Alessandro Sauli
1534-1592
L’apôtre de la Corse naquit le 15 février 1534 à Milan, de Domenico et Tomassina Spinula, des nobles originaires de Gênes, qui eurent trois fils et trois filles.
Adolescent, il fut nommé page de la cour de Charles-Quint ; mais Alessandro voulut entrer en 1551 chez les Barnabites : pour le mettre à l’épreuve, on le fit prêcher le Christ, avec une grande croix, sur la place centrale. Ce coup d’essai fut vraiment un succès et il fut admis.
En 1554, il fit les vœux solennels et devait être ordonné prêtre en 1556.
Durant cette période, lui qui avait le sommeil facile, il demanda à être chargé d’éveiller le couvent le matin (ce qu’on appelle excitator). Il obtint aussi d’être aide-sacristain, pour combattre son goût trop prononcé pour l’oraison contemplative, mais qui lui valut aussi les exigences parfois intempestives des célébrants.
Son premier poste après l’ordination fut à Pavie, où il enseigna plusieurs matières, dont il avait pris les diplômes, et devint doyen de la faculté de théologie. Il prêchait souvent, et pour éviter toute tentation de gloriole, allait servir au réfectoire ou aider à la vaisselle après son homélie. Il confessait beaucoup. Son zèle, dit-on, fut critiqué, mais on ne le trouva jamais en défaut sur la règle de la congrégation.
En 1567, il fut nommé supérieur général des Barnabites. Résidant à Milan, il fut mainte fois consulté par l’archevêque Carlo Borromeo (voir au 3 novembre). Le père Alessandro veillait à la qualité de l’office au chœur, cherchant la sobriété. Il était assidu auprès des malades et savait jouer avec les jeunes.
En 1570, il fut nommé évêque pour la Corse. Ce fut son grand apostolat. L’île avait connu vingt-huit mille homicides en trente ans ; l’ignorance des fidèles, et des prêtres aussi, était lamentable. Quand il y arriva, il ne trouva pas même deux chambres habitables.
Son siège officiel était Aleria, où il commença par réparer l’église. Les offices reprirent, l’assistance aussi. Alessandro Sauli paya de sa personne et de ses écus. Un séminaire se remplit bientôt.
L’évêque ne résida pas qu’à Aleria ; il se déplaça en d’autres localités, pour y organiser la vie chrétienne : Balania, Argagliola, Corte, Cervione. S’il s’absenta parfois pour rejoindre Rome, ce fut bref : une fois il y rencontra Filippo Neri (voir au 26 mai), en 1575 il gagna l’indulgence du Jubilé, mais tomba malade et y resta quatre mois ; à son retour, il célébra le Jubilé pieds nus, portant la croix, la corde au cou.
Un jour, il passait près d’un arbre où pendait un sac : dedans se trouvait un nourrisson, qu’il sauva ainsi de la mort et fit éduquer à ses frais.
Les résultats furent au rendez-vous. Peu à peu les Corses surent apaiser leurs querelles, ils remplirent les églises où Alessandro prêchait, ils se confessèrent. L’île retrouva, au moins pour un temps, la paix.
Mgr Sauli publia un petit Catéchisme, qui fut très apprécié par saint François de Sales. Il fit aussi des miracles : des malades furent guéris durant une épidémie en 1580, une pluie battante mit fin à une sécheresse…
Lui qui était très cultivé, appréciait d’enseigner comme un petit professeur à ses séminaristes.
Il fut enfin préconisé pour l’évêché de Pavie, en 1591, là où il avait eut sa première mission : son ancien élève devenu pape, Gregorio XIV, le lui commandait, il fallait obéir. Malgré sa santé assez ébranlée par les travaux en Corse, il assuma cette nouvelle mission avec courage - et toujours le même esprit de détachement. Quand on lui offrit des tapisseries pour sa chambre, il rétorqua : Il vaut mieux vêtir les pauvres que les murs. Il refusa humblement la pourpre cardinalice.
D’autres miracles se produisirent : une tempête apaisée, un orage de grêle écarté des vignes. Il eut des «distractions» qui ressemblaient à des extases et demanda à un prêtre de l’avertir où il en était de la Messe. Chaque jour il priait devant la croix, lisant un des récits de la Passion du Christ ; il dormait quatre à cinq heures, parfois moins, pour prier. Tous les soirs, dans sa maison épiscopale, on priait les Litanies de la Vierge.
En voyage dans le Piémont, il tomba malade à Calosso et mourut le 11 octobre 1592.
Il fut béatifié en 1741 et canonisé en 1904.