14e dimanche per annum - B
Six siècles avant Jésus-Christ, le prophète Ezéchiel n’a pas cessé de se heurter à la dureté de cœur de tous ses contemporains, à qui il reprochait leur manque de respect des choses saintes ; ce fut la ruine de Jérusalem, l’exil à Babylone - qu’il partagea avec eux… ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi, dit l’extrait d’aujourd’hui.
Mais cette prophétie ne reste pas stérile, car après l’épreuve vint aussi la résurrection, le retour à Jérusalem et le reprise du culte dans le Temple.
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La prière de David dans le psaume 122 exprime cette douleur du prophète angoissé devant tant de dureté de cœur ; il est comme abandonné, traité en esclave qui regarde la main de son maître : en effet, le pauvre esclave n’avait pas le droit de regarder en face son maître pour parler avec lui ; tout ce qu’il attendait était à peine quelque largesse de sa main.
Le fidèle, qui met sa confiance totale en Dieu, lève les yeux vers Dieu, car il sait qu’il en recevra miséricorde.
Jésus a prié ce psaume, depuis sa jeunesse ; lui, Dieu incarné, il s’offrit totalement et il fut traité en esclave. On ne l’écouta pas, mais son sacrifice nous a valu le salut.
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Maltraité aussi fut l’apôtre Paul, après sa conversion et durant ses nombreux voyages. Mais ce dont il parle aujourd’hui dans l’extrait aux Corinthiens, est une épreuve d’un autre genre, intime et spirituelle, liée à sa propre vie mystique.
Que signifie cette écharde dans la chair ? Une maladie plus ou moins chronique ? Une épreuve intérieure, un doute ? Paul est discret, il veut seulement faire comprendre aux Corinthiens que l’épreuve nous enseigne à voir notre grande faiblesse et la force efficace de la grâce de Dieu.
Sainte Catherine de Sienne, Docteur de l’Eglise (1347-1380), reçut de Jésus-Christ cette explication que saint Paul, qui vivait dans la chasteté par imitation envers Notre Seigneur, pour anticiper le Royaume des Cieux (cf. Mt 19:12), fut fortement tenté contre cette vertu angélique.
Cette interprétation, due à une révélation privée, n’est pas “dogmatique” en soi, mais peut nous aider à comprendre le texte de saint Paul et sa délicate discrétion.
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L’évangile que nous lisons aujourd’hui, montre Jésus dans son pays, à Nazareth, là où l’ange était apparu à Sa Mère, là où il avait grandi, où se trouvait sa parenté, en somme un endroit où on le connaissait bien. L’évangéliste ne parle pas de ses occupations quotidiennes, des rencontres avec les cousins et cousines : envoyé par Dieu pour annoncer la Bonne Nouvelle, Jésus se rend à la synagogue.
Comme lors de son pèlerinage à Jérusalem, à douze ans, c’est dans le lieu saint que nous Le retrouvons, en train d’enseigner. Le Fils de Dieu se doit d’être aux choses de son Père (cf. Lc 2:49).
Mais les “paroissiens” de cette synagogue ne se montrent guère disponibles à accueillir cette Parole ; leurs conversations sont superficielles : pour eux, Jésus est simplement leur camarade d’enfance et de jeux, et peu leur importe son enseignement.
Arrêtons-nous un court instant sur cette parenté, les frères et sœurs de Jésus : Jacques, José, Jude, Simon. Malgré les fréquentes explications du mot “frère” qui, en hébreux désigne aussi bien un frère qu’un cousin ou qu’un proche, il ne manque pas d’interprétations qui veulent que Joseph et Marie aient eu d’autres enfants que Jésus. Beaucoup d’arguments peuvent contredire ces assertions.
Si Joseph et Marie avaient eu d’autres enfants, très vraisemblablement l’Evangile y aurait fait allusion quelque part ; ou aussi on l’aurait su et répété dès le commencement ; et surtout l’Eglise n’aurait jamais invoqué Joseph comme le “chaste époux de Marie”, ni Marie comme la “Reine des Vierges”.
A cela s’ajoute un argument provenant du texte-même d’aujourd’hui : des quatre noms de “frères” cités, trois sont ceux d’Apôtres (Jacques, dit “mineur”, est l’auteur d’une épître, de même que Jude ; ce dernier et Simon auraient évangélisé l’Egypte, avant d’aller en Perse où ils auraient été martyrisés). L’Evangéliste les nomme donc parce qu’ils sont connus de la communauté ; tandis qu’il ne nomme aucune des “sœurs”.
Enfin, rappelons que sur la croix, Jésus confie à Marie son “fils”, l’apôtre Jean, et à ce dernier Marie, sa “mère”, chose qu’Il n’aurait pas faite si sa sainte Mère avait eu d’autres fils.
Revenons donc à Nazareth et à l’assemblée de la synagogue, où l’on est en train de jaser sur Jésus. Il s’y mêle en réalité une vilaine jalousie, et même du dédain : Mais d’où a-t-il appris tout cela ?, se demande-t-on. - Du pauvre Joseph, un simple charpentier ? Et Jésus de le faire remarquer à ses disciples : Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, dans sa famille et sa propre maison.
Ne condamnons pas ces parents et voisins de Jésus ; ils cèdent à un sentiment bien humain ; dans les familles dont l’un des membres est prêtre, on regarde la personne consacrée comme un peu (ou beaucoup…) “étrangère”, d’un autre monde, au point que cette dernière, pour préserver la paix, en est réduite soit au silence, soit à “jouer le jeu” de la complicité. C’est dommage parce que, dans ces familles, la Vérité n’est pas au rendez-vous.
A Nazareth, ce fut au point que même le Fils de Dieu dut partir sans faire de miracles, sauf en imposant les mains à quelques-uns, dit l’évangéliste Marc. Ceci ne veut pas dire que Jésus, déçu et vexé de ce mauvais accueil, soit parti fâché ; l’évangéliste précise qu’il était étonné.
Ce mot étonné est à comprendre au sens très fort : Jésus est très frappé par le manque de foi, alors que sa mission est au contraire de récompenser la foi des hommes et de leur accorder les guérisons du corps et de l’âme. Quelle tristesse, pour l’Ami éternel, de se heurter à des cœurs froids et indifférents.
Ne serions-nous pas, nous aussi, parfois de ces proches de Jésus, au cœur froid et indifférent ?
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Il était question tout-à-l’heure de l’esclave qui n’ose pas même regarder son maître en face. Jésus au contraire nous invite, comme il invita ces compatriotes, à Le regarder, à aller vers Lui : Venez à moi (Mt 11:28) ; ceux qui étaient esclaves de leurs passions, se détournèrent de Jésus ; si au contraire nous avons la foi, nous allons nous tourner vers lui et lui dire, remplis d’espérance : Tu (nous) as tirés de l’esclavage du péché ; fais-(nous) connaître le bonheur impérissable !