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26 juin 2021 6 26 /06 /juin /2021 23:00

14e dimanche per annum - B

 

Six siècles avant Jésus-Christ, le prophète Ezéchiel n’a pas cessé de se heurter à la dureté de cœur de tous ses contemporains, à qui il reprochait leur manque de respect des choses saintes ; ce fut la ruine de Jérusalem, l’exil à Babylone - qu’il partagea avec eux… ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi, dit l’extrait d’aujourd’hui. 

Mais cette prophétie ne reste pas stérile, car après l’épreuve vint aussi la résurrection, le retour à Jérusalem et le reprise du culte dans le Temple.

 

*       *       *

 

La prière de David dans le psaume 122 exprime cette douleur du prophète angoissé devant tant de dureté de cœur ; il est comme abandonné, traité en esclave qui regarde la main de son maître : en effet, le pauvre esclave n’avait pas le droit de regarder en face son maître pour parler avec lui ; tout ce qu’il attendait était à peine quelque largesse de sa main. 

Le fidèle, qui met sa confiance totale en Dieu, lève les yeux vers Dieu, car il sait qu’il en recevra miséricorde.

Jésus a prié ce psaume, depuis sa jeunesse ; lui, Dieu incarné, il s’offrit totalement et il fut traité en esclave. On ne l’écouta pas, mais son sacrifice nous a valu le salut.

 

*       *       *

 

Maltraité aussi fut l’apôtre Paul, après sa conversion et durant ses nombreux voyages. Mais ce dont il parle aujourd’hui dans l’extrait aux Corinthiens, est une épreuve d’un autre genre, intime et spirituelle, liée à sa propre vie mystique. 

Que signifie cette écharde dans la chair ? Une maladie plus ou moins chronique ? Une épreuve intérieure, un doute ? Paul est discret, il veut seulement faire comprendre aux Corinthiens que l’épreuve nous enseigne à voir notre grande faiblesse et la force efficace de la grâce de Dieu.

Sainte Catherine de Sienne, Docteur de l’Eglise (1347-1380), reçut de Jésus-Christ cette explication que saint Paul, qui vivait dans la chasteté par imitation envers Notre Seigneur, pour anticiper le Royaume des Cieux (cf. Mt 19:12), fut fortement tenté contre cette vertu angélique. 

Cette interprétation, due à une révélation privée, n’est pas “dogmatique” en soi, mais peut nous aider à comprendre le texte de saint Paul et sa délicate discrétion.

 

*       *       *

 

L’évangile que nous lisons aujourd’hui, montre Jésus dans son pays, à Nazareth, là où l’ange était apparu à Sa Mère, là où il avait grandi, où se trouvait sa parenté, en somme un endroit où on le connaissait bien. L’évangéliste ne parle pas de ses occupations quotidiennes, des rencontres avec les cousins et cousines : envoyé par Dieu pour annoncer la Bonne Nouvelle, Jésus se rend à la synagogue. 

Comme lors de son pèlerinage à Jérusalem, à douze ans, c’est dans le lieu saint que nous Le retrouvons, en train d’enseigner. Le Fils de Dieu se doit d’être aux choses de son Père (cf. Lc 2:49).

Mais les “paroissiens” de cette synagogue ne se montrent guère disponibles à accueillir cette Parole ; leurs conversations sont superficielles : pour eux, Jésus est simplement leur camarade d’enfance et de jeux, et peu leur importe son enseignement. 

Arrêtons-nous un court instant sur cette parenté, les frères et sœurs de Jésus : Jacques, José, Jude, Simon. Malgré les fréquentes explications du mot “frère” qui, en hébreux désigne aussi bien un frère qu’un cousin ou qu’un proche, il ne manque pas d’interprétations qui veulent que Joseph et Marie aient eu d’autres enfants que Jésus. Beaucoup d’arguments peuvent contredire ces assertions.

Si Joseph et Marie avaient eu d’autres enfants, très vraisemblablement l’Evangile y aurait fait allusion quelque part ; ou aussi on l’aurait su et répété dès le commencement ; et surtout l’Eglise n’aurait jamais invoqué Joseph comme le “chaste époux de Marie”, ni Marie comme la “Reine des Vierges”. 

A cela s’ajoute un argument provenant du texte-même d’aujourd’hui : des quatre noms de “frères” cités, trois sont ceux d’Apôtres (Jacques, dit “mineur”, est l’auteur d’une épître, de même que Jude ; ce dernier et Simon auraient évangélisé l’Egypte, avant d’aller en Perse où ils auraient été martyrisés). L’Evangéliste les nomme donc parce qu’ils sont connus de la communauté ; tandis qu’il ne nomme aucune des “sœurs”. 

Enfin, rappelons que sur la croix, Jésus confie à Marie son “fils”, l’apôtre Jean, et à ce dernier Marie, sa “mère”, chose qu’Il n’aurait pas faite si sa sainte Mère avait eu d’autres fils.

Revenons donc à Nazareth et à l’assemblée de la synagogue, où l’on est en train de jaser sur Jésus. Il s’y mêle en réalité une vilaine jalousie, et même du dédain : Mais d’où a-t-il appris tout cela ?, se demande-t-on. - Du pauvre Joseph, un simple charpentier ? Et Jésus de le faire remarquer à ses disciples : Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, dans sa famille et sa propre maison.

Ne condamnons pas ces parents et voisins de Jésus ; ils cèdent à un sentiment bien humain ; dans les familles dont l’un des membres est prêtre, on regarde la personne consacrée comme un peu (ou beaucoup…) “étrangère”, d’un autre monde, au point que cette dernière, pour préserver la paix, en est réduite soit au silence, soit à “jouer le jeu” de la complicité. C’est dommage parce que, dans ces familles, la Vérité n’est pas au rendez-vous.

A Nazareth, ce fut au point que même le Fils de Dieu dut partir sans faire de miracles, sauf en imposant les mains à quelques-uns, dit l’évangéliste Marc. Ceci ne veut pas dire que Jésus, déçu et vexé de ce mauvais accueil, soit parti fâché ; l’évangéliste précise qu’il était étonné.

Ce mot étonné est à comprendre au sens très fort : Jésus est très frappé par le manque de foi, alors que sa mission est au contraire de récompenser la foi des hommes et de leur accorder les guérisons du corps et de l’âme. Quelle tristesse, pour l’Ami éternel, de se heurter à des cœurs froids et indifférents.

Ne serions-nous pas, nous aussi, parfois de ces proches de Jésus, au cœur froid et indifférent ?

 

*       *       *

 

Il était question tout-à-l’heure de l’esclave qui n’ose pas même regarder son maître en face. Jésus au contraire nous invite, comme il invita ces compatriotes, à Le regarder, à aller vers Lui : Venez à moi (Mt 11:28)  ; ceux qui étaient esclaves de leurs passions, se détournèrent de Jésus ; si au contraire nous avons la foi, nous allons nous tourner vers lui et lui dire, remplis d’espérance : Tu (nous) as tirés de l’esclavage du péché ; fais-(nous) connaître le bonheur impérissable !

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22 juin 2021 2 22 /06 /juin /2021 23:00

Santina Cimatti
1861-1945

Santina Cimatti naît le 6 juin 1861 à Celle di Faenza (Ravenne, Italie), d’un père fermier et d’une mère tisserande. Naîtront ensuite Luigi et Vincenzo (d’autres enfants ne vivront pas).
Santina n’a pas beaucoup de temps pour étudier, devant travailler pour aider la famille.
Une fois que ses deux petits frères sont entrés chez les Salésiens, elle assiste sa mère dans ses vieux jours. C’est alors seulement qu’elle peut entrer chez les Sœurs Hospitalières de la Miséricorde, à Rome. La fondatrice de cet institut était Teresa Orsini Doria.
Santina a alors 28 ans.
En 1890, elle reçoit le nom de Sœur Maria Raffaella et prononce ses vœux de religion auxquels elle ajoute le vœu ‘d’hospitalité’ propre à sa Congrégation. Elle se dévoue au service des pauvres et des malades, à l’hôpital d’Alatri.
En 1921, elle est supérieure à Frosinone et en 1928 à Alatri. Partout elle fait de l’hôpital un lieu où peuvent s’exercer les vertus naturelles et surnaturelles les plus élevées.
En 1940 elle renonce à sa charge de supérieure tout en restant à Alatri. Elle consacre une grande partie de son temps à la prière et à l’adoration du Saint-Sacrement ; mais quoique octogénaire, elle continue à se dévouer au service des autres avec une telle sollicitude qu’on l’appelle l’Ange des malades.
A partir de 1943, un mal incurable se déclare.
Au moment de l’avancée des forces alliées de libération, elle intervient avec l’évêque auprès du général Kesserling pour qu’au moins Alatri soit épargnée ; elle obtient gain de cause.
Elle meurt le 23 juin 1945, jour où elle est commémorée au Martyrologe.
Lors de la béatification, qui a eu lieu le 12 mai 1996 à Rome, Jean Paul II relevait que pour notre époque individualiste et trop souvent égoïste, cette humble religieuse constitue un lumineux exemple de féminité pleinement réalisée dans le don de soi.

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19 juin 2021 6 19 /06 /juin /2021 23:00

Caterina Vincenza Gerosa
1784-1847

Caterina naquit le 29 octobre 1784 à Lovere (Bergame, Lombardie, Italie N), aînée des cinq filles de Gianantonio et Giacomina Macario, commerçants de fourrures, et ne fit pas d’autres études.
Elle grandit dans la foi, participant à la Messe quotidienne et servant dans la boutique. Bientôt moururent son père, ses sœurs, sa mère ; héritière, elle ouvrira sa maison aux pauvres.
Lors de l’invasion napoléonienne, Lovere passa de la République de Venise à l’empire français. Après l’Empereur de France, ce sera l’Empereur d’Autriche. La boutique ne fonctionnait plus. Caterina se mit à enseigner gratuitement à des filles pauvres, à assister des malades.
En 1824, avec Bartolomea Capitanio (v. 26 juillet), elle ouvrit un hôpital, modeste, puis en 1832 elles décidèrent toutes deux de fonder un institut dont la mission serait d’assister les malades, d’instruire gratuitement les petites filles, recueillir les orphelins, épauler la jeunesse.
Le travail s’annonçait immense, mais Bartolomea mourut de tuberculose dès 1833. La «communauté» se réduisit à Caterina ! Sans perdre de temps en larmes de deuil, tout de suite elle accueillit d’autres jeunes filles, vivant selon la règle de sainte Jeanne Antide Thouret (v. 24 août).
En 1840, elles obtinrent l’approbation pontificale et s’appelèrent Sœurs de Marie Enfant. Caterina prit le nom de Vincenza. Leur Règle sera désormais celle écrite par Bartolomea avant sa mort, sous les conseils de Caterina.
Sept ans après, à la mort de Caterina Vincenza, les Sœurs étaient déjà cent soixante-et-onze. Elles sont aujourd’hui environ cinq mille, concentrées en Lombardie, dans le Trentino et le Veneto (Italie N et NE).
Caterina-Vincenza Gerosa mourut le 20 juin 1847, fut béatifiée en 1926 et canonisée en 1950.

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19 juin 2021 6 19 /06 /juin /2021 23:00

13e dimanche per annum - B

 

Une des questions les plus fondamentales que se pose l’homme dans son existence est celle-ci : Qu’est-ce que la mort ? Et une des difficultés métaphysiques est précisément celle-ci : Comment se fait-il qu’il faille mourir, alors que Dieu est l’Auteur de la Vie ? D’où vient donc la mort ? 

 

*       *       *

 

Dieu n’a pas fait la mort, répond ici le Livre de la Sagesse. La mort est entrée dans le monde par la jalousie du démon. 

Donc, en toute logique, le démon, prince des ténèbres et ennemi de Dieu, existait avant-même la création de l’homme.

Dans la Genèse, il est écrit que Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder (Gn 1:15). Le cultiver, cela devait se faire bien autrement que maintenant, car l’homme ne connaissait pas encore le travail pénible ; comme Dieu, dont il était l’image (cf. Gn 1:27), il devait imposer à la nature sa seule parole créatrice, selon sa volonté qui ne voulait que le Bien.

Mais le garder de quoi ? Le mot garder nous suggère ici beaucoup de choses. L’homme n’avait pas encore péché à ce moment-là, mais il devait se protéger d’un ennemi qui existait déjà ; cela veut dire que Satan s’était déjà révolté et avait déjà été exclu de la présence de Dieu avec les autres anges qu’il avait entraînés dans sa rébellion. D’après la Tradition, c’est alors que Lucifer, le «porteur de la lumière”, devint Satan, prince du Mal, ennemi du Bien, de l’Harmonie et de la Paix.

Satan, le Révolté, ne pouvait demeurer en face de Dieu qu’il refusait d’adorer. Extraordinairement intelligent, il était désormais extraordinairement jaloux du Bien, jaloux de l’Homme qui était si beau et si parfait : il ne pouvait supporter qu’une autre créature fût supérieure à lui, et il chercha à perdre l’homme.

C’est donc Satan l’auteur du mal, de la haine, du péché, du poison qui fait mourir. 

Quand l’Ecriture nous dit que la puissance de la mort ne règne pas sur la terre, ce n’est pas pour nous forcer à ignorer ce que nous voyons bien tous les jours : souffrance, maladie, mort. L’Auteur sacré nous rappelle par là que ce mal ne vient pas de Dieu, mais de l’Esprit du Mal, qui fait tout pour nous éloigner de Dieu.

En réalité, nous savons que Dieu nous attend, que nous sommes faits pour la Vie ; et nous sentons cet appel au-dedans de nous. 

Au terme de son existence terrestre, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait, toute joyeuse : Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie.

Ce que nous appelons maintenant «la vie», n’est qu’une fausse vie, une apparence de vie ; c’est seulement une existence qui doit s’achever bientôt. Notre existence n’a de signification que si nous tendons de toute notre énergie vers la Vie, la vraie, pour laquelle Dieu nous a créés.

Il y a dans l’Apocalypse (ou Révélation) de Jean, un verset très significatif : Heureux et saint celui qui participe à la première résurrection. La seconde mort n’a point pouvoir sur ceux-là (Ap 20:6). La première résurrection advient après notre mort physique ; ceux qui sont prêts à entrer dans le Royaume, sont pour toujours dans la Vie ; mais ceux qui ont refusé la Vérité dans leur vie, vont vers la Mort éternelle : c’est là la seconde mort.

Ô bienheureuse mort ! Notre fabuliste La Fontaine a bien touché du doigt ce que serait notre condition, si la mort n’existait pas : nous continuerions de vivre dans un monde d’imperfection et dans une perpétuelle désespérance. Cette première mort est donc un passage bien salutaire pour atteindre l’autre monde.

 

*       *       *

 

Le psaume qui suit cette première lecture est le psaume 29 (et non 20, noté par erreur dans certains missels), une prière d’action de grâces.

Jean Cassien (Ioannes Cassianus, auteur latin du 4e siècle) explique qu’il s’agit de l’action de grâces de Jésus à son Père, après la résurrection. Ce psaume est justement placé dans la prière de la Louange des Heures du Samedi Saint, lorsque désormais le Christ, libre de la mort, célèbre sa résurrection avec tous ceux qui l’attendaient, depuis Adam jusqu’au Bon Larron, à qui il disait la veille, sur la Croix : Aujourd’hui tu seras avec moi en Paradis (Lc 23:43).

Les mots abîme, fosse, étaient la façon dont l’Ancien Testament exprimait l’attente des âmes après l’existence humaine. Puis Jésus est «remonté», a surgi de son tombeau, est ressuscité.

Au soir de la passion du Christ, Marie et tous les amis de Jésus versaient des larmes ; au matin, après l’étonnement, vint la joie : Christ Jésus est Vivant !

 

*       *       *

 

Sans lien direct avec ce qui précède, nous poursuivons aujourd’hui la lecture de l’épître aux Corinthiens, où Paul invite ces derniers à être généreux envers leurs frères plus pauvres de Jérusalem, à l’image de Christ qui s’est humilié, acceptant la mort, pour nous “enrichir” de la vie.

En clair, Paul fait la quête aux Chrétiens de Corinthe en faveur de ceux de Jérusalem. 

A nous qui sommes sollicités sans cesse par courrier ou par téléphone, qui voyons à la télévision des manifestations généreuses pour telle ou telle œuvre, le fait que Paul sollicite la charité des Corinthiens ne nous étonne pas beaucoup, mais mettons-nous en pensée dans l’ambiance du premier siècle : on connaît dans l’antiquité la démarche des Athéniens qui vinrent un jour demander aux Spartiates du blé, car ils avaient faim, mais le fait était vraiment insolite en ces temps-là.

Des mendiants aux coins des rues, il y en avait de toute évidence, et Jésus l’avait dit à ses Apôtres : Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous (Jn 12:8). Mais Paul innove ici : non seulement il organise une collecte pour toute une communauté, mais en plus il s’engage à en assumer le transfert jusqu’à destination : Corinthe-Jérusalem, ce n’était pas un voyage de vingt-quatre heures ; le bateau pouvait être pris d’assaut par des pirates, ou simplement faire naufrage… Cette démarche de Paul est extrêmement novatrice et courageuse. 

On voit ici aussi l’Esprit Saint à l’œuvre, qui suscite dans le cœur des Apôtres des initiatives charitables et efficaces, montrant ainsi au monde romain la vie active et fraternelle de cette Eglise naissante.

Paul invite les Chrétiens nouvellement baptisés à pratiquer ce partage des richesses, qui caractérisa les premiers disciples : Nul n’était dans le besoin ; car tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins (Ac 4:34-35).

 

*       *       *

 

Le récit évangélique va couronner ce qui a été dit dans la première lecture.

On y voit deux miracles imbriqués l’un dans l’autre. Le cas est unique.

Jaïre n’est pas un païen, mais un chef de synagogue. On sait combien les Pharisiens ont été hostiles à l’enseignement de Jésus, au point que l’attitude de ce Jaïre est remarquable : contre les Pharisiens, il a le courage de demander une faveur à Jésus, et humblement se prosterne pour exprimer cette demande.

Marc aurait très bien pu terminer le récit concernant Jaïre, puis ajouter quelque chose comme : “Pendant son déplacement, Jésus fit aussi cet autre miracle…” Non, Marc a tenu a maintenir dans son récit l’irruption de la guérison de cette femme, pour revenir ensuite à la résurrection de la petite fille de Jaïre : c’est que sans doute Jésus aura fait exprès de s’arrêter en chemin, laissant passer un peu de temps, pour pouvoir réellement ramener la petite morte à la vie. 

Par ce signe, Jésus pouvait déjà annoncer sa propre mort et sa résurrection.

Il faut noter combien est édifiante la conduite de cette femme si malheureuse : juste toucher le vêtement de Jésus ! Pas même lui parler, pas même le regarder en face, mais par derrière ! Cette pauvre femme savait que, d’après la Loi, sa maladie la rendait “impure”, et fidèlement à la Loi elle se comportait comme une indigne, sans adresser la parole à Jésus, ni le regarder, osant seulement toucher le pan de son vêtement. 

Comme Jésus récompense l’humilité de cette femme ! Lui-même se tourne de façon qu’elle puisse le voir en face, Lui-même l’invite à s’exprimer ; on dirait, avant la lettre, le prêtre qui cherche à mettre à l’aise le pénitent ; en effet, dit Marc, elle lui dit toute la vérité. 

Elle devait avoir beaucoup de remords cachés et voulait, en quelque sorte, se confesser. Sa sincérité et son humilité sont récompensées : Ta foi t’a sauvée, lui dit Jésus.

Entre temps, la petite fille est morte ; Jésus rassure son papa : Ne crains pas ! Une parole pleine de paix qu’on trouve tant de fois dans l’Evangile, tout particulièrement lors des apparitions après la Résurrection. On pourrait dire que c’est Jaïre, le premier témoin de la Résurrection. 

Puis Jésus ne garde avec lui que Pierre, Jacques et Jean, ceux-là mêmes qui seront témoins de la Transfiguration et de l’Agonie à Gethsémani. Plus tard, c’est donc Pierre qui aura raconté ce que Jésus dit à cette petite fille, et son disciple Marc, qui l’écoutait, l’a transcrit fidèlement ici, dans la langue-même de Jésus, en araméen : Talitha koum !

Stupéfiante, cette recommandation de Jésus que personne ne le sache : comment taire un fait aussi exceptionnel ? 

Jésus aime la discrétion, la vraie conversion, celle du cœur, et non la publicité. Comme nous sommes loin ici de toute la presse qui inonde nos kiosques et Internet ! Comme il est urgent que les Chrétiens s’efforcent d’utiliser ces moyens de communications pour le bien, pour la Charité, et non pour le bavardage et l’indiscrétion.

Enfin, Jésus demande de donner à manger à la petite fille, de la même façon qu’après sa résurrection, il mangera devant ses Apôtres stupéfaits, pour leur démontrer qu’il était bien vivant, et pas un fantôme qui ne peut pas manger (cf. Lc 24:37-43).

 

*       *       *

 

Nous, Chrétiens, restons dans la lumière ! Ne nous égarons pas dans les apparences de la fausse vie. Prions avec conviction la Prière du jour : Ne permets pas que l’erreur nous plonge dans la nuit ! 

La nuit du monde, la nuit de l’erreur, la nuit du Mal… Marchons vers la Vie !

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16 juin 2021 3 16 /06 /juin /2021 23:00

 

Saint Jean-Baptiste

 

 

La naissance de saint Jean Baptiste est un événement que l'Eglise fête comme une solennité : lorsque celle-ci tombe un dimanche "ordinaire" après la Fête-Dieu, on la célèbre de préférence au dimanche (c'était le cas en 2007). 

 

Jean Baptiste est le seul Saint, à part Marie, dont l'Eglise fête et la naissance et la mort, celle-ci le 29 août. Il tient en effet un rôle très important dans l'Histoire du Salut, car sa vie et son message sont intimement liés à ceux du Christ. 

 

L'Eglise fête cette naissance le 24 juin, juste trois mois après l'Annonciation, quand l'Ange avait annoncé à Marie que Elisabeth en était "à son sixième mois", et Jésus naîtra six mois après, le 25 décembre. Rappelons aussi que la fête de la Visitation a été ramenée au 31 mai, pour être fêtée justement entre l'Annonciation et la naissance de Jean.

 

Comme celle de Jésus, la naissance de Jean tient du miracle. La particularité des parents de Jean est qu'ils sont âgés, ils étaient tristes, voire mortifiés (Luc 1,25) de n'avoir point d'enfants. Cette situation reflète la "vieillesse" de l'Ancien Testament qui ne pouvait plus produire de fruit, et qui attendait ardemment la "nouveauté" du Sauveur.

 

Marie avait posé une question à l'Ange : "Comment cela adviendra-t-il ?", un peu dans le sens de : Je suis toute disponible, mais comment faire ? ; Zacharie aussi a posé une question, mais avec doute : Ma femme et moi, on est trop vieux, c'est impossible ! Marie s'ouvre totalement à Dieu, elle qui dira à Cana : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le". Zacharie est plus rationnel, et son petit raisonnement l'empêche de s'ouvrir à la lumière divine.  Là aussi, il figure le "vieux" Testament qui ne peut plus parler, dont l'enseignement est muet, dans l'attente du Verbe.

 

Comme l'avait dit l'ange, l'enfant fut rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère (Luc 1,15) : il tressaillira en effet en la présence de Marie, inspirant à sa mère ces mots que nous répétons chaque jour : "Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de ton sein est béni" (Luc 1,42).

 

Grande joie à la naissance de Jean ! Zacharie retrouve la parole : par ce signe Dieu montrait que Jean était né pour annoncer la venue du Verbe. Cet enfant reçoit un nom "nouveau", que personne ne portait dans sa famille.

 

L'Evangile est très sobre sur l'enfance de Jean. "Il demeura dans les solitudes" (Luc 1,80) ; il se prépare à sa mission dans le silence du désert, comme Jésus avant sa vie publique, mais peut-être bien que Zacharie et Elisabeth cachèrent très tôt leur enfant, sinon il aurait été rejoint par la fureur d'Hérode lors du massacre des saints Innocents.

 

Jean, ensuite, a prêché, invité à la conversion, s'efforçant de "secouer" la foule : "Produisez donc des fruits dignes du repentir" (Luc 3,8) ; "Celui qui a deux tuniques, qu'il partage avec celui qui n'en a pas, et celui qui a de quoi manger, de même" (Luc 3,11) ; "N'exigez rien au-delà de ce qui vous est fixé" (ibid, v.13) ; "Ne molestez personne… contentez-vous de votre solde" (ibid, v.14).

 

Préfigurant le Christ et la vie consacrée, Jean a vécu dans le don total de sa personne à Dieu, dans la chasteté parfaite, chose exceptionnelle à cette époque. Et son message annonçait celui que Jésus allait proclamer : conversion, générosité, miséricorde, pauvreté joyeuse, humilité.

 

Comme il était humble, Jean ! Il aurait très bien pu céder à quelque sentiment de vanité en voyant toute la foule qui l'écoutait, mais il resta très effacé : "Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales (Luc 3,16)".

 

Jean a fait plus encore. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle "Précurseur", au sens propre de "qui court devant (pour annoncer)" : il a voulu témoigner jusqu'au bout de la Vérité, sans craindre d'élever des reproches à Hérode pour sa conduite ; il versa son sang pour la Vérité.

 

Charnière entre l'Ancien Testament et le Nouveau, dernier des prophètes et premier témoin du Christ, Jean a été le premier à dire : "Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde" ; on pourrait dire ainsi qu'il fut le premier prêtre de la nouvelle Alliance, non pas sacramentellement, mais par son message, son exemple, son attitude, en un mot par toute sa vie.

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12 juin 2021 6 12 /06 /juin /2021 23:00

12e dimanche per annum - B

 

Après que Job a subi la tentation de la révolte, Dieu vient le faire réfléchir ; il le place devant l’immensité de la mer.

Il est toujours impressionnant de regarder les vagues s’arrêter sur le rivage, la marée montante et descendante, qui cependant demeure dans les limites du littoral ; plus impressionnants encore, hélas, les terribles raz-de-marées, les tsunamis. Devant cette force impétieuse, l’homme est totalement impuissant.

Même si l’homme est capable de construire des embarcations et d’énormes navires qui résistent aux tempêtes, il sait qu’il n’est pas à l’abri total du danger. Combien de marins, de voyageurs, ont péri en mer…

En termes poétiques mais réalistes, Dieu parle à Job de la mer comme d’un enfant, à qui ont met des langes, qu’on aide à s’habiller, auquel on assigne une place : Reste là, ne bouge pas !

Dieu invite donc Job, et chaque être humain en même temps, à rester humbles devant la volonté toute-puissante de Dieu.

*       *       *

 

Le long psaume 106, dont nous ne méditons ici que quelques versets, va aussi nous parler de la mer. D’abord le psalmiste nous invite à chanter et à remercier Dieu pour tout ce qu’il a fait. Plusieurs allusions à l’exode et aux tribulations du peuple d’Israël à travers le désert, sont cinq fois ponctuées par cette invitation : Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour !

Si Dieu montra sa puissance en libérant son peuple d’Egypte, et en le nourrissant dans le désert, le psaume rappelle aussi combien Dieu est bien plus puissant que la mer, même quand elle est agitée.

Il n’est pas défendu de prendre ce mot de mer dans un sens plus imagé : la mer, avec ses vagues, est souvent le symbole de l’agitation du monde, alors que la terre ferme symbolise la sécurité.

Le port qu’ils désiraient devient ainsi l’Amour miséricordieux de Dieu, et l’Eglise fondée par Jésus-Christ ; et aussi le Tabernacle de la Présence réelle du Christ-Eucharistie, devant lequel il est si bon de rester en méditation pour retrouver la paix.

Dans l’histoire et dans notre vie personnelle, nous pouvons maintes fois observer combien la force et la miséricorde divines dépassent de beaucoup toutes les entreprises humaines.

C’est une invitation pour nous, comme dans le livre de Job, à demeurer humbles devant la majesté de Dieu et à ne jamais désespérer de Sa bonté.

*       *       *

 

Quand l’apôtre Paul rappelle aux Corinthiens que Jésus est mort et ressuscité, il nous fait aussi remarquer que Dieu est plus fort que la mort. L’Auteur de la Vie est vainqueur de la Mort.

Les événements quotidiens de la société, de la politique, les guerres, les dangers, le bruit et l’agitation, nous écartent facilement de cette certitude. La maladie nous dérange, la mort nous fait peur, la météorologie capricieuse nous rend nerveux, les examens nous inquiètent : mais qu’est-ce que tout cela devant la certitude de l’Eternité ?

Saint Paul demande instamment aux Chrétiens de ne pas avoir du Christ une image temporelle, historique, car le Christ est au-delà de l’Histoire. 

Le Christ n’est pas un monument aux morts. Le Christ n’est pas seulement mort un jour dans le passé : il est vivant maintenant et éternellement. Pour être avec lui, il faut ordonner notre vie d’une façon nouvelle : le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né.

Demandons-nous : est-ce que je suis nouveau ? Est-ce que j’ai combattu mes caprices ? Est-ce que j’accepte sereinement d’avoir tort, d’être faible ? Est-ce que j’ai fait la paix avec tel camarade ? Est-ce que je sais dire Viens, Seigneur Jésus ! avec cette sainte impatience de l’auteur de l’Apocalypse (Ap 22:20) ?

 

*       *       *

 

Dans l’évangile, il est à nouveau question de la mer agitée.

Comme Jésus devait être fatigué, pour s’endormir en pleine tempête ! Et ce coussin où il appuie sa tête ne devait pas être très sec…

La réaction des disciples est bien humaine ; pêcheurs, ils savent ce que signifie une barque qui se remplit d’eau : si l’on ne peut écoper à temps, c’est bientôt la noyade et la mort, même si le lac de Tibériade n’est pas immense ni très profond.

Mais si l’on transpose ces éléments déchaînés à un niveau plus spirituel, les vagues et le vent représentent l’agitation de l’histoire des hommes et de notre quotidien. Jésus alors se lève et nous demande : Pourquoi avoir peur ?

C’est un peu aussi la réaction des hommes devant les moines et les moniales des ordres contemplatifs : que font donc ces religieux derrière leurs murs, alors que nous vivons tant d’angoisses ?

Compte-tenu de la question de Jésus, nous devrions plutôt répondre : qu’il est beau d’avoir cette foi, cette confiance stable.

Il y a un psaume où le chantre semble assumer ces deux attitudes, le psaume 78 ; le psalmiste commence par exprimer à Dieu son désespoir devant la ruine de Jérusalem : Jusqu’à quand, Yahvé, ta colère ? jusqu’à la fin ? ta jalousie brûlera-t-elle comme un feu ? et, après avoir exposé toute sa tristesse, reprend confiance : Et nous, ton peuple, le troupeau de ton bercail, nous te rendrons grâce à jamais et d’âge en âge publierons ta louange.

Les apôtres y ont peut-être pensé. Mais leur question ici a quelque chose d’étonnant : Mais qui est-il donc ?, se demandent-ils, alors qu’ils ont déjà vu, par exemple, le miracle de l’eau changée en vin à Cana et qu’ils crurent en lui (Jn 2:11). La réalité est que les apôtres sont des hommes, comme chacun de nous ; un moment ils sont interpellés, un autre moment ils perdent confiance ; un moment ils sont pleins d’enthousiasme, et juste après ils sont désespérés.

Plus loin, nous lirons bientôt que les mêmes apôtres furent remplis d’étonnement, car ils n’avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était endurci (Mc 6:51-52) ; Jésus les reprendra : Etes-vous encore sans intelligence ? (8:17), et Ne comprenez-vous pas encore ? (8:21). En 8:33, Jésus reprend très sévèrement Pierre : Arrière, Satan ! ; ils apprendront aussi que pour chasser le démon, il faut prier davantage (9:29) ; à Gethsémani, ils s’endormiront au lieu de prier avec Jésus, puis s’enfuiront tout bonnement devant l’escorte des Juifs et des soldats romains. Tous ces doutes, toutes ces difficultés seront autant de moments où ils apprendront à se ressaisir, à devenir plus forts, jusqu’à être les courageux témoins de la Résurrection, jusqu’aux dernières limites de la terre.

Ces hauts et ces bas nous enseignent. Nous sommes des humains, comme les Apôtres ; nos hésitations ou nos chutes, qui alternent avec nos moments plus heureux, ne doivent pas nous détourner du but de notre marche. Avec les Apôtres, sur l’invitation du Christ, passons sur l’autre rive ! : changeons d’attitude, d’horizon, sortons de l’Histoire et fixons le regard sur l’Eternité.

*       *       *

 

Que demander en ce jour au Seigneur ? ce que dit la Prière : Enracine-nous solidement dans ton amour. 

On a confiance en celui qu’on aime profondément.

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10 juin 2021 4 10 /06 /juin /2021 23:00

Juan González del Castrillo Martínez
1419-1479

Juan González del Castrillo y Martínez vit le jour le 24 juin 1419, en la fête de saint Jean-Baptiste dont il porta le nom. Ses parents, Juan et Sancia, prièrent beaucoup pour obtenir ce premier fils, qui fut suivit de six autres.
La localité où naquit Juan est Sahagún (León, Espagne NO), que l’on a «traduit» en français Saint-Facond.
Il étudia d’abord chez les Bénédictins de Sahagún et commença la théologie, malgré quelques réserves paternelles. On lui donna le bénéfice d’une chapelle de village.
L’évêque en fit son secrétaire, avec une confiance d’autant plus absolue envers Juan, que celui-ci était à l’occasion accusé de dilapider les biens épiscopaux en aumônes pour les pauvres. L’évêque l’ordonna prêtre.
Juan célébra chaque jour l’Eucharistie.
A la mort de son oncle et de ses parents, il partagea son héritage entre ses frères et sœurs et partit pour Salamanque. Il fut reçu au séminaire (1450), puis se retira chez un chanoine pendant dix ans ; durant tout ce temps, il fut reçu docteur en théologie et en droit canonique, matières qu’il enseigna à son tour.
Sa prière réussit à obtenir la paix entre deux factions de Salamanque, qui se déchiraient depuis quarante ans (et firent beaucoup de victimes). C’est en souvenir de cela qu’une place de Salamanque porte le nom de Plaza de los Bandos.
On dit aussi que sa prière délivra la ville de la peste noire.
Après une nuit où il reçut des consolations extraordinaires du Ciel, il ne put en dire que ces quelques mots mystérieux : Seul Dieu sait ce qui se passa cette nuit-là entre Lui et mon âme. Mais on sait bien ce qui se passa ensuite : il se présenta dès le lendemain chez les Augustins et reçut le jour-même l’habit, tant il était connu pour sa sainteté et (déjà) ses miracles.
Un de ces miracles fut qu’il sortit d’un puits un petit enfant, qui put s’accrocher à son cordon en même temps que l’eau remontait au bord du puits ; un autre miracle fut qu’il adoucit un taureau déchaîné dans les rues de Salamanque, lui disant Tente, necio (Calme-toi, idiot), expression qui a donné son nom à la rue Tentenecio.
Dans le monastère, la bénédiction qu’il donnait chaque jour au tonneau de vin, fit que la quantité du précieux liquide ne diminua pas de toute l’année.
En 1464, il fit sa profession. L’année suivante, on le nommait maître des novices, puis définiteur pour la province, charge qu’on lui renouvela à chaque chapître jusqu’à la mort (fait unique dans l’histoire de l’Ordre).
Il faisait oraison après minuit jusqu’à l’heure de l’Office ; il se confessait jusqu’à plusieurs fois par jour, s’attirant les reproches du Prieur. Il ne pouvait célébrer la Messe en moins de deux heures, occupé à admirer  en vision Notre-Seigneur glorieux.
Lui-même fut deux fois nommé prieur, en 1471 et 1477.
Juan continua aussi à prêcher, reprochant aux seigneurs leur vie déréglée, visitant les prisonniers et cherchant à ramener dans le bon chemin des brebis égarées. Les miracles continuèrent : il aurait ressuscité sa nièce, morte de la peste. Il lisait dans les cœurs, il prophétisait, entre autres sa prochaine mort. Peu après en effet, il fut pris d’une sorte de torpeur mortelle, comme si on lui avait fait prendre quelque poison lent : on le lui aurait mélangé dans le vin de messe ou dans son repas, sur instigation d’une personne qu’il avait sévèrement blâmée pour sa mauvaise conduite.
Juan «de Saint-Facond» mourut le 11 juin 1479 ; sa tombe porta l’épitaphe suivante : Hic jacet per quem Salmantica non jacet : Ici repose celui par lequel Salamanque n’est pas tombée. Il a été choisi comme céleste Patron de Sahagún et Salamanque.
Il fut béatifié en 1601 et canonisé en 1691.

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6 juin 2021 7 06 /06 /juin /2021 23:00

 

Cœur Immaculé de Marie

 

 

 

Le Christ avait un jour lancé cet appel (Lc 12:49) : C’est un feu que je suis venu répandre sur terre, et quelle est ma volonté ? S’il avait déjà été allumé ! (1) 

Quel cœur humain a-t-il plus été embrasé d’amour que celui de la Mère de Jésus, Marie Immaculée ?

 

Si l’on peut dire que l’appel de Jésus-Christ était une invitation à l’Amour, on peut dire en même temps que Marie est celle qui répondit le mieux et le plus complètement à cet Amour, par son adhésion totale, inconditionnelle, à l’appel de son Fils.

 

Nous fêtions hier la fête du Cœur Sacré et nous écoutions son appel. Nous fêtons aujourd’hui la réponse à cet appel, la réponse la plus sainte, la plus pure, la plus aimante, celle du Cœur Immaculé de Marie.

 

Le Cœur immaculé de Marie, symbole de sainteté, d’amour de Dieu et du Christ, de bonté envers les hommes sauvés par le divin Sacrifice, nous aidera à nous modeler sur le Cœur de Jésus.

 

La lecture de cette fête nous fait chanter avec Marie la joie qu’Isaïe exprimait pour le peuple d’Israël revenu à son Seigneur. Le nouvel Israël est l’épouse mystique et pure de Dieu ; c’est toute l’Eglise qui est annoncée ici, l’Epouse de l’Agneau, comme Marie est l’épouse mystique de l’Esprit Saint, par Lequel elle enfanta Jésus.

 

Le chant de méditation est le cantique d’Anne, la mère du petit Samuel, qui rend grâce à Dieu pour le don de la maternité. C’est de ce chant, bien connu de Marie, que celle-ci s’inspira lorsqu’elle improvisa son Magnificat.

 

L’évangile de l’Enfant-Jésus retrouvé au Temple a été lu au lendemain de Noël, lors de la fête de la Sainte Famille (année C). Cet épisode douloureux pour les parents de Jésus s’achève par cette remarque de l’évangéliste Luc : Sa mère conservait toutes (ses) paroles dans son cœur (Lc 2:40).

 

Comme il avait déjà été bien éprouvé, ce cœur de Marie ! La naissance dans l’étable froide, la fuite en Égypte, et maintenant trois jours d’angoisse avant de retrouver son Fils ! Quelle maman aurait conservé la paix de l’âme dans ces épreuves ? 

 

Or, voilà la sainteté de Marie : elle accepte généreusement les épreuves, sans se plaindre, sans se départir de sa mission. Elle est fidèle. Marie a répondu Fiat au moment de l’annonciation ; ce Fiat continue dans les épreuves, dans l’accompagnement de Jésus sur sa route, jusqu’au Golgotha.

 

Autrefois, cette fête du Cœur Immaculé de Marie avait été mise au jour octave de l’Assomption, au moment où Marie se trouvait pleinement unie au Christ glorifié. Mais cette fête a trouvé sa juste place maintenant au lendemain de la fête du Sacré-Cœur, en signe de la réponse totale de Marie à son Fils divin.

 

Avec Marie, répondons généreusement à l’appel de Jésus, et n’hésitons pas à nous accrocher à Elle pour être conduits plus sûrement à la Vérité et à la Sainteté. 

 

(1)  D’après le texte de la Nova Vulgata, éditions 1979-1986.

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5 juin 2021 6 05 /06 /juin /2021 23:00

11e dimanche per annum - B

 

Le message d’Ezéchiel est celui du renouveau. Ezéchiel a vécu la chute d’Israël, la prise de Jérusalem, l’exil à Babylone (les trois déportations du 6e siècle). Ces événements historiques sont pour lui l’occasion d’annoncer le retour en Israël, la reconstruction du Temple et la reprise du culte au Dieu unique. 

Mais surtout, cette reconstruction veut être un appel au renouveau intérieur de chaque pécheur, purifié par l’eau qui coulera abondamment du Temple, l’eau purificatrice qui jaillira du côté du Christ, l’eau de notre baptême.

Dans sa vision, le Prophète voit un grand cèdre, d’où sort un rameau nouveau : le rameau que plante Dieu tout en haut de la montagne et qui deviendra un arbre magnifique : l’Eglise, avec les innombrables peuples de toutes nations qui viendront s’y abriter.

Ce que dit le Prophète pour l’ensemble d’Israël et pour l’Eglise future du Christ, vaut aussi pour chaque Baptisé. Chacun de nous, s’il reçoit pleinement la grâce divine, peut devenir comme un grand arbre qui tour à tour aide, nourrit, abrite quantité d’amis et de frères ; l’histoire de l’Eglise nous fournit des centaines d’exemples de Saints qui, très souvent issus d’une condition sociale très humble, et avec des moyens matériels et pécuniers parfois dérisoires, ont donné lieu à des Œuvres, des Instituts, des courants très importants. 

Saint Jean-Marie Vianney était un petit paysan presque sans culture ; ses jeunes confrères riaient un peu de ce grand garçon de dix-neuf ans qui n’arrivait pas à mémoriser quelques mots de latin : son humble sainteté lui a donné cette sagesse pour laquelle il est devenu le Patron de tous les Prêtres.

Saint Vincent de Paul était un humble berger ; si humble qu’il est devenu prêtre à dix-neuf ans, et s’est trouvé à l’origine des Sœurs de la Charité.

Sainte Bernadette Soubirous, savait tout juste les trois prières du Notre Père, du Je vous salue et du Je crois en Dieu : c’est elle qui fut la messagère de la Sainte Vierge à Lourdes.

Ce sont là des exemples français, et l’on pourra en trouver de semblables dans tous les continents.

*       *       *

Le chant de méditation qui suit la lecture, reproduit le début et la fin du psaume 91, où réapparaît le cèdre du Liban. On le sait, les fameux cèdres du Liban sont des arbres millénaires ; les spécialistes avancent qu’il en existe actuellement deux tri-millénaires ; ils peuvent atteindre soixante mètres de hauteur, une cinquantaine de mètres de largeur de feuillage, sur un tronc de douze mètres de circonférence. Une plante véritablement majestueuse qui symbolise la vitalité, la force, la longévité. 

Le Liban est un petit pays de la superficie approximative d’un grand département français. Il a choisi comme emblème le cèdre, pour exprimer son désir de maintenir fidèlement la terre des ancêtres, malgré les difficultés, malgré les guerres, malgré les persécutions.

Annoncer dès le matin l’amour de Dieu peut, si l’on veut, évoquer la prière du croyant à son lever. Mais le texte original peut nous faire méditer davantage. Saint Jérôme a compris : Annoncer au matin ta miséricorde, en ce sens que depuis le début (le matin) de notre vie et de notre histoire, tout vient de Dieu, par l’effet de sa miséricorde, et non par nos mérites. Il faut savoir reconnaître que Dieu est riche en miséricorde (Dives in misericordia, Eph 2:4, cf. l’encyclique de Jean-Paul II) :

De ta miséricorde, Seigneur, la terre est remplie (Ps 118:64) ;

Béni soit Dieu, père de notre Seigneur Jésus-Christ, père des miséricordes (2Co 1:3).

Annoncer ta fidélité, au long des nuits peut aussi se comprendre comme la présence continuelle de Dieu près de nous, même (ou surtout) dans les moments douloureux et difficiles ; quand on se sent dans le brouillard, dans la nuit de l’erreur, seule la présence de Dieu ne cesse jamais et se trouve toujours là pour nous relever.

Soutenu par une telle présence, le juste grandira comme un palmier, comme un cèdre du Liban, car il reçoit une force non humaine, non terrestre. C’est cette force que ressentent ceux qui savent passer un peu de leur journée auprès du Saint-Sacrement : on en sort tellement fortifié, tellement consolé, tellement illuminé !

Ce psaume 91 porte le sous-titre pour le jour du sabbat. Ce jour-là, les Juifs suspendent l’activité. On lit l’Ecriture, on médite davantage, on laisse son esprit au repos. Dommage que l’on ne nous fasse pas lire le verset musical : (de jouer) sur la lyre à dix cordes et la cithare avec un murmure de harpe. Comme ces douces sonorités doivent être appropriées pour accompagner la prière et la méditation ; et pourquoi n’essaierait-on pas de les introduire plus souvent dans notre liturgie ? David était un fin musicien : s’il jouait auprès du roi Saül (1S 19:9), il se servait de son instrument surtout pour la prière.

En vieillissant, l’homme s’affaiblit physiquement, selon la loi de notre nature, mais dans son esprit, il peut conserver une jeunesse inaltérée, s’il vit chaque instant en présence de Dieu. Le psaume ajoute qu’il fructifie encore, qu’il garde sa verdeur. Il faut bien être conscient que cette Vie ne s’arrête jamais, quand on se remet totalement à Dieu. Pour l’être qui est solidement attaché à cette Vie, la mort qui interrompt son existence humaine n’est pas une fin et l’Eglise chante, dans la liturgie des Défunts : La vie change, elle n’est pas enlevée. Mieux, Thérèse de Lisieux (maintenant Docteur de l’Eglise), disait en «mourant» : Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie !

Voir notre vie dans cette optique changera beaucoup de choses dans nos manières de réagir, de penser, de parler. Au lieu de se confier à des réalités éphémères, changeantes, versatiles, appuyons-nous sur ce qui est la source de la Vie, de la Force. Notre psaume s’achève sur cette proclamation qui n’est pas qu’une figure de style : Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! Dans le désert, Moïse fit jaillir du Rocher l’eau précieuse pour désaltérer le peuple juif ; ce Rocher, par la suite, désigna Dieu Lui-même, et le psalmiste le personnifie quand il dit : Venez, acclamons le Rocher de notre salut (Ps 94:1) ; et le Christ confirmera cette «solidité» en appelant Simon Pierre, et en construisant son Eglise sur cette Pierre (Mt 16:18).

*       *       *

S’appuyer sur cette Pierre, c’est vivre dans la Foi. Nous cheminons dans la foi, dit l’Apôtre Paul. La semence que nous avons reçue au baptême, durant notre enfance, durant nos années de formation, germe peu à peu jusqu’à donner son fruit. 

Parfois les éducateurs et les parents restent dubitatifs sur l’évolution de leurs enfants : ont-ils réussi ? ont-ils oublié quelque chose ? ont-ils eu tort de faire tel ou tel choix ? Dans toute la vie de l’homme, il y a la part de l’erreur possible, mais rassurons-nous : ce qui est fait avec intention droite, dans le but de plaire à Dieu, reçoit toujours la bénédiction céleste. Ce qui est semé avec amour dans le cœur du petit enfant, donnera un jour une belle fleur.

Il y a aussi des moments où les éducateurs voudraient voir trop tôt le “bon résultat” de leurs efforts ; ils voudraient que les enfants grandissent tout de suite dans la perfection, sans se tromper, sans dévier. Cela est impossible. Chaque être avance avec ses moments d’hésitation et d’erreur, comme l’automobiliste qui cherche son chemin en terrain inconnu. Si nous nous préoccupons de fournir à nos enfants une boussole de bonne qualité, avec l’Evangile et l’Eglise éternelle, nul doute qu’ils retrouveront toujours le bon chemin après quelques erreurs. Cela se fera, un jour, plus tard, pas forcément sous nos yeux. L’important est le regard de Dieu, pour qui mille ans sont comme un jour (Ps 89:4). Saint Paul nous le dit : Nous cheminons dans la foi, nous cheminons sans voir.

Si nous semons dans la Vérité, si notre ambition est de plaire au Seigneur, nous ne devons pas nous laisser prendre par le scrupule, mais continuer notre marche. 

La pensée de l’Apôtre est invariable :

La tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance (Ro 5:3) ; Aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu (Ro 8:35,39). 

Ce trésor, nous le portons en des vases d’argile, pour qu’on voie bien que cette extraordinaire puissance appartient à Dieu (2Co 4:7). 

Pour Lui je souffre jusqu’à porter des chaînes comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée. J’endure tout pour les élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut en Christ Jésus avec la gloire éternelle (2Tm 2:9-10).

*       *       *

Ces réflexions nous amènent à l’évangile. Comme l’apôtre Paul, nous pourrons avec lui renouveler notre confiance en Dieu et en l’Eglise, sans nous préoccuper du comment.

La petite graine semée en terre, patiemment entretenue et arrosée, donnera le blé dont nous ferons le pain ; la graine de moutarde donnera les grandes branches où les oiseaux feront leur nid.

Quelle chance avaient les disciples, à qui le Seigneur expliquait tout !

Mais ayons confiance, nous aussi, en la Parole de Dieu : depuis vingt siècles, l’Eglise poursuit l’œuvre du Christ et nous répète l’enseignement qu’elle en a reçu. Le Christ a semé dans le cœur de ses Apôtres, et malgré les événements de l’histoire, malgré les persécutions, cette divine semence continue de fructifier aujourd’hui.

A la mesure où nous restons fidèles à l’Eglise du Christ et que nous cherchons à vivre la Parole reçue, nous porterons à notre tour du fruit.

Sans nous en rendre compte, nous deviendrons nous aussi à notre tour ces branches où les oiseaux viendront faire leur nid, où nos frères humains viendront chercher le réconfort moral et spirituel dont ils ont besoin. Parmi les Saints et les Saintes, certains ont prêché, d’autres ont fondé des écoles, ou des orphelinats, ou des hôpitaux ; certains ont voyagé, d’autres ont aidé toute leur vie leurs paroissiens… Quoi qu’ils aient fait, en union avec leurs Supérieurs, avec les Evêques et les Papes, ils ont prolongé et entretenu la sainte culture du Christ, étant tous autant de branches de cet immense cèdre qu’est l’Eglise et où se sont abrités les oiseaux.

*       *       *

Dans la Prière du jour, l’Eglise nous fait bien redire combien l’homme est fragile, et qu’il trouve sa force en Dieu. 

A la suite des Saints et des Saintes, si nous observons les commandements de Dieu et de l’Eglise, toute notre activité recevra la bénédiction fructifiante de la grâce divine.

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5 juin 2021 6 05 /06 /juin /2021 23:00

Le Sacré-Cœur - B

 

Il a déjà été dit (Année A) que cette solennité du Sacré-Cœur englobait tout le Mystère de la vie et de la mission salvifique de Jésus-Christ, depuis l’Incarnation jusqu’à la Passion et l’Eucharistie. 

De grands hérauts ont proclamé l’amour de Jésus dans et par Son Sacré-Cœur, à travers tous les âges, dès les Prophètes de l’Ancien Testament, jusqu’à notre époque contemporaine.

*       *       *

Huit siècles avant Jésus-Christ déjà le Prophète Osée proclamait son message en Israël, sous une forme très frappante. 

Le peuple d’Israël s’était détourné de Dieu, comme chacun de nous le fait très souvent.

Pour ramener ce peuple infidèle, Dieu demanda à Osée une chose vraiment difficile : lui, l’homme fidèle, il devrait épouser une femme prostituée ; et il donnerait à ses deux enfants des noms tout-à-fait symboliques :  Mal-aimée et Pas-mon-peuple. La position du Prophète assumerait ainsi une valeur de leçon pour tout le peuple.

Dans son humiliation, Osée préfigure déjà le Christ qui a été fait péché (2Co 5:21).

Mais Dieu ne s’arrête pas au reproche. Il veut la conversion. Il appelle Israël à la conversion car Son amour demeure : J’aimerai la Non-aimée, et à “Pas-mon-Peuple” je dirai “Tu es mon peuple”, et lui, dira “Mon Dieu” (Os 2:25). 

Ainsi continue le message d’Osée, assez bref et facile à lire. Faisons même l’effort de le lire dans son intégralité (il ne comporte qu’une dizaine de pages) et nous parviendrons à cette conclusion pleine d’espérance du Prophète : Je guérirai leur infidélité, je les aimerai de bon cœur ; car ma colère s’est détournée d’eux (Os 13:5).

La lecture d’aujourd’hui est au chapitre 11. Il retrace brièvement la longue histoire du peuple d’Israël depuis l’Egypte, non pas d’un point de vue historique, mais en montrant comment Dieu s’est montré si paternel : en le soutenant dans mes bras… par des liens de tendresse… je le traitais comme un nourrisson : on dirait une  maman !

On relèvera le premier verset de notre lecture qui, dans le texte original dit ceci : Quand Israël était enfant, je l’aimai, et de l’Egypte j’appelai mon fils. C’est le verset cité par Matthieu (Mt 2:15), pour expliquer comment le jeune Israël était alors une figure du Messie : Jésus aussi, exilé pour échapper à la fureur du persécuteur, reviendra d’Egypte. Vrai Messie, Jésus, lui, sera fidèle jusqu’au bout.

La prophétie d’Osée est toute une histoire d’Amour ; et le texte de méditation va nous en donner un autre aperçu.

*       *       *

Le chant d’Isaïe est une action de grâces ; il nous invite à chanter notre Dieu, à Le remercier pour ses hauts faits ; c’est qu’en effet, Dieu n’est pas éloigné de l’homme : Il est grand au milieu de nous ! 

En réalité, c’est l’homme qui s’éloigne de Dieu, qui L’oublie. 

Mais Dieu est là, l’Emmanuel, le Saint d’Israël qui a fait des prodiges par l’Incarnation et la Rédemption, par tous ses miracles.

*       *       *

Après les Prophètes, saint Paul montre aux Ephésiens, à son tour, son action de grâce, sa reconnaissance à Dieu : lui, le persécuteur, c’est lui qui a été appelé à proclamer le projet éternel de Dieu : Jésus-Christ, mort et ressuscité. 

La reconnaissance de Paul se manifeste d’abord par son humilité à se dire le dernier de tous les fidèles, car il a le douloureux souvenir d’avoir persécuté l’Eglise du Christ, d’avoir trahi Dieu comme le peuple d’Israël au temps d’Osée ; et il tombe à genoux devant le Père.

L’action de grâce de Paul s’élargit à tout le peuple chrétien : tous, avec Paul, nous devons remercier Dieu, Le chanter pour son Amour. Cet amour est si incommensurable, que l’Apôtre ne termine pas sa phrase : la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Nous ne finirons jamais de remercier Dieu.

Allons plus loin. Remercier Dieu n’aurait pas de sens si nous ne nous dirigions pas davantage vers une réelle sanctification, si nous ne cherchions pas à raboter cette barrière obscure qui demeure entre ce que nous proclamons et ce que nous sommes au-dedans.

Pour donner vie à l’homme nouveau, il faut faire mourir le vieil homme, ses habitudes, ses attachements au négatif. Ce n’est que par la mort qu’on retrouve la vie ; déjà au baptême, l’immersion dans l’eau symbolise le passage de la mort à la vie ; ensuite, dans la vie quotidienne, nous avons mille occasions possibles de faire mourir le vieil homme, en renonçant autant de fois que cela nous est possible, aux mauvaises habitudes, aux actes imparfaits et aux occasions-mêmes de commettre ces actes. 

Il y faut parfois - c’est vrai - un réel effort, qui sera facilité en recourant à l’Amour de Jésus : plein de miséricorde, Jésus nous enveloppe de force et de persévérance pour correspondre mieux à tout ce qu’Il a fait pour nous dans la Rédemption. Paul nous le dit : Que Dieu vous donne la puissance par son Esprit pour rendre fort l’homme intérieur. Ailleurs, le même Apôtre nous encourage : Avec la tentation (Dieu) vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter (1Co 10:13).

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus voudrait nous aider à comprendre un peu mieux ce don immense de l’Amour de Dieu en la personne de son Fils, pour nous encourager à entrer dans la Vie nouvelle.

*       *       *

On peut dire que l’évangéliste Jean fut le premier héraut du Sacré-Cœur, lui qui parle du douloureux coup de lance au côté de Jésus, d’où il sort du sang et de l’eau. Ce sera notre évangile d’aujourd’hui. Cet extrait est connu, nous le lisons le Vendredi Saint. 

Pourquoi briser les jambes des condamnés ? L’habitude de supplicier les criminels conférait aux bourreaux une certaine connaissance du corps humain :  si l’on se contentait de fixer en croix les condamnés, leur supplice serait très rapide, car ils mourraient presque instantanément par asphyxie, le poids du corps les empêchant de respirer. Pour faire durer le supplice, on disposait un tout petit support sous les pieds et/ou sous le périnée, de sorte que les malheureux condamnés pouvaient un peu respirer plus longtemps - et le supplice s’en trouvait prolongé. Quand enfin on voulait en finir, on ne prenait pas le temps de détacher les pieds de la croix : en brisant les jambes, on provoquait un dernier affaissement du corps et l’asphyxie totale, dans un raffinement de cruelle douleur. Les deux larrons du Golgotha eurent ainsi les jambes brisées, et rendirent l’esprit en un instant. 

Mais Jésus était déjà mort. Mystérieusement, le soldat présent eut l’idée de transpercer le côté de Jésus qui avait déjà versé tant de sang. Jean rappelle alors qu’en effet, il est écrit dans la Loi de ne pas briser les os de l’agneau du sacrifice (Ex 12:46) ; maintenant, le vrai Agneau, c’est Jésus. 

De nombreux Pères de l’Eglise ont vu dans l’eau le symbole du baptême, dans le sang celui de l’eucharistie et dans ces deux sacrements le signe de l’Eglise, nouvelle Eve naissant du côté du nouvel Adam. On se rappellera en effet que Dieu (Gn 2:21-23) fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahwé façonna la femme. 

Maintenant, l’Epouse, c’est l’Eglise, qui prend vie du côté de son Epoux, le Christ.

En marge de ces réflexions, rappelons une tradition parallèle à notre texte, c’est-à-dire non officielle mais comportant plus d’un détail historique avéré. Ce soldat - Cassius, appelé ensuite Longin en souvenir de sa lance - était un jeune officier de vingt-cinq ans, dont on se moquait souvent car il louchait. Or, au moment où il ouvrit le côté du Christ, le sang et l’eau inondèrent sa face, guérissant extérieurement son strabisme, et intérieurement son âme. Il se mit à louer Dieu, et ce militaire souvent prétentieux et hautain devint désormais humble et modeste. Ce qui fit aussi se convertir les autres soldats présents. Saint Longin mourur martyr à Césarée de Cappadoce et sa fête est au 16 octobre.

*       *       *

Pour susciter à ceux qui le voudraient, quelques idées de bonne lecture à propos du Sacré-Cœur, on mentionnera ici en guise de conclusion, quelques autres “Mystiques” de l’histoire de l’Eglise.

Rappelons encore que ces textes ne sont pas inspirés au même titre que l’Ecriture et ne sont pas indispensables à notre connaissance de la Vérité.

En ce qui concerne les Saints, l’Eglise a soigneusement examiné leurs écrits et les a déclarés «non contraires à la Foi» ; parmi ceux cités ci-après, seule Catherine de Sienne a été proclamée Docteur de l’Eglise, ses écrits ayant été jugés par l’Eglise remplis d’une eminens doctrina.

Il y eut, parmi tant d’autres, sainte Gertrude (†1302), sainte Catherine de Sienne (†1380), saint Jean Eudes (†1680), sainte Marguerite-Marie Alacoque (†1690) ; plus près de nous, la sainte Maria Faustyna (†1938), qui fut à l’origine de la fête de la Miséricorde divine (deuxième dimanche de Pâques), la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa (†1955), outre d’autres âmes peu connues comme Cecilia Baij en Italie (†1766), l’espagnole Sœur Josefa Menéndez qui vivait à Poitiers (†1923), Madame Royer en France (†1924), et récemment encore Claire Ferchaud (†1972).

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  • : Près de 9600 notices de Bienheureux et Saints. Ont été successivement illustrés : - Les personnages bibliques de l'ancien et du nouveau Testaments. - Tous les Saints et Bienheureux reconnus, depuis les débuts de l'Eglise jusqu'aux derniers récemment proclamés. En outre, des commentaires pour tous les dimanches et grandes fêtes (certains devant être très améliorés). Sur demande, nous pourrons vous faire parvenir en plusieurs fichiers pdf l'intégralité du Bréviaire romain latin, "LITURGIA HORARUM", qui vous permettront d'éviter beaucoup de renvois fastidieux, notamment pour les périodes de Noël et Pâques. Les textes sont maintenant mis à jour selon le nouveau texte de la Nova Vulgata (ed. 2005). Nous avons aussi le Lectionnaire latin pour toutes les fêtes du Sanctoral, sans renvois, également mis à jour selon le texte de la Nova Vulgata. Bienvenue à nos Lecteurs, à nos abonnés, avec lesquels nous entamerons volontiers des échanges. Bonne visite !
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