Ignatios de Constantinople
799-877
Petit-fils par sa mère de Nicéphore 1er, fils de l’empereur Michail Rhangabé et de Procopia, Nikétas - c’était son prénom de baptême - naquit vers 799.
En 813, il reçut la tonsure et entra dans la vie monastique, prenant le nom de Ignatios. Il fut un moine pieux, étranger à toute polémique doctrinale et politique.
Si l’iconoclasme avait été solennellement condamné au 2e concile de Nicée (787), l’empereur Léon V l’Arménien déclencha en 813 une nouvelle vague d’iconoclasme, à laquelle résista le patriarche Nicéphore 1er, et qui ne s’acheva qu’en 843.
Le clergé orthodoxe demeurait divisé en rigoristes (on dirait aujourd’hui intégristes) et modérés.
Au patriarche Méthode, qui était modéré, succéda Ignatios en 847, qu’on croyait assez capable de composer avec les deux tendances ; l’impératrice Théodora appuyait ce choix. Mais si Ignatios se montra plutôt intransigeant, il fut parfois aussi un peu malhabile.
Il appuya d’emblée les rigoristes et suscita des oppositions de la part des modérés. Il déposa ainsi l’archevêque de Syracuse, qui refusa de se soumettre ; en même temps, Ignatios priait le pape d’approuver cette mesure, mais le pape était justement à ce moment-là irrité contre Ignatios, qui avait eu le toupet - il faut le dire - d’envoyer un pallium au pape, tandis que le pallium n’est remis que par le pape à des évêques, en signe d’union.
Et Byzance s’agitait : Bardas, le frère de l’impératrice Théodora, manœuvra pour exercer la régence de son jeune neveu Michel III, pendant dix années ; il convainquit Théodora de se retirer dans un cloître. Bardas fut excommunié par Ignatios en 858, d’une part pour son attitude, et d’autre part pour sa liaison avec la veuve de son fils.
En juillet 858, Ignatios démissionna (ou y fut contraint) et fut relégué en l’île de Térébinthe. On nomma à sa place un laïc, Photios, qui le fit condamner et dégrader en 861.
Pendant les années qui suivirent, les échanges entre Byzance et Rome ne furent pas fort aimables : la papauté et l’orthodoxie revendiquaient l’autorité sur la Bulgarie, et le pape Nicolas 1er n’appréciait pas l’attitude de la chancellerie impériale, pour qui Rome était une vieille ville, et le latin une langue barbare et scythique. On alla jusqu’à condamner le pape lors d’un concile de Constantinople en 867.
C’est alors qu’Ignatios fut rappelé au siège de Constantinople. Il présida le concile œcuménique de Constantinople qui s’acheva en février 870 par une proclamation solennelle de l’entente entre l’Eglise de Rome et celle de Constantinople.
La question de la Bulgarie demeurait. Ignatios ordonna des prêtres et des évêques, Rome le convoqua, mais il mourut avant que les légats romains eussent le temps de le déposer.
Après la mort d’Ignatios (23 octobre 877), Photios reprit sa place au patriarcat ; le clergé se partagea et le schisme continua pendant plusieurs décennies.
Ignatios fut peut-être faible, mais il fut surtout victime des excès des uns et des autres. La distance géographique entre Rome et Constantinople augmentant les difficultés de rapports, et les esprits étant trop prompts à s’échauffer pour des questions parfois mineures, on ne peut que regretter certaines attitudes et décisions trop radicales, que ce soit en Occident ou en Orient.
L’Eglise romaine a canonisé Ignatios, mais non Photios.
Saint Ignatios de Constantinople est commémoré le 23 octobre dans le Martyrologe Romain.