Dunstan de Canterbury
909-988
Dunstan naquit vers 909 à Baltonsborough (Glastonbury, Somerset, Angleterre), dans une famille très chrétienne, apparentée à la dynastie royale et d’où sortirent plusieurs évêques. Le père de Dunstan, Heorstan, était frère des évêques Athelm et Elphege (v. 8 janvier ? et 19 avril). La mère de Dunstan, Cynethryth, aurait reçu d’un mystérieux messager l’annonce que son fils serait une lumière pour l’Eglise d’Angleterre. Dunstan eut un frère, nommé Wulfric.
Dunstan reçut sa formation des moines irlandais qui vivaient en la vieille abbaye de Glastonbury, assez délabrée à cette époque. Le jeune garçon y apprit : la peinture, la calligraphie, l’art de la miniature, de la ciselure des métaux, et last but not least la harpe.
C’est à sa verve musicale que l’on devrait le Kyrie rex splendens du Kyriale vatican.
Dans cette abbaye, il reçut la tonsure et les ordres mineurs. C’est là aussi qu’il eut un rêve prémonitoire, qui se réalisera bien plus tard : il se voyait construire les bâtiments d’un monastère.
Adolescent, et sur présentation de son oncle Athelm, archevêque de Canterbury, il fut introduit à la cour, où cependant il fut mal accueilli, soit à cause de la supériorité de sa formation, soit à cause de son intégrité qui dérangeait. Des jaloux l’accusèrent de sorcellerie et il fut renvoyé.
Il songea alors au mariage, tandis que son oncle Elphege (ou Ælfheah), évêque de Winchester, lui suggérait la vie monastique ; Dunstan hésitait. Mais une grave maladie - une sorte de lèpre qui le conduisit à l’article de la mort - le fixa sur sa destinée : il se consacra à Dieu, sans toutefois encore appartenir à une communauté. Il fut ordonné prêtre, en même temps qu’un de ses amis, Ethelwood.
Dunstan se retira quelque temps à Glastonbury, dans une toute petite cellule, où il se concentra sur l’étude, la musique avec sa harpe… et la lutte contre le démon : on raconte qu’il gifla le Tentateur avec une espadrille.
En 940, le nouveau roi, Edmund, en fit son conseiller et, après un accident qui faillit lui coûter la vie, confia à Dunstan l’administration de l’abbaye de Glastonbury : Dunstan devenait abbé à trente ans, et chargé de reconstruire, matériellement et spirituellement, la communauté. En quinze ans, Dunstan éleva le niveau intellectuel et spirituel des moines, dont beaucoup devinrent qui abbés, qui évêques. La règle observée fut celle de s.Benoît (v. 11 juillet). Pour n’avoir pas à sortir de la clôture du monastère, maintenant restaurée, Dunstan confia les affaires économiques à son frère Wulfric.
Après Edmund, le roi Eadred renouvela sa confiance à Dunstan, qui en profita pour contribuer à l’unification du pays autour de la couronne. En 951 et 953, Dunstan refusa d’être nommé évêque (Winchester et Crediton), pour se consacrer à sa mission de conseiller du roi.
En 955, à l’avènement du jeune roi Eadwig, Dunstan préféra éviter ce pauvre débauché ; il s’enfuit et alla passer deux années près de Gand, dans un monastère réformé dépendant de Cluny, où il enrichit son expérience.
En 957, le nouveau roi Edgar rappela Dunstan : il lui donna l’évêché de Worcester (958), celui de Londres (959), enfin celui de Cantorbury en 960.
En qualité de primat, Dunstan consacra évêques Oswald et Ethelwood (v. 29 février et 1er août). Ces trois évêques soutinrent la réforme de l’Eglise d’Angleterre, qui connut bientôt une trentaine de monastères d’hommes et six de moniales. Lors d’une assemblée à Winchester, en 970, Dunstan et Ethelwood, approuvés par beaucoup d’abbés, rédigèrent une sorte de charte à l’usage de tous les monastères anglais, pour en renforcer la cohésion.
Dunstan continua, grâce à l’appui royal, à exercer une influence extrêmement bénéfique pour la vie de l’Eglise en Angleterre ; des lois contribuèrent à extirper les restes du paganisme, à développer le culte liturgique, à développer l’instruction du clergé.
Après la mort du roi Edgar en 973, et l’assassinat de s.Eadweard le Martyr (978, v. 18 mars), Dunstan cessa d’être conseiller du roi ; le jour du couronnement de ce dernier, il lui prophétisa les malheurs qui allaient bientôt s’abattre sur lui ; en 984, après une vision de s.André (v.30 novembre), il persuada le roi de nommer Ælfheah évêque de Winchester pour succéder à Æthelwold.
Désormais, il s’occupa exclusivement de son diocèse. Infatigable, il corrigeait encore des manuscrits au petit matin. Quand il alla se recueillir sur les tombes des ss.Augustin et Æthelberht (v. 26 mai et 24 février), il eut une vision des anges qui chantaient. Il s’occupa paternellement des jeunes étudiants qui venaient même d’Europe continentale pour profiter de l’école cathédrale.
La veille de l’Ascension de 988, des anges lui annoncèrent sa prochaine mort. Le jour de l’Ascension, Dunstan célébra une dernière fois la Messe ; il y prêcha et annonça sa mort imminente, puis il s’alita. Le samedi 19 au matin, on célébra la Messe près de lui, il reçut l’Onction des Malades et le Viatique. C’est alors qu’il s’éteignit à cette vie terrestre.
Il fut immédiatement vénéré comme un saint, et formellement canonisé en 1029. Il fut le Saint le plus vénéré en Angleterre jusqu’au martyre de s.Thomas Becket (v. 29 décembre).
Saint Dunstan de Canterbury est commémoré le 19 mai dans le Martyrologe Romain.