Gontran, roi
532-593
La Bible nous offre le récit de grands personnages dont la conduite n’a pas toujours été la meilleure. Ce qui est grand en David, ce ne sont pas ses combats, mais l’humilité avec laquelle il reconnut son péché d’adultère. David, Salomon, et bien d’autres après eux, tombèrent dans le péché, mais la miséricorde de Dieu fut encore plus grande : de la lignée de David naquit le Christ notre Sauveur.
Guntramnus, Gontran en français, naquit vers 532, de Clotaire Ier et d’Ingonde, il fut donc le petit-fils de Clovis et de sainte Clotilde (v. 3 juin). Il avait trois frères : Charibert, Sigebert, Chilpéric.
Lors du partage des terres de Clovis en 561, Gontran reçut le royaume d’Orléans avec la Bourgogne, et s’établit à Chalon-sur-Saône.
Sa première épouse, Veneranda, lui donna un fils, Gondebaud, qui mourut jeune et empoisonné ; sa deuxième épouse, Marcatrude, mourut après la mort de son bébé ; enfin Austrechilde lui donna deux garçons qui moururent aussi en bas âge, de la peste. Gontran épousa ensuite d’autres servantes.
En 567, il reçut une part de l’héritage de son frère Charibert, qui venait de mourir ; en 577, il adopta le fils de Sigebert, Childebert ; on en a le texte : A cause de mes péchés, je suis demeuré sans enfants, je demande donc que ce neveu devienne mon fils.
On voit ici quels sentiments profonds animaient Gontran. Il protégea l’Eglise et garda la pureté de la foi, sans se laisser gagner par l’hérésie arienne. Il s’appuya même sur l’autorité des évêques et des conciles qu’il fit réunir, à Lyon, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Valence.
Quand son frère Chilpéric fut assassiné, il répara les violences commises par ce dernier en remettant à l’Eglise des terres, aux pauvres des aumônes.
Si Gontran tomba encore dans le péché vers la fin de sa vie, il faut convenir qu’il y eut en lui une somme de vertus suffisante pour servir de base au culte que l’Eglise lui a rendu : foi vive, grande générosité, déférence à l’égard des évêques - et aussi le don des miracles. Pécheur comme le roi David, il eut la grâce d’effacer ses fautes par ses jeûnes, ses veilles, ses larges aumônes ; la piété fut le principal fondement de sa politique ; il défendit l’Eglise jusqu’au péril de sa vie et fit respecter les canons dans l’élection des évêques.
Lors des fléaux qui s’abattirent en 580 sur ses Etats (tempêtes, incendies, inondations, tramblements de terre, l’épidémie du feu de saint Antoine), Gontran fit apporter toute l’assistance possible aux malades et aux victimes. Il invita la population à jeûner au pain et à l’eau et à se rassembler dans les églises pour implorer la miséricorde divine. Lui-même passait les nuits en prières, jeûnait, s’offrait à la justice de Dieu comme victime pour ses sujets. Sa dévotion s’accrut encore durant les dernières années de sa vie.
Un autre événement montrera encore sa magnanimité, et concernant le droit d’asile, qu’il respecta profondément. Ses généraux furent entièrement battus en 586 par les Visigoths d’Espagne, et se réfugièrent dans la basilique d’Autun. Leurs erreurs de tactique et de commandement leur méritaient des peines graves : Gontran se présenta en personne à eux, les blâma sévèrement et les menaça, mais se contenta d’en destituer quelques-uns et donna à tous la grâce de la vie.
Longue est la liste des monastères qu’il enrichit de domaines ou qu’il fonda, à Autun, Dijon, Chalon, Genève, Mâcon ; c’est lui qui donna à Colomban (v. 23 novembre) les terrains pour la fondation de Luxeuil (585), qui contribua à la création du diosèse de Saint-Jean-de-Maurienne.
Signalons aussi son amour du chant liturgique ; devant des évêques avec lesquels il partageait la table, il invita les diacres présents à chanter un psaume, vers le milieu du repas.
Saint Grégoire de Tours (v. 17 novembre), son contemporain et biographe, affirma avoir été témoin de guérisons miraculeuses opérées par Gontran en faveur de victimes du choléra.
Gontran mourut le 28 mars 592 ou 593.
En raison des douloureux événements familiaux qui marquèrent Gontran et sa parenté, on a été amené à l’invoquer pour les personnes divorcées et pour ramener la paix au milieu des querelles familiales.
De son saint corps qui était conservé à Chalon, on n’a pu sauver de la hargne des Huguenots que le crâne ; un bras, qui se trouvait en la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne, disparut en 1793.
Saint Gontran est commémoré le 28 mars dans le Martyrologe Romain.