Chrodegang de Metz
712-766
Le nom latin de Chrodegang, Chrodegangus a abouti à plusieurs formes : Chrotgandus, Grodegangus, Ratgangus, avec leurs équivalents en français : Godegrand, Gundigran, Ratgang, Rodigang, Sirigang…
Notre personnage naquit vers 712 à ou près de Liège (Gaule Belgique), de Sigramm et Landrada. Par sa mère, il serait un des ancêtres des Capétiens.
Après sa formation à l’abbaye de Saint-Trond, il fut envoyé à la cour de Charles Martel, où il devint en 737 référendaire (chancelier) et Premier ministre.
Chrodegang n’était pas un homme de cour ; s’il y vivait, c’était en maintenant une grande discipline sur sa personne, vêtu simplement, pratiquant secrètement des veilles de prière et des jeûnes et se montrant généreux dans ses aumônes pour les malheureux.
Pépin, dit le Bref (parce qu’il était petit de taille), fut maire du palais de 741 à 751, et allait être couronné roi en 751. Il accepta bien volontiers l’élection de Chrodegang au siège épiscopal de Metz, mais à la condition qu’il restât en même temps Premier ministre.
Chrodegang fut sacré évêque en 742. Comme convenu, il maintint ses fonctions à la cour, en même temps qu’il administrait très sagement son diocèse. Il releva le niveau de son clergé, donna à ses chanoines une règle, construisit le cloître de la cathédrale ainsi que deus églises dédies aux apôtres s.Pierre et s.Paul (v. 29 juin), et surtout, vers 747, la célèbre abbaye bénédictine de Gorze, tandis qu’il contribua grandement au développement de celles de Saint-Avold et Lorsch (Lauresheim), dont il va être question un peu plus tard.
Notons au passage que l’abbaye Saint-Avold devait son nom à une déformation de s.Nabor (v. 12 juillet), dédiée primitivement à s.Hilaire (v. 13 janvier). Celle de Lorsch fut fondée par sa mère et son cousin ; il n’en reste que… le portail, tout ayant été la proie des flammes lors de la retraite des Espagnols en 1621.
En 753, Chrodegang fut officiellement chargé de négocier entre le pape Stéphane II et les Lombards, puis accompagna le pontife jusqu’à Paris pour le mettre en sûreté. Ce geste protecteur lui valut le pallium.
Chrodegang fut un évêque très actif. Il prit part à cinq conciles régionaux (Verberie, Quierzy-sur-Oise, Verneuil, Compiègne, Attigny, entre 753 et 765). Ce dernier concile réunissait plus de quarante évêques, archevêques et abbés, et était présidé par Chrodegang lui-même.
Une de ses principales dispositions fut d’inviter à Metz des chantres de Rome, pour y implanter les rites liturgiques et le chant grégorien «officiels» ; c’était l’objet du concile de Quierzy.
En 763, le nouveau pape, Paul Ier (v. 28 juin), exprima à son tour sa reconnaissance à Chrodegang pour son activité protectrice envers le pontife romain, en lui accordant d’importantes reliques pour ses abbayes : de s.Gorgon (v. 9 septembre) pour Gorze, de s. Nabor (v. 12 juillet) pour Saint-Avold, de s.Nazaire (v. 28 juillet) pour Lorsch.
Chrodegang mourut le 6 mars 766, après vingt-trois ans d’épiscopat. Ses reliques se trouvèrent à Gorze et à Metz, d’où les révolutionnaires les firent disparaître.
Saint Chrodegang est commémoré le 6 mars dans le Martyrologe Romain.