07 NOVEMBRE
I.
S Prodoskimos, premier évêque présumé à Padoue, dont il est le patron.
S Restitut, premier évêque à Saint-Paul-Trois-Châteaux ; il serait l'aveugle-né de l'évangile, comme s. Sidoine à Saint-Maximin : ou il avait deux noms, ou il y avait deux aveugles-nés.
III.
S Athenodoros, évêque à Néocésarée, frère de s. Grégoire le Thaumaturge.
S Amaranthus, martyr près d'Albi.
SS Hieron, Nicandros, Hesychios, martyrs à Mélitène avec trente autres.
IV.
S Léopard, évêque à Osimo.
S Ruf, évêque à Metz.
SS Mélasippe et Carine, avec leur fils Antoine, tous trois martyrs à Ancyre.
VI.
S Herculanus, évêque martyr à Pérouse ; après la prise de la ville par les Goths, on le décapita puis on lui arracha une bande de peau de la tête aux talons et on le précipita du haut des murs : un mois après sa sépulture, on retrouva son corps intact.
S Baldus, évêque à Tours, ancien référendaire de Clotaire et père de plusieurs fils avant son élection ; il échappa à un naufrage par l'intercession de s. Martin.
S Congar, ermite en Pays de Galles, fondateur de monastères ; il aurait été le fils d'un empereur de Constantinople, et voulu échapper aux honneurs de la cour.
VII.
S Florent, évêque à Strasbourg ; il serait venu d'Ecosse s'installer à Haslach, où il gardait les bêtes sauvages dans un enclos, leur défendant d'aller ravager les récoltes alentour.
S Agmer, évêque à Senlis.
Ste Gébétrude, abbesse à Remiremont.
S Trémeur, martyr en Bretagne ; son histoire est aussi étrange qu'horrible : sa mère enceinte fut assassinée par son mari et ressuscitée par s. Gildas ; plus tard, il fut à son tour tué par son père.
VIII.
S Willibrord, moine anglais, disciple de s. Wilfrid, évêque à Utrecht, fondateur de monastères à Echternach, Susteren, Murbach.
X.
S Blinlivet, évêque à Vannes.
XI.
S Lazaros le Galisiote, ermite puis moine en Palestine, stylite en Asie Mineure ; il dut changer quatre fois de lieu, et construire des monastères pour ses disciples.
XIII.
S Engelbert, évêque à Cologne et martyr ; aussi énergique que violent, il ne passait pas pour saint, mais aurait fait des miracles après sa mort.
XVIII.
S Antonio Baldinucci, jésuite italien, prédicateur très actif et efficace dans le Latium.
SS Jacinto Castañeda Puchasóns, espagnol, et Vinh Son Lê Quang Liêm, tonkinois, prêtres dominicains martyrs, canonisés en 1988 et fêtés le 24 novembre.
XIX.
S Baiduo Wu Guosheng, laïc chinois martyr, canonisé en 2000 et fêté le 9 juillet.
XX.
S Vincenzo Grossi (1845-1917), prêtre près de Crémone, fondateur des Filles de l'Oratoire, pour la formation des filles, canonisé en 2015.
Bx Martyrs espagnols de 1936 :
- béatifiés en 2007 :
Dominicains : près de Madrid, les prêtres Alfredo Fanjul Acebal, Juan Mendibelzúa Ocerín, Vicente Rodríguez Fernández, Isabelino Carmona Fernández (*1867, 1878, 1897, 1908) ; le clerc José Delgado Pérez (*1917) ;
Salésiens : près de Madrid, le clerc Manuel Martín Pérez (*1904) ;
- béatifiés en 2011 :
Oblats de Marie Immaculée : près de Madrid, le prêtre José Vega Riaño (*1904), et le clerc Serviliano Riaño Herrero (*1916) ;
- béatifiés en 2013 :
Capucins : près d’Alicante, le prêtre Andrés Francisco Simón Gómez (Eloy, *1876) ;
Hiéronymites : près de Madrid, le prêtre Manuel Sanz Domínguez (de la Sainte-Famille, *1887) ; il avait restauré cet Ordre ; il mourut «entre le 6 et le 8 novembre» ;
- béatifiés en 2017 :
Lazaristes : à Madrid, les frères Gil Belascoain Ilarragorri et Victoriano Reguero Velasco (*1883, 1902).
Prodoskimos de Padoue
1er siècle ?
Selon une certaine tradition - c’est là toute notre information - Prodoskimos aurait été consacré évêque par s.Pierre et envoyé évangéliser la ville et la région de Padoue.
Prodoskimos signifie en grec l’attendu. De ce nom, on aura déduit que Prodoskimos aurait eu des origines grecques.
Comme premier Pasteur de cette région, il fut un infatigable prédicateur et aurait administré le Baptême à un grand nombre de personnes.
Entre autres, sainte Justine (v. 7 octobre) aurait été de ceux qui reçurent de lui ce sacrement. On a vu, le jour de sa fête, quel problème soulevait cette perspective : sainte Justine vécut peut-être seulement au troisième siècle…
Prodoskimos aurait aussi évangélisé la ville et les environs de Belluno, après Hermagoras (v. 12 juillet).
Finalement, notre Héros serait mort à un âge fort avancé, mais non martyr.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Prodoskimos de Padoue au 7 novembre.
Athenodoros de Néocésarée
3e siècle
Athénodore était le jeune frère de Grégoire le Thaumaturge (v. 17 novembre). Ils avaient aussi une sœur. Leurs parents, païens, étaient fort riches.
On connaît beaucoup plus Grégoire qu’Athenodoros, qui vécut toujours dans le sillage de son frère aîné.
Grégoire avait quatorze ans à la mort de son père. C’est sa mère qui le poussa à approfondir le droit. Les deux frères allèrent étudier le droit à Beyrouth, puis les lettres à Césarée de Palestine. C’est ainsi qu’ils connurent Origène et son école.
Grégoire et Athenodoros étaient naturellement attirés par les auteurs grecs et latins, mais Origène leur passa l’amour de la Vérité et les conduisit dans les voies de la perfection spirituelle. C’est apparemment là qu’ils reçurent le baptême, sans qu’on puisse déterminer mieux leur âge.
Cette formation dura cinq (ou même huit) années, durant lesquelles ils approfondirent l’Ecriture. Leurs progrès furent tels, qu’on les jugea dignes de recevoir l’épiscopat, bien qu’ils fussent encore fort jeunes.
On ne connaît pas l’activité pastorale des deux Evêques. On dit des deux qu’ils furent «évêques de Néocésarée» (Pont, auj. Niksar, sur la Mer Noire, Turquie CN) ; tous deux participèrent au concile d’Antioche de 264, où fut condamné Paul de Samosate. Tandis qu’on a connu un certain nombre d’œuvres de Grégoire, on n’a rien d’Athenodoros.
Athenodoros fut peut-être évêque auxiliaire de son Frère. On ne connaît la date de la mort ni de l’un ni de l’autre.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Athenodoros de Néocésarée au 7 novembre.
Amaranthus d’Albi
3e siècle
Amaranthus (Amarand) aurait été martyrisé à Albi.
Même les contemporains oublièrent vite Amaranthus, car son tombeau resta longtemps jonché de ronces et d’épines.
Cependant, s.Grégoire de Tours (v. 17 novembre) raconte ce miracle étonnant : quand on eut remis en honneur ce tombeau, les cierges qu’on y apportait s’allumaient d’eux-mêmes. Le miracle cessa lorsqu’on commença à construire des habitations à proximité : les habitants pouvaient alors fournir du feu pour allumer les cierges.
Amaranthus aurait été mis à mort au troisième siècle, on ne sait par qui, ni pourquoi, ni comment.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Amaranthus d’Albi au 7 novembre.
Hieron de Mélitène
3e siècle
Il s’agit ici d’un Martyr de Mélitène (Cappadoce, act. Malatya, Turquie C).
Hieron reçut la palme du martyre avec des Compagnons, dont deux se seraient nommés Nikandros et Hesychios.
Le groupe serait au nombre de trente-trois, ou de cinquante.
Ils auraient été mis à mort à la fin du troisième siècle.
Le Martyrologe Romain mentionne saint Hieron de Mélitène au 7 novembre.
Herculanus de Pérouse
† 549
On n’a pas de documents sûrs des quatre premiers évêques de Pérouse. Herculanus, le cinquième, est le premier dont on ait des certitudes.
Il était évêque de Pérouse lorsque Totila et ses Ostrogoths assiégèrent la ville pendant presque deux années (547-549) ; les vivres étaient épuisées.
Herculanus, dit-on, fit ostensiblement donner au dernier agneau qui restait, le dernier sac de grain de la ville, une vieille ruse utilisée pour faire croire à l’ennemi qu’il y avait encore bien assez de nourriture, puisqu’on pouvait en gâcher pour les bêtes. Mais Totila prit tout de même la ville d’assaut.
L’évêque fut capturé ; Totila aurait donné l’ordre de l’écorcher vif totalement, mais le bourreau chargé de cette corvée décapita d’abord la Victime, et l’écorcha ensuite d’une bande de peau de la tête aux pieds. Le corps et la tête furent alors précipités au pied du mur de la ville.
Quarante jours plus tard, voulant ensevelir dignement leur évêque, les habitants s’aperçurent que le corps et la tête étaient parfaitement réunis sans aucune trace de blessure.
Saint Herculanus de Pérouse est commémoré le 7 novembre dans le Martyrologe Romain.
Baldus de Tours
† 552
Baldus (Baud) était le référendaire du roi Clotaire 1er : il était donc à la tête de la chancellerie royale et avait la garde du sceau royal.
Marié, il eut des enfants.
D’après son historien (s.Grégoire de Tours, son troisième successeur, v. 17 novembre), il échappa un jour à un naufrage, en recourant à l’intercession de s.Martin (v. 11 novembre).
En 546, peut-être veuf et, de toutes façons, libre des obligations paternelles envers ses enfants désormais adultes, il fut nommé seizième évêque de Tours.
Un de ses premiers actes fut de distribuer aux pauvres l’or ammassé par son prédécesseur ; Iniuriosus en effet (c’était son nom) avait laissé un trésor de vingt mille sous d’or, que Baud, en toute honnêteté, ne pouvait conserver chez lui, quand il y avait tant de misères à soulager.
Il fit construire une nouvelle paroisse au bourg de Neuillé et institua la mensa canonica : une cuisine qui préparait les repas que les clercs prenaient désormais ensemble.
Baud mourut un 7 novembre, vers 552.
On prit l’habitude de l’invoquer pour obtenir la pluie.
Saint Baldus de Tours est commémoré le 7 novembre dans le Martyrologe Romain.
Congar
6e siècle
Il est bien difficile de savoir de qui l’on parle à propos de saint Congar.
Qu’il ait existé, ne fait aucun doute. Mais on a du mal de s’y retrouver en lisant les textes, si différents, qui en parlent, au point qu’on a supposé avoir affaire avec (au moins) quatre Saints du même nom. Voici un petit condensé de ce qu’on peut retenir.
Congar (Kongar, Congard, Gyngar en gallois) aurait été un fils de roi ou même d’un empereur de Constantinople, qui, fuyant les honneurs de la cour, serait venu pratiquer la vie érémitique en Grande-Bretagne.
Il aurait ensuite fondé un monastère en Irlande, Bangor, ou plusieurs monastères, dans le Devonshire.
Il aurait reçu l’Onction des Malades des mains de s.Fiacre (v. 30 août, à moins qu’il s’agisse d’un homonyme) et serait mort après de douloureuses souffrances, à Bangor (vers 600).
Saint Congar est commémoré le 7 novembre dans le Martyrologe Romain. Il n’est donc pas exact d’affirmer qu’il est non reconnu officiellement par l’Eglise catholique romaine.
Florent de Strasbourg
† 693
Les recherches historiques permettent de corriger certaines données qu’on trouve dans des livres du siècle dernier.
Florent serait né en Ecosse, fait assez peu probable.
On croit qu’il serait venu s’installer comme ermite à Haslach (Alsace) et qu’il aurait été au service de la dynastie des Etichonides.
Une histoire très aimable raconte que Florent rassembla dans un enclos toutes les bêtes sauvages de la région, leur intimant l’ordre de respecter les récoltes des paysans.
Un jour que les chasseurs de Dagobert 1er tentèrent d’abattre des bêtes, n’y réussissant pas, ils battirent Florent. Mais en partant, ils s’embourbèrent et n’eurent la vie sauve que grâce à l’intervention de Florent.
Dagobert fit venir Florent pour guérir sa fille aveugle et muette. La difficulté de ces rapports avec Dagobert, est que ce dernier mourut en 639, quand Florent ne pouvait être qu’un enfant. Dagobert II mourut assassiné à vingt-sept ans (679), n’ayant régné que trois ans.
Florent serait ensuite devenu le quatorzième évêque de Strasbourg, où il fut nommé en 678.
La mort de Florent se situe vers 693.
Dès le Moyen-Age, on invoqua s.Florent pour protéger le bétail, ainsi qu’en cas de maladie digestive.
Saint Florent de Strasbourg est commémoré le 7 novembre dans le Martyrologe Romain.
Willibrord d’Utrecht
658-739
Les parents de Willibrord lui donnèrent un nom d’assonance païenne, Willibrord signifiant : que le dieu Willi te protège. Mais ce furent d’excellents chrétiens. Le père, Wilgils, noble de Northumbrie, distribua à la fin de sa vie tous ses biens aux pauvres et alla se retirer dans un ermitage qu’il s’était construit. Ce fut le début d’une vie monastique où d’autres compagnons le rejoignirent.
Willibrord, lui, naquit le 6 novembre 658, et fut bientôt mis sous la tutelle d’un grand saint, l’abbé Wilfrid de Ripon. Quand Wilfrid, tout en restant abbé à Ripon fut chargé du siège épiscopal de York, ce fut le prieur du monastère, Ceolfrid, qui s’occupa de Willibrord.
En 678, Wilfrid dut partir pour Rome, et Willibrord partit pour l’Irlande, à Rathmelsigi, où il se mit sous la direction de l’abbé Egbert. Après douze années, il reçut le sacerdoce.
En 690, l’abbé Egbert choisit douze de ses moines, Willibrord en tête, pour aller évangéliser les Frisons. Une fois arrivés dans la région des Pays-Bas, Willibrord voulut aller demander au pape l’approbation de sa mission. Ce que fit Serge 1er avec grande joie.
Willibrord s’établit à Anvers. Dès 695, le même Serge 1er consacra évêque Willibrord comme archevêque des Frisons. A l’occasion, il ajoutait à son nom celui de Clément (Clément 1er pape), qui se fêtait le 23 novembre, lendemain du sacre.
Le siège du nouvel archevêque fut alors à Utrecht.
Puis Willibrord étendit les bâtiments du monastère d’Echternach (région du Luxembourg), où il se rendait volontiers entre ses courses apostoliques.
En 699, Willibrord essaya de pousser l’apostolat en direction du Danemark, mais rencontra une certaine résistance du roi Ongend ; il profita tout de même de son voyage pour acheter trente jeunes esclaves indigènes qu’il fit embarquer avec lui pour les instruire et les baptiser. Il n’y eut pas d’autres missions au Danemark pendant tout un siècle.
Une des méthodes qu’utilisait Willibrord pour convaincre les païens, était de détruire leurs idoles en leur démontrant qu’ils n’en recevaient aucun maléfice, car
Les idoles des païens sont or et argent, une œuvre de mains d’hommes ; elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas. Elles ont des oreilles et n’entendent pas, par le moindre souffle en leur bouche (Ps 135:15-17).
En 703, Willibrord eut la joie de recevoir Wilfrid d’York qui l’honorait d’une visite pour lui montrer l’intérêt qu’il portait à ces missions en Frise. Willibrord organisa méthodiquement son grand diocèse. Malheureusement, le prince Radbod, dans un de ses accès de colère, détruisit tout le travail de Willibrord à Utrecht. Il fallut patiemment tout reconstruire à partir de 719, quand Charles Martel eut soumis les Saxons puis les Frisons. Saint Boniface vint l’aider aussi pendant quelque temps.
Les années passant, et le travail augmentant, Willibrord eut l’idée de consacrer des évêques auxiliaires, qui eurent le titre de Chorévêques, pouvant circuler librement, sans être attachés à un territoire particulier.
Willibrord fonda encore d’autres monastères : Susteren (Limbourg, 714), Murbach (Alsace, 728).
Il mourut le 7 novembre 739 à Echternach, au lendemain de son quatre-vingt-unième anniversaire en ce monde.
Saint Willibrord a été vénéré dès après sa mort, et inscrit au Martyrologe le 7 novembre.
En 1940, il a été proclamé Patron de la province ecclésiastique d’Utrecht.
Leon Lazaros le Galisiote
968-1054
Leon naquit en 968 dans un village proche de Magnésie du Méandre (Ionie, act. Tekin, Germencik, Aydin, Turquie SO).
A six ans déjà, il fut confié à un prêtre ; à neuf ans, à un notaire ; à douze ans, à son oncle Elias, un moine des Kalathon.
Enflammé du désir de voir la Terre où vécut Jésus-Christ, il fuga par trois fois du monastère. A chaque fois, l’oncle réussit à le faire revenir, mais la troisième fois, Leon commença par demander sa bénédiction à un moine stylite et le voilà parti.
A-t-il désobéi ? A-t-il suivi un conseil d’En-haut ? On verra plus tard ce qu’il pensait de ses échappades.
Près d’Attalia, il reçut l’habit religieux ; c’est sans doute là qu’il prit le nom de Lazaros.
Il commença par faire une longue retraite dans une grotte, pendant sept ans, avant de rejoindre enfin Jérusalem, où on l’accueillit dans la laure de Saint-Sabas ; Lazaros fit un autre essai à Saint-Euthyme, mais revint à Saint-Sabas, où il fut ordonné prêtre. L’invasion des Sarrasins provoqua la panique, et Lazaros partit pour son pays.
Poursuivi par l’idéal de la solitude, il s’installa sur une colonne non loin d’Ephèse. Après quelque temps, il en retira le toit. Dormant peu, se contentant de pain d’orge sec, de quelques légumes et d’un peu d’eau, il s’attira involontairement des amis. On lui demanda l’habit monastique. Des cellules furent construites autour de lui.
La solitude recherchée étant bien compromise, Lazaros s’enfuit de nuit et, sur le conseil d’un autre moine stylite, rejoignit une grotte du mont Galision, qui avait été habitée par un certain Paphnuce. L’évêque d’Ephèse aurait préféré le voir réintégrer sa colonne, mais Lazaros se sentit poussé par Dieu vers la solitude et s’installa sur une nouvelle colonne, où quelques compagnons lui apportaient sa mince nourriture. Cela durera douze années.
Une «pieuse» femme prétendit s’installer près de cette colonne ; comme elle refusait de partir de là, Lazaros alla s’installer sur une autre colonne, plus haut dans la montagne, sous la protection de la Vierge Marie.
En face de cette (troisième) colonne, Lazaros fit construire un oratoire où un prêtre viendrait célébrer les Saints Mystères. Il se déplaça encore, une dernière fois, sur une quatrième colonne, plus haute, mais qui lui attira encore une fois des fils spirituels : une quarantaine de moines viendront s’installer là, formant le monastère de la Sainte-Résurrection.
La Règle était assez sévère. Lors d’une fête de Saint, on proposa à Lazaros d’améliorer un peu l’ordinaire, mais lui : Ce saint s’est sanctifié non par une vie confortable, mais par les jeûnes et les veilles ; il nous faut imiter cette vie.
Un des moines avait tendance à sommeiller durant l’office. Pour le guérir, Lazaros lui dit : Si je dors, frappe-moi avec le roseau ! Du coup le moine fut attentif, et guéri de sa somnolence. Un jour cependant, il crut devoir «obéir» à Lazaros qui, âgé, retenait difficilement sa tête droite ; mais un autre moine retint le bras du disciple trop zélé qui, devenu vieux à son tour, remerciait Dieu de n’avoir pas touché le vénérable Père.
Une femme vint se plaindre des mauvais traitements reçus de son mari et voulait le quitter. Lazaros lui conseilla d’entrer dans un monastère : le mari se fit moine (inutile de préciser qu’il s’était repenti de sa dureté).
Pour encourager ses disciples, il leur répétait : Dieu ne vous demande pas autre chose que de rendre grâces, d’être patients, et de ne pas retourner en arrière vers ce dont vous êtes sortis, mais de vous affermir où sa grâce vous a amenés, attendant chaque jour la séparation de l’âme et du corps. Si la mort vous trouve ainsi, méditant, réfléchissant, n’ayez pas peur !
C’est ici que nous trouvons sa pensée sur ses premiers pèlerinages à Jérusalem. Une pieuse femme de Constantinople, voulant pérégriner à Jérusalem, s’était déguisée en moine et s’arrêta auprès de Lazaros. Il ne fut pas dupe : Femme, retourne à l’endroit d’où tu es partie. Ne recommence plus, car à ta faute matérielle s’ajouterait une faute spirituelle. Sache que là où l’on se conduit bien, là est Jérusalem.
Et encore :
Rien ne peut nuire à celui qui obéit.
Nous sommes en plomb : nous fondons sous les compliments.
Lazaros portait une petite tunique de peau, tête et pieds nus. Sa vie était faite de jeûnes, de veilles, de chaînes, de froid et chaud, nuit et jour. Une gouttière qui descendait de la cellule servait aux petites bêtes à grimper : Lazaros était envahi de poux, de punaises, de fourmis. Il supportait tout dans l’attente de la Résurrection.
Huit jours avant sa mort, Lazaros dicta la Règle définitive qu’il voulait laisser aux moines.
Au moment de mourir, il leva un peu sa main droite pour bénir une dernière fois les moines réunis, et l’un d’eux lui guida la main pour parapher la Règle.
Il mourut un dimanche, le jour de la Résurrection, le 7 novembre 1054, l’année du Grand Schisme d’Orient.
Saint Lazaros le Galisiote est commémoré le 7 novembre dans le Martyrologe Romain.
Engelbert de Berg
1185-1225
Engelbert était le cadet d’une famille issue des comtes de Berg, qui donnèrent en un siècle cinq évêques à Cologne.
Il naquit vers 1185 et fut nommé prévôt de Saint-Georges de Cologne, alors qu’il n’était qu’un enfant. Quand mourut le prévôt de la cathédrale (1199), l’archevêque le préconisa, mais il fallut tenir compte des prétentions d’un autre candidat, et l’affaire traîna à la cour pontificale. En 1203, Engelbert était devenu sous-diacre, avait acquis à lui quelques chanoines, et fut élu.
En 1205, l’archevêque de Cologne fut excommunié pour avoir sacré empereur le candidat rival de celui qu’appuyait le pape ; Engelbert fut à son tour excommunié, ayant soutenu l’archevêque. A la mort de l’empereur et de l’archevêque de Cologne, l’excommunication d’Engelbert tombait d’elle-même. Il fut absous.
Pour obtenir l’indulgence promise aux croisés, il s’engagea pour quarante jours - durée minimum exigée - dans la campagne contre les Albigeois (1211).
A la suite de nouveaux troubles, c’est Engelbert qui fut alors choisi pour monter sur le siège de Cologne, en 1216.
Dès lors, Engelbert ne ménagea pas sa peine pour imposer, même par la force, le droit et la loi dans le diocèse. Il fit deux campagnes contre le duc de Limbourg pour l’obliger à restituer des terres illégalement acquises ; il occupa un château sur la Moselle et le conserva, malgré l’avis contraire du pape ; il intervint dans l’élection de l’abbesse de Willich : malgré les juges envoyés par le pape, il occupa l’abbaye, en perçut les revenus jusqu’à confirmation de celle qu’il favorisait.
Dans son diocèse proprement-dit, il accueillit favorablement les frères dominicains et franciscains.
En 1220, l’empereur Frédéric, voulant s’installer en Italie, confia à Engelbert le gouvernement de la Germanie.
Une telle énergie ne pouvait pas rester sans susciter des oppositions. Lors d’un déplacement pour aller consacrer une église, Engelbert fut entouré traitreusement et mortellement frappé.
On ne peut qualifier cette mort de «martyre». Comme le mentionne le Martyrologe Romain, Engelbert fut assassiné le 7 novembre 1225.
Fut-il inspiré dans ses choix, dans ses interventions ? On pourrait discuter sur les vertus héroïques de ce soldat sans scrupules. Mais d’autres faits se produisirent post mortem : on rapporte que plusieurs personnalités, après avoir exprimé leur désappointement sur la «sainteté» d’Engelbert furent gravement frappés de maladie, d’infirmité, et ne guérirent miraculeusement qu’après avoir demandé pardon au Défunt. Engelbert jouissait donc si peu d’un renom de sainteté universelle qu’après sa mort encore il devait punir ses détracteurs, quitte à leur pardonner s’ils venaient à résipiscence. Mais ses partisans n’hésitaient pas à parler de son «martyre».
Finalement il arriva dans les pages du Martyrologe, qui rappelle son combat pour les libertés de l’Eglise.
Antonio Baldinucci
1665-1717
Antonio naquit le 13 juin 1665 à Florence, cinquième fils de Filippo et Caterina Scolari, de très bons parents, et illustres : Filippo appartenait à l’Accademia della Crusca (notre Académie Française). Antonio qualifia lui-même sa pieuse mère de petite sainte.
Il reçut au baptême le nom du Saint du jour, Antonio de Padoue ; Filippo en aurait d’ailleurs reçu une grâce particulière de guérison.
Le frère aîné d’Antonio devint prêtre dominicain ; le quatrième, prêtre diocésain. Antoine entra chez les Jésuites, qui lui semblèrent les plus indiqués pour le salut des âmes.
Ses bonnes qualités le firent admettre à seize ans au noviciat. Il étudia à Rome et exprima son désir de partir aux missions lointaines, en Inde ou au Japon.
En attendant, on le faisait déjà prêcher sur les places de Rome, avant même sa profession solennelle.
Malheureusement, il n’avait pas une santé solide, et ses missions lointaines furent en réalité l’Italie centrale.
En 1692, malade, il fut soigné au tabac chiqué et fumé, remède efficace pour l’époque, et qui ne contenait pas les substances nocives qu’on lui a ajoutées par la suite.
Antonio était un actif : il pouvait parcourir ses soixante-dix kilomètres chaque jour. A peine remis, il parcourut les campagnes de la zone de Frascati (environs de Rome) et combla son auditoire de sa méthode énergique : pieds nus, flagellation sur les épaules découvertes, catéchismes, conférences, processions (parfois trois par jour), chaînes au pieds, corde au cou… Tout cela ne manquait pas de frapper les gens, qu’il réveilla de la torpeur spirituelle.
Lors d’une mission en 1708, il se sentit près de la mort, assailli de douleurs si graves qu’il (lui) fallut en deux jours prendre les saints sacrements de viatique et d’extrême onction. Et comme pour tout (il était) rapide, le cinquième jour (il se trouvait) libre pour recommencer les fonctions interrompues.
Une autre fois, l’hiver 1709, il fallit rester comme congelé sur la route. Là encore, il retrouva des forces.
Exténué de ses longues péripéties, il s’éteignit à Pofi le 7 novembre 1717. Ses dernières paroles furent : Paradis, ô Paradis, ô belle patrie (d’un chant populaire).
Il fut béatifié en 1893.
Vinh-Sơn Lê Quang Liêm
1732-1773
Vinh Sơn (Vincent) était né vers 1732, à Trà Lũ (Nam Định, Vietnam), de Antôn et Monica.
Il entra au séminaire à douze ans en 1744. Ses bons résultats encouragèrent le père Espinosa, un dominicain, à l’envoyer faire des études solides à Manille, au collège Saint-Jean-de-Latran.
Reçu dans l’Ordre dominicain, il fit la profession avec le nom de Vincent de la Paix et fut ordonné prêtre en 1759.
Il enseigna d’abord au séminaire, puis fut en paroisse à Quất Lâm, Lục Thủy, Trung Lễ, Trung Lao.
Il fut arrêté en même temps que le père Jacinto Castañeda Puchasóns (voir la notice).
Il allait être le premier prêtre dominicain vietnamien à subir le martyre.
Etant vietnamien, il n’aurait pas dû être condamné à la décapitation, réservée aux étrangers, mais il insista pour mourir de la même façon que le père Jacinto. Tous deux marchèrent ensemble vers leur supplice, alternant les versets du Credo et du Salve Regina et furent décapités à Ɖồng Mơ (Ha Tay, Vietnam), le 7 novembre 1773.
Le père Vinh-Sơn été béatifié en 1908, et canonisé en 1988.
(Félix) Jacinto Castañeda Puchasóns
1743-1773
Il naquit à Játiva (Valencia, Espagne) le 13 novembre 1743 (ou peut-être le 13 janvier ?), de José et de Josefa María. Il fut baptisé en réalité avec les noms de Félix, Tomás, Joaquín, Tadeo.
Entré au couvent dominicain de cette ville, c’est là qu’il prit le nom de Jacinto, par dévotion à saint Hyacinthe de Pologne, un autre Dominicain (v. 17 août).
En 1761, les provinces dominicaines européennes reçurent une demande des Philippines, où l’on avait besoin de jeunes recrues disposées à donner leur vie pour l’Evangile. Jacinto fut de ceux qui y répondirent, quoique pas encore ordonné prêtre.
Il fut envoyé à Manille en 1762 et y acheva ses études avant d’être ordonné prêtre, en 1765. Très intelligent, doué de grandes qualités et vertus, il fut envoyé en Chine.
Il commença par apprendre le chinois à Macao, et se lança dans l’apostolat, volant au secours des pauvres et des malades.
En juillet 1769, selon son propre récit, il fut arrêté de nuit sur dénonciation d’un chrétien apostat, et conduit en prison avec son confrère, le père Lavilla. Ils subirent quatorze interrogatoires devant dix mandarins, en même temps que d’autres chrétiens, dont certains apostasièrent (ou feignirent de le faire) ; on essaya de les incriminer pour viols ou autres délits de ce genre, mais personne ne put avancer la moindre preuve, évidemment. Ils finirent pas être condamnés à l’exil, avec menace de la peine de mort s’ils osaient rentrer dans la région, tandis que ceux qui les avaient hébergés étaient condamnés à quarante coups de fouet et deux mois de cangue. On les libéra le 3 octobre et ils purent rejoindre Macao. Pour tous ces «bienfaits», commentait le père Jacinto, bénie soit la divine Majesté.
Un missionnaire dans l’âme, comme l’était le père Jacinto, ne peut rester inactif. La porte de la Chine se fermait : il entrait par celle du Vietnam, où il arriva en février 1770.
Là il œuvra encore très activement pendant trois années, malgré les fatigues et la maladie.
En juillet 1773, il voulut porter le sacrement des malades à un infirme, malgré sa très mauvaise santé. Au retour, sa barque fut espionnée et suivie par une autre de soldats. Jacinto jeta les saintes huiles dans l’eau, gagna la rive et chercha à fuir, mais il tomba plusieurs fois, vaincu par la fièvre. Un peu plus loin il fut arrêté avec son Collègue, le père Vinh-sơn Lê Quang Liêm et le catéchiste qui les accompagnait.
On les mit dans des cabanes où ils ne pouvaient pas se tenir debout, pendant plus de trois mois. Le 4 novembre, on les condamna à la décapitation. Au catéchiste qui lui apportait la nouvelle, le père Jacinto répondit : Le Seigneur m’accorde aujourd’hui une grande joie.
Il fut martyrisé avec l’autre prêtre à Ɖồng Mơ (Ha Tay, Vietnam) le 7 novembre 1773.
On conservait le corps du Martyr, mais un bombardement a détruit ces reliques durant la Deuxième guerre mondiale.
Le père Jacinto a été béatifié en 1908, et canonisé en 1988.
Baiduo Wu Guosheng
1768-1814
Né vers 1768 à Longping (Zunyi, Guizhou, Chine) de parents païens, Baiduo (Pierre) Wu, à l'époque de sa conversion, tenait une hôtellerie très prospère.
Ayant rencontré un chrétien qui lui parla des beautés de la religion, il fut très désireux de les connaître, et se fit instruire par un catéchiste.
Il élimina toutes les statues idolâtriques de sa maison et reçut le baptême, avec le nom de Baiduo (Pierre).
Grâce à son zèle, lui-même fut bientôt nommé catéchiste, et aida puissamment à la diffusion du catholicisme dans son village : il amena au Christ quelque six-cents personnes.
Pris le 3 avril 1812 (ou 1814), il se vit chargé de la cangue et des chaînes, et jeté en prison.
Pendant toute sa captivité, il se fit remarquer par sa piété, sa ferveur et sa charité. Il convertit aussi des prisonniers au Christ.
Interrogé très souvent, il ne se laissa vaincre ni par les promesses séduisantes ni par les tortures.
Condamné à être étranglé, Baiduo Wu fut exécuté le 7 novembre 1814, à Tsen-y-Fou (Su-Tchuen).
Il fut béatifié en 1900 et canonisé un siècle plus tard, en 2000.
Vincenzo Grossi
1845-1917
Vincenzo naquit le 9 mars 1845 à Pizzighettone (Crémone, Italie), et fut baptisé le jour-même.
De son père, il apprit le sérieux du travail quotidien ; de sa mère, la vie chrétienne.
Tôt il voulut entrer au séminaire, mais le papa voulait mettre à l’épreuve cette jeune vocation : Vincenzo n’entra au Grand séminaire qu’à dix-neuf ans, et fut ordonné en 1869.
M. Grossi mourut bientôt ; Mme Grossi entoura son fils de toutes ses attentions, payant discrètement les dettes du trop généreux don Vincenzo.
Celui-ci fut vicaire à Ca’ de Soresini, puis curé à Regola, où son apostolat changea la paroisse du tout au tout. On l’appelait «le petit couvent du diocèse».
Don Vincenzo donna toute son attention à la catéchèse, aux jeunes, dont il s’entourait avec grande joie.
Cette réussite induisit l’évêque à charger don Vincenzo d’une autre paroisse, Vicobellignano, où il restera trente-quatre ans.
Le premier souci de l’évêque en la lui confiant, était d’en extirper l’erreur protestante. Patiemment, grâce à beaucoup de lectures et de prières, don Vincenzo transforma peu à peu sa paroisse en une véritable communauté de prière.
En 1885, il fonda les Filles de l’Oratoire dans l’esprit de saint Filippo Neri, pour s’occuper des jeunes filles : il en écrivit la règle à genoux devant le Tabernacle.
On l’appela aussi dans les environs pour prêcher des missions à la population. Il ne prenait avec lui qu’une petite sacoche avec son bréviaire et sa montre.
Peu avant de mourir, il disait à la Maîtresse des Novices : Cherchez à ne jamais vous plaindre ; au contraire, soyez dans la joie quand les choses vont à l’opposé de ce que vous voulez faire.
Il mourut le 7 novembre 1917.
Béatifié en 1975, nouveau Jean-Marie Vianney, il fut donné en exemple à tous les prêtres et curés du monde entier.
Le miracle examiné et reconnu pour la canonisation a été la guérison, à Pizzighettone, d’une petite fille de deux mois, atteinte d’une anémie chronique par déficit de la production d’érythropoïétine ; une greffe de moelle osseuse pouvait être tentée, mais personne dans la famille proche n’était compatible. Le bébé était sous perfusion et soins palliatifs, sans espoir de survie. Après que les parents eurent recouru à l’intercession du bienheureux Vincenzo, la petite fille guérit complètement, de façon totalement inexplicable scientifiquement, sans séquelles ni rechutes et vit aujourd’hui normalement, âgée d’environ vingt-cinq ans.
La canonisation aura lieu à l’automne 2015.
Alfredo Fanjul Acebal
1867-1936
Né le 16 juillet 1867 à Oviedo (Espagne), il fut baptisé dès le lendemain.
Après ses études au séminaire d’Oviedo, il entra dans l’Ordre dominicain et fit profession à Corias (Asturies) en 1883.
Ordonné prêtre en 1890, il enseigna à Corias et Salamanque.
Maître en théologie, il était estimé pour ses cours bien préparés, et fut chargé de l’organisation des études.
Il fut supérieur à Oviedo, Salamanque, Palencia, Madrid, et provincial en 1918.
Il se trouvait à Olivar (Madrid) comme prieur, lors des tristes événements de juillet 1936.
Au soir du 20 juillet, il fut emmené en camion au commissariat, puis à la «tchéka», puis au siège du gouvernement. En passant devant une église, s’étant découvert, il reçut des coups de crosse de fusil. Un témoin rapporta qu’il y avait des flaques de sang dans le camion.
On l’enferma ensuite à la Direction générale de Sécurité, où il retrouva d’autres Religieux de Atocha, et vers minuit, on les mit enfin à la prison Modelo.
Dans cette prison, il eut l’heur de recevoir le consentement de mariage de son parent, le général Joaquín Fanjul, qui fut exécuté peu après.
Le 15 août, fête de l’Assomption, arrivèrent là quatre étudiants dominicains, qui devaient être martyrisés eux aussi.
Le 22 août, un incendie alerta prisonniers et gardiens, tandis que le père Alfredo restait tranquillement soumis à la volonté divine. Il confessa les prisonniers ; on l’entendait réciter les prières de la messe.
Cette détention prit fin au matin du 7 novembre 1936, quand on fit sortir tout le monde pour les fusiller à Paracuellos del Jarama (environs de Madrid).
Le père Alfredo Fanjul, avec ses Compagnons, fut béatifié en 2007.
Andrés Francisco Simón Gómez
1876-1936
Andrés vit le jour le 30 novembre 1876 à Orihuela (Alicante, Espagne), le jour de la fête de saint André.
Après un début d’études au séminaire, il entra chez les Capucins de Ollería (Valencia), y reçut l’habit en 1891 et prit le nom de Eloy.
Après la profession (1892), il fut ordonné prêtre (1899), il exerça le saint ministère dans le diocèse de Orihuela, tout en enseignant.
En 1906, il fut envoyé en Colombie, comme secrétaire de son oncle, l’évêque Francisco Simón y Ródenas, à Santa Marta. Il fut en même temps Gardien du couvent de Bogotá.
De retour en Espagne, il fut Gardien dans plusieurs monastères, ainsi que définiteur provincial.
Lors des hostilités de 1936, les Religieux furent expulsés du monastère de Orihuela et le père Eloy fut accueilli chez un frère.
Arrêté le 7 novembre, il fut poignardé à mort près de Crevillente (Alicante) le 7 novembre 1936 et fut béatifié en 2013.
Juan Mendibelzúa Ocerín
1878-1936
Né le 23 novembre 1878, baptisé le lendemain, il fut tout petit en contact avec les moniales dominicaines, grâce auxquelles il entendit bientôt l’appel de Dieu
Entré à son tour chez les Dominicains, il fit la profession à Corias (Asturies) en 1894 ; après la philosophie, il fit la théologie à Salamanque et fut ordonné prêtre en 1902.
Particulièrement doué pour la musique, il fut chantre dans les couvents où il passa ; il jouait de l’orgue et composait.
Destiné au couvent de Madrid (Olivar), ce fut un religieux remarquable, qui eut l’occasion de célébrer la Messe dans l’oratoire privé du président de la République, M. Zamora.
Lors de l’assaut du couvent de l’Olivar, le 20 juillet 1936, il reçut l’hospitalité dans des familles accueillantes, mais fut arrêté à la mi-octobre.
Mis en prison, avec une centaine d’autres personnes arrêtées, dans un endroit très étroit, puis dans la prison Modelo, ce Religieux à la santé robuste souffrit beaucoup des mauvais traitements qu’il reçut.
Il se retrouva avec le père Vicente Rodríguez, qu’il soutint dans l’épreuve et qui allait être martyrisé avec lui.
Le 15 août, fête de l’Assomption, arrivèrent là quatre étudiants dominicains, qui devaient être martyrisés eux aussi.
Cette détention prit fin au matin du 7 novembre 1936, quand on fit sortir tout le monde pour les fusiller à Paracuellos del Jarama (environs de Madrid).
Le père Juan Mendibelzúa, avec ses Compagnons, fut béatifié en 2007.
Gil Belascoain Ilarragorri
1883-1936
Né et baptisé le 1er septembre 1883 à Legarda (Navarre), Gil était le fils de Felipe et Estefania, qui eurent aussi une fille, visitandine.
Gil était déjà un maçon expérimenté lorsqu’à vingt-quatre ans, il entra comme Frère convers dans la Congrégation des Lazaristes (Vincentiens), où il fit la profession en 1909.
Il fut envoyé à Guadalajara et Madrid, partit en Angleterre à Potters Bar et Dunstable, et revint à Madrid en 1936.
Il sut faire profiter de son savoir-faire à bien d’autres Frères ; modeste, il ne se vantait jamais et n’avait jamais aucune parole méprisante envers quiconque, au contraire il encourageait ses «élèves» pour mettre en valeur leurs dons ; l’un d’eux fut justement Joaquín Zubillaga.
Vint la révolution de juillet 1936 et la persécution religieuse. Il se réfugia en divers endroits et, en dernier lieu, là où se trouvait le frère Joaquín Zubillaga. On les dénonça ou on les repéra : ils furent jetés dans la prison Modelo, où se trouvaient déjà maints Confrères.
Les deux Frères furent de ceux qu’on appela le 7 novembre.
Martyrisé le 7 novembre 1936 à Paracuellos de Jarama (Madrid) et béatifié en 2017, Gil Belascoain Ilarragorri sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 7 novembre.
Manuel Sanz Domínguez
1887-1936
Manuel vit le jour le 31 décembre 1887 à Sotodosos (Guadalajara, Espagne). A la confirmation, il reçut le nom de Silvestre.
Après ses études, il travailla comme cheminot à Madrid, Saragosse et Alicante et fut chef de gare à Coscurita (Soria), puis passa à la Banque Rurale, dont il devint directeur.
Cet homme avait une grande piété : déjà à la gare d’Astocha de Madrid, il lui arrivait de parler de l’Evangile à qui voulait bien l’entendre, sans s’occuper des moqueries des camarades anarchistes, qui l’appelaient Saint Manuel.
En plus, Manuel avait une vie personnelle très engagée, comme membre de l’Adoration Nocturne, comme participant aux retraites ; il pensa entrer chez les Jésuites, mais son père était très malade et ses sœurs dépendaient économiquement de lui. Il assistait assidûment à l’office des Moniales Hiéronymites. Ces dernières avaient un grand souci : la branche masculine de leur Ordre s’était éteinte depuis presque un siècle ; des monastères étaient vides depuis 1835 : un siècle après, l’Ordre serait canoniquement éteint.
Les moniales en parlèrent un jour au parloir à Manuel, qui s’emballa littéralement pour ce projet : il partit pour Rome et rencontra le Pape pour parler de son idée de restaurer la branche masculine de l’Ordre Hiéronymite. Non seulement le Pape lui donna sa bénédiction, mais il lui exprima son fervent désir de voir à nouveau de pieux moines remplir les monastères vides.
En 1925, un groupe de jeunes s’établit dans l’ancien monastère de Santa María del Parral (Ségovie), qui était presque en ruines. La vie monastique s’organisa.
Manuel, lui, se prépara au sacerdoce et fut ordonné prêtre en 1928, avec le nom de Manuel de la Sainte Famille.
Les difficultés s’abattirent : des tensions internes, mais surtout les événements politico-sociaux avec leurs conséquences anti-religieuses en 1931 avec la proclamation de la République, et en juillet 1936 avec la révolution espagnole.
Le 5 octobre 1936, Frère Manuel fut arrêté à Madrid et mis à la Cárcel Modelo. Il put dire à ses proches : Ne soyez pas en peine pour moi. Si je reste en vie, je verrai l’Ordre de Saint Jérôme restauré ; si je meurs, je serai martyr du Christ, ce qui est beaucoup plus que ce que j’aurais pu rêver.
Il employa son temps à continuer d’évangéliser ses compagnons de prison, en attendant «l’heure».
Il fut assassiné à Paracuellos del Jarama (Madrid) entre le 6 et le 8 novembre 1936, et béatifié en 2013.
Actuellement, les moines hiéronymites continuent leur vie contemplative dans deux monastères espagnols.
Vicente Rodríguez Fernández
1897-1936
Né à Bárcena (Navelgas, Asturies) le 22 octobre 1897, Vicente fut baptisé le lendemain. Il avait (au moins) un frère.
Entré chez les Dominicains, il professa en 1915 à Corias (Asturies), fit la théologie à Salamanque et fut ordonné prêtre en 1922.
Dominicain accompli, il se préparait avec ardeur à la prédication, avec cette inspiration poétique qu’il avait en lui.
On l’envoya bientôt prêcher à Chihuahua et Tampico (Mexique), d’où la persécution l’expulsa.
Il passa alors aux Etats-Unis, dans l’état du Texas, où il exerça l’apostolat au milieu d’une population pauvre, dont il partagea volontiers la condition.
De retour en Espagne, il fut à Valladolid, puis au couvent de l’Olivar de Madrid.
Le couvent fut pris d’assaut le 20 juillet 1936, et le père Vicente se réfugia chez son frère. Son inquiétude était d’autant plus grande qu’il avait reçu un billet anonyme l’avertissant qu’il mourrait bientôt, au moment où il s’y attendait le moins.
Arrêté le 12 octobre, il se retrouva aux côtés du père Mendibelzúa (voir la notice), qui l’aida beaucoup fraternellement à surmonter ces moments d’angoisse.
Les deux prêtres furent conduits, avec beaucoup d’autres, à Paracuellos del Jarama, aux environs de Madrid, où ils furent fusillés, le 7 novembre 1936.
Ils furent tous deux béatifiés en 2007.
Victoriano Reguero Velasco
1902-1936
Né le 14 janvier 1902 à Valladolid, de Zenón et Benita, il fut baptisé cinq jours plus tard.
Entré dans la Congrégation des Lazaristes (Vincentiens), il y fit la profession en 1920 à Madrid et fut ordonné prêtre en 1927, toujours à Madrid.
Il fut ensuite envoyé à Guadalajara et Teruel, avant de revenir à Madrid. Il fut professeur de latin.
Mis à la rue par les révolutionnaires marxistes en juillet 1936, il chercha à se cacher pendant quelque temps, mais fut arrêté le 7 octobre à six heures du matin, en même temps que d’autres prêtres et Religieuses vincentiens. On les conduisit à la Direction Générale de Sécurité puis, deux jours plus tard, à la prison Modelo.
Le p.Victoriano n’avait pas une santé très solide et devait s’appuyer sur une béquille ou une canne anglaise. Il souffrit d’autant plus dans la prison.
Le 7 novembre 1936, il fut de ceux qu’on appela pour être fusillés ; le milicien qui le réveilla lui dit : Prends ta hallebarde. On les conduisit en dehors de Madrid, à Paracuellos de Jarama.
Béatifié en 2017, Victoriano Reguero Velasco sera mentionné dans le Martyrologe Romain au 7 novembre.
José Vega Riaño
1904-1936
José vit le jour à Siero de la Reina (León, Espagne) le 19 mars 1904, le jour de la fête de saint Joseph, dont il porta le nom. Les parents étaient d’humbles paysans.
Il entra chez les Oblats de Marie Immaculée (OMI) et fit la profession à Urnieta (Guipúzcoa) en 1922, puis commença les études de philosophie.
Il fut envoyé à Rome pour compléter ses études, et il fut reçu docteur en philosophie, en théologie et en droit canonique. C’est aussi à Rome qu’il fut ordonné prêtre en 1927.
En 1930, il pouvait ainsi assumer l’enseignement de théologie dogmatique à Pozuelo de Alarcón. On appréciait ses cours, qui étaient de réelles lectures spirituelles.
Au moment de la révolution de 1936, le 22 juillet, toute la communauté fut arrêtée. Deux jours après, on conduisit José à la Direction Générale de Sécurité (Madrid). Remis en liberté le lendemain, il se réfugia chez une famille amie avec d’autres jeunes religieux.
Le 10 octobre, il fut à nouveau arrêté.
A partir du 7 novembre, les prisonniers furent exécutés ; le premier groupe comprenait le père José avec, entre autres, les pères dominicains Alfredo Fanjul, Juan Mendibelzúa, Vicente Rodríguez, Isabelino Carmona (voir leurs notices), qui furent donc emmenés aux environs de Madrid, à Paracuellos de Jarama, où ils furent fusillés.
C’était au matin du 7 novembre 1936 : le père José avait trente-deux ans.
José Vega Riaño fut béatifié en 2011.
Manuel Martín Pérez
1904-1936
Manuel vit le jour à Encinasola de los Comendadores (Salamanque) le 7 novembre 1904.
Il entra chez les Pères Salésiens et fit la profession à Carabanchel Alto (Madrid) en 1923, puis commença les études de philosophie.
Envoyé à Astudillo (Palencia) puis Madrid, il y passa les trois années de «pratique» et se préparait à recevoir le sacerdoce. Il devait recevoir davantage : la couronne du martyre.
Au moment de la révolution de 1936, il se cacha quelque temps, mais fut arrêté en octobre, et enfermé à Madrid.
Il fut conduit avec d’autres Confrères à la prison Modelo de Madrid, où il resta environ trois semaines.
A partir du 7 novembre, les prisonniers furent exécutés ; le premier groupe comprenait, entre autres, les pères dominicains Alfredo Fanjul, Juan Mendibelzúa, Vicente Rodríguez, Isabelino Carmona (voir leurs notices), qui furent donc emmenés aux environs de Madrid, à Paracuellos de Jarama, où ils furent fusillés.
C’était au matin du 7 novembre 1936 : ce jour-même, Manuel accomplissait ses trente-deux ans.
Manuel Martín Pérez fut béatifié en 2007.
Isabelino Carmona Fernández
1908-1936
Né à Pajares de Laguna (Salamanque) le 16 septembre 1908, il fut baptisé le 24 suivant et confirmé en 1911, comme c’était la coutume.
Il étudia à l’école dominicaine de Corias (Asturies), puis à Las Caldas de Besaya (Santander).
Entré à son tour dans l’Ordre dominicain, il fit la profession en 1925 à Corias et les études de philosophie ; la théologie se fit à Salamanque, où Isabelino fut co-fondateur de la maison Francisco de Vitoria, et il fut ordonné prêtre en 1932.
Il fut envoyé au couvent de Atocha (Madrid), comme directeur des jeunes de l’Action Catholique qui furent plus de cent grâce à son impulsion, instruits et conduits magistralement par ce jeune prêtre.
Le 20 juillet, le couvent fut pris d’assaut et le père Isabelino fut conduit avec les Confrères au poste de Abtao, puis à la Direction Générale de Sécurité, enfin à la prison Modelo de Madrid. Il était minuit.
Là ils se retrouvèrent avec les autres Dominicains du couvent de l’Olivar (voir les notices de Juan Mendibelzúa et Vicente Rodríguez), avec lesquels ils se confortèrent réciproquement. En particulier ils purent, malgré les conditions pénibles de la prison, célébrer assez dignement la fête de saint Dominique, leur Fondateur, qu’on célébrait à l’époque le 4 août.
Le jour du martyre arriva : on fit sortir les prisonniers pour les conduire, sans ménagement, à Paracuellos del Jarama (environs de Madrid), pour les fusiller.
C’était le matin du 7 novembre 1936. Isabelino avait vint-huit ans d’âge, et quatre de sacerdoce.
Le père Isabelino fut béatifié avec ses Compagnons en 2007.
Serviliano Riaño Herrero
1916-1936
Serviliano vit le jour à Prioro (León, Espagne) le 20 avril 1916, fils de Rosendo et Gabina.
Il entra au collège des Oblats de Marie Immaculée (OMI) à Urnieta (Guipúzcoa) en 1927, puis passa au noviciat en 1932 pour les études de philosophie à Las Arenas (Biscaya).
Après la première profession (1933), il rejoint la communauté de Pozuelo de Alarcón où il fait les études de théologie en vue de recevoir l’ordination sacerdotale. Il se préparait avec joie à sa prochaine mission apostolique, où qu’elle pût être, mais les événements ne lui permirent pas de réaliser ce beau rêve. Dieu allait lui donner rapidement la couronne du martyre.
Au moment de la révolution de 1936, le couvent fut assailli le 22 juillet et transformé en prison pour toute la communauté de Pozuelo.
Puis les Religieux, dont notre Serviliano, furent conduits à la Direction Générale de Sécurité, au centre de Madrid, d’où ils furent libérés un jour plus tard.
Ils vécurent alors dans la clandestinité, sa cachant chez des amis, jusqu’au 15 octobre, où une rafle les arrêta de nouveau.
A partir du 7 novembre, les prisonniers furent exécutés. Le matin, on appela les noms de ceux qui devaient être libérés, en réalité exécutés. Le premier groupe comprenait, entre autres, les pères dominicains Alfredo Fanjul, Juan Mendibelzúa, Vicente Rodríguez, Isabelino Carmona (voir leurs notices), qui furent donc emmenés aux environs de Madrid, à Paracuellos de Jarama, où ils furent fusillés. Serviliano fut exécuté non loin de là, à Soto de Aldovea (Torrejón de Ardoz, Madrid).
Il y eut un raffinement de cruauté pour le jeune Serviliano. On l’attacha par le bras à un autre condamné, on lui lia les mains derrière le dos et on lui coupa les parties génitales avant de le fusiller.
C’était au matin du 7 novembre 1936 : Serviliano avait juste vingt ans.
Martyr de la foi et de la chasteté, Serviliano Riaño Herrero fut béatifié en 2011.
José Delgado Pérez
1917-1936
José vit le jour à Becerril de Campos (Palencia, Espagne) le 18 mars 1917, et reçut le baptême le lendemain, fête de saint Joseph dont il porta le nom.
Il fit de très bonnes études, grâce à des dons intellectuels remarquables, à l’école apostolique dominicaine d’Almagro.
En 1931, en raison des événements, les Supérieurs jugèrent bon de renvoyer les jeunes dans leurs familles. José retrouva les siens, parmi lesquels il se montra dévoué, serviable, donnant l’exemple de la piété.
Il persévéra dans sa vocation et voulut commencer le noviciat, ce qui eut lieu avec sa prise d’habit, le 8 septembre 1935, fête de la Nativité de Marie.
José montra toute son ardeur juvénile dans la joie d’être consacré à Dieu, heureux de participer à la vie conventuelle dominicaine.
Il se trouvait au couvent de Almagro au moment où la maison fut assaillie par les révolutionnaires, le 25 juillet 1936 (voir la notice Dominicains martyrs à Almagro 1936).
José fut conduit avec d’autres Confrères à la prison Modelo de Madrid, où il resta pendant un peu plus de trois mois.
A partir du 7 novembre, les prisonniers furent exécutés ; le premier groupe comprenait, entre autres, les pères Alfredo Fanjul, Juan Mendibelzúa, Vicente Rodríguez, Isabelino Carmona (voir leurs notices), qui furent donc emmenés aux environs de Madrid, à Paracuellos de Jarama, où ils furent fusillés.
C’était au matin du 7 novembre 1936 : José, un des plus jeunes, avait dix-neuf ans.
José Delgado Pérez fut béatifié en 2007.