Victoire Eulalie Viel
1815-1877
Cette Victoire naquit le 26 septembre 1815 à Quettehou (Manche) et fut baptisée le jour même avec les prénoms de Eulalie Victoire Jacqueline, reprenant le nom de sa sœur Victoire décédée en bas âge. Elle était la huitième des onze enfants de la famille.
Son père, Hervé Viel, était un bon cultivateur. Il envoya sa fille à l’école du village, puis quelques mois chez une couturière du bourg.
Victoire enseigna le catéchisme aux enfants et leur apprenait des cantiques.
Elle rendait souvent visite à une cousine, religieuse à Tamerville puis à Saint-Sauveur-le-Vicomte, où elle rencontra Marie Madeleine Postel (v. 16 juillet), la fondatrice des Sœurs des Ecoles Chrétiennes de la Miséricorde, où elle entra à son tour en 1835.
Ayant reçu le nom de Placide, elle servira d’abord aux cuisines, puis prononcera ses vœux en 1838.
En 1840, elle fut chargée d’ouvrir une maison à La Chapelle-sur-Vire, puis compléta sa formation trop rudimentaire. A Avranches, elle installa un asile et un ouvroir.
En 1842, elle fut élue assistante de la Supérieure, et maîtresse des novices.
Cette même année, le clocher tout récemment rebâti, s’écroula sous l’effet d’une tempête ; la Sœur Placide fut envoyée pour quêter des subsides. Elle pérégrina ainsi dans toute la Bretagne, jusqu’à Paris, où elle rencontra la reine Marie-Amélie et les administrations, et obtint de l’aide pour reconstruire l’abbaye.
Elue Supérieure en 1846 pour succéder à la Fondatrice, elle se fit représenter par une autre Sœur sur place, et reprit ses voyages de mendiante : Belgique, Allemagne, Autriche. Douze années plus tard, l’abbaye était reconstruite et l’église en était consacrée.
Il faut ajouter ici que durant dix années, à partir de son élection, Mère Placide souffrit une véritable persécution de la part d’une partie de ses Religieuses, qui la constestèrent, en accord avec l’aumônier, jusqu’à ouvrir son courrier personnel. La situation ne s’améliora qu’à la mort de celle qui menait cette révolte, et surtout quand un décret papal reconnut la fondation (1859).
En 1862, des Religieuses allemandes s’agrégèrent à la congrégation, qui donnèrent naissance à la branche allemande, installée à Heiligenstadt.
Lors de la guerre de 1870, les Religieuses de Saint-Sauveur-le-Vicomte reçurent celles d’Allemagne, et maintinrent une saine neutralité, hébergeant et soignant jusqu’à plus de huit mille soldats. Une fois, l’imprévoyance de la Mère fut supléée par le miracle de la multiplication du lait, qui ne manqua jamais pendant six mois.
Mère Placide donna un fort élan à sa congrégation. Plus de cent institutions furent ouvertes. A sa mort, il y avait plus de mille Religieuses.
La branche allemande cependant, s’érigea en congrégation à part dès 1920, avec le nom de Sœurs Enseignantes de Heiligenstadt.
Selon des témoins, le saint Curé d’Ars (Jean-Marie Vianney, v. 4 août) aurait dit que la Fondatrice était une sainte et que celle qui lui avait succédé suivait parfaitement ses traces.
Sentant que ses jambes ne voulaient plus travailler autant qu’elle le désirait, et que son asthme l’empêchait même d’écrire, Mère Placide demanda le sacrement des malades début mars 1877. Elle s’éteignit à Saint-Sauveur-le-Vicomte le 4 mars 1877 et fut béatifiée en 1951.