Mayeul de Cluny
906-994
Mayeul naquit vers 906 (ou un peu plus tard), de Foucher, un très riche propriétaire de Valensolle (Avignon, Vaucluse).
Très tôt orphelin de ses parents, Mayeul se retira à Mâcon, chez un riche parent.
Sur les conseils de l’évêque, Mayeul embrassa l’état ecclésiastique ; il fut chanoine de la cathédrale, alla étudier à Lyon auprès d’un saint abbé et, rentré à Mâcon, fut ordonné diacre et nommé archidiacre. Il enseigna également aux clercs.
En 930, on lui proposa l’archevêché de Besançon, qu’il refusa fermement et, pour bien confirmer ses sentiments, alla frapper à l’abbaye de Cluny, où il prononça les vœux en 943 ; il devint bibliothécaire et apocrisiaire (représentant).
L’abbé de Cluny, Aymard, l’estima profondément pour ses vertus et ses qualités, au point que, devenu aveugle et infirme, il fit nommer en 948 Mayeul à sa place pour lui succéder, ce que Mayeul n’accepta qu’avec grande difficulté, tant il était humble et fuyait les premièrs places.
Voici un incident qui montra l’humilité de Mayeul. Un moine s’était laissé aller à déconsidérer le vieil abbé et presque à le mépriser. Aymard, qui s’en était aperçu, convoqua la communauté, invita Mayeul à «reprendre son rang», ce qu’il fit sans broncher ; puis Aymard, de nouveau investi de son rang d’abbé, punit sévèrement le moine fautif ; ensuite, il céda à nouveau sa place à Mayeul, qui la reprit avec soumission.
A partir de 954, Mayeul exerça pleinement sa charge avec grande douceur, avec prudence et profonde efficacité ; il fut appelé à réformer beaucoup de monastères en toute l’Europe. Il avait la réputation du plus saint homme de son siècle, à quoi contribuèrent aussi les nombreux miracles qu’il opéra. Un aveugle fut guéri par sa prière, de même qu’un évêque qu’il rencontra en allant à Rome.
Au retour de ce même voyage (972), il fut retenu avec sa suite par des Sarrasins qui tenaient les cols des Alpes. Mayeul pria Notre-Dame de bien vouloir les délivrer à temps pour célébrer la prochaine fête de l’Assomption ; non seulement il fut délivré, mais plusieurs Sarrasins, frappés de sa bonté, demandèrent le baptême.
Il faut signaler que la prise et la libération de Mayeul par les Sarrasins fut l’occasion d’une guerre de libération de la Provence, dont les Sarrasins furent chassés après la bataille de Tourtour (973).
Mayeul eut aussi une action efficace sur la famille impériale ; en retour Othon II fit tous ses efforts pour appuyer, si c’était possible, l’élection de Mayeul sur le siège de Saint-Pierre en 974 (il s’agissait en effet, ces années-là, d’éloigner l’influente famille des Crescenzi de s’imposer à Rome). Peut-être que la papauté aurait gagné à avoir Mayeul pour réformer l’Eglise, mais l’Eglise a peut-être plus gagné par l’humilité et le désintéressement de Mayeul
C’est aussi pour cette grande réputation de sainteté qu’affluèrent les donations à l’abbaye de Cluny, dont les possessions territoriales s’étendirent sur quelque neuf-cents villages. Les vocations furent également si nombreuses que Mayeul fit édifier une nouvelle église, qui sera consacrée en 981.
Très savant lui-même, expert dans l’Ecriture, le droit et la philosophie, Mayeul développa énormément l’activité du scriptorium.
En 991, après quarante années d’abbatiat, Mayeul se choisit un successeur en la personne d’Odilon (v. 1er janvier). Ses forces déclinèrent beaucoup.
En 992, Hugues Capet, qui ne connaissait pas son état de santé, le supplia de venir réformer un monastère à Paris. Mayeul dit adieu à toute la communauté et se mit en route : il dut s’arrêter à Souvigny, où il mourut le 11 mai 994, âgé de quatre-vingt-huit ans (ou un peu moins, selon la date de sa naissance).
Dès 998, une bulle papale évoque la bienheureuse mémoire de saint Mayeul.
Saint Mayeul est commémoré le 11 mai dans le Martyrologe Romain.