aussi les Manyanetiens, ont des orphelinats, des écoles, des lycées en Espagne et en Italie, en Amérique (Etats-Unis, Mexique, Colombie, Vénézuéla, Argentine, Brésil), ainsi qu’une maison au Cameroun. Des nombreux collèges tenus par ces congrégations en Espagne, plusieurs furent fondés par saint José Manyanet lui-même.

Saint José publia plusieurs livres, et fonda la revue «Sagrada Familia». Il inspira à Gaudí la construction du très fameux Temple de la Sainte Famille à Barcelone.

José fut toute sa vie affecté de divers maux physiques et, particulièrement pendant les seize dernières années de sa vie, de deux douloureuses plaies au côté, qu’il appelait les «miséricordes du Seigneur». Il s’éteignit le 17 décembre 1901, après avoir répété la jaculatoire qui lui était familière : Jésus, Marie, Joseph, recevez mon âme à l’heure de ma mort.

Il a été béatifié en 1984, et canonisé en 2004.

Comme, le 17 décembre, commence la neuvaine de préparation à Noël, saint José Manyanet y Vives est fêté dans ses congrégations le 16 décembre.

 

 

Matilde Téllez Robles

1841-1902

 

Elle naît à Robledillo de la Vera (Extremadura) le 30 mai 1841, fête de la Pentecôte, et reçoit le baptême le lendemain. Les parents, Félix Téllez Gómez, un fonctionnaire, et Basilea Robles Ruiz, eurent quatre enfants, Matilde étant la deuxième.

Le père est nommé à Villavieja de Yeltes (Salamanque) puis à Béjar.

Pendant que la maman s’occupe de son éducation aux valeurs chrétiennes, le papa fait des projets d’avenir pour ses filles.

Tout le monde connaît Matilde, on l’admire, on l’aime. On connaît ses penchants : l’amour de Dieu, nos frères les plus pauvres ; elle préside la congrégation des Enfants de Marie, participe aux conférences de Saint-Vincent-de-Paul, enseigne le catéchisme, fréquente l’école du dimanche.

Ce n’est pas pur activisme : elle communie chaque jour, se recueille volontiers devant le Tabernacle, se confie à sa Mère céleste.

Son désir de se consacrer à Dieu est contrecarré par son père ; elle attend et prie en silence, jusqu’à ce que son père soit convaincu de la persévérance de sa vocation.

En 1874 (elle a trente-trois ans), elle écrit ni plus ni moins au pape pour lui proposer la fondation d’une nouvelle congrégation. Là encore, son père lui oppose quelques objections, vu le climat anticlérical de l’époque, mais finit encore une fois par la laisser libre.

Elle prend en location une maison. Huit compagnes veulent la suivre. Nous sommes le 19 mars, fête de saint Joseph. Mais au moment du rendez-vous, seule María Briz se présente (cette dernière avait renoncé à ses fiançailles tout récemment). Matilde persévère cependant, malgré sa totale pauvreté, … et malgré les critiques qui fusent ; d’autres jeunes filles sont attirées par son charisme.

Elles accueillent de petites orphelines, elles rendent visite aux malades. Elles ouvrent une petite école ainsi qu’une école du dimanche pour les jeunes.

En 1876, le nouvel évêque de Plasencia donne une première autorisation écrite aux «Aimantes de Jésus et Filles de Marie Immaculée». Début 1878, Matilde et María prennent leur habit, de couleur bleue. Elles se transfèrent à Don Benito (Badajoz) en 1879.

La Règle sera approuvée en 1884, le 19 mars. Entre temps, l’institut a mûri : les Sœurs auront à cœur d’adorer le Saint-Sacrement, de s’occuper des petits orphelins, des pauvres et des infirmes. Autour du Saint-Sacrement, elles se relaient pour ne jamais Le laisser seul ; parallèlement, elles ont une dévotion toute filiale envers la Mère de Dieu.

Elles font leur profession en juin 1884. Matilde s’appellera Matilde du Sacré-Cœur. Dans son élan, elle priait ainsi : Seigneur, je vais t’apporter tous les cœurs que je pourrai, pour qu’ils t’aiment et t’adorent.

En 1885, une épidémie de choléra emporte María Briz, qui s’était offerte à Dieu à la place de toutes les autres : en effet, aucune autre ne fut touchée. Le dévouement des Sœurs envers les victimes de l’épidémie les fait peu à peu appeler les Sœurs de la charité.

Leur exemple attire d’autres jeunes filles. Des maisons s’ouvrent à Cáceres, Béjar, Villanueva de Córdoba, Almendralejo, Santos de Maimona, Trujillo, Villeverde de Burguillos.

Le miracle permanent de la nouvelle fondation, est l’aide providentielle qu’elles reçoivent régulièrement, alors qu’elles n’ont aucune autre ressource économique. Matilde va de l’avant ; sa devise est Prière, action, sacrifice !

Toutes les visites de Matilde sont occasion de joie pour tous ceux qui la rencontrent : son amour enthousiaste de Jésus Eucharistie, à travers les pauvres et les nécessiteux, est contagieux.

Mais Matilde se fatigue. Le 15 décembre 1902, à Badajoz, elle est prise d’apoplexie à quelques mètres de la maison.

Elle meurt le 17 décembre 1902. Toute la ville la pleure.

Elle est béatifiée en 2004.

En 1941 l’Institut prendra finalement le nom de Filles de Marie, Mère de l’Eglise. Celles-ci sont plusieurs centaines, en Espagne, Portugal, France, Italie, Venezuela, Colombie, Pérou et Mexique.

 

 

Henri Cormier

1832-1916

 

Cette grande figure de l’Ordre dominicain eut le «privilège» de naître le 8 décembre 1832, le jour où l’on fêterait plus tard la fête de l’Immaculée Conception (cette fête fut en effet instituée en 1854, quand en fut proclamé le dogme).

Henri naquit à Orléans (Loiret). Lui et son frère Eugène seront très tôt orphelins de père. Eugène mourra à son tour en 1848.

Après de bonnes études chez les Frères de la Doctrine chrétienne, Henri passera au Grand séminaire d’Orléans.

Durant ses études, Henri manifesta des dons particuliers pour la littérature ; il s’enthousiasma pour Lamartine, dont il apprendra par-cœur des poésies. Mais Il fut aussi un excellent musicien, passionné pour le chant et pour l’orgue : même Liszt l’admirera !

Tout en se préparant au sacerdoce, Henri songeait à l’Ordre dominicain ; un premier avis, nettement négatif, lui vint du père Lacordaire en personne ; mais la rencontre avec un autre Dominicain de Rome aboutit au contraire à un net encouragement.

Aussi, après son ordination sacerdotale, Henri entra en 1856 au noviciat dominicain de Charmille (Flavigny-sur-Ozerain, Côte d’Or), le fameux Saulchoir, y prenant le nom de Hyacinthe-Marie, par référence au grand Dominicain qui prêcha dans l’est de l’Europe (voir au 15 août) et, bien sûr, à la Sainte Vierge.

Le novice était déjà prêtre : il célébrait donc chaque jour la Messe, mais si pieusement que les autres novices voulaient tous la lui servir.

En 1857 se déclara une vilaine laryngite : le fr. Hyacinthe crachait le sang ; il ne pouvait plus chanter, mais surtout on hésita à l’accepter à la profession solennelle. On envisagea de l’envoyer se «refaire» en Orient, sa mère voulut le récupérer : finalement, il fit la profession en juin 1857, pour deux ans.

Cette même année, le Frère Cormier fut invité par le Supérieur général de l’Ordre à l’accompagner à Rome, comme sous-maître des novices et comme secrétaire. A ce moment-là, il fallait redonner vigueur à l’Ordre en lui faisant retrouver son idéal primitif.

La profession solennelle de Hyacinthe aura quelque chose de pathétique : sa mauvaise santé posait un problème. Le pape, interrogé, proposa cette «épreuve» : si Hyacinthe passait un mois sans crise, il pourrait faire la profession. Toute la communauté se mit en prière : au trentième jour, nouveau crachement de sang. Informé, le pape, ému de pitié… accorda la dispense demandée pour la profession solennelle. Celle-ci aura lieu le 23 mai 1859.

Le père Cormier sera d’abord maître des novices et prieur en Corse, puis provincial dans la nouvelle province de Toulouse : à trente-trois ans, il devait diriger trente-six pères et sept convers.

Il sera provincial pour trois mandats et sera vraiment le restaurateur de l’Ordre dominicain en France.

Parmi ses réalisation, il y eut le monastère féminin de Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin (Var), celui de Prouille (Aude, le premier fondé en France par saint Dominique, détruit sous la Révolution).

En 1891, il fut nommé procureur général de l’Ordre (pour les relations avec le Vatican) ; on hésita même à l’élire Maître général.

C’est à ce moment-là que, comme procureur, il fut amené à se créer un blason et une devise, pour respecter la tradition. Il choisit un pélican donnant son sang à ses petits, symbole du Christ qui verse son sang pour nos âmes, avec la devise Caritas veritatis, «la charité de la vérité» : il faut manifester notre charité aux frères en leur donnant la vérité.

Le pape voulut le créer cardinal, mais l’Etat français s’y opposa.

En 1904, on n’hésita plus à le nommer Maître de l’Ordre. Le novice en «mauvaise santé» était désormais un vétéran de soixante-douze ans. Il faillit démissionner en 1906, mais fut reconfirmé.

Supérieur général, il voulut visiter tous les couvents. Il fonda l’université romaine Angelicum. Il soutint le travail du père Lagrange, fondateur de l’Ecole Biblique de Jérusalem.

Son mandat de Supérieur fut agité par la crise moderniste de l’époque. Même au sein de l’Eglise fusaient les accusations, les dénonciations, plus ou moins fondées. Le père Cormier se montra à la fois ferme, lucide, patient et bon envers tous et chacun.

En août 1916, il put enfin céder sa place à un nouveau Maître et se retirer. Il demeura au couvent de Saint-Clément à Rome et s’y éteignit, le 17 décembre 1916.

Henri Cormier - Hyacinthe, fut béatifié en 1994.

Modestus de Jérusalem
537-634

Modestus naquit à Sébaste (Cappadoce, auj. Sivas, Turquie C) et fut orphelin presque depuis sa naissance. Une famille chrétienne s’occupa de son éducation.
Adulte, il fut vendu comme esclave en Egypte dans des circonstances mal définies. Mais il convertit son maître au christianisme et obtint sa libération.
S’étant retiré sur le mont Sinaï, il devint prêtre, puis higoumène (supérieur) du monastère des Douaks, c’est-à-dire de Saint-Théodose, à Jérusalem.
En 614, les troupes perses de Chosroès II entraient dans la Ville sainte, pillant, incendiant, détruisant, massacrant ; des survivants, une partie fut réduite en esclavage, une autre partie fut déportée.
Une des pièces du «butin» qui fut remporté en Perse, fut le bois de la Croix du Christ : déjà l’argentier de Chosroès, Yazdin, qui était chrétien, obtint qu’elle ne fût pas détruite, aussi fut-elle emportée.
Le patriarche Zacharie, le clergé, les moines, s’étaient réfugiés au-delà du Jourdain ou même en Egypte.
A cette situation déplorable s’ajoutait la réaction des Juifs de Palestine, qui ne se gênaient pas pour accuser les Chrétiens d’être responsables des mauvais traitements subis par les Perses.
A partir de 622, devant les premiers succès militaires de l’empereur Héraclius, Chosroès se sentit obligé d’assouplir sa domination, favorisant la reconstruction des édifices religieux en Palestine ; mais comme il favorisait en même temps le parti monophysite - et donc les hérétiques, on pouvait craindre que l’ensemble de la Palestine chrétienne se tournât vers l’hérésie.
L’higoumène Modestus intervint avec toute son énergie : il encouragea les Chrétiens à se ressaisir, il rappela les moines réfugiés ailleurs, suscita beaucoup de vocations monastiques, il releva les sanctuaires de Jérusalem, en particulier les églises de la Résurrection, du Sépulcre, du Golgotha, et bien d’autres encore. 
Le patriarche d’Alexandrie, Jean l’Aumônier (v. 11 nov.) apprit avec quel zèle Modestus cherchait à réparer les saints édifices de Jérusalem ; pour l’aider, il lui envoya mille bêtes de somme, mille sacs de froment, mille sacs de légumes, mille jarres de poissons salés, mille jarres de vin, mille rotols de fer et mille ouvriers, nous raconte trois siècles plus tard le patriarche Eutychius d’Alexandrie.
En 629, l’empereur Héraclius réussit à extorquer des Perses l’évacuation totale de la Syrie et la restitution de la Vraie Croix. Ce fut l’occasion de fêtes solennelles, de réjouissances unanimes. A ce moment-là, le patriarche Zacharie était mort dans son exil :  on ne pouvait désigner meilleur successeur que Modestus.
L’empereur l’aida à poursuivre son travail de restaurateur et Modestus continua à quêter partout pour réunir les fonds nécessaires. 
Il mourut brusquement à Sôzon, sur les frontières de la Palestine : le bruit courut qu’il fut empoisonné par des hommes de sa suite, qui voulaient s’emparer de l’or qu’il rapportait. Modestus était presque centenaire.
Signalons que la ville natale de Modestus, Sivas, fut perdue par Byzance et reconquise par les musulmans au douzième siècle ; en 1400 Tamerlan la reprit et y fit enterrer vivants les quatre mille Chrétiens qui s’y trouvaient, après leur capitulation. Depuis le quinzième siècle, la ville est ottomane et fut au cœur du génocide arménien de 1916.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Modestus de Jérusalem au 17 décembre.

Les Cinquante Soldats de Gaza

† 638

 

Les circonstances de ce massacre ont été déjà racontées au 6 novembre, lorsque Kallinikos et ses Compagnons furent martyrisés (v. 6 novembre).

Un mois plus tard environ, le même général Amr ordonna à son subordonné Ammiras de lui envoyer enchaînés les cinquante survivants à Eleuthéropolis. Ils devaient venir avec femmes et enfants : Amr leur aurait proposé de vivre paisiblement, à la seule condition qu’ils devinssent Musulmans.

La réponse des vaillants soldats, peut-être formulée par un de leurs représentants, fut on ne peut plus claire : 

Personne ne pourra nous séparer de l’amour du Christ (cf. Ro 8:35), ni nos femmes, ni nos fils, ni tous les avantages de ce monde, car nous sommes serviteurs du Christ, fils du Dieu vivant et nous sommes prêts à mourir pour celui qui est mort et ressuscité pour nous.

Dans cette déclaration solennelle, outre la référence à l’épître de s.Paul citée, se trouve une nette affirmation de la divinité du Christ, dogme rejeté par les Musulmans à la suite d’Arius.

Arm les fit massacrer sur le champ.

Le Martyrologe parle de cinquante soldats et en donne les noms, au nombre de quarante six (quarante-sept dans l’ancienne édition). Les voici : 

  • de la cohorte des Scythes : Eugenios, cinq nommés Georgios, sept nommés Ioannis, Kyriakos, Mouselios, deux nommés Pavlos, Philoxenos, Photinos, Sergios, Stephanos, trois nommés Theodoros, Theopemptos, deux nommés Zitas.

(Un des Theodoros était le fils d’un des Ioannis, ce qui montre l’âge que pouvaient avoir certains ; on notera en outre avec plaisir le beau nom de Philoxenos, «qui aime l’étranger»).

  • de la cohorte des Voluntarii : Abramios, Caiumas, Conon, Epiphanios, deux nommés Georgios, quatre nommés Ioannis, Marinos, Marmisis, Pavlinos, Pavlos, Sergios, Stephanos, deux nommés Theodoros, Theodosios, Thomas.

Les Chrétiens de l’endroit purent racheter - à prix d’or - les dépouilles des Martyrs et les ensevelirent dignement ; là s’éleva ensuite une église.

Les Cinquante Soldats de Gaza sont commémorés le 17 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

Judicaël, roi

† 650

 

Judicaël aurait été l’aîné des quinze enfants du roi de Domnonée (Bretagne N), qui s’appelait Judaël.

Renouvelant l’épisode biblique, un des autres frères, Haëloc et son tuteur Rethwal, cherchèrent à éliminer les quatorze frères, pour prendre le pouvoir ; Judicaël échappa à l’assassin et se réfugia auprès de s.Méen (v. ), qui le tonsura.

Judicaël prit très au sérieux la vie monastique, jardinant le jour, priant les psaumes la nuit, s’immergeant dans l’eau froide.

Un jour qu’il travaillait à la cuisine, il découvrit le Diable dans la marmite ; il le rossa si bien à coups de barre de fer qu’à la fin de la bataille la marmite était en miettes et le repas de la communauté épars dans les cendres ; ce jour-là, toute la communauté jeûna !

Mais Haëloc rendit la couronne à son frère Judicaël. Le biographe de ce dernier écrit : Doux et aimable pour ses amis, Judicaël était terrible pour ses ennemis.

Une nuit de Pâques, où les paysans venaient apporter leurs redevances, il les leur remit entièrement, pour leur permettre de fêter la Résurrection dans la joie. Un jour que le cortège royal passait à gué une rivière réputée infranchissable, un lépreux demanda à être porté aussi de l’autre côté ; Judicaël le mit sur son cheval et, sur l’autre rive, le lépreux se transfigura : c’était le Christ, qui promit le ciel à Judicaël.

Le pieux roi voulut abdiquer en faveur de son autre frère Josse (v. 13 décembre), mais ce dernier demanda un délai et alla se retirer en Ponthieu. 

Judicaël eut à régler une affaire importante avec le roi Dagobert. Celui-ci avait mandé son ministre Eloi (v. 1er décembre) pour présenter un ultimatum à Judicaël, le sommant de réparer les torts que les Bretons avaient faits aux hommes de Dagobert. Judicaël suivi les conseils d’Eloi, s’empressa d’aller trouver Dagobert à Clichy et de lui promettre réparation et obéissance (636). 

Finalement, on ignore qui reçut la couronne après Judicaël. Lui-même réintégra son monastère, où il mourut vers 650.

Saint Judicaël, roi, est commémoré le 17 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Begga d’Andenne

 615-693

 

Begga était la fille de Pépin de Landen et de sa sainte épouse Itta, la fondatrice du monastère de Nivelles. Une autre fille de ces pieux parents, Gertrude, fut justement l’abbesse de Nivelles (v. 17 mars).

Mariée à Ansegisel, fils de s.Arnoud de Metz (v. 18 juillet), elle eut trois enfants (Pépin d’Héristal, Martin de Laon et Clotilde) ; elle fut bientôt veuve, car son mari fut assassiné par un certain Gundewin.

D’après une Vita  un peu  tardive (et non moins douteuse), l’assassin fut leur propre fils adoptif, qu’ils avaient recueilli. 

On présume que c’est à la suite de cet accident que Begga fonda le monastère d’Andenne, vers 691.

La fondation aurait été accompagnée de signes providentiels : une truie avec ses sept porcelets, une poule sauvage avec ses sept poussins, que les chiens de chasse ne pouvaient approcher, retenus par quelque force mystérieuse.

Begga mourut trente-trois ans après la mort de sa sœur Gertrude, vers 693.

Il ne faut pas dire que Begga fut à l’origine des béguines (du 13e siècle).

Sainte Begga d’Andenne est commémorée le 17 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Sturmi de Fulda

710-779

 

Sturmi (qu’on trouve aussi sous d’autres formes : Sturmius, Styrmi, et même Sturm), dut naître au début du 8e siècle et fut confié encore enfant par ses parents à saint Bonifatius, ce missionnaire anglais venu évangéliser la Germanie (v. 5 juin).

Il fut reçu au monastère de Fritzlar, où il apprit l’Ecriture, les psaumes en particulier en les chantant avec les moines ; en même temps, il s’imprégnait de la règle de saint Benoît (v. 11 juillet), dont il recevait avec facilité les enseignement de charité, d’humilité, de travail, de douceur et de bonne humeur.

Ordonné prêtre, il alla fonder en plein centre de l’Allemagne un ermitage, là où se trouve aujourd’hui Bad Hersfeld (Hexe), puis fut chargé par Bonifatius de fonder un monastère sur le bord de la Fulda, en 744.

Sur le conseil de Bonifatius, Sturmi alla à Rome et au Monte Cassino pour étudier de près la règle bénédictine.

C’est à Fulda que Bonifatius fut enterré, après son martyre (754). En peu de temps, l’abbaye compta jusqu’à quatre cents moines.

L’abbaye avait reçu de Rome sa pleine autonomie, mais l’évêque de Mayence crut bon de garder un droit de regard sur ce monastère ; la politique s’en mêla et le roi Pépin fit enfermer Sturmi dans le monastère de Jumièges pendant deux ans, ce qui provoqua une certaine agitation dans l’abbaye elle-même. De retour à Fulda, Sturmi gouverna ce monastère pendant quatorze années encore.

Charlemagne lui montra de l’estime et lui confia l’évangélisation des Saxons vaincus ; Sturmi accompagna l’empereur, mais dut céder à la fatigue. Ramené au cloître, il entretint humblement tous les moines, demanda pardon, pardonna aussi expressément à l’évêque de Mayence, et s’endormit dans le Seigneur, le 17 décembre 779, son dies natalis au Martyrologe.

Saint Sturmi fut canonisé en 1139.

 

 

Cristoforo au Mont Mercurio

10e siècle

 

Le 10e siècle, en Sicile, a été particulièrement difficile, à cause de la présence des envahisseurs, les Sarrasins.

Notre Cristoforo épousa une certaine Call (peut-être Kalli, «bonne», car la Sicile fut profondément marquée par la liturgie de Byzance), et ils eurent deux garçons, Saba et Macario (v. 5 février et 16 décembre).

Après quelque temps, il demanda à Nikephoros, higoumène du monastère Saint-Philippe d’Agira, de le former à une vie plus ascétique, puis se retira avec ses deux fils près de l’église Saint-Michel de Ctisma.

De son côté, Kalli adoptait à son tour un style de vie très ascétique.

En 941, une grande famine contraignit toute cette belle petite famille à partir pour la Calabre. Ils rejoignirent le Monte Mercurio, où vivaient déjà beaucoup de moines basiliens. Cristoforo y construisit une église dédiée à s.Michel et un monastère.

Il partit ensuite en pèlerinage à Rome, laissant à Saba la direction du monastère. A son retour, il y avait tant de moines, qu’il construisit un autre monastère proche de Laino, à côté d’une église Saint-Etienne.

C’est à cette époque qu’il eut à gronder sévèrement une ourse qui venait dévaster le potager des moines ; elle se le tint pour dit et ne reparut pas.

Cristoforo mourut sereinement, entouré de sa propre famille et d’autres moines.

Saint Cristoforo est maintenant commémoré le 17 décembre dans le Martyrologe Romain.

Wivine de Grand-Bigard

1103-1170

 

Fille d’Hugues d’Oisy, Wivine naquit vers 1103 dans le Pas-de-Calais.

Ayant appris la foi de ses pieux parents, Wivine manifesta très tôt de grandes vertus.

Elle décida dès l’âge de quinze ans de se consacrer totalement à Dieu, commençant par s’imposer de généreuses flagellations, des jeûnes et des cilices. Or un jeune aristocrate nourrissait en son cœur le désir de l’épouser et, apprenant sa décision, en tomba malade de tristesse. Wivine pria et obtint sa guérison. Mieux, elle le convainquit de se retirer lui aussi dans la solitude, où il se sanctifia et mourut en odeur de sainteté.

A vingt-trois ans, elle quitta la maison paternelle et, avec sa servante, alla construire un petit ermitage non loin de Bruxelles, dans un bois appelé Grand-Bigard.

Les compagnes de Wivine apprirent plus tard que leur fondatrice avait souvent la visite des Anges, qui lui apportaient l’Eucharistie.

En 1133, le duc Godefroid de Brabant lui offrit un grand terrain pour y construire un prieuré, car les vocations affluaient. Le couvent adopta la règle de Saint-Benoît, mais ne fut effectivement prieuré qu’en 1245, dépendant de l’abbaye d’Affligem.

Wivine en fut la supérieure, bien qu’elle refusât toujours les marques de déférences qu’on lui exprimait.

Les moniales intervinrent vers la fin de sa vie, lui «reprochant» ses austérités trop sévères : quand elle mangeait (ce n’était pas tous les jours), elle ne prenait que du pain d’orge, des herbes sauvages et des racines de la forêt, avec un peu d’eau. Le peu qu’elle prenait lui semblait de la gourmandise, et sa fatigue de la lâcheté. Mais comme les religieuses se laissèrent gagner par la suspicion et accusèrent même leur Mère de manquer de discrétion, au moment de Pâques Wivine obtint le changement de l’eau en un vin excellent, que toutes apprécièrent et qui les convainquit toutes de la sainteté de leur Fondatrice.

Un jour que le Diable avait éteint toutes les lumières pendant l’Office pour troubler la prière des moniales, Wivine - qui avait pressenti l’arrivée de l’Ennemi, les ralluma toutes grâce à une chandelle qu’elle avait dissimulée.

Wivine reçut le don de prophétie, de discernement des esprits, de la lecture des pensées ; elle voyait continuellement tout son monastère et ce qu’il s’y passait.

Wivine s’éteignit le 17 décembre 1170. Une des moniales les plus âgées eut la vision du transport de Wivine au Ciel ; le monastère devint le but d’un pèlerinage très fréquenté, et illustré par une quantité de miracles, conversions, guérisons et délivrances.

Un de ces miracles concerna un protestant, propriétaire terrien qui avait déjà perdu vingt vaches et craignait pour les onze autres. Il fit le pèlerinage dévotement et retrouva toutes ses vaches en parfaite santé ; il se convertit au catholicisme.

Il semble que le culte de sainte Wivine fut autorisé dès 1177. Sainte Wivine fut invoquée contre la peste et la pleurésie, contre la fièvre et le mal de gorge, mais aussi contre les maladies du bétail.

Le monastère fut détruit en 1805 ; les reliques restantes de sainte Wivine se trouvent depuis à Bruxelles.

 

 

Jehan de Mata

1160-1213

 

Il faut tenir compte pour cette notice de récentes découvertes ou mises au point.

Si l’on disait auparavant que Jean de Matha naquit à Faucon-de-Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence),  il semble maintenant plus exact de dire que Jehan de Mata naquit le 23 juin 1160 à La Motte-du-Caire (même département), d’Euphème de Mata et Marthe qui, le faisant baptiser dès le lendemain de sa naissance, lui donnèrent le nom du Saint du jour, Jean-Baptiste.

La maman avait eu une secrète révélation céleste concernant l’avenir de son fils, et le consacra à la Sainte Vierge.

Les parents s’installèrent à Marseille, où l’enfant commencera à étudier, mais aussi, avec sa mère, à rencontrer les pauvres, les malades, les prisonniers, et à leur manifester de la compassion.

Jehan fut ensuite envoyé faire ses études à Aix-en-Provence, où il continua ses pieuses pratiques, puis revint un moment auprès de ses parents, où il vécut dans la solitude, avant de gagner Paris pour y compléter sa formation intellectuelle. Il rencontra à Paris un gentilhomme italien, Lotario de Segni, auquel il prédit qu’il serait pape : ce devait être Innocent III (1198-1216), dont il va être question plus bas.

Il reçut le doctorat en théologie et l’archevêque Maurice de Sully l’ordonna prêtre. Au moment où le pontife lui imposait les mains, on vit sur la tête de Jehan une colonne de feu. Le jour de sa première Messe, au moment de l’élévation, apparut un jeune homme revêtu d’une robe blanche avec une croix rouge et bleue sur la poitrine ; il avait les bras croisés et les mains posées sur deux captifs, l’un chrétien, l’autre maure. L’évêque conseilla à Jehan d’aller en informer le pape et de lui demander ce qu’il devait faire.

Avant de partir pour Rome, Jehan alla rencontrer un pieux ermite qui vivait près de Gandelu-en-Brie et qui le reçut avec grande bienveillance ; cet ermite «aurait reçu» plus tard le nom de Félix de Valois, dont les historiens mettent en doute l’existence même (v. 4 novembre). Durant leurs conversations, ils aperçurent le long d’une source un cerf blanc qui portait dans ses cornes une croix rouge et bleue. Ce signe, qui confirmait celui de la première Messe de Jehan, précéda une triple apparition d’un ange qui les invitait à rencontrer le pape sans tarder.

Or le pape régnant était justement Innocent III, qui venait d’être élu. Il avait eu la même vision que Jehan. Il reçut Jehan et Félix, approuva leur projet et leur remit lui-même un habit aux couleurs de la vision de Jehan : blanc avec une croix rouge et bleue. L’Ordre qu’ils allaient fonder s’appellerait : Ordre de la Sainte Trinité pour le rachat des captifs et sa mission serait de rassembler des fonds pour racheter la liberté des Chrétiens captifs des Maures, surtout en Espagne et en Afrique du Nord.

De retour à Paris, les deux Fondateurs obtinrent l’approbation de Philippe-Auguste. Un monastère construit près de la source où s’était manifesté le cerf, s’appela Cerfroid (Cerf-froid), et devint le noviciat des nouvelles recrues, préparés par Félix.

Parmi les premiers candidats, il y eut Jean l’Anglais de Londres, William Scot d’Oxford, Pierre Corbellin futur évêque de Sens, Jacques Fournier futur évêque de Todi.

Le même Innocent III approuva bientôt les constitutions et accorda une maison à Rome, sur le Mont Cœlius.

L’œuvre débuta par des opérations encourageantes. Jean l’Anglais et William Scot ramenèrent d’Afrique cent quatre-vingt-six Chrétiens, esclaves des Maures ; Jehan de Mata ramena de Tunis cent-dix esclaves.

Le voyage de retour de Jehan de Tunisie fut tourmenté, mais heureux. Certains Infidèles retirèrent au bateau ses voiles, mais Jehan fixa au mât son propre manteau en guise de voile et pria : le bateau accosta à Ostie.

Un couvent fut fondé en Flandre, un autre en Arles, plusieurs en Espagne. Il y eut deux autres fondations en France, à Planels et Bourg-la-Reine. La maison de Paris s’établit près de la chapelle Saint-Mathurin, ce qui fit appeler en France les Trinitaires : Mathurins.

Des milliers de prisonniers chrétiens furent rachetés aux Musulmans d’Afrique du Nord.

Jehan de Mata passa les deux dernières années de sa vie à Rome, visitant les prisonniers, soulageant les pauvres, prêchant. Il eut une vision de la mort de Félix (4 novembre 1212) et apprit qu’il le rejoindrait un an plus tard. Il mourut en effet le 17 décembre 1213.

Des miracles se produisirent auprès de la dépouille de Jehan : quatre aveugles recouvrèrent la vue.

Une canonisation par oral aurait été prononcée en 1265. Le culte de saint Jehan de Mata fut confirmé en 1666. Le Martyrologe Romain actuel mentionne saint Jean de Matha au 17 décembre.

Emilie d’Oultremont

1818-1878

 

Emilie fut la troisième des quatre enfants d’Emile-Charles d’Oultremont et Marie-Charlotte de Lierneux de Presles, des aristocrates belges très catholiques.

Emilie-Olympe naquit le 11 octobre 1818 au château de Wégimont, et grandira dans celui de Warfusée, où elle reçut son éducation familiale et chrétienne. 

Jeune encore elle obtint de recevoir la communion plus souvent qu’on ne le permettait alors ; plus tard, à Rome, elle obtiendra même de pouvoir le faire presque chaque jour. A douze ans, une lecture de la vie de saint Ignace de Loyola l’impressionne profondément. Un voyage à Rome avec ses parents lui laissera pour toujours un profond attachement à la Ville éternelle.

Emilie a un réel penchant pour la vie religieuse, mais accepte un mariage arrangé avec Victor van der Linden, baron d’Hooghvorst, qui est d’une famille très connue de Louvain. De ce mariage (1837), naquirent quatre enfants : Adrien, Edmond, Olympe et Marguerite.

Son père devenant ambassadeur de Belgique auprès du Saint-Siège, toute la famille vient habiter à Rome, pendant cinq ans (1839-1844). C’est à la fin de cette période que son mari, Victor, contracte des fièvres lors d’une partie de chasse dans les marais pontins.

En 1847, Victor décède, puis la mère d’Emilie en 1850, et aussi son père en 1851. Son frère aîné devenant propriétaire du château, elle le quitte avec ses enfants et s’installe à Liège.

Un père Jésuite l’oriente vers la pensée de la réparation, dans l’œuvre de la Rédemption.

Lors de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, elle est à Paris et se sent envahie du désir d’entrer en religion. Mais elle doit encore s’occuper de ses enfants. Elle s’installe à Paris et réunit autour d’elle des dames pour former une nouvelle communauté religieuse : la Société de Marie Réparatrice.

Elle trouve en l’évêque de Strasbourg, un ami de la famille, un sérieux appui. Celui-ci approuve la nouvelle Famille. En 1857, Emilie prend l’habit avec quelques compagnes, et s’appellera désormais Mère Marie de Jésus ; sa fille Olympe commence le même jour son noviciat (sous le nom de Marie de Saint-Victor). La même année en juillet a lieu une deuxième fondation à Paris.

La Société n’en est qu’à ses débuts, que déjà sept sœurs partent pour Maduré (Inde S), où elles secondent le travail des Jésuites.

En 1860, c’est la rupture avec la famille, qui l’accuse de dissiper son patrimoine en fondations pieuses, mais son propre frère Charles d’Oultremont, qui gère sa fortune, la soutient de façon inconditionnelle. Sa fille Marguerite entre à son tour dans la Congrégation.

Les fondations s’ouvrent : Toulouse, Tournai, Londres, Liège, Port-Louis (Ile Maurice), Wexford (Irlande). 

A cette expansion rapide vont s’interposer de graves épreuves.

Marguerite meurt en 1867, Olympe à son tour en 1872. Emilie, qui reste une mère, est douloureusement éprouvée, et son directeur spirituel ne fait que lui reprocher d’être trop attachée à ses enfants. Emilie est dans le désarroi, son âme est dans l’obscurité. Mais elle reste fidèle à ses engagements religieux, elle soutient de son mieux d’autres âmes.

Elle rédige les Constitutions de la Congrégation et se rend plusieurs fois à Rome. En 1878, un malaise lui fait prolonger son séjour chez son fils Adrien, marié et installé à Florence.

C’est là qu’elle meurt le 17 décembre 1878.

Emilie d’Oultremont a été béatifiée en 1997. 

Petite particularité du Martyrologe Romain : alors que le dies natalis de la bienheureuse Emilie est le 17 décembre, le Martyrologe la commémore le 22 février, qui n’est que sa fête liturgique.

 

 

José Manyanet y Vives

1833-1901

 

Dernier des neuf enfants d’une grande famille chrétienne, il naît à Tremp (Lérida, Espagne) le 7 janvier 1833 et reçoit au baptême, le jour-même, les noms de José Joaquín. Ses parents sont Antonio et Buenaventura.

Il n’a pas deux ans, lorsque meurt son papa. A l’âge de cinq ans, il est consacré par sa maman à la Vierge de Valldeflors, patronne de Tremp. Très vite il ressent la vocation religieuse.

Il doit travailler pour payer ses études : d’abord à l’Ecole Pie de Barbastro, puis aux séminaires de Lérida et Urgel. Il est ordonné prêtre en 1859.

Il va être successivement secrétaire de l’évêque et chancelier, bibliothécaire du séminaire.

Peu à peu germe en lui l’appel divin à fonder une double congrégation pour honorer la Sainte Famille et infuser cet esprit dans toutes les familles. Il voulait faire «de chaque foyer un Nazaret».

En 1870, il fait sa première profession avec quelques compagnons. Ainsi vont naître les Fils de la Sainte Famille, et les Filles Missionnaires de la Sainte Famille de Nazareth, pour promouvoir la dévotion envers la Sainte Famille et donner à la jeunesse les principes chrétiens de Nazareth.

Le 19 mars 1874 (fête de saint Joseph), il ouvre le collège Saint-Joseph à Tremp, qu’il fut malheureusement vite contraint de fermer à la proclamation de la première République à Barcelone. Mais il était tenace et persévérant.

A partir de 1876, les statuts furent officiellement approuvés par l’évêque de Urgel, puis par d’autres, jusqu’à l’approbation pontificale en 1901.

Les Règles et Status furent successivement mis à jour selon le nouveau Droit Canon de 1926, et les normes du Concile Vatican II, approuvés par le Saint Siège en 1983.

Ces religieux et religieuses, qu’on appelle aussi les Manyanetiens, ont des orphelinats, des écoles, des lycées en Espagne et en Italie, en Amérique (Etats-Unis, Mexique, Colombie, Vénézuéla, Argentine, Brésil), ainsi qu’une maison au Cameroun. Des nombreux collèges tenus par ces congrégations en Espagne, plusieurs furent fondés par saint José Manyanet lui-même.

Saint José publia plusieurs livres, et fonda la revue «Sagrada Familia». Il inspira à Gaudí la construction du très fameux Temple de la Sainte Famille à Barcelone.

José fut toute sa vie affecté de divers maux physiques et, particulièrement pendant les seize dernières années de sa vie, de deux douloureuses plaies au côté, qu’il appelait les «miséricordes du Seigneur». Il s’éteignit le 17 décembre 1901, après avoir répété la jaculatoire qui lui était familière : Jésus, Marie, Joseph, recevez mon âme à l’heure de ma mort.

Il a été béatifié en 1984, et canonisé en 2004.

Comme, le 17 décembre, commence la neuvaine de préparation à Noël, saint José Manyanet y Vives est fêté dans ses congrégations le 16 décembre.

 

 

Matilde Téllez Robles

1841-1902

 

Elle naît à Robledillo de la Vera (Extremadura) le 30 mai 1841, fête de la Pentecôte, et reçoit le baptême le lendemain. Les parents, Félix Téllez Gómez, un fonctionnaire, et Basilea Robles Ruiz, eurent quatre enfants, Matilde étant la deuxième.

Le père est nommé à Villavieja de Yeltes (Salamanque) puis à Béjar.

Pendant que la maman s’occupe de son éducation aux valeurs chrétiennes, le papa fait des projets d’avenir pour ses filles.

Tout le monde connaît Matilde, on l’admire, on l’aime. On connaît ses penchants : l’amour de Dieu, nos frères les plus pauvres ; elle préside la congrégation des Enfants de Marie, participe aux conférences de Saint-Vincent-de-Paul, enseigne le catéchisme, fréquente l’école du dimanche.

Ce n’est pas pur activisme : elle communie chaque jour, se recueille volontiers devant le Tabernacle, se confie à sa Mère céleste.

Son désir de se consacrer à Dieu est contrecarré par son père ; elle attend et prie en silence, jusqu’à ce que son père soit convaincu de la persévérance de sa vocation.

En 1874 (elle a trente-trois ans), elle écrit ni plus ni moins au pape pour lui proposer la fondation d’une nouvelle congrégation. Là encore, son père lui oppose quelques objections, vu le climat anticlérical de l’époque, mais finit encore une fois par la laisser libre.

Elle prend en location une maison. Huit compagnes veulent la suivre. Nous sommes le 19 mars, fête de saint Joseph. Mais au moment du rendez-vous, seule María Briz se présente (cette dernière avait renoncé à ses fiançailles tout récemment). Matilde persévère cependant, malgré sa totale pauvreté, … et malgré les critiques qui fusent ; d’autres jeunes filles sont attirées par son charisme.

Elles accueillent de petites orphelines, elles rendent visite aux malades. Elles ouvrent une petite école ainsi qu’une école du dimanche pour les jeunes.

En 1876, le nouvel évêque de Plasencia donne une première autorisation écrite aux «Aimantes de Jésus et Filles de Marie Immaculée». Début 1878, Matilde et María prennent leur habit, de couleur bleue. Elles se transfèrent à Don Benito (Badajoz) en 1879.

La Règle sera approuvée en 1884, le 19 mars. Entre temps, l’institut a mûri : les Sœurs auront à cœur d’adorer le Saint-Sacrement, de s’occuper des petits orphelins, des pauvres et des infirmes. Autour du Saint-Sacrement, elles se relaient pour ne jamais Le laisser seul ; parallèlement, elles ont une dévotion toute filiale envers la Mère de Dieu.

Elles font leur profession en juin 1884. Matilde s’appellera Matilde du Sacré-Cœur. Dans son élan, elle priait ainsi : Seigneur, je vais t’apporter tous les cœurs que je pourrai, pour qu’ils t’aiment et t’adorent.

En 1885, une épidémie de choléra emporte María Briz, qui s’était offerte à Dieu à la place de toutes les autres : en effet, aucune autre ne fut touchée. Le dévouement des Sœurs envers les victimes de l’épidémie les fait peu à peu appeler les Sœurs de la charité.

Leur exemple attire d’autres jeunes filles. Des maisons s’ouvrent à Cáceres, Béjar, Villanueva de Córdoba, Almendralejo, Santos de Maimona, Trujillo, Villeverde de Burguillos.

Le miracle permanent de la nouvelle fondation, est l’aide providentielle qu’elles reçoivent régulièrement, alors qu’elles n’ont aucune autre ressource économique. Matilde va de l’avant ; sa devise est Prière, action, sacrifice !

Toutes les visites de Matilde sont occasion de joie pour tous ceux qui la rencontrent : son amour enthousiaste de Jésus Eucharistie, à travers les pauvres et les nécessiteux, est contagieux.

Mais Matilde se fatigue. Le 15 décembre 1902, à Badajoz, elle est prise d’apoplexie à quelques mètres de la maison.

Elle meurt le 17 décembre 1902. Toute la ville la pleure.

Elle est béatifiée en 2004.

En 1941 l’Institut prendra finalement le nom de Filles de Marie, Mère de l’Eglise. Celles-ci sont plusieurs centaines, en Espagne, Portugal, France, Italie, Venezuela, Colombie, Pérou et Mexique.

 

 

Henri Cormier

1832-1916

 

Cette grande figure de l’Ordre dominicain eut le «privilège» de naître le 8 décembre 1832, le jour où l’on fêterait plus tard la fête de l’Immaculée Conception (cette fête fut en effet instituée en 1854, quand en fut proclamé le dogme).

Henri naquit à Orléans (Loiret). Lui et son frère Eugène seront très tôt orphelins de père. Eugène mourra à son tour en 1848.

Après de bonnes études chez les Frères de la Doctrine chrétienne, Henri passera au Grand séminaire d’Orléans.

Durant ses études, Henri manifesta des dons particuliers pour la littérature ; il s’enthousiasma pour Lamartine, dont il apprendra par-cœur des poésies. Mais il fut aussi un excellent musicien, passionné pour le chant et pour l’orgue : même Liszt l’admirera !

Tout en se préparant au sacerdoce, Henri songeait à l’Ordre dominicain ; un premier avis, nettement négatif, lui vint du père Lacordaire en personne ; mais la rencontre avec un autre Dominicain de Rome aboutit au contraire à un net encouragement.

Aussi, après son ordination sacerdotale, Henri entra en 1856 au noviciat dominicain de Charmille (Flavigny-sur-Ozerain, Côte d’Or), le fameux Saulchoir, y prenant le nom de Hyacinthe-Marie, par référence au grand Dominicain qui prêcha dans l’est de l’Europe (v. 15 août) et, bien sûr, à la Sainte Vierge.

Le novice était déjà prêtre : il célébrait donc chaque jour la Messe, mais si pieusement que les autres novices voulaient tous la lui servir.

En 1857 se déclara une vilaine laryngite : le fr. Hyacinthe crachait le sang ; il ne pouvait plus chanter, mais surtout on hésita à l’accepter à la profession solennelle. On envisagea de l’envoyer se «refaire» en Orient, sa mère voulut le récupérer : finalement, il fit la profession en juin 1857, pour deux ans.

Cette même année, le Frère Cormier fut invité par le Supérieur général de l’Ordre à l’accompagner à Rome, comme sous-maître des novices et comme secrétaire. A ce moment-là, il fallait redonner vigueur à l’Ordre en lui faisant retrouver son idéal primitif.

La profession solennelle de Hyacinthe aura quelque chose de pathétique : sa mauvaise santé posait un problème. Le pape, interrogé, proposa cette «épreuve» : si Hyacinthe passait un mois sans crise, il pourrait faire la profession. Toute la communauté se mit en prière : au trentième jour, nouveau crachement de sang. Informé, le pape, ému de pitié… accorda la dispense demandée pour la profession solennelle. Celle-ci aura lieu le 23 mai 1859.

Le père Cormier sera d’abord maître des novices et prieur en Corse, puis provincial dans la nouvelle province de Toulouse : à trente-trois ans, il devait diriger trente-six pères et sept convers.

Il sera provincial pour trois mandats et sera vraiment le restaurateur de l’Ordre dominicain en France.

Parmi ses réalisation, il y eut le monastère féminin de Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin (Var), celui de Prouille (Aude, le premier fondé en France par saint Dominique, détruit sous la Révolution).

En 1891, il fut nommé procureur général de l’Ordre (pour les relations avec le Vatican) ; on hésita même à l’élire Maître général.

C’est à ce moment-là que, comme procureur, il fut amené à se créer un blason et une devise, pour respecter la tradition. Il choisit un pélican donnant son sang à ses petits, symbole du Christ qui verse son sang pour nos âmes, avec la devise Caritas veritatis, «la charité de la vérité» : il faut manifester notre charité aux frères en leur donnant la vérité.

Le pape voulut le créer cardinal, mais l’Etat français s’y opposa.

En 1904, on n’hésita plus à le nommer Maître de l’Ordre. Le novice en «mauvaise santé» était désormais un vétéran de soixante-douze ans. Il faillit démissionner en 1906, mais fut reconfirmé.

Supérieur général, il voulut visiter tous les couvents. Il fonda l’université romaine Angelicum. Il soutint le travail du père Lagrange, fondateur de l’Ecole Biblique de Jérusalem.

Son mandat de Supérieur fut agité par la crise moderniste de l’époque. Même au sein de l’Eglise fusaient les accusations, les dénonciations, plus ou moins fondées. Le père Cormier se montra à la fois ferme, lucide, patient et bon envers tous et chacun.

En août 1916, il put enfin céder sa place à un nouveau Maître et se retirer. Il demeura au couvent de Saint-Clément à Rome et s’y éteignit, le 17 décembre 1916.

Henri Cormier - Hyacinthe, fut béatifié en 1994.

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16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 00:00

16 DÉCEMBRE

 

-VI.

S Aggée, un des “Douze petits Prophètes” de l’Ecriture. 

SS Ananias, Azarias et Misael, les trois enfants qui échappèrent au feu de la fournaise à Babylone (cf. Da : 3).

VI.

S Beanus, mystérieux ermite en Irlande.

IX.

S Evrard, comte de Frioul, protecteur de l'abbaye de Cysoing ; il eut sept enfants de sa femme, Gisèle, elle-même fille de Louis le Pieux.

S Adon, moine bénédictin, évêque à Vienne, surtout connu pour son martyrologe.

X.

Ste Adélaïde, burgonde, deux fois veuve, impératrice de Germanie ; grande protectrice de Cluny ; c'est grâce à son influence que Hugues Capet monta sur le trône de France.

XI.

S Macario, moine en Lucanie, qui dirigeait très humblement plusieurs monastères.

XV.

B Salvatico (Sebastiano) Maggi, dominicain italien mort à Gênes ; son corps est resté intact.

XVIII.

Bse Marianna Fontanella (Marie des Anges), carmélite à Turin ; elle eut une intense vie de mortification.

XIX.    

B Gim Won-jung Stephanus, laïc coréen martyr, par pendaison, béatifié en 2014.

XX.

B Clemente Marchisio (1833-1903), prêtre italien, très zélé pour l'Eucharistie, fondateur des Filles de Saint-Joseph, pour la confection des hosties et des ornements, béatifié en 1984. 

B Florentyn Wacław Koźmiński (Honorat de Biała, 1829-1916), capucin à Varsovie, ministre assidu du sacrement de la Réconciliation, fondateur de vingt-sept congrégations religieuses, béatifié en 1988.

B Filip Siphong Onphithakt (1907-1940), catéchiste thaïlandais, martyr, béatifié en 1989.

B Jean Wauthier (1926-1967), prêtre français des Oblats de Marie Immaculée, martyr au Laos, béatifié en 2016.

Aggée prophète

6e siècle avant Jésus-Christ

 

Le prophète Aggée est historiquement un des derniers «petits Prophètes», un de ceux qui annoncèrent et vécurent la restauration du Temple après l’exil à Babylone. 

Le nom d’Aggée, calqué sur l’hébreu, signifie mes fêtes, Aggée étant un de ceux qui, fidèle à Dieu, célèbre les fêtes de la Loi. Saint Jérôme commente ainsi le premier verset de cette prophétie, disant que si Dieu a remis «dans la main» d’Aggée sa parole, c’est que celui-ci a les mains pures. 

D’après des traditions, Aggée aurait pu être un prêtre, né à Babylone, revenu encore jeune à Jérusalem ou même ayant prophétisé à Babylone avant le retour d’exil.

Les premiers Juifs rentrés à Jérusalem s’étaient un peu découragés devant les ruines du Temple : Aggée, et Zacharie après lui, viennent au nom de Dieu réveiller leur ardeur. Le Temple sera reconstruit et, s’il n’a pas la splendeur de celui de Salomon, il demeure l’emblème du peuple Juif.

Ce livre très bref - il n’a que deux chapitres - est daté précisément de l’an 2 de Darius, soit 520 avant Jésus-Christ.

Aggée est fêté en Orient comme en Occident le 16 décembre.

 

 

Ananias, Azarias, Misaël

6e siècle avant Jésus-Christ

 

Comme on peut le lire dans le livre du prophète Daniel (Dn 1-3), Nabuchodonosor ordonna la déportation des Juifs à Babylone vers 600 avant Jésus-Christ. Parmi eux se trouvaient trois compagnons de Daniel : Ananias, Azarias et Misaël.

Le roi babylonien voulut former de jeunes gens dans la science et les langues, et nos quatre héros furent les élus.

Ils reçurent respectivement les noms de Baltassar, Shadrac, Meshac et Abed Nego.

Ils commencèrent par conserver leur régime végétarien, sans manger ce qui venait de la table du roi, et on leur vit une meilleure mine que les autres.

David fut ensuite appelé à interpréter un songe du roi : après avoir prié, il le lui expliqua,  ce qui lui valut d’être très considéré à la cour, ainsi que ses amis.

Puis Nabuchodonosor voulut faire adorer une grande statue païenne : les trois jeunes gens s’y refusèrent obstinément et furent condamnés à brûler dans une fosse ardente : tandis que les hommes qui y menaient les trois condamnés, furent brûlés à mort par les flammes, les trois jeunes gens ne reçurent aucun mal, même pas l’odeur de feu, car un ange vint rafraîchir la fosse.

C’est dans cette fosse qu’Azarias, alias Abed Nego, chanta un long psaume de pénitence, implorant la miséricorde de Dieu sur les péchés de son peuple. Puis, rafraîchis par la présence de l’ange, ils chantèrent ce cantique de bénédiction au Seigneur, repris au bréviaire pendant les Laudes du dimanche et des fêtes.

Ces deux cantiques se trouvent seulement dans la version grecque de la Bible, dite «des Septante». Le livre de Daniel poursuit ensuite l’action prophétique de Daniel, sans plus nommer ses trois amis, Ananias, Azarias et Misaël.

Les Trois jeunes gens avaient été inscrits au Martyrologe romain le 16 décembre, mais n’y ont pas été maintenus dans la dernière édition. Ils sont aussi invoqués dans la Recommandation de l’âme, pour avoir été libérés du feu, et on leur recommande de libérer l’âme du défunt des «flammes» éternelles.

Beanus ermite

6e siècle

 

Beanus nous pose beaucoup de problèmes.

Qu’il fût Irlandais, semble acquis. Mais duquel des maints Beanus s’agit-il ?

Son nom, Beóán, est habituellement transcrit, comme ici, Beanus, mais aussi Beoanus et Beyn.

Pour certains historiens, il s’agirait du premier évêque de Mortlach, nommé au 11e siècle par le pape Benoît VIII, sous le roi Máel Coluim II d’Ecosse. Mais on a rencontré celui-ci le 26 octobre.

Il s’agirait donc d’un autre Beanus, que le Martyrologe Romain décrit comme ermite.

Ce pourrait être Mo-Beoc de Loch Garman (Wexford), ou bien de Loch Gerg (Lough Derg). 

Ce dernier Beanus, ou Beoc (ou Beog, Mobheoc, Dabeoc) pourrait être un abbé d’origine royale du Pays de Galles, né à la fin du 5e siècle, ayant eu pour père Brecan, fils d’un prince d’origine irlandaise, et pour mère Marcella (ou Digna), fille d’un prince Theodoric de Gartmartrin.

Beanus aurait été le benjamin de dix frères et huit sœurs.

Il se serait réfugié en Irlande pour éviter les guerres incessantes de son pays et serait devenu ainsi l’ermite de Lough Derg (Co Donegal).

L’arrivée d’autres ermites qui voulaient se joindre à lui, donna lieu à un petit monastère, où se serait arrêté s.Patrice (v. 17 mars).

Il aurait prédit l’arrivée d’un autre grand Saint, Colmcille (Colum Cille, v. 9 juin).

Beanus serait mort au début du 6e siècle.

Saint Beanus, ermite, est commémoré le 16 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Evrard, comte de Frioul

† 867

 

Evrard appartenait à une des plus puissantes familles de l’époque carolingienne. Son père, Unroch, grand dignitaire de la cour de Charlemagne, était mort moine à l’abbaye de Saint-Bertin ; son frère Bérenger fut marquis de Toulouse ; son autre frère, Adalard, fut abbé de Saint-Bertin et de Saint-Amand ; son épouse, Gisèle, était la fille de Louis le Pieux.

C’est dire combien Evrard possédait de domaines. En outre, Lothaire 1er le créa duc de Frioul, un territoire de position stratégique importante.

Evrard joua un grand rôle dans la politique de Louis le Pieux et de Lothaire, qu’il servit loyalement. 

C’est dans le Frioul que vint se réfugier le moine Gottschalck, chassé en 846 de son diocèse de Vérone pour ses écrits dangereux sur la prédestination ; Evrard, fidèle à l’Eglise, le fit partir.

C’était grâce à la famille d’Evrard qu’avait été fondée l’abbaye de Cysoing et Evrard y fit venir des reliques du pape s.Calliste (v. 14 octobre) et en confia les terres à la protection de l’un de ses fils, Adalard.

Evrard et Gisèle eurent sept enfant, quatre garçons et trois filles. Unroch, l’aîné, succéda à son père, puis Bérenger, le cadet, qui fut couronné roi d’Italie et empereur en 915 ; Adalard, puis Rodolphe, furent abbés de Cysoing ; les filles s’appelèrent Engeltrude, Judith et Edwige.

Le testament d’Evrard, rédigé en 867, parle entre mille choses précieuses, de quatre psautiers, dont l’un se trouve à la Bibliothèque vaticane.

Ce pieux personnage mourut le 16 décembre 867, en son château de Musiestro (Trévise).

Saint Evrard, comte, est commémoré le 16 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Adon de Vienne

800-875

 

Où est né, vers 800, Adon ? On répondra qu’il descendait d’une famille noble, mais on hésite à situer sa naissance en Gâtinais ou en Bourgogne.

Toujours est-il que sa famille le confia très tôt à Sigulfe, l’abbé de Ferrières-en-Gâtinais. 

Il y serait devenu moine, mais obtint en 841 la permission de se rendre à Prüm (Trèves), où le désirait Marcward, l’abbé de cette autre abbaye, pour y enseigner.

En 853, il vint à Grenoble, puis à Lyon. C’est à ce moment qu’il se livra à la compilation de son très fameux Martyrologe, pour l’appréciation duquel on pourra consulter bien d’autres études. Ce ne fut pas l’unique travail d’Adon, qui écrivit aussi une Vie de s.Didier et une autre de s.Theodarius (v. 23 mai et 29 octobre), que les spécialistes n’apprécient pas beaucoup, car Adon ne se préoccupait pas suffisamment d’appliquer la méthode rigoureuse de nos historiens modernes.

Certains affirment qu’Adon fit un voyage à Rome, à Ravenne, et qu’au retour il aurait été nommé curé d’une paroisse de Lyon : tout cela n’est pas sûr, tout en restant possible. Ce qui reste le plus étonnant, est que ce moine soit resté si longtemps en-dehors de son abbaye. On a là-dessus une lettre de l’abbé lui-même qui affirme lui avoir donné une permission en règle pour aller s’informer (ou enseigner), à Prüm et à Lyon. C’est parce que ce même abbé ne mentionne pas Rome ni Ravenne, qu’on doute qu’Adon y fût allé.

En 859 il fut élu cinquante-deuxième évêque de Vienne (Dauphiné, France). 

C’est durant cet épiscopat qu’Adon rédigea une autre œuvre importante, sa Chronique ou histoire universelle, qui recouvre toute l’histoire de l’Ancien Testament et s’achève en 867. Là encore, la méthode d’Adon laisse à désirer ; Adon s’y montre certainemenet érudit, passionné de lectures nombreuses, mais pas assez soucieux de composer son ouvrage, de résoudre les difficultés chronologiques ou d’éliminer les détails inutiles. C’est ainsi que, voulant rattacher absolument le premier évêque de Vienne à s.Paul, il étale sur cinq siècles les trois premiers évêques de son diocèse.

En 860, il participa au concile de Tousy. Peu après, il reçut du pape une lettre dans laquelle le pontife le félicitait et l’encourageait à lutter contre plusieurs vices de l’époque : le divorce, le concubinage, l’usurpation par des laïques des biens de l’Eglise. C’est ainsi qu’il dut présenter un reproche sévère à Lothaire II pour son divorce et son remariage, exigeant de lui de reprendre son épouse légitime.

Lothaire II ne modifia pas sa conduite ; en 867, Adon le rappela encore à l’ordre, jusqu’à proclamer son ralliement officiel à Charles le Chauve.

Adon convoqua un autre concile à Vienne en 870.

C’est finalement plus dans son action proprement pastorale qu’Adon montra sa fidélité et sa sainteté. Il mourut le 16 décembre 875, et fut vénéré dès le 11e siècle.

Saint Adon de Vienne est commémoré le 16 décembre dans le Martyrologe Romain.

 

 

Adélaïde impératrice

931-999

 

Elle naquit en 931 à Orbe (Vaud, Suisse), aînée des trois anfants (avec Conrad et Rodolphe) de Rodolphe II, roi de Bourgogne et de Berthe de Souabe.

A la mort de Rodolphe II, Hugues d’Arles dota d’une rente la veuve Berthe et sa fille Adélaïde. Hugues épousa Berthe, et Adélaïde Lothaire d’Arles, le fils d’Hugues.

Quand Lothaire succéda à son père (947), il n’avait plus guère d’autorité sur le peuple, mais Adélaïde se montra bonne et généreuse pour tous. Or, Lothaire mourut très jeune (950) et la jeune reine était veuve à dix-neuf ans, avec une petite fille, Emma (cette Emma qui devait plus tard (965) épouser le roi de France Lothaire). Adélaïde devenait ainsi la belle-mère du roi de France, et la grand-mère du futur Louis V, dit le Fainéant (surnom qui fut donné plus tard à ce jeune roi, mort prématurément après un an de règne).

Derrière ces événements se profilait en réalité un assassinat prémédité : le marquis d’Ivrée, Bérenger, aurait donné l’ordre d’empoisonner Lothaire pour s’emparer de son royaume. Pire : il proposait maintenant à Adélaïde d’épouser son fils Adalbert.

Evidemment, Adélaïde refusa. Béranger la fit arrêter, maltraiter et brutaliser à coups de pieds et de poings, et enfermer au château de Garde (Italie), après lui avoir fait raser la tête.

Au bout de quatre mois, l’évêque et un prêtre l’aidèrent à s’évader. Après s’être perdue un jour et demi, elle fut recueillie et guidée par un brave pêcheur pour retrouver le chemin vers Canossa, et gagna Reggio.

Son frère Conrad, informé de la situation, implora l’aide du roi de Germanie, Otton 1er, qui fut ravi d’avoir un motif de descendre en Italie : en septembre 951, il prenait Pavie et s’y faisait couronner roi d’Italie ; il obligea les persécuteurs de la pauvre reine à rendre hommage à leur victime : non seulement Adélaïde eut la magnanimité de leur pardonner totalement, mais elle s’employa à leur faire restituer les biens perdus par eux durant la guerre ; cette attitude si profondément chrétienne lui valut l’estime générale.

Puis Otton Ier lui envoya une délégation pour lui demander sa main : le mariage eut lieu vers Noël 951.

En 952, Adélaïde et sa mère Berthe suivaient Otton en Allemagne. Berthe fut installée au sud de Strasbourg, où se situe l’abbaye d’Erstein ; le domaine personnel d’Adélaïde se situa au nord de Strasbourg.

Adélaïde eut quatre enfants, dont deux moururent en bas âge. En 962, Otton et elle furent couronnés à Rome empereur et impératrice. Otton mourut en 973.

Sous le gouvernement de son fils, Otton II, qui avait épousé une princesse grecque, Theophano, Adélaïde eut à épauler judicieusement le nouvel empereur, surtout pour les populations slaves et leur évangélisation.

En 972, elle restaura un monastère à Pavie, qu’elle plaça sous la juridiction de Cluny.

Mais Théophano ne s’entendait pas vraiment avec sa belle-mère : Adélaïde quitta la cour en 978 et trouva un bon accueil auprès de son frère Conrad. En même temps, elle retrouvait la quiétude de s’occuper pleinement dans les bonnes œuvres, qu’elle préférait de beaucoup aux affaires de l’Etat.

En Bourgogne, elle fut paternellement guidée par l’abbé de Cluny, Mayeul. Son rythme de vie fut celui-ci : passer plusieurs heures chaque jour à la méditation ; prendre soin des pauvres et des malheureux ; faire des pèlerinages, bâtir des églises et des monastères.

Pendant une dizaine d’années, Adélaïde put jouir d’une relative paix. Elle combla de ses attentions le monastère de Payerne (Suisse), qui avait été fondé par sa mère Berthe et dont son frère Rodolphe était un grand bienfaiteur. Elle fonda aussi le monastère de Saint-Martin de Tours.

En 980, il se fit une réconciliation entre Adélaïde, son fils Otton II et Théophano, grâce aux bons soins de Conrad et de l’abbé de Cluny. On se retrouva à Pavie, et, l’année suivante, à Rome. Mais Otton II mourut dès 983 ; le petit Otton III n’avait que trois ans, et Théophano exerça la régence. Par la suite, il y eut beaucoup de frottements entre Théophano et Adélaïde.

Après la mort de Lothaire (986), Adélaïde eut à s’occuper des affaires de France. Lothaire de France avait fait couronner son fils, Louis V, dès 979, mais ce dernier ne survécut qu’un an à son père et mourut en 987 sans héritier. Il fut le dernier roi carolingien. C’est alors qu’Adélaïde jugea opportun de soutenir l’élection d’Hugues Capet : elle favorisait ainsi l’essor de la maison de France, sans opportuner celle d’Allemagne.

En 987, Adélaïde fonda le monastère de Seltz, qu’elle affilia à l’ordre de Cluny. Elle avait une prédilection pour l’ordre bénédictin et particulièrement pour l’abbaye de Cluny, et c’est à l’abbé Mayeul de Cluny (v. 11 mai) qu’elle demanda de réformer plusieurs monastères.

Théophano mourut à son tour en 991. Le jeune Otton III n’ayant que onze ans, Adélaïde exerça la régence pendant trois ans et, en 994, se retira en Bourgogne, où régnait cette fois-ci Rodolphe III : elle intervint encore pour mettre la paix entre les seigneurs.

Toute sa vie, Adélaïde fut un artisan de paix, de concorde, de bonté. Son témoignage est celui d’une femme au service de l’Eglise.

Divinement avertie de la fin de ses jours, elle voulut revoir les lieux où elle était intervenue. A Payerne, où les pièces qu’elle distribuait furent multipliées ; à Saint-Maurice d’Agaune, Genève, Saint-Martin de Tours où l’on allait relever l’église incendiée et où elle rencontra Odilon de Cluny (v. 1er janvier).

De retour à Seltz, elle y mourut, le 16 décembre 999, et y fut enterrée.

L’impératrice Adélaïde fut canonisée en 1097.

Trois siècles plus tard, une grave inondation emporta son tombeau.

Le dies natalis d’Adélaïde est marqué au 16 décembre dans le Martyrologe.

Macario de Collesano
† 1005

Macario naquit à Collesano (Palermo, Sicile), de ses saints parents, Cristoforo (v. 17 déc.) et Kalli, et eut un frère, Saba (v. 5 fév.).
Au dixième siècle, la Sicile était encore sous occupation arabe. Macario et Saba, ainsi que leur mère, suivirent leur père dans son désir de se retirer dans un genre de vie érémitique. En 941, fuyant une épidémie de peste, ils vinrent sur le mont Mercurion ; ils s’établirent successivement à Laino Castello, puis à San Lorenzo sul Sinni, où mourut Cristoforo (990).
Macario vécut dans une grande humilité, tout en dirigeant en toute simplicité beaucoup de moines qui s’étaient mis déjà sous la direction de Cristoforo.
Il mourut à Oliveto Citra en 1005.
Il est invoqué par la population pour des cas de possession diabolique, pour les cultures.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Macario de Collesano au 16 décembre.

Salvatico Maggi

1414-1496

 

Salvatico naquit à Brescia (Italie N) en 1414, de Falco (ou Folco). La famille, bien connue, appartenait à la noblesse.

Il entra à quinze ans chez les Dominicains de sa ville natale et prit le nom de Sebastiano ; il fut envoyé à Padoue pour ses études.

Les sources ne concordent pas exactement sur ses déplacements et ses charges successives. On l’a dit prieur à Brescia, mais aussi à Bergame et à Bologne, ainsi qu’à Mantoue.

A Bologne, il fut le maître des novices de Girolamo Savonarola.

En 1470, il fut présent au chapitre général de Mantoue et à celui d’Avignon. En Avignon, on avait déposé le vicaire de la région lombarde, et Sebastiano en appela au pape de cette décision qui lui paraissait injuste.

En 1477, il était prieur à Brescia puis, en 1479 à Milan. Appuyé par la maison des Sforza, il y fit construire un nouveau couvent, plus accessible. 

Sebastiano s’efforça de gagner à la réforme de l’Observance beaucoup de couvents de la région lombarde.

En 1481, il fut nommé vicaire pour toute la Lombardie. Il obtint durant cette période la confirmation de tous les privilèges accordés par le Vatican à l’Ordre dominicain.

En 1482, il présidait le chapitre de Reggio Emilia, où fut approuvée la réunion du monastère romain de Sainte-Sabine à la congrégation lombarde.

Entre 1485 et 1489, il fut prieur à Crémone, où il réussit la difficile mission d’implanter la réforme de l’Observance. Puis en 1489, il fut de nouveau prieur à Milan et réunit à l’Observance le couvent de Lodi. L’opération fut plus difficile pour les couvents du royaume de Naples.

Il fut ensuite prieur à Vicenza, Piacenza et Bologne.

En 1495, élu une seconde fois vicaire pour la Lombardie, il entreprit la visite des couvents de l’Ordre. Cette même année, il fut nommé juge dans une discussion avec Savonarole : ce dernier contestait la réunion de deux couvents toscans (Florence et Fiesole) à l’Observance. Le résultat fut que le pape annula certaines sanctions contre Savonarole, mais le problème des deux couvents ne fut pas résolu tout de suite.

Sebastiano était à Gênes à la fin du mois d’août 1496, quand il tomba malade. Il annonça qu’il mourrait dans cette ville, ce qui arriva le 16 décembre 1496.

C’est à Gênes qu’il fut enseveli. Son corps est resté intact. Le culte fut confirmé en 1760.

 

 

Marianna Fontanella

1661-1717

 

Marianna vit le jour le 7 janvier 1661 à Turin (Italie), neuvième des onze enfants de Giovanni Fontanella di Baldissero et de Maria Tana di Santena, une parente de la mère de saint Luigi Gonzaga (v. 21 juin).

Elle s’éprit littéralement de la sainteté de ce lointain parent et chercha bien vite à l’imiter. Elle lutta victorieusement contre l’esprit mondain de la famille et choisit son unique Epoux, le Crucifié.

Elle fut quelque temps éducatrice parmi les Moniales cisterciennes de Saluzzo.

Elle souffrit beaucoup de l’état de l’Europe, des conflits permanents… 

En 1675, mourut son père. Après avoir assisté à l’ostension du Saint-Suaire de Turin, elle désira ardemment entrer dans le couvent des Carmélites, récemment fondé à Turin. Malgré l’aversion de la famille, elle y entra en novembre 1676, et y prit le nom de Maria des Anges.

A Noël 1676, elle fit la profession. Elle se mit sans hésitation sur la route de la sainteté, de la ressemblance avec le Christ. Les Consœurs, puis la population de Turin recherchèrent sa prière, ses conseils. Son ascension spirituelle ne fut pas sans épreuves intérieures : ce fut plutôt une longue lutte contre l’esprit malin.

En 1694, elle fut élue prieure, à trente-trois ans, sur dispense romaine, et fut ensuite réélue trois fois. Elle sera ensuite maîtresse des novices, véritable mère pour les jeunes novices.

A ses prières, Dieu accorda la fin de la guerre entre Piémont et France ; Maria l’avait obtenue en priant saint Joseph. Elle obtint du roi la proclamation de Notre-Dame comme patronne de Turin.

En 1702, elle ouvrit à Moncalieri un nouveau Carmel, dédié à saint Joseph, car celui de Turin était plein. Mais elle ne put s’y transférer, sur l’intervention du roi auprès des Supérieurs carmélites, qui ne voulait pas la voir s’éloigner de Turin.

Quand Turin fut à nouveau assiégée par les Français, en 1706, elle supplia la Sainte Vierge de protéger la ville et, le 7 septembre, veille de la fête de la Nativité de Marie, les troupes françaises furent mises en fuite, comme la Religieuse l’avait annoncé. C’est à la suite de cette grâce que fut érigé le sanctuaire marial de Suberga.

Maria des Anges fut favorisée de dons extraordinaires mystiques, de grâces célestes, de faveurs spéciales de sainte Teresa d’Ávila.

Beaucoup, et jusqu’à la famille royale, vinrent la consulter et lui demander ses lumières, qu’elle recevait d’En-haut.

Elle s’éteignit à Turin le 16 décembre 1717.

Maria des Anges fut béatifiée en 1865.

 

 

Gim Won-jung Stephanus

1813-1866

 

Gim Won-jung Stephanus est un laïc coréen né en 1813 à Incheon (Chungcheong-do, Corée du Sud).

Il fut pendu à Gongju (Chungcheong-do) le 16 décembre 1866 et béatifié en 2014.

 

 

 

Clemente Marchisio

1833-1903

 

Clemente naquit le 1er mars 1833, à Racconigi (Cuneo, Piémont, Italie) aîné des cinq enfants d’un brave cordonnier.

En même temps que l’école locale, Clemente fréquentait assidument l’église du couvent dominicain toute proche : il y servait la messe chaque jour et à cette école conçut très tôt une grande dévotion envers le Saint-Sacrement et la Sainte Vierge.

Quand on lui parla d’apprendre le métier de son père, il manifesta alors son désir d’être prêtre. Les parents n’y faisaient pas opposition, mais n’avaient pas l’argent nécessaire pour lui payer le séminaire.

Un saint prêtre intervint alors providentiellement et finança les études du garçon.

Clemente fréquenta le séminaire de Bra avec d’excellentes dispositions et d’excellents résultats. Il fut ordonné prêtre à vingt-trois ans, en 1856, avec une dispense d’âge. On signalera ici que l’évêque consacrateur n’était pas celui de Turin, ce dernier étant exilé en France, en raison des mauvais rapports de l’époque entre Eglise et Etat.

Après son ordination, Clemente fréquenta à Turin la Maison Saint-François, dirigée par don Giuseppe Cafasso (v. 23 juin), qui préparait ainsi les jeunes prêtres à bien assumer leur mission sacerdotale. Clemente s’y distingua de telle façon que don Cafasso le prit avec lui pour visiter les prisonniers et assister les condamnés à mort. Au bout de deux ans, don Marchisio se sentait tout transformé.

En 1858, il fut nommé vicaire à Cambiano, dont il dut être éloigné pour y avoir dénoncé trop naïvement certaines irrégularités. Il fut nommé à Vigone, puis Rivalba Torinese en 1860.

C’était un petit village isolé, où il allait demeurer pendant presque quarante-quatre ans.

Le jeune prêtre, avec la vivacité de ses jeunes années, dut faire face à l’hostilité de certains paroissiens : on le menaça, on interrompit ses homélies, on le dénonça…

Le matériel qu’il avait accumulé dans le but de construire une nouvelle église, il l’utilisa de préférence pour construire une école élémentaire et une petite usine de textiles, ce qui permit aux jeunes filles de rester sur place au lieu d’aller faire des ménages à Turin.

Cette usine, d’abord confiée à des Religieuses, passa aux plus anciennes des élèves elles-mêmes, ce qui donna naissance à l’institut des Filles de Saint-Joseph (1877). Sans le vouloir, don Clemente devenait (à son tour) fondateur, dans cette Italie (et surtout la région piémontaise) si riche en fondations durant cette fin de 19e siècle.

Don Clemente confia alors à ces Filles la confection d’ornements liturgiques et de tout ce qui devait servir au culte divin : les hosties, le vin de messe en particulier. Une maison s’ouvrit bien vite à Rome, en 1883, et le pape la salua joyeusement en disant : Enfin, Notre-Seigneur a pensé à lui-même !

Peu à peu, les paroissiens comprirent les bonnes intentions de leur curé, si attentif à tous les malades, et qui ouvrait toujours sa porte quand on l’appelait.

Sa dévotion au Saint Sacrement ne fit qu’augmenter ; il confia un jour : Je t’assure, après cinq minutes que je passe en renouvelant ma foi à Jésus dans le Tabernacle, je me sens revigoré, au point que ce qui me semblait trop difficile, me devient tout facile. Il se levait à cinq heures du matin, pour prier longuement avant de célébrer la messe.

Il écrivit un ouvrage où il démontrait combien Satan est puissant à éloigner les gens de l’Eucharistie, et combien au contraire il fallait mettre en honneur la célébration de l’Eucharistie pour les y attirer. C’est pourquoi il ouvrit plusieurs maisons dans toute l’Italie, pour y fabriquer le vin et les hosties avec les meilleurs produits. Son ouvrage, La Très Sainte Eucharistie combattue par le satanisme, il le distribua lui-même aux nombreux participants du Congrès Eucharistique de Turin en 1894.

Envers la Sainte Vierge, il se montrait filialement dévot. Il alla à Lourdes avant de fonder son Institut ; s’il allait à Rome, il s’arrêtait à Loreto (le sanctuaire qui abrite la sainte Maison de Nazareth, d’après la tradition, et qui est aussi fréquenté en Italie que Lourdes en France).

Don Marchisio prêcha de nombreuses retraites pour répandre ces dévotions, surtout l’eucharistique. Il se déplaça dans toute l’Italie, fut reçu par beaucoup d’évêques et de cardinaux.

La célébration de la Messe était «toute (sa) vie» : il la célébra encore au matin du 14 décembre, et s’éteignit dans son presbytère de Rivalba au matin du 16 décembre 1903.

Ses «Filles» étaient déjà plusieurs centaines et le pape leur confia la sacristie de la Basilique Saint-Pierre. Il reconnut et approuva l’Institut dès 1907.

Don Clemente Marchisio fut béatifié en 1984.

 

 

Florentyn Wacław Koźmiński

1829-1916

 

Florent Wenceslas Jan Stefan naquit le 16 octobre 1829 à Biała Podlaska (Pologne), deuxième fils de Stefan et de Aleksandra Kahlówa, des parents chrétiens. Le père étaitt professeur à l’école des Beaux-Arts, et Wenceslas voulut l’imiter en devenant architecte.

Après ses premières études à Płock, il fit des études d’architecture à Varsovie, alors administrée par la Russie. Mais son père mourut en 1844, et l’adolescent suivit l’exemple des mauvais camarades ; il abandonna toute pratique religieuse, et même afficha des sentiments hostiles à l’Eglise.

En 1846, il échoua en prison, accusé de faire partie d’une organisation secrète patriotique. Mais Dieu l’attendait : le jeune homme réfléchit et, le 15 août 1846, fut touché par une grâce qu’il attribua toujours à la Sainte Vierge et aux prières de sa mère. 

Ayant pris le typhus, il fut libéré dès février 1847. Lors de sa libération, après ces onze mois de prison, il renonça publiquement à son apostasie précédente et entra bientôt dans l’Ordre des Capucins.

Il fit le noviciat à Lubartów, où il prit le nom de Honorat. 

Il fit la philosophie à Lublin, les vœux solennels en 1850, la théologie à Varsovie en 1851 et fut ordonné prêtre en 1852.

Il commença par enseigner la théologie à Varsovie de 1853 à 1855.

Il fut nommé gardien (c’est-à-dire supérieur) du couvent de Varsovie, et exerça un fécond ministère comme confesseur, prédicateur et visiteur des prisons.

Lors d’une nouvelle insurrection en 1864, le gouvernement russe supprima les couvents. Celui des capucins de Varsovie se transféra à Zakroczym, mais tout ministère extérieur était interdit. Le père Honorat confessa et conseilla en restant dans son couvent. Fort de son expérience, il ramena à Dieu les jeunes, discernant de nombreuses vocations. 

Ne pouvant recevoir de novices à cause des dispositions politiques, il transmit cette inspiration toute nouvelle : il conseilla aux jeunes de se consacrer personnellement, sans vœux officiels, sans habit particulier, vivant leur piété et leur consécration dans toutes les situations où ils se trouvaient. 

C’était l’amorce des Instituts séculiers qui se développeront au siècle suivant. Extraordinairement actif, le père Honorat fonda ainsi, de 1873 à 1896, jusqu’à vingt-sept associations affiliées au Tiers-Ordre franciscain, qu’il soumit à l’épiscopat polonais.

Confesseur assidu, il fut nommé commissaire général de l’Ordre des Capucins pour toute la Pologne en 1899. Fervent de la Très Sainte Vierge, à qui il devait sa conversion, il en répandit la dévotion. Il rédigea des articles et enseigna la théologie ascétique.

Quand la pression russe se relâcha un peu en 1905, les évêques prirent en main ces associations pour les structurer. Ils mirent un peu à l’écart le père Honorat, mais celui-ci se soumit humblement, demandant à tous les membres d’accepter les dispositions de l’Eglise. Il passa désormais le reste de sa vie à confesser.

Malade, plein d’années, de douleurs et de mérites, il s’éteignit à la vie de ce monde à Nowe Miasto nad Pilicą, le 16 décembre 1916, et fut béatifié par le pape polonais, Jean-Paul II, en 1988.

 

Voici les noms approximatifs (traduits du polonais) des vingt-sept «associations» fondées par le père Honorat. En italique, celles qui n’ont pas duré ou ont été absorbées par d’autres congrégations. 

  1. Sœurs Servantes des Paralytiques
  2. Servantes du Sacré-Cœur de Jésus
  3. Franciscaines de la Souffrance
  4. Servantes de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée
  5. Filles de Notre-Dame des Douleurs
  6. Servantes de l’Hôpital
  7. Sœurs de Jésus
  8. Sœurs de Saint-Martin
  9. Frères de Marie Immaculée
  10. Servantes de Jésus
  11. Filles du Cœur Immaculé de Marie
  12. Prêtres séculiers
  13. Sœurs du Saint Nom de Jésus et de Marie, Secours des Chrétiens
  14. Sœurs des Pauvres de Sainte-Claire
  15. Petites Sœurs du Cœur Immaculé de Marie
  16. Sœurs Adoratrices de l’Expiation
  17. Sœurs de la Sainte Face
  18. Sœurs Evangéliques
  19. Filles de Notre-Dame de Czestochowa
  20. Sœurs des Ames du Purgatoire
  21. Filles de Jésus Crucifié
  22. Filles de Marie Immaculée
  23. Fils de Notre-Dame des Sept Douleurs
  24. Sœurs du Sacré-Cœur de la Consolation
  25. Serviteurs de la Sainte-Famille
  26. Servantes de la Mère du Bon Pasteur
  27. Sœurs du Doux Cœur de Jésus

 

 

Philip Siphong Onphithakt

1907-1940

 

Dans les années 1940-1944, les officiels bouddhistes expulsèrent du Siam les missionnaires étrangers, forçant les catholiques à l’apostasie.

Cette persécution fut particulièrement intense à Songkhon (Mukdahan). Quand les prêtres partirent, ils confièrent la mission à Philip.

Philip était né le 30 septembre 1907 à Nong Seng (Nakhon Phanom, Thaïlande). Son nom signifie Grand arbre. Il était marié et avait cinq enfants. 

Maître d’école et catéchiste, il avait donc une très grande influence sur tous les enfants. Les autorités pensaient qu’en l’éliminant, ils forceraient le reste des paroissiens à apostasier.

Le 16 décembre 1940, ils le menèrent en-dehors du village et l’abattirent.

Ce martyre eut lieu à Muang Phaluka (Nakhon Phanom). 

En réalité, cette mort stimula le courage des paroissiens. On verra comment deux Religieuses et quatre femmes, entre onze et soixante ans, préférèrent la mort à l’apostasie, le 26 décembre suivant.

Philip et les six autres Martyres furent béatifiés en 1989.

 

 

Jean Wauthier

1926-1967

 

Jean Wauthier naquit le 22 mars 1926 à Fourmies (Nord), un des trois enfants d’un directeur de filature.

Il reçut le baptême le 25 mars suivant, jour de l’Annonciation à Marie, en la paroisse Notre-Dame : sa naissance et sa vie chrétienne auront véritablement été marqués par la présence de Notre-Dame.

En 1938, il entra au Petit séminaire de Solesmes (Nord, différent de la bourgade du même nom en Sarthe).

Mais en 1940, avec sa famille, il fut contraint de suivre l’exode de la population et se retrouva au Petit séminaire de Notre-Dame de Bon-Encontre, au diocèse d’Agen (Lot-et-Garonne), où il restera jusqu’en juin 1944.

Comme il l’écrivit à son Supérieur, Jean fut toujours attiré par les missions au Laos et c’est pour cette raison qu’il entra au noviciat des Pères Oblats de Marie Immaculée (OMI) à Pontmain (Mayenne), en 1944.

Ce furent ensuite les deux années de Philosophie, qu’il passa à La Brosse-Montceaux (Seine-et-Marne), puis à l’abbaye de Solignac (Haute-Vienne).

Au terme de ces deux années, il fit ses douze mois de Service militaire, dans le corps des parachutistes.

Après cette interruption, il rejoignit les quelque cent jeunes du scolasticat de Solignac pour les quatre années de Théologie. En plus de ces études, il participa à la reconstruction de cette vieille abbaye, maniant avec ardeur la brouette, la pelle, la truelle. Jean fera remarquer qu’il ne fut jamais malade durant le Scolasticat et que les travaux manuels parfois pénibles de ces six années et (son) service militaire dans les parachutistes semblent montrer qu’il possédait une bonne résistance physique. 

Le 8 décembre 1949, fête de l’Immaculée Conception de Marie, il prononça ses vœux perpétuels.

Encore un peu de temps pour se préparer à son départ en mission. En février 1952, il fut ordonné prêtre. En octobre de la même année, il parvenait au pays de ses rêves, le Laos.

Si ce pays acquit son indépendance en 1953, il sera déchiré par diverses factions militaire ou paramilitaires qui s’affrontaient, et ce toujours au détriment des populations qui se déplaçaient à la recherche de quelque endroit moins exposé. Le père Wauthier, qui avait déjà connu l’exode de 1940, les suivra aussi dans leurs déplacements.

Jean aura l’idée de réaliser pour ces populations des conduites d’eau avec des bambous. Outre la proclamation du message évangélique, Jean était tour à tour infirmier, linguiste, ingénieur…

La guerre s’intensifiait. En 1960, fut assassiné le père Borzaga (v. 25 avril). Dès 1961, Jean fut retiré de ce secteur dangereux et passa deux années au séminaire des OMI à Paksane.

En 1963, il put rejoindre ses villageois. Il accompagnait les candidats catéchistes à Ventiane et s’occupait de répartir l’aide humanitaire qu’il recevait au profit des populations victimes de la guerre : récoltes anéanties, pénurie de médicaments, nombreuses mines cachées sur les routes. Ses rapports avec les «autorités» responsables se tendirent, quand il chercha à défendre ouvertement ses amis du village contre ceux qui pillaient littéralement les vivres distribuées.

Jean comprit qu’on lui en voulait ; un soir qu’il se déplaçait avec deux enfants et quelques catéchumènes, il fut atteint d’une balle à la nuque et de trois autres en pleine poitrine. Les enfants purent s’enfuir - et raconter ce qu’ils avaient vu et entendu.

C’était au soir du 16 décembre 1967, quelques jours avant Noël, à Ban Na (Xieng Khouang). Jean avait quarante-et-un ans.

Il a été béatifié le 11 décembre 2016, parmi dix-sept Martyrs du Laos.

Son dies natalis sera le 16 décembre dans le Martyrologe Romain.

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