Humbert III de Savoie
1136-1189
Fils d’Amédée III de Savoie et de Mathilde de Vienne (ou Mahault d’Albon), Humbert naquit en 1136 au château d’Aveillane, le 1er avril ou le 1er août. C’était leur premier ou quatrième fils, selon les sources.
Amédée III participa à la croisade et mourut au retour, à Nicosie, quand Humbert n’avait que treize ans (1149). Il héritait des titres de comte de Maurienne, de seigneur du Bugey, d’Aoste et du Chablais, de marquis de Suse et d’Italie (Turin), et comte de Savoie de 1148 à 1189.
Le jeune Prince eut la sagesse de suivre les conseils du saint évêque de Lausanne, Amédée (v. 27 août), qui l’aida paternellement à gouverner autant qu’à se sanctifier.
Un de ses premiers soins fut de rendre à l’abbaye de Saint-Maurice les sommes que son père avait empruntées pour la croisade.
Il faisait une retraite dans l’abbaye de Hautecombe, lorsque le dauphin du Viennois vint assiéger la ville de Montmélian (1153). Sans perdre de temps, Humbert se mit à la tête de ses troupes, battit son agresseur, puis rentra à Hautecombe pour y remercier Dieu et terminer sa retraite spirituelle.
L’Etat avait besoin d’un successeur à Humbert. Il épousa en 1151 Faydive, sœur du comte de Toulouse, qui mourut en 1154 sans enfants ; il épousera en 1155 sa cousine Gertrude de Flandre, mais ce mariage fut déclaré nul en 1162, car l’épouse était infertile ; Humbert épousera en 1164 Clémence de Zähringen, fille du comte de Bourgogne, qui eut trois filles et mourut en 1167. La suite vaut d’être racontée avec des détails.
Trois fois veuf, Humbert se détermina à prendre l’habit monastique à Hautecombe, pour se préparer au jugement de Dieu par les austères observances de la vie religieuse. Les barons savoisiens intervinrent à Hautecombe : Sire, que faites-vous ici ?… Mariez-vous, par Dieu !… Vous pouvez d’ailleurs aussi bien servir Dieu en étant marié et en gouvernant votre pays avec justice, qu’en chantant mille messes avec ces religieux !
Les moines soutenaient Humbert dans son refus ; les barons alors menacèrent de mettre le feu à l’abbaye. Leur crainte majeure était de tomber sous la domination de l’Angleterre.
Humbert alors consentit à sortir du monastère. Il épousa Béatrice de Vienne, en 1177, et eut un fils, Thomas. En reconnaissance, il fit édifier un prieuré bénédictin, près du lac du Bourget.
Entre les deux dates de 1167 et 1177, Humbert eut maille à partir avec l’empereur germanique, Friedrich Barbarossa et se désolidarisa totalement de la politique de ce dernier, en se rapprochant des Plantagenêt, rois d’Angleterre, partisans eux-mêmes des guelfes, et donc ennemis des gibelins et de l’empereur. Ce dernier se vengera d’Humbert en dressant plusieurs évêques contre Humbert et en dévastant la ville de Suse (1174). De plus, Humbert ayant été momentanément excommunié par l’évêque de Belley, à cause du meurtre d’un clerc par un soldat d’Humbert, l’empereur en profita pour faire de cet évêque un prince d’Empire, maître absolu de toute la région de Belley. A partirt de 1187, le fils de Barbarossa continuera cette même politique agressive.
Dans ces circonstances, on ne voit pas comment Humbert aurait put rentrer à l’abbaye. Aussi bien, la renommée de sa sagesse, de sa probité et de ses autres vertus s’étendit bien au delà des bornes de ses états ; il reçut de nombreux témoignages de l’estime et de la confiance de ses contemporains.
Un document de 1149 révèle qu’il confirma les donations faites par son père aux Chartreux d’Arvières. Vers 1180, il fonda la chartreuse d’Aillon, enfin en 1188 l’abbaye de Ranverso, avec un hôpital.
Humbert III mourut à Chambéry, le 4 mars 1189, et fut enterré dans l’enceinte de Hautecombe.
Le culte du bienheureux Humbert III a été approuvé en 1836.