Santos Sanz Iranzo
1879-1936
Santos vit le jour le 1er novembre 1879 à Muniesa (Teruel, Espagne), de Manuel et Joaquina, qui le firent baptiser le 3.
Ce fut un enfant modèle, obéissant, travailleur, pieux et assidu à l’église.
Par trois fois, pendant qu’il travaillait aux champs, il vit une lumière inhabituelle qu’il prit pour une invitation surnaturelle : un matin, il partit travailler comme d’habitude, et une fois sur place, confia le cheval et les outils à un voisin, pour partir directement de Muniesa à El Olivar, chez les Mercédaires.
Il n’avait rien dit à personne, sauf à sa sœur. Il ne voulait écouter que la voix de Dieu
C’était en 1900. Les Religieux le trouvèrent si ingénu et si décidé, qu’ils le gardèrent. Santos reçut l’habit en 1901, et fit la première profession en 1902. Puis il fut envoyé à Lleida où, à part de brèves absences, il devait rester plus de trente ans.
A Lleida, il prit le nom de Serapio et fit la profession solennelle.
On lui confia toutes les charges : sacristie, cuisine, accueil, commissions, maître d’école.
Un jour qu’on lui avait donné une oie et qu’il devait la tuer et la préparer, il préféra l’abandonner au fond d’une cave d’où, le lendemain, elle avait simplement disparu, pour sa plus grande consolation.
En 1922, il organisa une collecte en vue d’équiper les bancs de l’église de prie-dieux ; la campagne couvrit presque toute la dépense nécessaire.
A partir de 1929, il commença à s’équiper d’habits civils, tant l’atmosphère devenait lourde et pénible.
A partir de février 1936, la situation était si menaçante, que les Religieux - dont les pères Tomás Campo et Francesc Llagostera et le Frère Serapio - allèrent dormir chez des amis. Ils y emportèrent des valises avec leurs effets et des objets du culte.
Le 22 juillet, suite à un mauvais conseil, ils crurent être plus en sûreté au commissariat de police, à cause de la foule menaçante, de sorte que la Generalitat vint les chercher en voiture et les conduisit à la prison, escortés par tout un peloton de miliciens rouges. Ils furent là pendant vingt-huit jours, jusqu’au 20 août.
A voir les «prisonniers» qui partaient les uns après les autres sans revenir, ils comprirent bien vite leur erreur. Ils ne se préparèrent que plus intensément à leur prochaine mort.
Le 19 août, peu avant minuit, on fit sortir soixante-quatorze Religieux et prêtres, dont les deux pères Tomás Campo et Francisco Llagostera. Frère Serapio «protesta», voulant les accompagner, étant lui aussi Religieux. Alors un milicien s’approcha et lui fit remarquer que, petit, il avait reçu une gifle au collège des Mercédaires : maintenant, il devait la «restituer» et envoya une gifle magistrale au Frère Serapio, qui ne broncha pas. On l’emmena avec les deux autres Pères. Ils saluèrent leurs compagnons, en leur donnant rendez-vous dans l’éternité.
Les prisonniers furent liés deux à deux et durent monter dans des camions qui partirent jusqu’au croisement des routes de Tarragona et Barcelone, au milieu des insultes et des blasphèmes des miliciens. Dans les camions, on chantait à tue-tête l’Ave maris Stella, le Magnificat, on criait Vive le Christ Roi, on invoquait Marie…
Une fois passé le cimetière, les conducteurs auraient voulu continuer jusqu’à Barcelone, mais une armée de miliciens les obligea à revenir en arrière jusqu’au cimetière.
On fit descendre les prisonniers, on les aligna par groupes de quatorze contre le mur, éclairés par les phares des camions, et les coups partirent, couverts par les chants et les cris des victimes. Un milicien passa donner le coup de grâce, mais on laissa là les cadavres, qui furent ensevelis seulement le lendemain par les employés du cimetière.
Martyrisé le 20 août 1936, le Frère Serapio fut béatifié en 2013, avec ses deux Confrères, Tomás et Francisco.